Louis II (prince de Monaco)

prince de Monaco de 1922 à 1949
(Redirigé depuis Louis II de Monaco)

Louis II
Illustration.
Titre
Prince de Monaco

(26 ans, 10 mois et 13 jours)
Couronnement
Ministre d'État Raymond Le Bourdon (en)
Maurice Piette
Henry Mauran (en) (intérim)
Maurice Bouilloux-Lafont
Henry Mauran (en) (intérim)
Émile Roblot
Pierre Blanchy (intérim)
Pierre de Witasse
Pierre Blanchy (intérim)
Prédécesseur Albert Ier
Successeur Rainier III
Prince héréditaire de Monaco

(32 ans, 10 mois et 22 jours)
Monarque Albert Ier
Prédécesseur Albert, prince héréditaire
Successeur Charlotte, princesse héréditaire
Biographie
Hymne royal Hymne monégasque
Dynastie Maison Grimaldi
Nom de naissance Louis Honoré Charles Antoine Grimaldi
Date de naissance
Lieu de naissance Baden-Baden (Grand-duché de Bade)
Date de décès (à 78 ans)
Lieu de décès Monaco
Sépulture Cathédrale Notre-Dame-Immaculée de Monaco
Nationalité monégasque
Père Albert Ier
Mère Lady Mary Victoria Douglas-Hamilton
Conjoint Ghislaine Dommanget
Enfants Princesse Charlotte de Monaco (fille naturelle, légitimée en 1919)
Héritier Charlotte, princesse héréditaire (1922-1944)
Rainier, prince héréditaire (1944-1949)
Résidence Palais de Monaco

Louis II (prince de Monaco)
Monarques de Monaco

Louis II, né le à Baden-Baden (grand-duché de Bade) et mort le à Monaco, est le fils du prince régnant Albert Ier et de la princesse Marie, née Lady Mary Victoria Douglas-Hamilton. Du fait de la séparation du couple princier, Albert Ier ne fit la connaissance de son fils que dix ans après sa naissance, en 1880, au moment de leur divorce et peu avant le remariage de Lady Mary avec le comte hongrois Tasziló Festetics de Tolna (en) (1850-1933).

Le , Louis II de Monaco épouse une comédienne française, Ghislaine Dommanget, née le à Reims et morte le à Neuilly-sur-Seine.

Le règne du Prince soldat modifier

Il entre à l’école de Saint-Cyr, promotion « du Soudan » de 1891 à 1893 en qualité d’officier à titre étranger. Il effectue son stage d’application à Saumur, d’ à . Sous-lieutenant, il est affecté pour administration au 1er régiment de la Légion étrangère et détaché au 2e régiment de chasseurs d'Afrique (RCA) en garnison à Tlemcen, puis à Mecheria et enfin à Aïn Sefra. Il passe au 3e RCA à Constantine. C’est là que naît en 1898 une fille illégitime : Charlotte de Monaco. Il quitte l’armée en 1899 avec le grade de lieutenant, la médaille coloniale et la croix de chevalier de la Légion d’honneur à titre militaire et revient à Monaco.

En 1914, le prince héréditaire souscrit un contrat d’engagé volontaire pour la durée de la guerre dans l’armée française. Capitaine à l’état-major de la 5e armée sous les ordres du général Franchet d'Espèrey, il assiste à la victoire de la Marne. Chef d’escadron le , il se distingue à Craonne et au Chemin des Dames. Il est deux fois cité à l’ordre de l’armée et une fois à l’ordre de la 65e brigade. Il reçoit également la croix de guerre italienne. Il est promu lieutenant-colonel le et sert au service de renseignement du gouverneur militaire de Metz.

En 1920, il se voit confier plusieurs missions en Europe centrale, et gagne la croix de guerre des TOE. Au cours d’une réception à la préfecture des Alpes-Maritimes, le , le président de la République Paul Deschanel, l’élève à la dignité de grand officier de la Légion d’honneur. Il fait ensuite partie de la Commission interalliée qui siège en Haute Silésie. Promu colonel le , il est ensuite admis en 2e section des officiers généraux[1]. Le , il quitte l’armée française pour prendre la succession de son père le prince Albert 1er.

Le règne modifier

 
Louis II, portant son uniforme de général de l'Armée française, devant Ahmed II Bey, le prince Nobuhito Takamatsu et Paul Doumer, à Paris le .

Louis II, surnommé le Prince-Soldat, monte sur le trône de la principauté de Monaco le . L'arrivée des troupes italiennes en inquiète le prince Louis II de Monaco à titre personnel. Il craint une annexion et une destitution. Il se rapproche du gouvernement de Vichy. C'est à Pierre Laval et au maréchal Pétain — dont il a embauché l'ancien aide de camp — qu'il demande, avec succès, assistance. Le prince fait passer de son propre chef, sans contrainte ni de l'Allemagne nazie ni du régime pétainiste, des lois antisémites visant au recensement des juifs et à l'organisation de rafles.

 
Rudolf Caracciola et Louis II, discutant à la fin du Grand Prix de Monaco 1936.

