Macif santé prévoyance

Macif santé prévoyance est un voilier monocoque de 60 pieds conçu pour la course au large, répondant aux normes de la classe Imoca, mis à l'eau en juin 2023. Il est barré par Charlie Dalin. À son bord, Charlie Dalin et Pascal Bidégorry remportent la Fastnet Race 2023, en catégorie Imoca.

Macif santé prévoyance
FRA 79
illustration de Macif santé prévoyance
Macif santé prévoyance à Concarneau,
son port d'attache, en septembre 2023

Type voilier monocoque
Classe Imoca
Fonction course au large
Gréement sloop à mât-aile
Histoire
Commanditaire Macif
Architecte Verdier
Chantier naval CDK Port-la-Forêt
Mer Concept
Fabrication carbone
Design prototype
Lancement 2023
Statut en service
Équipage
Équipage 1 ou 2 marins
Caractéristiques techniques
Longueur de coque 18,28 m
Maître-bau 5,50 m
Tirant d'eau 4,50 m
Tirant d'air 29 m
Déplacement 8 tonnes
Appendice quille pendulaire, 2 safrans,
2 foils
Hauteur de mât 27,30 m
Voilure 255 m2 au près
600 m2 au portant
Carrière
Armateur équipe Macif santé prévoyance
Pavillon Pavillon national français France
Port d'attache Concarneau

Historique modifier

Contexte modifier

Le , Charlie Dalin franchit le premier la ligne d'arrivée du Vendée Globe, à la barre d'Apivia. Mais le troisième arrivé, Yannick Bestaven, bénéficie d'un temps compensatoire de 10 heures et 15 minutes pour avoir participé aux recherches du naufragé Kevin Escoffier. Dalin est classé deuxième, 2 heures et 31 minutes derrière Bestaven[1],[2].

Conception modifier

Tout comme le fut celle d'Apivia, la conception de Macif santé prévoyance est confiée au cabinet Guillaume Verdier[3], en concertation avec Mer Concept. Les études sont lancées début 2021[4]. Le bateau est dessiné dans ses grandes lignes durant l'hiver 2021-2022[5].

Par rapport à Apivia, on ne cherche pas à tout « révolutionner », mais simplement à optimiser. Le nouveau bateau est le fruit des enseignements acquis durant quatre ans à bord d'Apivia[5], enseignements dont Charlie Dalin fait profiter Verdier[4],[6].

L'idée, dit le skipper, est de « de garder les points forts d'Apivia et de gommer les faiblesses, principalement le portant dans la mer formée[7] ». Le souci principal de Charlie Dalin est d'améliorer le passage dans la vague[3]. Il veut un bateau moins brutal[3], « qui plante et décélère moins », l'objectif étant « d'être plus rapide en vitesse de pointe et en moyenne journalière[4] ». Il veut également moins d'eau sur le pont. L'évolution porte sur la forme de la coque, sur celle du pont et sur l'ergonomie[3].

Construction modifier

La construction commence en juin 2022. Elle se fait chez CDK Port-la-Forêt (Apivia fut construit sur le site CDK de Lorient), toujours en collaboration avec les ingénieurs de Mer Concept[3]. CDK et sa filiale C3 Technologies construisent la coque, le pont et la plus grande partie des cloisons. On veille à la fiabilité du bateau en soignant particulièrement le fond de coque. Mer Concept est maître d'œuvre, et réalise certaines pièces comme le meuble des winchs ou les puits de foil[3].

Mise à l'eau modifier

Le premier Imoca de Charlie Dalin courait sous les couleurs d'Apivia Macif Mutuelle, l'assureur des produits santé et prévoyance que propose la Macif. Celle-ci recentre maintenant son programme Imoca autour de la marque Macif, car elle tient à capitaliser sur ce nom, mais en continuant à valoriser son activité santé-prévoyance. Le nouveau bateau ne s'appelle donc pas Apivia comme le premier, mais Macif santé prévoyance[8]. Il sort de l'atelier de Port-la-Forêt le . Il est mis à l'eau le lendemain à Concarneau, son port d'attache[9].

Caractéristiques modifier

Charlie Dalin précise que ce bateau est « une évolution » de son Apivia, « qui était déjà très performant[10] ». Le déplacement est de 8 tonnes, la surface de voilure de 255 m2 au près, et de 600 m2 au portant[5]. C'est un bateau plus puissant qu'Apivia[4].

Avant modifier

Au terme du Vendée Globe 2020, les skippers des Imoca de la génération 2018-2020 déplorent que la puissance de leurs bateaux soit difficile à exploiter dans une mer formée ou au portant. Ils enfournent dans la vague, ce qui les ralentit[10]. Apivia n'échappe pas à ce reproche[11].

