M3 Grease gun

pistolet mitrailleur
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M3 Grease gun
Image illustrative de l'article M3 Grease gun
Présentation
Pays d'origine Drapeau des États-Unis États-Unis
Type pistolet-mitrailleur
Munitions .45 ACP, 9 mm Parabellum
Date de création 1942
Poids et dimensions
Masse (non chargé) 3,70 kg
Masse (chargé) 4,455 kg
Longueur(s) 57,9 cm/75,7 cm (crosse dépliée)
Longueur du canon 20,3 cm
Caractéristiques techniques
Portée pratique 50-100 m
Cadence de tir 450 coups par minute
Capacité 30 coups

Précédé par M2 Hyde (en)


Le M3 Grease gun est un pistolet mitrailleur américain introduit pour la première fois en 1942 et déployé dans sa version simplifiée nommée M3A1 en 1944.

Histoire modifier

Développement initial modifier

 
Un tankiste américain avec un M3 en 1985

Le , le département chargé du développement des armes légères de la United States Army publie les spécifications d’un nouveau modèle de pistolet-mitrailleur. Celles-ci, qui s’inspirent du Sten Gun britannique, posent comme attente principale la simplicité de fabrication. Les critères secondaires incluent notamment une construction en métal, un démontage facile et que l’arme, chambrée par défaut pour la munition .45 ACP, puisse être facilement convertie pour tirer des balles de 9 mm. Le projet est placé sous la responsabilité du colonel René Studler et la conception aux ingénieurs Frederick Sampson et George Hyde[1]. Ce dernier est un inventeur prolifique dans le domaine des pistolets-mitrailleurs, étant entre autres à l’origine du Hyde Model 35, du Reising Model 50, de l’UD M42 ou encore de l’M2 Hyde (en)[2].

Dans un premier temps, un grand nombre de pistolets-mitrailleurs sont testés pour évaluer si un modèle déjà existant pourrait convenir. Parmi les armes essayées figurent des produits américains comme le M1928A1 Thompson ou le Smith & Wesson Model 40, mais aussi étrangers, par exemple la Sten britannique, l’Owen australienne ou la Suomi finlandaise. Aucun de ceux-ci ne remplit toutefois les attentes et il est donc décidé de concevoir une nouvelle arme, qui sera développée en partenariat avec General Motors. Après un premier essais baptisé T15, un second modèle, le T20, est mis au point, celui-ci allant encore plus loin dans la simplification en supprimant le sélecteur de tir[3].

Cinq prototypes sont livrés au début du mois de et testés à Aberdeen. Ces essais se passent plutôt bien, bien qu’il soit remarqué que le chargeur devrait être repensé et qu’il y a régulièrement des problèmes d’éjection de l’étui. Du fait du besoin pressant de la nouvelle arme, celle-ci est cependant standardisée à la fin du mois de décembre sans que ces problèmes aient été corrigés. Elle remplace alors les mitraillettes M2 et M1 dans les chaînes d’approvisionnement, bien que cette dernière reste utilisée jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale[4].

Histoire opérationnelle modifier

Il est prévu dès le début de l’année 1943 de faire progressivement du M3 le principal armement des unités de seconde ligne, de l’artillerie et des équipages de blindés, en remplacement de la carabine M1 et de la mitraillette Thompson[5]. Quelques parachutistes se l’octroient également pour remplacer leurs carabines M1, bien que le M3 n’ait jamais fait l’unanimité dans ces troupes en raison de sa courte portée[6]. Du fait du grand nombre d’armes à produire relativement aux capacités de production, le M3 ne commence cependant à être majoritaire qu’à partir de 1944[5]. La réception de l’arme est au début assez négative, sa méthode de fabrication à partir de tôles embouties ne jouant pas à son avantage face à la construction élaborée de ses prédécesseurs. La perception évolue toutefois rapidement au fur et à mesure que les unités la prennent en main, sa compacité et sa légèreté étant particulièrement appréciées[7].

Le M3 semble avoir été utilisée pour la première fois au combat par les 82nd et 101st Airborne dans les heures précédant le débarquement de Normandie. Un peu plus tard dans la journée, les Rangers attaquant la pointe du Hoc en disposent également[8]. De manière générale, le M3 reste assez peu utilisé par les parachutistes, qui lui préfèrent la carabine M1[9]. Dans le reste de l’armée, le M3 est principalement utilisé par les officiers, les équipages de chars et les spécialistes, par exemple les hommes des transmissions. L’arme n’est pas destinée à équiper l’infanterie, bien que certains soldats semblent se l’être procurée[10]. La réception est globalement mitigée : certains, notamment les tankistes, apprécient sa compacité et sa puissance de feu, mais beaucoup critiquent toutefois son manque de fiabilité[11].

Le M3 a été utilisé au sein de l’U.S. Army au moins jusqu’en 1997, date à laquelle le char M60, dont la M3 est l’armement complémentaire standard, est totalement retiré du service. D’après certains témoignages, l’arme aurait toutefois encore été utilisée en 2004 dans des unités d’artillerie équipées du M109 howitzer[12]. L’arme a également longtemps été en service dans les forces spéciales, la Delta Force l’ayant encore utilisée pendant l’opération Eagle Claw en 1980[13].

En dehors des forces armées des États-Unis, le M3 est également largement utilisé dans les armées et forces de maintien de l’ordre de nombreux pays, certains l’utilisant encore dans la deuxième décennie du XXIe siècle. Il est par exemple encore en service en 2016 dans la marine des Philippines[14].

Caractéristiques modifier

Dispositions générales modifier

 
Illustration montrant le mécanisme interne du M3.

L'arme est mécaniquement très simple, opérée par le recul et tirant culasse ouverte et uniquement en automatique. Le "levier" d'armement est un simple trou dans la culasse dans lequel on passe le doigt pour manœuvrer le mécanisme. La chambre d'éjection est couverte par un volet articulé qui bloque la culasse lorsqu'il est en position fermé. La crosse télescopique fil de fer est dimensionnée de façon à pouvoir servir de tige de nettoyage du canon lorsqu'elle est démontée. Elle comprend également un outil pour remplir les chargeurs plus facilement. Son surnom de grease gun, littéralement pistolet à graisse, lui vient de sa forme rappelant les pompes manuelles de graissage.

Munitions modifier

Le M3 est prévu pour tirer des cartouches de type .45 ACP. Il est également possible de tirer des cartouches en 9 × 19 mm Parabellum après conversion. Il devait initialement être également possible de tirer des cartouches de type .30 Carbine, mais cette possibilité a finalement été abandonnée[15]. Cinq types de cartouches de .45 sont utilisés par l’armée américaine. La M1911 est la cartouche classique à balle chemisée, la M9 est une cartouche à blanc, la M26 à balle traçante et la XM261 à grenaille[16]. La cartouche de .45 a essentiellement été choisie pour la puissance d’arrêt liée à la masse de son projectile et la faible vitesse de sortie de bouche. Ces caractéristiques limitent en revanche la portée ainsi que la capacité de perforation du projectile. Ce dernier point peut toutefois présenter un avantage pour des forces de l’ordre ou des forces spéciales intervenant dans un contexte ou des combattants sont mêlés à des non-combattants[17].

Un seul type de magasin est prévu, droit et pouvant contenir trente cartouches. Néanmoins, il n’est généralement rempli qu’avec vingt cartouches, son ressort étant trop faible pour alimenter de manière fiable l’arme quand le magasin est plein[18]. Une poche dédiée pouvant contenir trois magasins n’apparaît dans l’équipement individuel que dans les années 1950. Avant cette date, les soldats doivent recourir à divers expédients comme placer les magasins dans les poches de leur veste, dans une poche de masque à gaz ou en attachant plusieurs magasins ensemble. Il existe en revanche dès l’origine un sac pouvant contenir les huit magasins faisant partie de l’équipement standard des chars[19].

Variantes modifier

Kit de conversion modifier

Un kit de conversion permettant au M3 de tirer des cartouches de 9 mm est développé en 1943 à la demande de l’OSS. Ces armes sont essentiellement destinées à armer les groupes de résistants dans les pays où les cartouches de 9 mm sont plus courantes que celles de .45. La conversion implique le remplacement du canon, de la culasse et du ressort de rappel, ainsi que la mise en place d’un adaptateur permettant l’utilisation des magasins de la Sten[20].

Sur les vingt cinq mille kits prévus, seuls cinq cents ont été fabriqués par l’arsenal de Rock Island et Buffalo Arms. Il semble également qu’environ mille exemplaires directement chambrés en 9 mm ont été produits par l’entreprise Guide Lamp[20].

M3 SpecOps modifier

 
M3 SpecOps philippin.

Le M3 est utilisé par les forces armées des Philippines depuis la Seconde Guerre mondiale. La marine utilise notamment une variante plaquée en nickel destinée aux gardes du quartier général de la marine et a développé localement en 2004 une autre variante pour ses forces spéciales. Cette variante comprend un viseur point rouge Simmons ainsi qu’un silencieux et est généralement recouverte de peinture camouflage. Nommée M3 SpecOps Generation 2, cette arme, dont le coût est identique à celui du plus moderne HK UMP, est toujours en service en 2016[14].

PAM argentins modifier

L’Argentine produit sous licence à partir de 1955 une variante du M3A1 chambrée en 9 × 19 mm. Le PAM 1 souffre toutefois de problèmes de surchauffe en raison de l’utilisation de tôles plus fines et d’une cadence de tir plus élevée. Une version améliorée, le PAM 2, le remplace en production à partir de 1963. La production prend fin en 1972, alors qu’environ 47 000 exemplaires toutes versions confondues ont été produits. L’arme reste toutefois en service dans l’armée argentine longtemps après cette date et est ainsi utilisée pendant la guerre des Malouines en 1982[21].

Types 36 et 37 chinois modifier

 
Type 36 (en bas) et 37 (en haut).

Les forces nationalistes chinoises reçoivent des M3 au titre de l’aide américaine pendant la Seconde Guerre mondiale. Une copie du M3A1 est produite à partir de 1947 à l’arsenal de Shenyang. Le Type 36 ressemble fortement à son modèle et conserve le calibre .45 d’origine, mais est suffisamment différent dans le détail pour que la plupart de ses pièces ne soient pas interchangeables avec celles du M3. À partir de l’année suivante est également produit à l’arsenal de Jingling le Type 37, une version chambrée en 9 × 19 mm Parabellum, probablement copiée sur le kit de conversion utilisé par l’OSS[21].

Après la chute de la république de Chine en 1949, la production est déplacée à Taïwan. Bien que la Chine communiste n’ait pas produit ces armes, elle a utilisée en Corée, en Indochine et au Viêt Nam des exemplaires capturés[21].

Notes et références modifier

  1. Thompson 2016, p. 6.
  2. Thompson 2016, p. 7-10.
  3. Thompson 2016, p. 12.
  4. Thompson 2016, p. 12-13.
  5. a et b Thompson 2016, p. 25-26.
  6. Thompson 2016, p. 30-31, 33.
  7. Thompson 2016, p. 26.
  8. Thompson 2016, p. 30.
  9. Thompson 2016, p. 33.
  10. Thompson 2016, p. 36, 37, 42.
  11. Thompson 2016, p. 37-44.
  12. Thompson 2016, p. 62.
  13. Thompson 2016, p. 62, 64.
  14. a et b Thompson 2016, p. 64.
  15. Thompson 2016, p. 15.
  16. Thompson 2016, p. 19.
  17. Thompson 2016, p. 37, 56, 62.
  18. Thompson 2016, p. 37.
  19. Thompson 2016, p. 39.
  20. a et b Thompson 2016, p. 49.
  21. a b et c Thompson 2016, p. 75.

Annexes modifier

Bibliographie modifier

Voir aussi modifier

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