Les Grandes Vacances (film)

film franco-italien de Jean Girault, sorti en 1967
Les Grandes Vacances
Description de l'image Les Grandes Vacances Logo.png.
Réalisation Jean Girault
Scénario Jean Girault
Jacques Vilfrid
Musique Raymond Lefèvre
Acteurs principaux
Sociétés de production Les Films Copernic
Ascot Cineraid
Pays de production Drapeau de la France France
Drapeau de l'Italie Italie
Genre Comédie
Durée 85 minutes
Sortie 1967

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Les Grandes Vacances est une comédie franco-italienne écrite et réalisée par Jean Girault, sortie en 1967.

Synopsis modifier

Philippe, le fils aîné de Charles Bosquier, propriétaire et directeur d'un pensionnat pour enfants de familles aisées, est recalé au bac en partie à cause de son anglais déplorable. Pour remédier à cette carence, son père décide de l'envoyer pour les grandes vacances au Royaume-Uni, dans la famille Mac Farrell, propriétaire d'une distillerie de whisky écossais. En contrepartie, la famille Bosquier accueille leur fille Shirley. Cela contrarie les plans de Philippe, qui avait prévu pour ses vacances de descendre la Seine en voilier… Il décide de se faire remplacer par Stéphane Michonnet, autre élève de l'institution, aux projets de vacances incertains mais désireux de visiter le Royaume-Uni. Après le départ de Michonnet, Shirley arrive chez les Bosquier, dissipe les élèves présents et entraîne Gérard, le fils cadet de Charles Bosquier, dans ses distractions. Au cours de l'une de leurs sorties, ils tombent sur Philippe qui essaye désespérément de réparer son bateau avant de partir en croisière avec ses amis. Shirley, exaspérée de son séjour chez les Bosquier, s'échappe du pensionnat en emmenant avec elle l'élève Bargin qui, grâce à ses compétences de mécanicien, fait démarrer le voilier. Tous deux participent ensuite à la croisière avec Philippe et ses amis.

Au même moment, Charles Bosquier se rend chez Mac Farrell, alerté par ce dernier que « Philippe » est malade. Le directeur découvre donc que Michonnet est parti au Royaume-Uni à la place de Philippe. De retour en France, il apprend que Shirley est partie avec Philippe et il s'empresse de les rattraper avant que Mac Farrell n'arrive pour récupérer sa fille. Après une poursuite rocambolesque qui se termine au Havre, Charles Bosquier retrouve les deux jeunes gens et les ramène, ainsi que Bargin, au pensionnat juste à temps pour l'arrivée de Mac Farrell qui repart avec Shirley. De retour à Londres, celle-ci rencontre Michonnet qu'elle croit être Philippe. Voulant se venger de Charles Bosquier, elle endort Michonnet dans sa chambre et fait croire à son père qu'ils ont couché ensemble... Celui-ci, furieux, accueille Charles et Philippe, arrivés précipitamment. Alors que les deux pères sont sur le point de se battre, Shirley découvre alors l'identité de son compagnon de croisière qui s'était présenté à elle sous le nom de "Michonnet", puis elle avoue la vérité sur sa mise en scène avant d'aller embrasser discrètement Philippe…

Le lendemain, Mac Farrell est de nouveau furieux après avoir découvert une lettre de sa fille lui annonçant qu'elle a pris la fuite avec Philippe pour qu'ils se marient. Pour cela, les deux amoureux de 18 ans (en 1967, et jusqu'en 1974, la majorité civile est fixée à 21 ans) doivent se rendre au village écossais de Gretna Green où se tient une fête annuelle permettant aux mineurs de se marier dès l'âge de 16 ans chez le forgeron, sans le consentement de leurs parents. Bosquier et Mac Farrell s'empressent de les rejoindre, Mac Farrell, qui dispose d'un avion privé, va jusqu'à se poser sur le toit de l'autocar qui emmène en Écosse la joyeuse troupe des fiancés (c'est le tournage de cette acrobatie qui a coûté la vie au cascadeur Jean Falloux). À la suite de diverses péripéties, ils arrivent alors que l'office vient de se terminer. Philippe et Shirley s'enfuient alors à cheval à travers les landes écossaises, toujours poursuivis par leurs pères. Mais au cours de la poursuite, ceux-ci finissent par dévaler une pente sans moyen de ralentir. Ils pensent alors que leur dernière heure est arrivée et jurent conjointement de ne plus s'opposer au mariage de leurs enfants. Heureusement, leur course folle s'achève sans heurts dans la distillerie de Mac Farrell où leur arrivée provoque une inondation au whisky. Après cela, le mariage de Philippe et Shirley est célébré dans la joie en Écosse.

Fiche technique modifier

Distribution modifier

À noter modifier

 
L'entrée principale du château de Gillevoisin, décor du pensionnat de Charles Bosquier.
  • C'est la première fois que Claude Gensac interprète la femme d'un personnage interprété par Louis de Funès. Elle le sera sept fois au total (Les Grandes vacances, Oscar, Le gendarme se marie, Hibernatus, Jo, Le Gendarme en balade, et Le Gendarme et les Gendarmettes). Par ailleurs, elle jouera dans d'autres films avec Louis de Funès : dans L'Aile ou la Cuisse, elle jouera la secrétaire, dans L'Avare, elle incarnera Frosine, et dans La Soupe aux choux, elle interprètera le rôle de la voisine qui déclare avoir vu la soucoupe volante à la Gendarmerie.
  • Il est possible de voir l'ombre du caméraman sur une plateforme, lorsque Charles Bosquier (Louis de Funès) rentre chez lui à pied et la voiture (mini) le suivant, conduite par Martine Kelly.
  • Le cascadeur Jean Falloux est décédé pendant le tournage de ce film lors d'une cascade aérienne. Il était l'époux de la speakerine Anne-Marie Peysson. Ce film lui est dédié.
  • Ce film est le plus gros succès français de l'année 1967 avec environ sept millions de spectateurs, devant un autre film de Louis de Funès, Oscar.
  • Dans ce film, Olivier de Funès joue « le fils de son père ».
  • On remarque que Louis de Funès conduit une Citroën DS. On retrouvera, dans d'autres films, l'union entre Louis de Funès et cette voiture dans Fantômas, Le Grand Restaurant, Hibernatus, Jo, ou encore Les Aventures de Rabbi Jacob.
  • Tout comme dans Fantômas contre Scotland Yard (tourné l'année précédente et sorti en ), aucun plan du film censé se dérouler au Royaume-Uni n'y sera tourné.
  • Quelques références sont faites à la chanteuse Sheila, qui est la chanteuse la plus populaire de France et à l'international en 1967, à travers des magazines affichés dans la chambre du fils Gérard, puis chez un marchand de journaux et également à travers l'expression de Shirley Mac Farrell the school is finished, référence à la chanson phare du premier succès international de Sheila L'école est finie.
  • Le nom de la péniche qui « repêche » Louis de Funès est « Groote Lulu » et celui du bateau des marins bagarreurs est « Kleine Muisje » ; en français « Grande Lulu » et « Petite Souris ». Sur les pulls des marins de ces péniches est également inscrit « Anvers ». Or, la ville d'Anvers est située en Belgique néerlandophone, et les marins parlent en néerlandais dans le film. Donc, c'est plutôt « Antwerpen » (Anvers en néerlandais) que nous devrions voir sur les pulls. A préciser aussi que "Groote Lulu" et "Kleine muisje" sont des erreurs de langage. En néerlandais correct, cela doit être "Grote Lulu" et "Klein muisje" (comme tous les diminutifs en '-je' muisje est neutre).
  • « Groote Lulu » est une allusion à un « Gros Lulu » dont parle Cruchot sous hypnose dans Le Gendarme à New York.
  • L'actrice Louise Chevalier est citée à tort, d'après un addendum (systématiquement repris sans avoir été vérifié, et notamment chez Tulard) à sa filmographie dans la Lettre des comédiens (1998). L'erreur provient en fait d'une confusion avec la comédienne Dominique Marcas, laquelle apparaît bel et bien dans le film comme pompiste.
  • Les deux fils de Bosquier s'appellent Philippe et Gérard. De Funès jouera plus tard deux rôles où son fils s'appelle également Philippe (L'Homme orchestre) et Gérard (L'Aile ou la Cuisse).

Lieux de tournage modifier

Accueil modifier

Accueil critique modifier

 
Les Grandes Vacances parmi les cotations du « Conseil des dix » des Cahiers du cinéma, tous affirmant qu'il est « inutile de se déranger ».

Les Grandes Vacances reçoit des critiques contrastées, bien que l'efficacité comique du film soit unanimement reconnue[5]. Le Figaro relève « les fâcheuses faiblesses du scénario »[5]. France-Soir évoque un « film gai et français (…) Peut-être pas de très grandes vacances, mais certainement une bonne petite détente »[5]. Dans Télérama, Claude-Jean Philippe note les manques du film et s'attarde sur la qualité du jeu de l'acteur principal, rejoignant sans le savoir les envies secrètes de l'intéressé : « Au fond, c'est un Molière qu'il lui faudrait. De Funès serait merveilleux en Harpagon, en Sganarelle et, pourquoi pas, en Alceste moderne »[5]. À l'instar de nombreux critiques de l'époque, Philippe s'attache à déceler la modernité du comique funésien : « D'une certaine manière, ces Grandes Vacances sont très révélatrices. Ce qui fait rire aujourd'hui, c’est le surmenage, la fuite en avant, le feu au derrière. Il faut voir de Funès s'agiter, sauter au volant de sa DS noire, régenter sa famille, son collège et sa domesticité (…) Il a découvert les immenses ressources comiques de la nervosité. Il s'arrête tous les quarts d'heure pour se faire masser le front par son épouse. Au fond, c'est drôle, on est venu se détendre pour voir un acteur se crisper à votre place »[6].

Très virulent envers chaque film de Louis de Funès, Jean-Louis Bory livre dans Le Nouvel Observateur une diatribe contre l'acteur et l'industrie du cinéma comique français en général, accusé d'être « commercial » et au service de l'ordre établi, en couplant sa critique avec celle du film Le Fou du labo 4 de Jacques Besnard avec Jean Lefebvre, jugé du même acabit : « Que « Le Fou du labo » soit de Jacques Besnard, Les Grandes Vacances de Jean Girault, vous pensez si tout le monde s'en moque. À commencer par Besnard et Girault. Ils sont là pour faire mousser deux produits : Lefebvre et de Funès (…) Films dont on dit qu'ils sont hilarants. Comme les gaz. Et qu'on projette, comme il est naturel, dans des chambres à gaz camouflées en salles de cinéma : les gens n'y voient que du feu et s'y précipitent, les malheureux. L'honnêteté oblige à reconnaître qu'ils en sortent. Mais dans quel état ! Anesthésies. Très exactement : tranquillisés — jusqu'à la prochaine séance, et voilà une bonne chose de faite. (…) Non au rêve. Oui à la grimace. Le comique tranquillisant, c'est ça et seulement ça. Une modification épidermique affectant les traits d'un certain visage, les déformant vers une immobilité expressive ou la surexpressivité. Le demeuré ou l'épileptique. La gelée de veau ou le fulminate. Lefebvre ou de Funès »[7]. Jean Narboni dans les Cahiers du cinéma estime que le film, « même si faible, facile et sans grand intérêt, témoigne de la part du tandem Girault-Vilfrid, d'un minimum d'ambition et de travail qui le sépare radicalement des basses œuvres de Besnard par exemple. De Funès, en proviseur de lycée inquiet, rigoriste et grincheux, y est un peu moins convaincant qu'à l'accoutumée, mais deux moments au moins sont curieux : une scène dans une boite à matelots du Havre, certainement influencée par Demy (couleurs, mise en place), et une inondation de whisky dans une distillerie écossaise peut-être en référence à Tashlin »[8].

Récompenses et distinctions modifier

Exploitations ultérieures modifier

Diffusions à la télévision française modifier

Éditions en vidéo modifier

En 2016, Les Grandes Vacances sort en Blu-ray, par Studio Canal, dans une version restaurée[10]. L'édition ne contient aucun bonus[10]. Cependant, la présence d'un menu en allemand comprend une bande-annonce en version française[10].

Notes et références modifier

  1. « Raymond Lefebvre » (présentation), sur l'Internet Movie Database (consulté le ).
  2. Franck et Jérôme Gavard-Perret, « Interview de M. Raymond Lefèvre », sur Autour de Louis de Funès, (consulté le ).
  3. Raymond Lefebvre est ici crédité « Raymond Lefèvre »[1], l'orthographe présent sur ses disques mais rarement dans les génériques des films[2].
  4. « CA S'EST TOURNE PRES DE CHEZ VOUS », sur filmfrance.net (consulté le ).
  5. a b c et d Dicale 2009, p. 344.
  6. Dicale 2009, p. 299.
  7. Dicale 2009, p. 298.
  8. Jean Narboni, « Les Grandes Vacances », Cahiers du cinéma, no 197,‎ noël 1967-janvier 1968, p. 94 (lire en ligne).
  9. « Prix Georges Courteline à Louis de Funès », INA éclaire l'actu, sur ina.fr, Journal de Paris, ORTF / Institut national de l'audiovisuel, .
  10. a b et c Franck Brissard, « Les Grandes Vacances : le test complet du Blu-ray », sur DVDFr, (consulté le ).

Voir aussi modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie modifier

Liens externes modifier