Mauve à petites feuilles

espèce de plantes
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Malva pusilla

La Mauve à petites feuilles (Malva pusilla Sm., 1795) ou Mauve fluette[1] est une espèce de plante annuelle du genre Malva, de la famille des Malvacées.

Caractéristiques modifier

C'est une herbacée rudérale dont l'allure (port) varie beaucoup selon le contexte (en fonction niveaux de compétition notamment)[2]. Toute la plante est comestible, comme pour toutes les plantes de la famille.

Cette plante, souvent un peu rampante en grandissant, tend à devenir ligneuse près des racines. Toutes ses parties aériennes contiennent du tannin et sont riches en mucilage.

Ses graines, rassemblées en capsules ont la forme en petit fromage d'antan, ce qui l'a fait parfois nommer Fromagère[3]. Imperméables, elles sont disséminées par gravité (barochorie). Elles ont une faible germination sans traitement, résultant en une dormance prolongée.

Originaire d'Asie, elle est archéophyte en Europe (introduite depuis plus de 500 ans, et à fortiori adaptée).

Risques de confusion : deux autres mauves lui ressemblent :

...mais toutes deux ont une distribution géographique différente, et des pétales courts et ciliés[2].

Synonymes modifier

  • Althaea borealis Alef., 1862
  • Malva borealis Wallman, 1816
  • Malva crenata Kitt., 1840
  • Malva rotundifolia L., 1753[1]

Usages modifier

Toutes les mauves sont connues des ethnobotanistes pour leurs usages alimentaires et en médecine traditionnelle, dont la Mauve à petites feuilles, notamment dans les pays de l'Est de l'Europe[4],[5],[6]

Alimentation modifier

Toutes les mauves, riches en mucilages, sont entièrement comestibles[7]. Elle fait aussi partie des aliments traditionnels de la cuisine yézidie et kurde en Turquie[8]

Phytothérapie modifier

Maria Treben recommande cette plante pour :

  • les inflammations (des muqueuses utérines, de la vessie, du pylore, de la gorge, des amygdales et du larynx), les maladies malignes du larynx, les ulcérations ou abcès (gastrites et les ulcères gastro-intestinaux y compris), les blessures  ;
  • les maladies respiratoires (engorgement des poumons, catarrhe bronchial, toux, enrouement, emphysème pulmonaire)
  • les gonflements des mains ou des pieds subséquents à des fractures, la phlébite[3].

Invasivité modifier

Là et quand où elle a été introduite par l'Homme hors de son aire naturelle de répartition, en Amérique du Nord cette espèce s'est localement comportée en « mauvaise herbe » de potagers, colonisant aussi des sols dégradés et désaffectés et des prairies. Elle s'est comportée en invasive sur des sols cultivés de lin (perte de productivité dépassant parfois de 90%) et de lentilles ou de blé (de plus de 30% de pertes)[2].

Recherche d'un pesticide ciblant spécifiquement cette espèce modifier

Comme cette espèce semble relativement résistante aux pesticides herbicides, il a été proposé dans les années 1980 à 2010 de la contrôler dans les grandes cultures via un champignon phytopathogène utilisé comme bioherbicide[2]. Sous serre, et expérimentalement, le champignon microscopique Colletotrichum gloeosporioides (Penz.) Sacc. f. sp. malvae, isolé à partir d'infections d'anthracnose de la mauve à feuilles rondes (Malva pusilla Sm.) s'est montré attaquant spécifiquement les Malva spp. (mais aussi l' Abutilon theophrasti), tout en n'attaquant que légèrement les souches testées de rose trémière (Althaea rosea, Malope trifida) et la Mauve de Venise (Hibiscus trionum)[2]. L'inoculation de plants de mauve à feuilles rondes par des spores de ce champignon les a tués en 17 à 20 jours. Cependant sur les feuilles de velours, seules 60 à 70 % d'attaques étaient constatées. Des essais en plein champ conduits de 1982 à 1987 ont conclu à une bonne efficacité de ce mycoherbicide[2], mais sans évaluer les risques pour les souches eurasiatiques de cette Mauve.

Références modifier

  1. a et b Malva pusilla Sm., 1795. Sur inpn.mnhn.fr.
  2. a b c d e et f (en) ROBERTE M. D. MAKOWSKI et IAN N. MORRISON, « THE BIOLOGY OF CANADIAN WEEDS.: 91. Malva pusilla Sm. (= M. rotundifolia L.) », Canadian Journal of Plant Science,‎ (DOI 10.4141/cjps89-101, lire en ligne, consulté le )
  3. a et b Maria Treben, La Santé à la Pharmacie du Bon Dieu - conseils et pratique des simples (des plantes médicinales). Éditeur W. Ennsthaler, Autriche, 112 p., (ISBN 3850681238). Première édition : 1983. Mauve : pp. 31-33.
  4. (en) L. Luczaj, « Ethnobotanical review of wild edible plants of Slovakia », Acta Societatis Botanicorum Poloniae, vol. 81, no 4,‎ (ISSN 0001-6977, lire en ligne, consulté le )
  5. Nedelcheva, A. (2013). An ethnobotanical study of wild edible plants in Bulgaria. EurAsian Journal of BioSciences, 7, 77-94. |URL=http://www.ejobios.org/download/an-ethnobotanical-study-of-wild-edible-plants-in-bulgaria.pdf
  6. Raivo Kalle et Renata Sõukand, « Historical ethnobotanical review of wild edible plants of Estonia (1770s–1960s) », Acta Societatis Botanicorum Poloniae, vol. 81, no 4,‎ , p. 271–281 (ISSN 2083-9480, DOI 10.5586/asbp.2012.033, lire en ligne, consulté le )
  7. (en) Iwona Jedrzejczyk et Monika Rewers, « Identification and Genetic Diversity Analysis of Edible and Medicinal Malva Species Using Flow Cytometry and ISSR Molecular Markers », Agronomy, vol. 10, no 5,‎ , p. 650 (DOI 10.3390/agronomy10050650, lire en ligne, consulté le )
  8. Roman Hovsepyan, Nina Stepanyan-Gandilyan, Hamlet Melkumyan et Lili Harutyunyan, « Food as a marker for economy and part of identity: traditional vegetal food of Yezidis and Kurds in Armenia », Journal of Ethnic Foods, vol. 3, no 1,‎ , p. 32–41 (ISSN 2352-6181, DOI 10.1016/j.jef.2016.01.003, lire en ligne, consulté le )

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