Maria Spiridonova

femme politique

Maria Alexandrovna Spiridonova (en russe : Мария Александровна Спиридонова), née le à Tambov et morte le à Orel, est une révolutionnaire russe d'inspiration populiste, la seule femme, à part Alexandra Kollontaï, qui ait joué un rôle vraiment éminent dans les événements de la Révolution russe[1].

Biographie modifier

Membre du Parti Socialiste-Révolutionnaire (SR), elle tue le Gavriil Loujenovski, un conseiller provincial de Tambov qui avait mené une répression féroce contre une révolte paysanne. Arrêtée, elle est torturée. Condamnée à mort par pendaison, sa peine est commuée en travaux forcés à perpétuité, et elle est déportée en Sibérie.

Libérée par la révolution de février 1917, elle participe à la révolution, et organise la destruction de prisons sibériennes. Maria Spiridonova fait partie de l'aile gauche des SR, qui constitue le Parti socialiste-révolutionnaire de gauche (SR de gauche).

Les SR de gauche sont partisans d'une coalition des différents socialistes, et d'un pouvoir des soviets et de l'Assemblée constituante. Ils acceptent d'entrer au gouvernement en . Maria Spiridonova est élue à l'Assemblée constituante (l'une des premières femmes parlementaires de l'histoire du pays), se présente comme présidente, mais est battue par Victor Tchernov.

De plus en plus critiques sur la politique des bolcheviks, les SR de gauche rompent leur coalition en , puis se révoltent contre le pouvoir bolchevik en .

Arrêtée et condamnée le , puis brièvement libre en clandestinité, elle est de nouveau arrêtée en , par la tchéka. Elle est condamnée pour « folie » et internée de à en centre de cure psychiatrique. Elle écrira toutefois plus tard qu'« à l'époque soviétique, les sommets du pouvoir, les vieux bolcheviques, Lénine y compris, m'ont ménagée et, en m'isolant dans le déroulement de la lutte, toujours de façon très vigoureuse, ont en même temps pris des mesures pour qu'on ne m'humilie jamais. »[2]

En 1921 Maria Spiridonova, fut enfermée dans un hôpital psychiatrique sur l'ordre de Félix Dzerjinski[3]. En 1923, elle essaie de s'échapper à l'étranger et est condamnée à trois ans d'exil à Kalouga. En 1931, elle est à nouveau condamnée à trois ans d'exil, qui sont plus tard prolongés à cinq ans. Cette fois, elle est exilée à Oufa où elle se marie et travaille à la section bachkire de la Banque nationale. En 1937, elle est arrêtée encore une fois et condamnée à vingt-cinq ans de prison. Elle est exécutée pendant l'évacuation des prisonniers de la prison d'Orel au commencement de la Grande Guerre patriotique, le , en même temps que Christian Rakovski, dans un bois à proximité d'Orel.

Articles connexes modifier

Références modifier

  1. (en) George Douglas Howard Cole, A History of Socialist Thought, volume IV: Communism and Social Democracy 1914-1931. Londres-New York, Macmillan-St. Martin's Press, 1958, part II, p. 842.
  2. Lettre de du 13 novembre 1937, recueillie dans « Maria Spiridonova, terroriste et victime de la Terreur », V. L. Lavrov, 1996 (lettre reproduite dans Les cahiers du mouvement ouvrier, n° 4, p.89-92). Maria Spiridonova consacre une partie de sa lettre à dénoncer les sévices subit dans la prison d'Ourfa de 1936 à1937, en notant le « changement complet » que constituait sur ce point son internement vis-à-vis de sa précédente détention dans la katorga tsariste puis dans les prisons soviétiques au début des années 1920.
  3. (ru) « Меленберг А. - Карательная психиатрия. Новая газета (A. Melenberg : Psychiatrie punitive », sur 2003.novayagazeta.ru,‎

Bibliographie modifier

  • Andreï Kozovoï, Égéries rouges. Douze femmes qui ont fait la révolution russe, Perrin, 2023.

Liens externes modifier