 
À Lorient, en avril 2024, six jours avant le départ de The Transat CIC. On remarque la double virure.

Par rapport à Apivia, l'étrave de Macif santé prévoyance est un peu plus imposante[7]. L'avant est un peu plus large[4], « ce qui permet, dit le skipper, d'avoir plus de volume à l'avant » pour rester davantage à la surface de l'eau, pour mieux traverser les vagues[12]. Au contraire des formes avant d'Apivia qui étaient frégatées, les formes avant du nouveau bateau sont « tulipées », c'est-à-dire évasées[13], « pour éviter d'embarquer de l'eau sur le pont à forte vitesse[7] ». À mi-hauteur, une double virure (un décroché[5]) « court sur les deux tiers avant du bateau, et dégage, là aussi l'eau », comme sur les bateaux à moteur[7].

Franc-bord modifier

Le franc-bord est plus important, pour mieux gérer la mer formée[7], pour rendre le bateau plus marin et avoir moins d'eau sur le pont[10], jusqu'à une certaine taille de vague[4]. Ce franc-bord important est d'ailleurs exigé maintenant par la jauge Imoca[7].

Arrière modifier

 
À Lorient, en septembre 2023, lors du Défi Azimut. Foil version 1 de juin 2023.

Le frégatage est conservé à l'arrière « pour réduire les poids, à la fois des cloisons et des murailles[7] ». L'arrière est un peu plus étroit que celui d'Apivia[4] (5,50 m[5]) et ses formes sont tendues, pour limiter la traînée[11]. Des essais en bassin numérique virtuel, avec vagues, ont permis d'estimer, par rapport à Apivia, une réduction de 10 à 12 % du pic de traînée lorsque l'on bute dans une vague[12].

Foils modifier

Les foils sont sensiblement les mêmes que la version 2 d'Apivia, qui lui permettaient de voler dès 12 nœuds de vent. Sur ceux de Macif santé prévoyance, on a surtout veillé à affiner les sections entre le tip et le shaft[11].

Pont modifier

 
La bassine arrière est surélevée.

À l'inverse de la plupart des Imoca de sa génération, le bateau garde un pont creux à l'avant[7]. Le rouf est bas. Il est prolongé en avant du mât par un carénage qui, en plus d'être aérodynamique, apporte du volume pour réussir les tests de retournement[7].

Aux allures portantes, les voiles sont stockées à l'arrière. Aussi, pour faciliter leur déplacement, la bassine arrière est-elle rehaussée de 50 centimètres[11] : plus besoin d'une drisse pour les soulever[7].

Aménagement intérieur modifier

La vie à bord d'un Imoca à foils est particulièrement difficile[10]. Les chocs sont nombreux[5], les déplacements pénibles[10]. Les manœuvres réclament beaucoup d'énergie, avec notamment le matossage, qui consiste à déplacer le matériel d'un bord sur l'autre, à chaque virement[5]. Sans faire de compromis sur la performance, on veille sur Macif santé prévoyance à limiter et faciliter les déplacements, notamment en réduisant la taille du cockpit et de l'espace de vie (environ 5 m2 chacun)[4].

Cockpit modifier

 
Entrée bâbord du cockpit.

Zone de manœuvre (le cockpit, où sont la colonne et les winchs) et zone de vie sont inversées[5]. Le cockpit n'est plus à l'arrière du bateau, mais juste derrière le mât[10]. Il est percé de deux trappes latérales permettant de se hisser sur le pont[12]. Les panneaux d'entrée ont le défaut de laisser entrer l'eau ou le froid quand ils sont ouverts, d'emprisonner la chaleur ou l'humidité quand ils sont fermés : « On a donc ajouté une petite trappe de ventilation sur la face arrière et la possibilité d'ouvrir en protégeant la descente[7]. » Ce qui permet d'aérer quand il fait trop chaud, ou de combattre l'humidité ou de se préserver du froid.

Le vitrage offre une visibilité meilleure. Ce cockpit est plus haut de 10 centimètres que celui d'Apivia (Dalin peut presque s'y tenir debout)[7]. Mais il est moins large[5], avec un meuble de winch plus compact et plus accessible. Ce qui, souligne Dalin, est « le meilleur témoin » de sa détermination à gagner le Vendée Globe : ce n'est pas un cockpit pour naviguer en équipage. « On a tout pensé pour le solitaire, sans aucun compromis pour l'équipage[4]. »

Zone de vie modifier

La zone de vie, que Dalin surnomme « la studette », très compacte elle aussi, se trouve donc en arrière du cockpit. La bannette est à moins d'un mètre d'un siège morphologique et de la table à carte. Tout y est fixe, et à portée de main[10], qu'il s'agisse de préparer son repas, de manger assis, de dormir ou d'analyser les fichiers météo[6], sans avoir à matosser à chaque changement de bord. Enfin, le cockpit et sa colonne ne sont qu'à un mètre cinquante du siège de la zone de vie[7].

