Laurence Tubiana

économiste française

Laurence Tubiana, née le à Oran (Algérie française), est une haute fonctionnaire française.

Économiste, universitaire et diplomate, professeure associée depuis 2003 à l'Institut d'études politiques de Paris où elle est titulaire de la chaire de développement durable, elle est aussi présidente du conseil d’administration de l'Agence française de développement depuis 2013. Elle a été ambassadrice pour les négociations de la Conférence de Paris de 2015 sur les changements climatiques (COP21), et dirige depuis 2017 l'European Climate Foundation.

Biographie modifier

Jeunesse et études modifier

Émilie Laurence Tubiana est née le à Oran en Algérie française[1].

Son père, originaire d’une famille juive algérienne, est juriste et travaille dans l'industrie du tabac et le cinéma. Sa mère, née dans une famille de migrants grecs catholiques fut, avec sa grand-mère, la première importatrice de meubles scandinaves en Algérie en 1958[2].

Sa famille arrive en France en 1962, après la guerre d'Algérie[3],[4]. En 1973, Tubiana est diplômée de l'Institut d'études politiques de Paris[1],[5]. Elle obtient un doctorat en sciences économiques à l'université Paris 1[1],[6].

Carrière professionnelle modifier

INRA modifier

Alors qu'elle prépare le concours d'entrée à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), elle est nommée assistante à l’Institut universitaire de technologie de Sceaux, recrutée par Lionel Jospin qui y enseigne[7]. Elle est nommée à l'INRA en 1976[6]. Elle y est assistante de recherche, chargée de recherche puis directrice du laboratoire d'économie internationale jusqu'en 1997. Elle y est également directrice de recherches de 1995 à 2002[1].

Elle crée l’ONG Solagral dans les années 80[7].

Années 2000 modifier

De 1998 à 2002, elle est cheffe de délégation pour la négociation sur le changement climatique, de la biodiversité et du protocole sur la biodiversité (Protocole de Kyoto) et chargée de mission puis conseillère auprès du Premier ministre Lionel Jospin sur les questions de développement durable. De 1999 à 2001, elle est conseillère scientifique et membre du Conseil d'analyse économique (1999-2001) auprès du Premier ministre. Elle fonde en 2001 le think tank français Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI) qu'elle dirige de 2002[1] jusque 2014[8].

En 2009, elle est nommée chef de délégation adjointe pour la conférence de Copenhague de 2009 sur les changements climatiques (COP15) puis directrice des biens publics mondiaux au ministère de l'Europe et des Affaires étrangères[1].

Années 2010 modifier

En 2012, Laurence Tubiana prend le rôle de facilitatrice du débat national sur la transition énergétique (DNTE)[9], qui aboutira à un projet de loi retravaillé depuis 2014 et à l'adoption de la Loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte en 2015.

Laurence Tubiana est nommée, le , présidente du conseil d’administration de l'Agence française de développement[10],[11].

Le , Laurence Tubiana est nommée représentante spéciale du gouvernement français pour la conférence de Paris de 2015 sur les changements climatiques (COP 21), par Laurent Fabius, alors ministre des Affaires étrangères[12], puis, le , elle est nommée ambassadrice chargée des négociations sur le changement climatique pour la conférence de 2015[13]. Elle est notamment chargée de négocier l'accord international conclu à Paris (ou accord de Paris) le , lors de la COP 21. Elle est ensuite chargée de suivre les engagements de la COP 21 jusqu'à la fin de la COP22 en tant que championne de haut niveau pour l’action climatique pré-2020 auprès de la CNUCCC[14]. Dans ce cadre, elle participe en au Global Climate Action Summit organisé à San Francisco[15], avec entre autres Anne Hidalgo, Ségolène Royal et Al Gore[16].

En , à la suite de l'adoption de l'Accord de Paris en 2015, elle est nommée Championne de haut niveau pour l’action climatique auprès de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC)[17].

Le , elle est nommée présidente de la commission chargée de l'examen des candidatures à la fonction de président de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA)[18]. Elle est membre du conseil d'administration de plusieurs organisations, notamment du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, de l'India Council for Sustainable Development, du China Council for International Cooperation on Environment and Development et du conseil d'orientation stratégique de l'Institute for Advanced Sustainability Studies (en)[8].

Elle dirige depuis la Fondation européenne pour le climat[19].

En , Emmanuel Macron annonce la création d'un Haut Conseil pour le climat, au sein duquel siège Laurence Tubiana[20].

En , Laurence Tubiana est renouvelée dans ses fonctions de présidente du conseil d'administration de l'Agence française de développement[21].

Le , elle est nommée marraine de la promotion 2020 de l'École des Mines de Paris[réf. souhaitée].

