Les Âmes grises

livre de Philippe Claudel

Les Âmes grises
Auteur Philippe Claudel
Pays France
Genre Roman
Version originale
Langue Français
Version française
Éditeur Stock
Collection La Bleue
Date de parution
Nombre de pages 284
ISBN 978-2234056039

Les Âmes grises est un roman de Philippe Claudel publié le aux éditions Stock et ayant reçu le prix Renaudot la même année et le grand prix des lectrices de Elle en 2004. En 2015, l’œuvre est traduite dans plus de trente pays[1].

Résumé modifier

L'histoire se passe en décembre 1917 dans l'est de la France, dans un village à quelques kilomètres du front, sûrement près de Verdun, qui est confronté au meurtre d'une fillette, Belle de Jour. Le narrateur relate les réactions des uns et des autres : inspecteur, procureur, juge, notables et petites gens... Caractères et sentiments se dévoilent, affinités, soupçons et lâchetés... Les personnages ne sont pas des héros mais des « âmes grises », partagées entre le bien et le mal.

Résumé par chapitre modifier

Chapitre 1 modifier

Le narrateur introduit la ville de V. et quelques personnages, principalement le procureur Pierre Ange Destinat. Il traite du caractère et des habitudes détachés de ce dernier. Il en vient finalement à parler de Bourrache et de ses trois filles, surtout Belle de jour : la plus jeune et la plus innocente d’entre elles.

Chapitre 2 modifier

Le corps de Belle de jour a été retrouvé dans l’eau par le fils Bréchut. Les messieurs de V. ainsi que le maire, le juge Mierck, trois gendarmes et un militaire sont arrivés. Le juge ne prenait pas l’affaire de ce crime au sérieux. Peu de gens l’aimaient. Mais, le médecin était une des rares personnes qui s’entendait bien avec lui. D’ailleurs, ils se ressemblaient beaucoup. À la fin de ce chapitre, ils s’aperçoivent que Belle de jour a été étranglée.

Chapitre 3 modifier

Le troisième chapitre décrit le paysage de la ville : le Château, l’Usine qui a amené à l’édification d’une clinique, de deux écoles, d’une bibliothèque, de nouveaux logements et de deux canaux. Le Château a été construit par le père de Destinat, celui-ci y vit avec Barbe et le Grave, ses deux employés de résidence, depuis que ses parents et sa femme sont décédés. Le Château possède un parc qui longe le bord de la Guerlante, il y a même une petite maison. Un jour, un des directeurs de l’Usine vient demander à Destinat s’il serait d’accord de louer cette petite maison afin d’y loger des employés de l’Usine, il accepte.

Chapitre 4 modifier

Cette petite maison avait été rénovée par l’Usine, dans les années 1897-1898. Puis, le premier locataire est arrivé, et est vite reparti. Ce fut également le cas des nombreux occupants suivants. Ils se ressemblaient tous, gagnant le surnom de « Le Locataire » par les autres. Est ensuite décrite la routine de Destinat qui reste toujours la même au fil du temps. Il remportait toujours ses procès en expliquant précisément la scène de crime, puis allait manger au Rébillon. Il aimait voir le temps passer, derrière une fenêtre, ou sur un banc extérieur. Chaque jour, Destinat traversait le vestibule du Château où se trouve depuis des années le portrait de Clélis.

Chapitre 5 modifier

En 1914, avant le début de la guerre, il y a eu une perte d’ingénieurs à l’Usine. On fit savoir au Procureur qu’il n’y aurait plus de locataire. On apprend que lorsque la guerre fut là, tous les ouvriers de la ville, huit cents au total, ont été réquisitionnés pour le service civil. Ces hommes étaient mal vus par ceux qui revenaient blessés des tranchées. On nous raconte le départ de Fracasse l’instituteur qui a eu le droit à une cérémonie. Son remplaçant était un homme plus mobilisable qui se fit surnommer le contre, il a perdu la tête à cause de la guerre. Il se fit interner après s’être mis nu en chantant la « Marseillaise » devant les élèves et essayé de brûler le drapeau français. Puis un jour, le Lysia Verhareine arriva dans la ville de P., elle est allée voir le maire pour devenir la nouvelle institutrice et celui-ci accepta. Lorsqu’on lui présenta la classe encore imprégnée de l’incident du Contre, elle ne fut pas dégoutée et elle quitta la salle en souriant.

Chapitre 6 modifier

Le maire et Lysia V. visitent l’ancienne demeure de Fracasse qui fut, après le départ de ce dernier, complètement saccagé par son remplaçant, Conte. Un villageois propose l’idée de demander au Procureur que Lysia V. loge dans l’ancienne maison des ingénieurs.

Chapitre 7 modifier

Lysia et le maire se rendent au Château, chez Destinat, pour demander si la jeune institutrice pouvait loger dans la maison du parc. Quand ce dernier voit la jeune fille lui tendre la main, il observe d’abord ses chaussures avant de lui prendre la main qu’elle lui tendait. Il garda sa main dans la sienne pendant ce qui parut « une éternité » d’après le maire. Destinat accepta de loger Lysia dans la maison. Ensuite, pendant plusieurs jours, des coups de canon se faisaient entendre dans le village, jour et nuit, pour rappeler aux gens que la guerre était toujours là. De jeunes hommes souriants s’y rendaient en pensant pouvoir faire changer les choses. Pendant ce temps, la jeune institutrice s’était installée dans la maison et s’intégrait peu à peu à la vie du village. Martial Maire, un garçon qui avait été blessé à la tête, lui déposait des fleurs devant sa salle de classe avant de partir en courant, mais personne ne se moquait de lui.

Chapitre 8 modifier

Ce passage est vide car il n'y a pas beaucoup de texte dans le livre mais il est important à lire pour comprendre le texte

Chapitre 9 modifier

Au printemps 1915, le narrateur faisait sa promenade du dimanche avec une carabine donnée par Edmond Gachentard. Ce jour-là il est monté plus haut que d’habitude sur le coteau, et Lysia Verhareine était là, en train d’observer la ligne de front au loin, et écrivait sur un cahier en maroquin rouge. Ils se sont fixés un moment en silence. Il l'a depuis évitée, et continuait ses promenades sur le coteau, ces fois en s’asseyant là où Lysia s'était assise.

Thèmes principaux modifier

L'influence de la guerre sur le village modifier

Le meurtre modifier

La culpabilité modifier

La guerre modifier

Le flou modifier

Les âmes grises modifier

Personnages modifier

Le narrateur modifier

Le narrateur est un personnage anonyme racontant, quelques années après, ce qu'il a vu, entendu et vécu autour du village de V. et de l'Affaire. Il a vécu cet événement de très près, car il était officier de police, et semble toujours l'être au moment où il raconte les faits. Il était marié à Clémence qui décéda au temps de l'Affaire, alors qu'elle devait être sur le point d'enfanter, ce qui eut un très grand impact sur lui, le plongeant dans une grande solitude. Il apparaît comme un personnage tourmenté lorsque nous apprenons qu'il a étouffé son fils, venant de naître, qu'il considérait comme le coupable du décès de sa femme.

Même si Mierck et Matziev ont défini que les coupables de la mort de Belle de Jour étaient les deux déserteurs, Maurice Rifolon et Yann Le Flonc, le narrateur garde un doute quant à la vérité autour de l'Affaire, préférant vivre avec ce doute. La dernière phrase du texte sous-entend qu'il se suicide afin de rejoindre Clémence. (source "analyse de lœeuvre : les âmes grises" par Anne Crochet et Pierre-Maximilien Jenoudet)

Pierre-Ange Destinat (le procureur) modifier

Pierre-Ange Destinat est le procureur du village de V. Il s’agit d’un personnage froid et impassible qui, en dehors de son métier, passe une grande partie de son temps dans sa demeure, le château de V. construit par son père. Il eut une femme, Clélis Destinat ou Clélis de Vincey, qui mourut brutalement et dont le portrait orna le vestibule de l’habitation. Il décéda en 1921.

À partir des années 1897-1898, il accepta de louer une petite maison située dans son parc à certains employés de l’Usine de V. Dès 1914, ce fut la Lysia Verhareine, une nouvelle institutrice, qui occupa cette maison avec qui le procureur sembla avoir sympathisé avant qu’elle ne se suicidât. Il n’y eut plus de locataire depuis. Lysia le surnommait Tristesse.

Le narrateur pense qu'il s’agit du tueur de Belle de jour, puisque tout d’abord Joséphine l’avait vu avec la jeune fille peu avant son meurtre, mais principalement, car Belle de jour ressemblait beaucoup à Clélis et Lysia. Cette ressemblance lui rappelait ces deux femmes et la peine qu’il avait subie à la suite de leur décès, ainsi comme le narrateur le dit dans le livre : « Je me dis que Destinat n’étranglait pas une enfant, mais un souvenir, une souffrance, que soudain, sous ses doigts, c’était le fantôme de Clélis, et celui de Lysia Verhareine, à qui il tentait de tordre le cou pour s’en débarrasser à jamais, pour ne plus les voir, ne plus les entendre, ne plus les approcher dans ses nuits sans jamais pouvoir les atteindre, ne plus les aimer en vain » (p. 269). Le narrateur dépeint alors Destinat comme quelqu’un de brisé, hanté par le souvenir de sa femme et de sa locataire.

Bourrache modifier

Bourrache est le propriétaire du restaurant le Rébillon. Il a trois filles, Aline, Rose et celle qu'on surnomme Belle de Jour.

Belle de jour modifier

Belle de Jour est le surnom qui est donné à la plus jeune des trois filles de Bourrache. Ce surnom est dû à sa beauté pure, voire religieuse comme le dit Bourrache (p. 266), qui rappelle la fleur du même nom. Alors qu'elle était âgée d'une dizaine d'années, elle fut assassinée en hiver 1917, événement qui marque considérablement le village. L'affaire autour du décès de Belle de Jour constitue le fil rouge du narrateur.

Mierck (le juge) modifier

Mange des œufs a la coque en total indifférence devant le cadavre de la jeune fille

Barbe modifier

Barbe travaille pour le procureur en tant qu'employée de maison. C'est elle qui apprend au narrateur le passé de Destinat et ce qui s'est passé dans le Château entre Lysia Verhareine et lui.

Le Grave modifier

Le Grave est le mari de Barbe, il travaille lui aussi pour le procureur

Fracasse modifier

Lysia Verhareine modifier

Lysia Verhareine n'avait pas 22 ans quand elle arriva en 1914 dans la ville de P., elle venait du Nord. Elle est devenue la nouvelle institutrice de la ville après que le remplaçant/Le Contre s'était fait emmener dans une camisole de force. Elle se proposa pour le poste. Elle était toujours souriante, et de bonne humeur. Elle était comme une bouffée d'air frais dans cette ville sombre ravagée par la guerre.

Elle habita dans la maison qui était dans la cour du château du procureur, qu'elle surnomma tristesse dans les lettres qu'elle envoyait à l'amour de sa vie Bastien Francoeur un soldat qui avait été envoyé au front non loin de la ville de P., c'est pour lui qu'elle est venue vivre dans cette ville pour être proche de lui. Elle passait des heures sur une colline à observer le front, où son bien-aimé se battait et se fit une fois surprendre par le narrateur qu'elle ne supportait pas ni tous les hommes qui ne sont pas partis se battre dans cette guerre alors qu'il aurait pu selon elle. Le jour où elle reçut une lettre de l'armée qui lui disait que Bastien était mort, elle fut incapable de continuer à vivre et elle se suicida dans la maison du château. C'est Destinat qui la retrouva.

Joséphine modifier

Joséphine est une amie d'enfance du narrateur, c'est elle qui a vu le procureur et Belle de jour le soir de l'assassinat de cette dernière

Edmond Gachentard modifier

Maurice Rifolon modifier

Maurice Rifolon a 22 ans. Il est né à Melun, il réside à Paris, 15 rue des Amandiers, dans le 20e arrondissement, il était ouvrier typographe avant la guerre. C'est un déserteur de l'armée française. Il se fait arrêter avec Yann le Floc pour le meurtre de Belle-de-jour. Ils sont tous les deux injustement accusés, car il n'y a aucune preuve contre eux. Rifolon, voyant que le juge et le colonel ne les lâcheraient pas, avoua avoir tué la petite fille et changea ses réponses à l'interrogatoire pour qu'elles correspondent à leur version. Il a fait cela pour en finir au plus vite, car il savait qu'il allait de toute façon mourir. Si ce n'était pas à cause du meurtre ce serait parce qu'il a déserté. Une fois seul dans sa cellule il finit par se suicider.

Yann Le Floc modifier

Yann Le Floc a 20 ans. Il est né dans le village de Plouzagen en Bretagne qu'il n'avait jamais quitté avant la guerre. C'est un déserteur de l'armée française. Il se fait arrêter avec Maurice Rifolon pour le meurtre de Belle-de-jour. Ils sont tous les deux injustement accusés, car il n'y a aucune preuve contre eux. Yann est paniqué durant tout l'interrogatoire. Il continue de dire qu'il est innocent.

Une fois dans sa cellule il refusa de manger. On le ramena auprès de Mierck et Matziev qui étaient en plein festin dans le bureau du maire, où il faisait très chaud. Le Floc se mis à hurler après l'annonce de la mort de Rifolon, le colonel l'arrêta en lui donnant un coup de badine qui lui ouvrit le visage. Puis Matziev demanda qu'il soit attaché à un arbre de la cour, en plein hiver. Après plusieurs heures, Matziev et Mierck lui ont enlevé ses vêtements avant de rentrer au chaud. Puis le colonel sortit une nouvelle fois et lui versa un broc d'eau dessus, c'est à ce moment-là qu'il hurla qu'il était coupable, qu'il avait tué la petite. Il finit par être fusillé pour la désertion et le meurtre.

On le croit innocent, mais plus tard dans le récit le narrateur apprend qu'Alfred Vignot, un de ses collègues, recherche un assassin nommé Yann Le Floc.

Adaptation modifier

Le roman a été adapté au cinéma en 2005 par Yves Angelo dans son film Les Âmes grises.

Prix littéraires modifier

Éditions modifier

Notes et références modifier

  1. description de l'éditeur Le Livre de Poche (14e édition-août 2015)