Le Lokavibhâga est un traité de cosmologie jaïn du Ve siècle connu pour son utilisation du zéro dans l'énonciation positionnelle des nombres. Il témoigne de l'usage des symboles numériques[1] sanskrits par les lettrés indiens avant même l'époque d'Aryabhata[2],[3]. Le texte emploie en particulier le mot shunya (vide)[4] ainsi que les mots gagana et ambara (ciel) [2] pour désigner le zéro dans l'écriture des nombres.

Les ascètes jaïns étaient amenés à faire d'énormes calculs. En effet, la philosophie jaïne qui conçoit l'univers comme infini, sans début ni fin, conduit à des recherches poussées sur les concepts d'espace, de temps et de matière ; les mathématiciens jaïns distinguent par exemple cinq catégories d'infini[4]. Sarvanandi, l'auteur du Lokavibhâga, est un moine jaïn de tradition Digambara.

Le titre Lokavibhâga signifie « Parties de l'univers ». Rédigé en prâkrit, à Patalika — une ville sans doute proche de la Yamuna —, le texte porte une date précise correspondant au du calendrier julien, mais il ne nous est parvenu que dans une traduction ultérieure en sanskrit due à un autre moine jaïn appelé Siṃhasūri[5].

Références modifier

  1. Il s'agit de symboles littéraux, les chiffres étant écrit en toutes lettres plutôt que sous forme de graphe spécifique(Ifrah 1981, p. 477)
  2. a et b Ifrah 1981, p. 476.
  3. Soutif 1995, p. 150.
  4. a et b Sen et Agarwal 2015, p. 42.
  5. Sen et Agarwal 2015, p. 35.

Bibliographie modifier

  • Georges Ifrah, Histoire universelle des chiffres : Lorsque les nombres racontent les hommes, Paris, Seghers, , 568 p. (ISBN 2-221-50205-1), p. 476
  • Michel Soutif, L'Asie, source de sciences et de techniques, EDP Sciences / Presses universitaires de Grenoble, , 318 p. (ISBN 2-7598-0125-X et 9782759801251, présentation en ligne), p. 150
  • (en) Syamal K. Sen et Ravi P. Agarwal, Zero : a landmark discovery, the dreadful void, and the ultimate mind, Academic Press, , 166 p. (présentation en ligne), p. 35, 42

Articles connexes modifier