Lunain

cours d'eau français

Lunain
Illustration
Le Lunain au moulin de Launoy.
Carte.
Cours du Lunain (carte interactive du bassin du Loing)
Caractéristiques
Longueur 51,4 km
Bassin 252 km2
Bassin collecteur Seine
Débit moyen 0,709 m3/s (Épisy)
Régime pluvial
Cours
Source Égriselles-le-Bocage (Yonne)
· Altitude 180 m
Confluence Loing
· Localisation Moret-Loing-et-Orvanne (Seine-et-Marne)
· Altitude 58 m
Géographie
Pays traversés Drapeau de la France France

Le Lunain est une rivière française, affluent du Loing et donc sous-affluent de la Seine, coulant dans les départements de l'Yonne et de Seine-et-Marne.

Géographie modifier

La longueur de son cours d'eau est de 51,4 km[1]. Il prend sa source à l'ouest de Égriselles-le-Bocage[2] dans l'Yonne et se jette en rive droite dans le Loing à Moret-Loing-et-Orvanne, en Seine-et-Marne[1],[3].

Communes traversées modifier

Dans l'Yonne
Égriselles-le-Bocage ~ Vernoy ~ Courtoin ~ La Belliole ~ Saint-Valérien ~ Montacher-Villegardin ~ Chéroy[4].
En Seine-et-Marne
Blennes ~ Chevry-en-Sereine ~ Vaux-sur-Lunain ~ Lorrez-le-Bocage-Préaux ~ Paley ~ Nanteau-sur-Lunain ~ Treuzy-Levelay ~ Nonville ~ Villemer ~ La Genevraye ~ Moret-Loing-et-Orvanne.

Affluents modifier

  • Le ruisseau du Colombeau, long de 6,4 km, prend naissance à Villeneuve-la-Dondagre (Yonne) et se jette dans le Lunain à La Belliole (Yonne). Il est appelé ru de Corru et alimente quelques petits étangs avant de prendre le nom de Colombeau environ 1 200 m avant sa confluence avec le Lunain en rive droite.
  • Trois petits ruisseaux longs respectivement de 1 km, un peu plus de 2 km, et 1 km (longueurs approximatives), prennent naissance au Sud et au S-E de Saint-Valérien (Yonne) et alimentent le Lunain en rive droite entre La Belliole et Montacher-Villegardin.
  • Un ruisseau long d'environ 4 km vient alimenter le Lunain en rive droite entre Montacher-Villegardin et Chéroy (Yonne).
  • Un ruisseau long d'environ 2 km arrive dans le Lunain en rive droite à Chéroy.
  • Un ruisseau long d'environ 2 km conflue avec le Lunain en rive gauche à Lorrez-le-Bocage.

Plusieurs étangs font partie du bassin versant du Lunain, dont trois étangs en succession sur Montacher-Villegardin : l'étang de Rabotteux (le plus grand des trois), l'étang de l'Ouche et l'étang du Chêne[5].

Hydrologie modifier

Le Lunain est une petite rivière fort peu abondante. Son débit a été observé durant une période de 40 ans (1969-2008), à Épisy, localité du département de Seine-et-Marne située au niveau de son confluent avec le Loing[6]. Le bassin versant de la rivière (soit la totalité de celui-ci) y est de 252 km2.

Le module de la rivière à Épisy est de 0,709 m3/s.

Le Lunain présente des fluctuations saisonnières de débit peu marquées, avec des hautes eaux d'hiver portant le débit mensuel moyen à un niveau situé entre 0,897 et 1,060 m3/s, de janvier à avril inclus (avec un maximum en février, puis mars) ; et des basses eaux d'été se déroulant de juin à octobre, avec une baisse du débit moyen mensuel jusqu'à 0,432 m3/s au mois d'août, ce qui reste solide. D'octobre à janvier, on assiste à une hausse progressive du débit. Mais ces moyennes mensuelles ne sont que des moyennes et cachent des fluctuations plus prononcées sur de plus courtes périodes, et selon les années.

Débit moyen mensuel (en m3/s)
Station hydrologique : Épisy
(1969-2008)
Source : Banque Hydro - Station H3613020

À l'étiage, le VCN3 (débit minimal) peut chuter jusque 0,12 m3/s.

Les crues sont peu importantes. Ainsi le débit instantané maximal enregistré a été de 12,1 m3/s le , tandis que la valeur journalière maximale était de 8,85 m3/s le même jour. Les QIX (débit instantané maximal) 2 et QIX 5 valent respectivement 3,2 et 5,2 m3/s Le QIX 10 est de 6,4 m3/s, le QIX 20 de 7,7 m3/s et le QIX 50 de 9,3 m3/s. D'où il ressort que la crue de , dont mention a été faite, était bien plus que cinquantennale et donc tout à fait exceptionnelle.

Le Lunain est alimenté par un volume de précipitations très faible, comme la plupart du temps dans le bassin du Loing. La lame d'eau écoulée dans son bassin versant est de 90 millimètres annuels, soit moins du tiers de la moyenne d'ensemble de la France, et est très inférieur même à la moyenne du bassin du Loing (148 millimètres). Le débit spécifique (ou Qsp) atteint 2,9 litres par seconde par kilomètre carré de bassin, l'un des plus bas du pays.

Géologie modifier

De sa source à Montacher-Villegardin selon la carte géologique[7], ou jusqu'à Chéroy (dans l'Yonne) selon A. Viré, le Lunain creuse un petit ravinement dans la craie sénonienne, avec sur son lit un fond de cailloux et de sable. Viré précise qu'à partir des environs de Montacher jusqu'à Chéroy il rencontre une série de fissures, dans lesquelles il disparaît en partie - d'où l’assèchement de son lit en été sur cette portion de son parcours[8]. Les résurgences commencent à apparaître entre Lorrez et Paley[9], avec une surabondance de sources captées sur la commune de la Genevraye[3].
De Chéroy à Lorrez-le-Bocage, la craie se recouvre d'argile avec des cailloux roulés. Après Lorrez viennent le calcaire de Beauce et les sables de Fontainebleau (étages tertiaires) que le Lunain ravine plus profondément, engendrant des collines parfois assez abruptes bien qu'elles ne dominent son cours que de 30 à 40 mètres[8].

La vallée alluviale du Lunain est l'une des ressources en granulats alluvionnaires dans le département de Seine-et-Marne[10]. Toujours dans ce département, il se trouve un gisement d'alluvions anciennes de moyen niveau fait de graves siliceuses polluées (argile), très pauvres en calcaire[11].

La préhistoire dans la vallée modifier

La vallée du Lunain a été occupée dès l'Acheuléen ancien[12]. Elle est extrêmement riche en sites néolithiques, dont : village néolithique de la Roche-au-Diable avec polissoir, vers Tesnière (sur Paley), où de nombreux outils de l'époque ont été trouvés dont une meule à grains et sa molette (pierre servant de pilon)[13] ; aux Closeaux, haches en silex, grès et diorite, et un marteau à trou[13], et bien d'autres lieux de cette vallée témoignant d'une occupation ancienne (voir aussi les sections « Histoire » des communes concernées).

Noter que jusqu'au Néolithique la rivière atteignait probablement 140 m d'altitude environ, ce qui ne permettait bien sûr pas d'occuper la vallée elle-même ; les vestiges les plus anciens se trouvent sur les plateaux avoisinants[12]. Ainsi on trouve du Moustérien dans les bois du lieu-dit Normandie, en bord de route de Lorrez à Égreville, au sud de la ferme du château de Lorrez ; à la Montagne Sainte-Anne près des gros Ormes ; et à Saint-Ange-le-Viel[14].

Le Magdalénien, très peu représenté, se trouve aux « Pierrières » près de Lorrez, en mélange avec le Néolithique[14].

Plusieurs auteurs, dont Edmond Hue et A. Viré, pensent que les chemins tendent à toujours suivre la ligne droite, sauf difficultés majeures de viabilité[15] ; les sépultures, avoisinant forcément les lieux habités, se trouvaient près des grands chemins et sont marquées de mégalithes qui sont donc placés en alignement. Le principal alignement, orienté N. 40° O., jalonne toute la vallée sur 30 km de long et comprend la Pierre Aiguë d'Égriselles, la Pierre Pointe de Montacher, la Borne blanche de Villegardin, la Grande Borne de Villebéon et Lorrez, la Pierre Levée de Préaux, la Grande et la Petite Pierre Frite sur Nanteau et la Pierre à Blin (Treuzy-Levelay), soit huit mégalithes, dont seulement quatre sont encore debout en 1926[16].
Un autre alignement decomprenant six mégalithes, orienté N. 25° O, inclut le menhir de Chevannes (Loiret), la Pierre aux Aiguilles (Nanteau-sur-Lunain), l'une des Pierres de Saint Barthélémy (Treuzy), la Haute Borne et la Pierre Levée du Moque Baril (tous deux à Nonville), et la sépulture de Pleignes (La Genevraye). Une voie romaine de second ordre (via vicinalis) reprend une partie du même chemin : elle est conservée partiellement près de la Cave aux Fées (Paley), se détache à Montacher de la grande voie de Sens à Orléans, suit en grande partie la vallée du Lunain, et aboutit au Loing en face de Montigny où existait un gué antique[16].

À Chevry-en-Sereine (en rive droite du Lunain, limitrophe de Vaux-sur-Lunain au nord) se trouvent des rochers gravés de cupules et de cavités pédiformes[17] (le même genre de gravures sur le « rocher aux pieds » à Nanteau-sur-Essonne s'est révélé être un ensemble de marqueurs solaires[18]).

 
Saint Césaire diacre, invoqué contre les inondations des rivières (en particulier le Lunain).

Sites touristiques modifier

Les châteaux de Lorrez-le-Bocage-Préaux et Nanteau-sur-Lunain. La belle pièce d'eau du château de Nanteau est alimentée directement par le Lunain. Césaire diacre de Terracina, saint patron de Nanteau-sur-Lunain, est invoqué contre les inondations des rivières (en particulier le Lunain).

Montacher-Villegardin : château de Vertron (XVIIe s.), menhir de la Pierre-Pointe[19].

Voir aussi modifier

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Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

  • [Camart et al. 1973] R. Camart, J. Campinchi, J.-L. Le Floch, Cl. Mégnien, E. Michalski et G. Rampon, Bassin versant du Lunain (Seine-et-Marne) - Étude hydrogéologique et géotechnique en vue de la création d'un plan d'eau régulateur à Lorrez-le-Bocage, Brie-Comte-Robert, BRGM, , 128 p., sur brgm.fr (lire en ligne).  
  • [Viré 1892] Armand Viré, « Silex taillés de la vallée du Lunain », Bulletins et Mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris, no 3,‎ , p. 90-95.
  • [Viré 1926] Armand Viré, « La Vallée du Lunain aux âges préhistoriques », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 23, nos 3-4,‎ , p. 65-109 (lire en ligne [sur persee]).  
  • [Carrières de Seine-et-Marne] Schéma départemental des carrières de Seine-et-Marne 2014 - 2020 (rapport), Commission départementale de la nature, des paysages et des sites, , 316 p. (lire en ligne [PDF] sur driee.ile-de-france.developpement-durable.gouv.fr).  

Notes et références modifier

  1. a et b Sandre, « Fiche cours d'eau - Lunain (F4380600) ».
  2. « Source du Lunain près du Grand Bouilleret sur Égriselles-le-Bocage, carte interactive » sur Géoportail. Couches « Cartes IGN classiques », « Limites administratives » et « Hydrographie » activées. Vous pouvez bouger la carte (cliquer et maintenir, bouger), zoomer (molette de souris ou échelle de l'écran), moduler la transparence, désactiver ou supprimer les couches (= cartes) avec leurs échelles d'intensité dans l'onglet de "sélection de couches" en haut à droite, et en ajouter depuis l'onglet "Cartes" en haut à gauche. Les distances et surfaces se mesurent avec les outils dans l'onglet "Accéder aux outils cartographiques" (petite clé à molette) sous l'onglet "sélection de couches".
  3. a et b « Confluence du Lunain et du Loing à Épisy, carte interactive » sur Géoportail.
  4. « L'amont du Lunain, carte interactive » sur Géoportail. Couches « Cartes IGN classiques », « Limites administratives » et « Hydrographie » activées. Vous pouvez bouger la carte (cliquer et maintenir, bouger), zoomer (molette de souris ou échelle de l'écran), moduler la transparence, désactiver ou supprimer les couches (= cartes) avec leurs échelles d'intensité dans l'onglet de "sélection de couches" en haut à droite, et en ajouter depuis l'onglet "Cartes" en haut à gauche. Les distances et surfaces se mesurent avec les outils dans l'onglet "Accéder aux outils cartographiques" (petite clé à molette) sous l'onglet "sélection de couches".
  5. « Les étangs de Rabotteux de l'Ouche et du Chêne sur Montacher-Villegardin, carte interactive » sur Géoportail. Couches « Cartes IGN classiques », « Limites administratives » et « Hydrographie » activées.
  6. Banque Hydro - Station H3613020 - Le Lunain à Épisy
  7. « Carte géologique centrée sur Montacher-Villegardin » sur Géoportail.
  8. a et b Viré 1926, p. 65.
  9. Viré 1926, p. 67.
  10. Camart et al. 1973, p. 25.
  11. Carrières de Seine-et-Marne, p. 30.
  12. a et b Viré 1926, p. 71.
  13. a et b Viré 1926, p. 68.
  14. a et b Viré 1926, p. 72.
  15. Viré 1926, p. 93.
  16. a et b Viré 1926, p. 94.
  17. Viré 1926, p. 95.
  18. [Baudouin 1914] Marcel Baudouin, « Le rocher aux pieds de Nanteau-sur-Essonne (Seine-et-Marne) », Bulletins et Mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris, vol. 5, no 2,‎ , p. 159-177 (lire en ligne [sur persee]), p. 160.
  19. « France, le trésor des régions », sur tresordesregions.mgm.fr (consulté le ).