Ma El Aïnin

cheikh maure du Sahara occidental, fondateur de Smara
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Ma El Aïnin ou Ma al-'Aynayn, Mel-Aynin et autres translittérations (Mohamad Mustafa Ould Sheikh Mohamad Fadel) est un cheikh arabe cherif de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, né vers 1831[9] près de Oualata, en actuelle Mauritanie du sud-est, mort le à Tiznit dans la région Souss-Massa au Maroc.

Ma El Aïnin
La Zaouïa de Ma El Aïnin à Es-Semara .
Biographie
Naissance
Décès
(à 79 ans)
Tiznit
Sépulture
Nom dans la langue maternelle
ماء العينين
Allégeance
Activité
Appartenance ethno-culturelle
Père
Fratrie
Enfant
Autres informations
A travaillé pour
Religion
Ordre religieux
Conflit
Œuvres principales

Biographie

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Famille

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Ma El Aïnin est le douzième des quarante-huit fils de Muhammad Fâdil ben Mâmîn, le fondateur de la congrégation soufie Fadiliyya. Un de ses frères est Cheikh Saad Bouh. Il est le père de Ahmed al-Hiba et de Merebbi Rebbu. Originaire des Ahl Taleb al-Mukhtar, une grande tribu arrivée du Tafilalet au sud-est du Maroc durant le 17e siècle, ils sont considérés dans le Hodh El Chargui (dépression au sud-est de l'actuelle Mauritanie) comme chérifs[10].

Figure respectée et pieuse

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Drapeau des Ahl Taleb al-Mukhtar

Camille Douls est le premier explorateur occidental à le rencontrer et à le décrire lors de son voyage dans le Sahara espagnol en 1887[11], le décrivant comme une figure vénérée, un faiseur de miracles et un guérisseur, recherché de loin pour partager sa bénédiction en échange de dons, tout en traitant des adeptes issu des tribus Ouled Delim et Rguibat[12].

En 1888, après avoir accompli son hajj[12], il revient auréolé de respect et d'admiration. Ce pèlerinage, marquant un moment spirituel crucial, renforce son statut de figure religieuse.

Vers 1898, il construit un ribat, petite forteresse, à Smara, jusque-là simple point d'eau et carrefour caravanier, d'où il lance un appel à la guerre sainte contre les colonisateurs. Armé et financé par le sultan du Maroc Moulay Abdelaziz, Ma El Ainin s'empare du comptoir de Donald MacKenzie à cap Juby la même année.

Résistance anticolonialiste

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Vers 1905, il envoie un de ses fils dans l'Adrar mauritanien afin d'y mener la résistance contre les Français et il est peut-être à l'origine de l'assassinat à Tidjikdja de Xavier Coppolani, le commissaire français de Mauritanie (). La mort de Coppolani désorganise l'avancée française mais ne l'arrête pas. En 1907, Henri Gouraud, qui vient de soumettre une rébellion au Soudan français (Mali), est nommé commissaire et reprend l'offensive.

Ma El Ainin se rend auprès du sultan pour obtenir des armes et choisit alors de traiter avec Abd al-Hafid, opposé aux Français et frère du Moulay Abd al-Aziz. Les affrontements en 1908-1909 tournent cependant à l'avantage de Gouraud, Ma El Ainin est contraint de quitter Smara (toujours inachevée) et s'installe à Tiznit où il se proclame Mahdi[13].

Fin de la résistance

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Entre juin et , le général Moinier (1855-1919) bat une armée de 6 000 Maures et Berbères du sud marocain[14],[15] à Tadla qui marchaient sur Fès, ce qui met un terme aux ambitions de Ma El Ainin. Il meurt le à Tiznit[16].L'administrateur français Xavier Coppolani (1866-1905, dit le Pacificateur de la Mauritanie) s'oppose aux trois principaux marabouts d'alors (1904-1905), dont Ma El Aïnin.

Ma El Aïnin décède le 23 octobre 1910 (79 ans) dans la ville de Tiznit, il est retenu dans l'histoire du Maroc pour sa résistance et pour la construction de la ville de Smara, sans compter son influence islamique rependu en Mauritanie désormais. Son tombeau sera édifié en Zaouïa.

Postérité

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Notes et références

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  1. https://revistas.uam.es/reim/article/download/864/852/2173
  2. Attilio Gaudio, Guerres et paix au Maroc : reportages, 1950-1990, , 439 p. (ISBN 9782865373123, lire en ligne), p. 372.
  3. https://www.noor-book.com/%D9%83%D8%AA%D8%A7%D8%A8-%D8%AA%D8%A7%D8%B1%D9%8A%D8%AE-%D8%A7%D9%81%D8%B1%D9%8A%D9%82%D9%8A%D8%A7-%D8%A7%D9%84%D8%B9%D8%A7%D9%85-%D8%AC-7-pdf-1614135227
  4. https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=http%3A%2F%2Fwww.rogermimo.com%2Ffr.in36-Smara.htm#federation=archive.wikiwix.com&tab=url
  5. https://www.ndarinfo.com/Biographie-concise-de-Cheikhna-Cheikh-Saad-Bou_a12409.html
  6. https://www.war-memorial.net/Ma-al-%E2%80%99Aynayn%E2%80%99s-Anti-Colonial-Insurgency--3.272
  7. https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=https%3A%2F%2Fsites.google.com%2Fsite%2Fteimrevista%2Fnumeros%2Fnumero-11-julio-diciembre-2011%2Fitineraire-de-foundateur-de-la-tariqa-fadiliyya#federation=archive.wikiwix.com&tab=url
  8. https://search.worldcat.org/fr/title/1243759495
  9. Le d'après Rahal Boubrik. D'autres sources[Qui ?] disent 1830 et 1838.
  10. (en) Tony Hodges, Western Sahara: The Roots of a Desert War, L. Hill, (ISBN 978-0-7099-1295-8, lire en ligne)
  11. Camille Douls, « Voyage d'exploration à travers le Sahara occidental et le sud marocain », in Bulletin de la Société de géographie, VIIe série, t. IX, Paris, Société de Géographie, 1888, p.462 à consulter sur Gallica.
  12. a et b Rachid Agrour, « Chapitre I. Ma el Aïnin, héraut du makhzen ? », dans Le mouvement hibiste : Jihad et résistances dans le Sud marocain (1910-1934), Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 11–46 p. (ISBN 978-2-7535-9605-4, lire en ligne)
  13. African Affairs, Royal African Society, publié par Oxford University Press, 1976, page 503.
  14. Désiré-Vuillemin, G.-M., « Cheikh Ma El Aïnin et le Maroc, ou l'échec d'un moderne Almoravide », Outre-Mers. Revue d'histoire, Persée, vol. 45, no 158,‎ , p. 29–52 (DOI 10.3406/outre.1958.1290, lire en ligne, consulté le ).
  15. Attilio Gaudio, Les populations du Sahara occidental : histoire, vie et culture, , 359 p. (ISBN 978-2-86537-411-3, lire en ligne).
  16. Mercer, pages 110-114.

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Mohamed Salem Ideidbi, Mauritanie : la Richesse d'une nation, Nouakchott, al-Manar, 2011.
  • Mohamed Salem Ideidbi, Traité de politique ou Conseils pour la conduite du pouvoir d'al-Imam al-Hadrami, Paris, Geuthner, 2011. (ISBN 9782705338510)

Articles connexes

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Liens externes

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