Vis-à-vis de l'Allemagne, la principauté de Monaco exercera envers le Troisième Reich ce qui sera nommé plus tard une étrange neutralité. Des liens financiers avec les nazis existaient depuis 1936, quand le ministre des Finances allemand Hjalmar Schacht avait rendu visite au prince pour mettre en place un montage financier à partir de banques allemandes. L'intérêt à avoir des liens financiers était mutuel : la prospérité et l'indépendance de la principauté en profitaient. Le Reich diversifiait ses interfaces de financement. Par la Suisse et par Monaco, l’Allemagne nazie a réussi à contourner les embargos imposés par les Alliés. Le , Louis II offre un banquet au consul d'Allemagne ; il nomme le docteur Bernhard Bodenstein, un membre du parti nazi, consul de Monaco à Berlin. Les nazis arrivent à Monaco en . Des Allemands prennent des participations dans la Société des bains de mer (SBM). Le comportement du prince Louis II pendant la Seconde Guerre mondiale fut parfois considéré comme germanophile. En intégrant l'armée française en 1944, son petit-fils le futur prince souverain Rainier III évita à la famille Grimaldi une accusation de collaboration avec les nazis.

Louis II a enrichi la collection philatélique d'Albert Ier, collection qui est constituée en un musée postal par Rainier III en 1950[2].

Sa descendance modifier

Alors lieutenant au 3e régiment de Chasseurs d'Afrique, il rencontre, en 1898, dans une ville de garnison algérienne, Marie-Juliette Louvet, fille de modestes paysans de Seine-Inférieure, qui exerçait le métier de « modèle pour photo d'art » ; une fille naturelle, Charlotte Louise Juliette Grimaldi de Monaco naquit le à Constantine de cette relation.

Louis de Monaco n'ayant pas d'enfant légitime, la France s'inquiète que le titre de prince régnant puisse un jour échoir à un cousin allemand, un prince de Wurtemberg, descendant de la princesse Florestine de Monaco duchesse d'Urach.

En 1919, Raymond Poincaré, ancien avocat de la famille princière et président de la République française, convainc le prince héréditaire d'officialiser la filiation de Charlotte car des accords passés entre la principauté et la France prévoient qu'en cas de transmission du trône à des Allemands, Monaco perdra sa souveraineté au profit de la France.

Charlotte est adoptée par son grand-père Albert Ier, devient princesse de Monaco, titrée Mademoiselle de Valentinois ; son portrait par Laszlo de Lombos (1928) est conservé au palais princier de Monaco[3].

La question dynastique modifier

Aynard Guigues de Moreton de Chabrillan revendique le trône princier de Monaco en 1925 à la suite de l'adoption officielle de Charlotte Grimaldi (devenue princesse Charlotte de Monaco) puis en 1949 au décès du prince souverain Louis II de Monaco.

C'est la renonciation de Mindaugas II de Lituanie (si tant est qu'elle fût valable pour ses propres descendants) qui auraient fait de lui l'héritier de la principauté par sa mère la princesse Florestine de Monaco (1833-1897), elle-même fille du prince souverain Florestan Ier de Monaco (1785-1856). Il faisait valoir qu'une adoption (même doublée d'une filiation naturelle) ne pouvait produire aucun effet en droit successoral dynastique.

Cependant, le prince Albert Ier, sur le conseil du parlement monégasque et avec l'accord des autorités françaises (dans le cadre du protectorat) était libre de modifier officiellement et valablement les règles de succession au trône monégasque (y inscrivant le droit de succession par adoption), comme son arrière-petit-fils Rainier III le fera par la suite lui aussi.

Mariage modifier

Louis II tombe amoureux d'une actrice qui joue L'Aiglon au théâtre de Monaco, Ghislaine Dommanget, de trente ans sa cadette. Victor Jeannequin, consul de France à Monaco, note le  :[réf. nécessaire]

« Le prince seul est amoureux. La vieille maîtresse de Louis a éteint son feu. Voici donc plusieurs années que le prince Louis cherche ailleurs de la chair fraîche que réclame son appétit sénile, l'âge et le whisky aidant. » Il s'inquiète aussi de l'aspect financier, pour le prince, qui « jusqu'à présent, s'en tirait par de petites spéculations financières plus ou moins propres mais suffisantes pour parer à un train de vie plutôt moyen. Qu'adviendra-t-il quand les jolies dents de Ghislaine, auront, plus largement encore, mordu sur la cassette personnelle [...] ? »

Il l'épouse en 1946. Après la mort du prince qui survint trois ans plus tard, Ghislaine Dommanget, naturalisée monégasque, perd son procès contre les Grimaldi qui l'accusent de dilapider la fortune du prince.[réf. nécessaire] Elle ne lui a pas donné d’enfants, et meurt en 1991 à Paris.

Titulature et décorations modifier

Titulature modifier

  • -  : Son Altesse sérénissime le prince Louis de Monaco (naissance) ;
  • -  : Son Altesse sérénissime le prince héréditaire de Monaco ;
  • -  : Son Altesse sérénissime le prince souverain de Monaco.

Décorations monégasques modifier

Décorations étrangères modifier

Décorations militaires modifier

Lors de son jubilé, le , il est promu sergent-chef d’honneur de la Légion étrangère par OR 105, matricule 7.496 bis 12.13 bis affecté à la compagnie de commandement du DCRE. Il est le seul à avoir accédé à ce grade.

Généalogie modifier

Armoiries modifier

  Blasonnement :
Fuselé d'argent et de gueules.

Notes et références modifier

  1. uniquement à titre fictif (c'est-à-dire sans effet sur son commandement).
  2. Office des Émissions de Timbres-Poste de Monaco
  3. Reproduction dans Alain Decaux Monaco et ses princes - Sept siècles d'histoire, Perrin, 1996, puis France Loisirs, 1997, p. 124

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier