Lac Atitlán

lac de cratère dans les hautes terres occidentales du Guatemala

Lac Atitlán
Image illustrative de l’article Lac Atitlán
Administration
Pays Drapeau du Guatemala Guatemala
Subdivision SololáVoir et modifier les données sur Wikidata
Statut Liste indicative du patrimoine mondial (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Géographie
Coordonnées 14° 40′ 46″ N, 91° 12′ 03″ O
Type Lac d'eau douce
Superficie 130,1 km2
Longueur 18 km
Largeur 8 km
Altitude 1 562 m
Profondeur
 · Maximale

≥ 350 m
Volume 20 km3
Géolocalisation sur la carte : Guatemala
(Voir situation sur carte : Guatemala)
Lac Atitlán

Le lac Atitlán est un lac endoréique du sud-ouest du Guatemala, situé à 108 km à l'ouest de la capitale Guatemala. L'origine du lac est volcanique, il remplit une large caldeira formée lors d'une superéruption il y a environ 75 000 ans[1].

C'est le lac le plus profond d'Amérique centrale avec une profondeur maximale probable de 350 mètres environ et il est bordé au sud par trois grands volcans (les volcans San Pedro, Tolimán et Atitlán, ce dernier culminant à 3 537 m). Santiago Atitlán est la plus grande commune en bordure du lac et Panajachel la plus développée touristiquement. Un fort vent, le Xocomil, peut se lever dans la journée, rendant périlleuse la navigation sur le lac par les vagues qu'il soulève.

L'explorateur allemand Alexander von Humboldt l'a qualifié de « plus beau lac du monde »[2] L'écrivain d'origine britannique Aldous Huxley a écrit de lui : « Pour moi, le lac de Côme touche aux confins du pittoresque, mais le lac Atitlán est le lac de Côme embelli de plusieurs volcans immenses. C'est vraiment au-dessus de tout[2]. » Ce décor naturel aurait en outre inspiré Antoine de Saint-Exupéry pour la rédaction du Petit Prince : la montagne Cerro de Oro, au pied du volcan Tolimán, a par ailleurs la forme exacte de son boa avalant un éléphant[2]. À l'appui de cette théorie, les trois volcans dont il est question dans le récit seraient les trois principaux volcans qui entourent le lac[3],[4].

Pour les autochtones qui l'appellent tendrement « grand-mère Atitlán », le lac est sacré ; volcans et montagnes également[2].

Ce lac a donné son nom à l'Atitlán Lacus, un lac de Titan[5].

Toponymie modifier

« Atitlán » derive étymologiquement du náhuatl. C'est un toponyme dénaturé qui se structure selon la forme suivante : Atl signifie « Eau », Titlan signifie « entre ». Le mot Atl (« eau ») perd sa terminaison «tl» pour s'unir avec le mot titlan (« entre »), donc «Atitlán» se traduit comme « entre les eaux »[6],[7]

Les Cakchiquels l'appellent “choy” ce qui veut dire « lac » tout comme les Tz'utujils disent “chooy’”[7]

Histoire géologique modifier

Trois caldeiras géantes se seraient succédé au cours de trois phases volcaniques distinctes, la plus ancienne débutant il y a 14 millions d'années. La caldeira actuelle, formée au cours de la dernière phase commencée il y a 1.5 million d'années, aurait connu quatre éruptions majeures. La dernière, l'éruption Los Chocoyos, l'une des plus puissantes du quaternaire, est survenue il y a environ 75 000 ans. Trois stratovolcans, le San Pedro, le Tolimán et l'Atitlán, se sont ensuite formés sur le site[8].

En , un violent séisme de magnitude 7,5 a frappé le Guatemala, tuant plus de 26 000 personnes. Le tremblement de terre a fracturé le lit du lac, provoquant un drainage souterrain qui engendra une baisse du niveau d'eau de deux mètres en un mois[9].

En 2007, un autre séisme eut l'effet inverse, comblant en partie ces infiltrations. Depuis, le niveau est remonté d'environ huit mètres (un mètre en 2012), noyant les berges et ruinant des habitations riveraines. Les ouragans Stan (en 2005) et Agatha (2010) ont, de par leur pluviométrie exceptionnelle, contribué à ces déséquilibres.

Culture traditionnelle modifier

Les villages en bordure du lac sont imprégnés de la culture traditionnelle maya. Des costumes traditionnels y sont d'ailleurs portés par les populations telles que les Tz'utujils et les Cakchiquels. À Santiago Atitlán, une divinité maya à l'origine appelée Rilaj Maam puis Maximón[10], issue depuis la colonisation du syncrétisme entre le monde maya et la religion catholique, est vénérée en permanence. Les fidèles lui apportent des offrandes (dont de l'alcool et des cigares dans une ambiance festive).

Découverte d'une cité maya modifier

Dans les années 1990, une authentique cité maya engloutie dans le lac il y a deux millénaires est découverte[11],[12],[13] par Roberto Samayoa Asmu. Plongeur professionnel qui aimait pratiquer cette activité, il découvre un jour un récipient entre deux pierres ; dans ses explorations suivantes, il découvre que sous le lac Atitlán se trouvent des structures qui forment des constructions m[14] Les vestiges sub-aquatiques sont nommés en 1998 des deux premières syllabes de son nom de famille « Sama » et de « baj » qui veut dire « pierre » en langue maya donc Samabaj (es) [14],[15]

Samabaj est située en face des pentes du volcan Tolimán, à environ 500 mètres de la plage et à 30 mètres de profondeur ; elle est inscrite comme site à l'Idaeh (Institut d'anthropologie et d'histoire - du Guatemala) en 1998 [16] En 2007, des cartes sont réalisées : Samabaj du temps de sa splendeur était une île qui s'élevait à 175 mètres du fond du lac, mesurant 477 mètres du nord au sud, et 340 mètres d'est en ouest[14].

Menaces écologiques modifier

Le lac n'a pas d'exutoire naturel ; son équilibre repose uniquement sur les apports (pluie, ruissellements et déjection), l'écosystème (faune, flore, climat) et les prélèvements (évaporation, infiltration, arrosage des cultures alentour). De ce fait, l'équilibre est fragile et nécessite une surveillance permanente.

La région du lac fut élevée en parc national en 1955. Le lac était inconnu du public et le Guatemala cherchait à développer le tourisme et l'économie du pays. Le directeur de la Pan American World Airways a alors suggéré l’introduction dans le lac d'un poisson prisé par les pêcheurs à la ligne américains afin d'attirer plus de touristes dans cette région encore très peu développée. Ainsi, une espèce non indigène, l’Achigan à grande bouche, a été introduite massivement dans le lac en 1958. Le poisson carnivore vorace a rapidement fait souche et a commencé à détruire les espèces indigènes du lac. Ce prédateur a causé l'élimination de plus de deux tiers des espèces de poissons vivant dans le lac et a contribué à l'extinction du Grèbe de l'Atitlan, un oiseau rare qui ne vivait que dans la région[17].

Le lac est, de plus, très pollué en conséquence directe de l'activité humaine des villages riverains. L'assainissement domestique y est inexistant et l'épandage massif d'engrais et pesticides dans les cultures alentour y a généré un foisonnement bactérien difficile à endiguer. Bien que ce ne soit pas expressément défendu, il est devenu dangereux de s'y baigner et d’en consommer les poissons. De nombreuses embarcations touristiques font le tour du lac, avec plusieurs escales dans les villages qui l'entourent[18].

Le gouvernement guatémaltèque a chiffré à plusieurs millions de dollars les travaux nécessaires à la pérennisation des berges du lac, ce somme qui, dans un pays émergent, semble impossible à réunir sans aide extérieure.

