Lingulata

classe de brachiopodes

Les Lingulata ou brachiopodes lingulidés sont une classe de brachiopodes, parmi les plus anciens ayant existé. Ils étaient déjà présents au début du Cambrien (plus de 540 Ma).

Brachiopode lingulide dans son trou en position « haute » (coquille au ras du sable) et « basse » (coquille enfoncée).
Brachiopode lingulide en position « haute » et « basse ».

Les formes actuelles ont longtemps été considérées comme des « fossiles vivants », car seules leurs coquilles pouvaient être étudiées par les paléontologues. Grâce à des descriptions récentes de leur anatomie tant chez les formes actuelles que fossiles, leur évolution morphologique et génétique a été mise en évidence et cet ancien concept a été peu à peu abandonné. En outre, les Lingulata présentent des formes de coquilles très variées, même chez les espèces actuelles. Celles-ci appartiennent aux deux super-familles des Linguloidea (famille des Lingulidae : genre Lingula et Glottidia) et des Discinoidea (famille des Discinidae : genres Pelagodiscus, Discina, Discinisca, Discradisca).

Description modifier

Les Lingulata ont des coquilles circulaires ou en forme de languette munies d'un pédicule avec lequel l'animal s'enfouit dans le sable ou s'attache à un substrat dur. Les cils du lophophore génèrent un courant respiratoire et nutritif à travers ce dernier et la cavité du manteau. L'intestin prend la forme d'un J.

Les coquilles des Lingulata sont composées d'un mélange de phosphate de calcium, de protéines et de chitine[2]. En cela, ils diffèrent de la majorité des mollusques à coquilles, qui sont essentiellement formées de carbonate de calcium. Les Lingulata sont des brachiopodes invertébrés, ainsi nommés à cause de la simplicité de leur mécanisme de "charnière". Ce mécanisme est dépourvu de denture et n'est tenu ensemble que par une musculature complexe.

Bien que Lingula soit un protostome, son embryogenèse présente un clivage radial et une formation de cœlome entérocoelique, typiques des deutérotomes basaux[3].

Taxons de rang inférieur modifier

D'après la phylogénie moléculaire, les brachiopodes comprennent trois sous-phylaxie : Linguliformea, Craniiformea et Rhynchonelliformea[4]. Le groupe le plus primitif est celui des Linguliformea. Les fossiles trouvés les plus anciens remontent au début du Cambrien et coïncident avec l'innovation de la biominéralisation[5].

Il s'agit des ordres suivants :

Consommation modifier

 
Un brachiopode lingulidé.

Ce genre à l'origine indo-pacifique est récolté pour la consommation humaine du Japon jusqu'en Australie[réf. nécessaire]. Il est cuisiné et consommé en Nouvelle-Calédonie (Lingula anatina Lamarck. 1801 et Lingula adamsi Dall, 1873) où il est dénommé « moule à queue »[6].

Fossile vivant modifier

Darwin qualifiait les brachiopodes lingulidés de « fossiles vivants », car la morphologie de leur coquille a peu changé depuis le Silurien[7].

Les taxons de la famille des Lingulidae présentent des changements morphologiques évolutifs malgré le fait que le groupe semble panchronique chez les Brachiopodes récents. Par conséquent, l'opinion traditionnelle selon laquelle les Lingulidae sont des « fossiles vivants » est très probablement erronée. En tout état de cause, seule l'espèce peut être considérée comme un fossile vivant, les taxons supra-spécifiques sont automatiquement exclus[8]. Son extension géologique s'étend du début du Tertiaire, peut-être du Crétacé, jusqu'à nos jours.

Une analyse du génome a montré que, contrairement à sa réputation de « fossiles vivants », le génome de Lingula a évolué activement[9].

Publication originale modifier

Notes et références modifier

  1. World Register of Marine Species, consulté le 12 octobre 2019
  2. (en) Andrew H. Knoll, « Biomineralization and Evolutionary History », Reviews in Mineralogy and Geochemistry, vol. 54, no 1,‎ , p. 329–356 (ISSN 1529-6466, DOI 10.2113/0540329, lire en ligne, consulté le )
  3. Naohide Yatsu, « On the Development of Lingula anatina », The journal of the College of Science, Imperial University of Tokyo, Japan = 東京帝國大學紀要. 理科, no 17,‎ , p. 1–112 (DOI 10.15083/00037918, lire en ligne, consulté le )
  4. (en) Erik A. Sperling, Davide Pisani et Kevin J. Peterson, « Molecular paleobiological insights into the origin of the Brachiopoda », Evolution & Development, vol. 13, no 3,‎ , p. 290–303 (ISSN 1525-142X, DOI 10.1111/j.1525-142X.2011.00480.x, lire en ligne, consulté le )
  5. Alwyn Williams, Sandra J. Carlson, C. Howard C. Brunton et Lars E. Holmer, « A supra-ordinal classification of the Brachiopoda », Philosophical Transactions of the Royal Society of London. Series B: Biological Sciences, vol. 351, no 1344,‎ , p. 1171–1193 (DOI 10.1098/rstb.1996.0101, lire en ligne, consulté le )
  6. Bitner, M. A. 2007. Shallow water brachiopod species of New Caledonia. p. 171 [In] Payri, C. E., Richer de Forges, B. (Eds). Compendium of marine species from New Caledonia. Documents Scientifiques et Techniques, Institut de Recherche pour le Développement, Nouméa, 435 pages. pdf
  7. Alwyn Williams, Maggie Cusack et Sarah MacKay, « Collagenous chitinophosphatic shell of the brachiopod Lingula », Philosophical Transactions of the Royal Society of London. Series B: Biological Sciences, vol. 346, no 1316,‎ , p. 223–266 (DOI 10.1098/rstb.1994.0143, lire en ligne, consulté le )
  8. (en) Christian C. Emig, « Proof that Lingula (Brachiopoda) is not a living-fossil, and emended diagnoses of the Family Lingulidae », sur CG2003_L01_CCE, (consulté le )
  9. (en) Yi-Jyun Luo, Takeshi Takeuchi, Ryo Koyanagi et Lixy Yamada, « The Lingula genome provides insights into brachiopod evolution and the origin of phosphate biomineralization », Nature Communications, vol. 6, no 1,‎ , p. 1–10 (ISSN 2041-1723, DOI 10.1038/ncomms9301, lire en ligne, consulté le )

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