Résultats attendus modifier

Aux allures de près et de reaching, les vitesses devraient être les mêmes que celles d'Apivia. C'est au portant VMG, espère Dalin, que Macif santé prévoyance devrait aller plus vite : « non pas sur quelques vagues mais bien au niveau des moyennes journalières : la clé de la réussite sur un Vendée Globe[11] ».

La coque à elle seule, c'est-à-dire sans compter le gain de vitesse escompté grâce aux foils, devrait permettre de gagner un jour et demi sur un Vendée Globe[4].

Courses modifier

2023 modifier

 
Au Havre en octobre 2023, avant la Transat Jacques-Vabre dont il prendra seulement le départ.

En juillet 2023, skippé par Charlie Dalin et Pascal Bidégorry, Macif santé prévoyance dispute sa première course, la Fastnet Race. Il termine 1er sur 29 Imoca, un mois jour pour jour après sa mise à l'eau[14],[15],[16]. Dalin est content. Le bateau répond aux objectifs définis lors de sa conception : « Il se comporte mieux en mer que le précédent, Apivia. Il va mieux au portant et il est mieux adapté aux conditions difficiles[15]. » En septembre, skippé par le même duo, Macif santé prévoyance se classe 2e sur 33 dans les 48 Heures du Défi Azimut[17]. En raison de problèmes de santé de Dalin[18], le bateau ne court pas les deux dernières courses de l'année, la Transat Jacques-Vabre (il prend le départ pour assurer sa qualification dans le Vendée Globe, et abandonne sitôt la ligne franchie) et le Retour à la Base[19].

Durant le chantier d'hiver, on tire les leçons des premières navigations, et l'on va tenter de rendre le bateau encore plus performant et plus fiable. Comme sur les autres Imoca de la même génération, on veille à renforcer l'ensemble de la structure pour parer aux chocs violents[20]. Macif santé prévoyance est par ailleurs doté d'une nouvelle paire de foils, qui devraient lui apporter un gain de vitesse à certaines allures, mais surtout « améliorer son comportement dans la mer ». Cela permettra aussi, quand on connaît les longs délais de fabrication, de pouvoir compter sur une paire de rechange à l'approche du Vendée Globe[6].

2024 modifier

The Transat modifier

 
À Lorient, en avril 2024, quatre jours avant le départ de The Transat.

Le , Macif santé prévoyance prend le départ de The Transat. Dalin, qui renoue avec la compétition, mène pendant la première moitié de la course[21]. À partir du , il rencontre une série de problèmes[22]. Il perd un morceau de safran. Il a des soucis de pilote automatique au portant. Il perd l'aérien (le capteur de vent, en tête de mât)[21]. Il le remplace. Le nouveau capteur ne se montre pas très performant. Dalin doit aussi changer d'ordinateur. Il commet quelques erreurs météo[23].

Le , dans 45 nœuds de vent, « avec deux ris, surtoilé je pense[23] », le bateau fait un départ à l'abattée. Il empanne tout seul[24]. Les lattes de grand-voile[22] et le mât tiennent bon[23], mais Dalin prend cela comme un avertissement. Il estime qu'il doit moins tirer sur la machine. Il s'en sort avec le chariot de grand-voile endommagé[23]. Il poursuit « avec la grand-voile en cornet de frite[22] ». Le jour même, il cède la première place au Paprec Arkéa de Yoann Richomme[24]. Le lendemain, il trouve une solution pour réparer son chariot[21]. Paprec Arkéa, le nouveau leader, creuse son avance[24].

Cette course démontre que le nouveau bateau de Charlie Dalin va plus vite que l'ancien, qui enfournait trop. Reste que les autres bateaux de tête semblent plus à l'aise que lui au portant. Mais Dalin estime qu'il est trop tôt pour être formel sur ce point : il faudra juger avec deux safrans entiers et un bon pilote automatique[23]. Doublé par le Malizia de Boris Herrmann et l'Initiatives-Cœur de Samantha Davies, Macif santé prévoyance termine 4e sur 33 Imoca[21], validant sa qualification pour le Vendée Globe[23].

Palmarès modifier

Macif santé prévoyance, barré par Charlie Dalin modifier

Notes et références modifier

  1. Romain David, Charlie Dalin, arrivé premier et finalement deuxième du Vendée Globe : « Je ne regrette rien », sur europe1.fr, 28 janvier 2021 (consulté le 4 mai 2024).
  2. « Classements – Vendée Globe 2020-2021 », sur imoca.org (consulté le 4 mai 2024).
  3. a b c d e et f « Focus sur Macif, l'Imoca de Charlie Dalin, « la continuité d’Apivia qui est indiscutablement un bateau de référence sur le circuit Imoca », sur scanvoile.com, 25 juin 2023 (consulté le 31 mars 2024).
  4. a b c d e f g h i et j Martin Couturié, « Charlie Dalin : « Ce nouveau bateau est uniquement pensé pour gagner le Vendée Globe », sur lefigaro.fr, 23 juin 2023 (consulté le 3 mai 2024).
  5. a b c d e f g h et i « Macif Santé Prévoyance », sur imoca.org (consulté le 31 mars 2024).
  6. a b et c Chloé Torterat, « Charlie Dalin : « S'il y a bien une course où l'on ne peut pas prévoir une victoire, c'est bien le Vendée », sur bateaux.com, 13 février 2024 (consulté le 4 mai 2024).
  7. a b c d e f g h i j k l et m Briag Merlet, « Imoca Macif. Charlie Dalin nous explique les choix de conception », sur bateaux.com, 26 juin 2023 (consulté 31 mars 2024).
  8. « Vendée Globe. Apivia devient Macif pour Charlie Dalin », sur ouest-france.fr, 9 mars 2023 (consulté le 2 mai 2024).
  9. « Plan Verdier à l'eau, l'Imoca Macif de Charlie Dalin a touché l'eau ce samedi. « On ne change pas une équipe qui gagne ! » sur scanvoile.com, 24 juin 2023 (consulté le 31 mars 2024).
  10. a b c d e f et g « Vendée Globe. Mise à l’eau de l’Imoca Macif de Charlie Dalin », sur courseaularge.com, 25 juin 2023 (consulté le 31 mars 2024).
  11. a b c d et e Paul Gury, « Imoca. Mise à l’eau de Macif, le tout nouveau plan Verdier de Charlie Dalin », sur voileetmoteur.com, 24 juin 2023 (consulté le 31 mars 2024).
  12. a b et c Nicolas Blanzat, « Charlie Dalin met à l'eau Macif, son nouvel Imoca « fait pour gagner le Vendée Globe », sur francebleu.fr, 24 juin 2023 (consulté le 31 mars 2024).
  13. Emmanuel Conrath, « Glossaire – F – Frégatage », sur arwenmarine.com, 2015 (consulté le 12 mai 2024).
  14. Aurélie Lagain, « Charlie Dalin et Pascal Bidégorry remportent la Fastnet en Imoca », sur francebleu.fr, 25 juillet 2023 (consulté le 2 mai 2024).
  15. a et b Martin Couturié, « Charlie Dalin : « C'est exceptionnel de gagner la première course de son nouveau bateau », sur lefigaro.fr, 25 juillet 2023 (consulté le 31 mars 2024).
  16. a et b « Classements – Rolex Fastnet Race 2023 », sur imoca.org (consulté le 2 mai 2024).
  17. a et b « Classements – Défi Azimut-Lorient agglomaration 2023 », sur imoca.org (consulté le 2 mai 2024).
  18. David Poisnel, « Charlie Dalin a repris l’entraînement et donne des précisions quant à son état de santé », sur paris-normandie.fr, 5 décembre 2023 (consulté le 31 mars 2024).
  19. Olivier Bourbon, « Charlie Dalin, de retour à la compétition en 2024 : « Je vais combler mon retard », sur voilesetvoiliers.ouest-france.fr, 15 décembre 2023 (consulté le 2 mai 2024).
  20. « Charlie Dalin : « Ce sera ma première participation à The Transat, je suis très impatient ! » sur seasailsurf.com, 26 mars 2024 (consulté le 31 mars 2024).
  21. a b c d et e « The Transat CIC. Imoca. Boris Herrmann et Samantha Davies sur le podium, Charlie Dalin 4e », sur voilesetvoiliers.ouest-france.fr, 7 mai 2024 (consulté le 12 mai 2024).
  22. a b et c Medhi Weber, « Transat CIC. Arrivé 4e, le Normand Charlie Dalin en route pour une revanche au Vendée Globe », sur france3-regions.francetvinfo.fr, 7 mai 2024 (consulté le 13 mai 2024).
  23. a b c d e et f Stéfan L'Hermitte, « Charlie Dalin (Macif), 4e de The Transat CIC : « Je suis un peu rouillé », sur lequipe.fr, 7 mai 2024 (consulté le 12 mai 2024).
  24. a b et c Bruno Ménard, « The Transat CIC. Surprise en tête : Yoann Richomme prend les commandes, Charlie Dalin freiné », sur voilesetvoiliers.ouest-france.fr, 2 mai 2024 (consulté le 12 mai 2024).

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