Recours à l'IA modifier

La scientifique Africa Flores a mis au point un programme ayant recours à l'intelligence artificielle pour prévenir de la pollution par les cyanobactéries[19],[20],[21]

Galerie modifier

Bibliographie modifier

  • G. Mata Amado, Sonia Medrano, Roberto Quesada, Oswaldo Fernando Chinchilla Mazariegos, Arqueología subacuática. Amatitlán, Atitlán, Museo Popol Vuh, Universidad Francisco Marroquín, , 243 p. (lire en ligne)

Annexes modifier

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Références modifier

  1. (en) Alice R. Paine, Fabian B. Wadsworth et James U. L. Baldini, « Supereruption doublet at a climate transition », Communications Earth & Environment, vol. 2, no 1,‎ , p. 1–3 (ISSN 2662-4435, DOI 10.1038/s43247-021-00293-6, lire en ligne, consulté le )
  2. a b c et d Olivier Joly « Atitlán, le plus beau lac du monde » 22 mars 2016 Le Monde
  3. [https://m.lemont.ca/lac-atitlan-sein-mayas-guatemala/ « Le lac Atitlan, au sein des Mayas. Guatemala » par Eleonore Liang, Le journal étudiant du Mont (Canada)
  4. Soy502 Selene Mejía « San Antonio Palopó inaugura plaza de "El Principito" en honor al Cerro de Oro » 4 décembre 2020 (consulté le 26 mars 2024
  5. Titan: Atitlán Lacus éd. Gazetteer of Planetary
  6. Significado de la palabra Atitlán sur le site Guatemala.com
  7. a et b https://www.atitlanreserva.com/lago-de-atitlan Reserva natural de Atitlan]
  8. Christopher G. Newhall, « Geology of the Lake Atitlán Region, Western Guatemala », Journal of Volcanology and Geothermal Research, vol. 33, no 1,‎ , p. 23–55 (ISSN 0377-0273, DOI 10.1016/0377-0273(87)90053-9, lire en ligne, consulté le )
  9. C.G. Newhall, C.K. Paull, J.P. Bradbury, A. Higuera-Gundy, L.J. Poppe, S. Self, N. Bonar Sharpless et J. Ziagos, « Recent geologic history of lake Atitlán, a caldera lake in western Guatemala », Journal of Volcanology and Geothermal Research, vol. 33, nos 1–3,‎ , p. 81–107 (DOI 10.1016/0377-0273(87)90055-2, Bibcode 1987JVGR...33...81N).
  10. www.santiagoatitlan.com
  11. La chronique d'Antony Bellanger (www.radiofrance) 29 avril 2022 « Le mystère de la cité maya perdue » (consulté le 24 mars 2022]
  12. Olivier Joly « Atitlán, un lac guatémaltèque entre feu et foi » Le Temps, 10 juin 2023 (consulté le 24 mars 2024)
  13. Unesco Bibliothèque numérique / Rapport du STAB acteurs (convention entre autochtones et explorateurs) / Patrimoine numérique subaquatique
  14. a b et c Descubriemento de Samabaj, la Atantida Maya sur Guatemala.com
  15. Sitios Arqueológico Samabaj, un sitio sumergido en el lago Atitlán
  16. Samabaj, l'Atlantide Maya
  17. « Bad-Ass Bass Rain from the Sky - Revue Magazine », sur revuemag.com, (consulté le ).
  18. « Can Guatemala revive Lake Atitlán before it's choked by trash? ».
  19. Emeline , 14 décembre 2018, « Guatemala : l'intelligence artificielle vient au secours de l'un des plus beaux lacs au monde »
  20. Sarah Gibbens « L'intelligence artificielle peut-elle sauver l'un des plus beaux lacs du monde ? » National Geographic, 13 décembre 2018 (consulté le 25 mars 2024)
  21. Les «  cyanobactéries » ARS 3 pages