Parcours professoral modifier

Laurence Tubiana enseigne comme professeure associée à l'Institut d'études politiques de Paris. Elle est directrice de la chaire de développement durable de l'école depuis 2004[1], ayant été nommée par Richard Descoings pour développer l'enseignement des questions environnementales à l'Institut[22]. De 2004 à 2014, elle est aussi professeure invitée à l'université Columbia, au sein de la School of International and Public Affairs (en) (SIPA).

Elle codirige depuis 2007 la publication de l'Annuel du développement durable - Regards sur la Terre[6].

Engagement politique modifier

Laurence Tubiana a toujours revendiqué être de gauche ; militante à la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) dans sa jeunesse, c'est une proche de Lionel Jospin[7].

Lors de l'élection présidentielle française de 2012, elle signe l'appel des économistes en soutien au candidat François Hollande en raison de « la pertinence des options [proposées], en particulier pour ce qui concerne la reprise de la croissance et de l'emploi »[23].

Distinctions et décorations modifier

Laurence Tubiana reçoit le doctorat honoris causa de l'Université Catholique de Louvain, Louvain-La-neuve, le [24].

Elle est nommée inspectrice générale de l'agriculture en 2000[25].

  Officière de la Légion d'honneur. Elle est nommée chevalier de l'ordre national de la Légion d'honneur en 2000, puis promue officier le en qualité de « directrice d'un institut en faveur du développement durable »[26].

Publications modifier

  • Henry, C., & Tubiana, L. (2017). Earth at Risk: Natural Capital and the Quest for Sustainability. Columbia University Press. (ISBN 9780231162524).
  • Regards sur la terre, 2007
  • Notre Europe. Comment l'Europe va transformer le 21e siècle, 2008
  • Anticiper pour s'adapter : le nouvel enjeu du changement climatique, 2010

Notes et références modifier

  1. a b c d e f et g Who's Who in France, édition 2015,p. 2186.
  2. Caroline Laurent-Simon, « COP21 : Laurence Tubiana, celle qui fait la pluie et le beau temps - Elle », sur le site du magazine Elle, (consulté le ).
  3. Emmanuelle Réju, « Laurence Tubiana, ambassadrice du climat », sur le site du quotidien La Croix, (consulté le ).
  4. [PDF] « Mini CV de Tubiana »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) sur agropolis-fondation.fr
  5. « Laurence Tubiana »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur le site de l'association des anciens élèves de l'Institut d'études politiques de Paris (consulté le ).
  6. a b et c « Les membres de Global Chance », sur le site de l'association Global Chance, (consulté le ).
  7. a b et c Mariana Grépinet, « Laurence Tubiana - La Madame climat de Hollande », sur le site du magazine Paris Match, (consulté le ).
  8. a et b « Laurence Tubiana », sur le site de l'Institut du développement durable et des relations internationales (consulté le ).
  9. « Synthèse des travaux du débat national sur la transition énergétique de la France ».
  10. Décret du 1er juillet 2013 portant nomination de la présidente du conseil d'administration de l'Agence française de développement - Mme TUBIANA (Laurence).
  11. Décret du 6 juillet 2016 portant nomination de la présidente du conseil d'administration de l'Agence française de développement - Mme TUBIANA (Laurence).
  12. Conférence de Paris sur le climat : nomination de Laurence Tubiana, communiqué du ministère des Affaires étrangères.
  13. Décret du 4 juin 2014 portant nomination d'une ambassadrice chargée des négociations sur le changement climatique, représentante spéciale pour la conférence Paris Climat 2015 - Mme Tubiana (Laurence).
  14. Simon Roger, « Laurence Tubiana nommée « championne » pour le climat », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
  15. « Laurence Tubiana : sur le climat, ‘’tous les ministères doivent contribuer’’ », sur liberation.fr, (consulté le ).
  16. Site du Global Climate Action Summit : liste des intervenants.
  17. « Laurence Tubiana nommée championne du climat par le président de la COP21 | CCNUCC », sur unfccc.int (consulté le )
  18. Arrêté du 14 juin 2016 portant nomination des membres de la commission d'examen des candidatures à la fonction de président de l'Institut national de la recherche agronomique
  19. « Laurence Tubiana », sur European Climate Foundation sur europeanclimate.org (consulté le )
  20. « Transition écologique. Macron va créer un haut conseil pour le Climat », sur letelegramme.fr, Le Télégramme, (consulté le ).
  21. Décret du 8 juillet 2019 portant nomination de la présidente du conseil d'administration de l'Agence française de développement - Mme TUBIANA (Laurence) (lire en ligne)
  22. Richard Descoings, Sciences Po: de la Courneuve à Shanghai, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, (ISBN 978-2-7246-0990-5, lire en ligne)
  23. Philippe Aghion et al., « Nous, économistes, soutenons Hollande », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  24. « Doctorats honoris causa 2021 », sur UCLouvain (consulté le )
  25. Décret du 29 juin 2000 portant nomination d'une inspectrice générale de l'agriculture.
  26. Décret du 11 juillet 2008 portant promotion et nomination.

Annexes modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier