Laurent Lecointre

personnalité politique française

Laurent Lecointre, aussi orthographié Le Cointre, né le 1er février 1742 à Versailles, mort le 4 août 1805 à Guignes (Seine-et-Marne), est un homme politique de la Révolution française. Il est surnommé Lecointre de Versailles pour être différencié de son collègue et paronyme Michel-Mathieu Lecointe-Puyraveau, député des Deux-Sèvres.

Laurent Lecointre
Illustration.
Laurent Lecointre de Versailles (Album du Centenaire)
Fonctions
Député de Seine-et-Oise

(1 an et 18 jours)
Gouvernement Assemblée législative
Député à la Convention nationale

(3 ans, 1 mois et 20 jours)
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Versailles (Seine-et-Oise, France)
Date de décès (à 63 ans)
Lieu de décès Guignes (Seine-et-Marne, France)
Nationalité Drapeau de la France Française
Parti politique Gauche
Montagne
Profession Marchand de toiles
députés de Seine-et-Oise

Sous la Révolution modifier

Laurent Lecointre est issu d'une famille bourgeoise. Son père est marchand de toiles à Versailles dont il reprend l'affaire.

Lieutenant-colonel de la garde nationale de Versailles, il participe aux journées des 5 et 6 octobre 1789 au terme desquelles Louis XVI signe la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen et est reconduit à Paris.

En septembre 1791, Laurent Lecointre est élu député du département de la Seine-et-Oise, le deuxième sur quatorze, à l'Assemblée nationale législative[1]. En avril 1792, il vote pour que les soldats du régiment de Châteauvieux, qui avaient pris part à la mutinerie de Nancy, soient admis aux honneurs de la séance[2]. En août, il vote en faveur de la mise en accusation du marquis de La Fayette[3].

La monarchie française s'effondre à l'issue de l'insurrection du 10 août 1792. En septembre, Lecointre est réélu député de la Seine-et-Oise, premier sur quatorze, à la Convention nationale[4].

Il siège sur les bancs de la Montagne. Lors du procès de Louis XVI, il vote la mort et rejette l'appel au peuple et le sursis à l'exécution[5]. Il est absent lors de la mise en accusation de Jean-Paul Marat en avril 1793[6]. Il est en mission lors du scrutin sur le rétablissement de la Commission des Douze en mai[7].

Fin avril, Lecointre est en effet envoyé en mission auprès de l'armée des côtes de Cherbourg aux côtés de Pierre-Louis Prieur « de la Marne », de Claude Prieur-Duvernois « de la Côte-d'Or » et de Charles-Gilbert Romme. Il est rappelé au sein de la Convention en juillet.

Lecointre s'oppose à Maximilien Robespierre en l'an II (1794). Dans leurs mémoires, les conventionnels Marc-Antoine Baudot et René Levasseur « de la Sarthe » rapportent qu'il aurait injurié Robespierre lors de la fête de l'Être Suprême.

Le 12 fructidor an II (29 août 1794), il prononce un rapport contre Bertrand Barère, Jacques-Nicolas Billaud-Varenne et Jean-Marie Collot d'Herbois, membres du Comité de Salut public, et contre Jean-Pierre-André Amar, Jacques-Louis David, Marc Vadier et Jean-Henri Voulland, membres du Comité de Sûreté générale, qu'il accuse d'être les continuateurs de la politique de terreur menée par Robespierre. Sa dénonciation est rejetée et il est radié du club des Jacobins quelques jours plus tard, ainsi que ses collègues Louis Fréron et Jean-Lambert Tallien.

Bien que l'accusation soit rejetée, elle est partiellement reprise par Louis Legendre en vendémiaire an III (octobre 1794). Lecointre réitère sa dénonciation en frimaire (décembre) et une Commission des Vingt-et-Un est formée pour étudier la conduite des députés inculpés.

Au cours de l'insurrection du 12 germinal an III (1er avril 1795), Lecointre, « les yeux soudainement décillés par l'ampleur de la réaction », demande un appel nominal sur la mise en accusation des « anciens terroristes », demande signée par cinquante de ses collègues[8]. Il est décrété d'arrestation puis d'accusation avant de bénéficier de l'amnistie votée lors de la séparation de la Convention.

Sous le Consulat et le Premier Empire modifier

Laurent Lecointre est le seul Versaillais à avoir voté contre la Constitution de l’an VIII qui met en place le Consulat à vie. Exilé à Guignes où il possède une propriété, il y finit ses jours.

Œuvres modifier

  • ROBESPIERRE peint par lui-même, par Laurent Lecointre
  • Les Crimes De Sept Membres Des Anciens Comités De Salut Public Et De Sureté Générale: Ou, Dénonciation Formelle À La Convention Nationale, Contre Vouland, Amar & David. Suivie De Pièces.
  • Les crimes de sept membres des anciens comités de Salut public et de Sureté Générale, ou Dénonciation formelle à la Convention nationale, contre Billaud-Varennes, Barère, Collot-d'Herbois, Vadier, Vouland, Amar et David, suivie de pièces justificatives, indication d'autres pièces originales existantes dans les comités, preuves et témoins indiqués à l'appui des faits.
  • À Monsieur le Marquis de la Fayette, Généralissime des Troupes du Roi, Commandant Général des Gardes Nationales de Paris Et de Versailles.
  • Les Abus des Pouvoirs Illimités: Avec des Réflexions sur l'État Présent de la République.
  • Laurent Lecointre, de Versailles, député du département de Seine et Oise a la Convention Nationale, septembre 1794
  • Observations de Laurent Lecointre et demande en rapport du décret d'hier, qui prononce l'expulsion totale de la famille des Bourbons.
  • Conjuration formée dès le 5 prairial, par neuf représentans du peuple contre Maximilien Robespierre, pour le poignarder en plein Sénat. Rapport d'accusation.

Bibliographie modifier

  • Paul Fromageot,« Laurent Lecointre, député de Seine-et-Oise, à la Législative et à la Convention, 1742-1805 », Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, 1899, p. 53-72. Numérisé sur gallica.

Références modifier

  1. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 34, p. 44.
  2. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 41, séance du 9 avril 1792, p. 407.
  3. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 47, séance du 8 août 1792, p. 583.
  4. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 52, p. 59.
  5. Jacques-François Froullé, « Liste comparative des cinq appels nominaux. Faits dans les séances des 15, 16, 17, 18 et 19 janvier 1793, sur le procès et le jugement de Louis XVI [...] »  , sur www.gallica.bnf.fr, (consulté le )
  6. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 62, séance du 13 avril 1793, p. 74.
  7. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 65, séance du 28 mai 1793, p. 539.
  8. Françoise Brunel, « Les derniers Montagnards et l'unité révolutionnaire »  , sur Persée, année 1977 (consulté le )

Liens externes modifier