La Vierge de l'Annonciation

peinture d'Antonello de Messine dans la Galleria Regionale della Sicilia
La Vierge de l'Annonciation
La Vierge de l'Annonciation
Artiste
Date
vers, ou peu après 1475
Type
Tempera et huile sur bois
Dimensions (H × L)
45 × 34,5 cm
Mouvement
No d’inventaire
inv. 47
Localisation

La Vierge de l'Annonciation (en italien : Annunciata di Palermo, Annonciation de Palerme), est un tableau d'Antonello de Messine de la Première Renaissance. Il s'agit d'un des chefs-d'œuvre du peintre réalisé entre 1474 et 1476, et dans lequel il applique le plus haut degré de son art[1]. Le tableau de petit format (45 × 34,5 cm) constitue l'un des trésors de la Galleria Regionale della Sicilia[2] à Palerme, et l'un des plus célèbres, si ce n'est la plus célèbre[3] des peintures de Sicile.

Avec une grande économie de moyens, uniquement par la gestuelle et l'expression faciale de Marie, Antonello parvient à représenter l'ensemble du déroulement de l'Annonciation. Le tableau omet l'élément essentiel qui permet d'identifier au premier coup d’œil une Annonciation : l'ange Gabriel — et l'hypothèse d'un diptyque démembré, qui aurait représenté l'ange sur un autre panneau, est à écarter formellement, dans la mesure où aucune trace d'attaches ni de fixations n'est décelable sur le panneau de Palerme.

Description modifier

Le portrait est représenté de trois quarts, ce qui est typique des portraits individuels d'Antonello[4]. La cape bleue avec la structure en deux triangles a été également utilisée par Antonello un an plus tôt, en 1474, pour la représentation de La Vierge de l'Annonciation de l'Alte Pinakothek de Munich[5].

Marie regarde en dehors du cadre, devant celui-ci : elle ne fixe cependant pas le spectateur, mais l'archange Gabriel lui-même[6]. Par cette représentation, Antonello pouvait renoncer à la représentation nécessaire de l'archange, en s'appuyant sur la référence biblique sous-jacente. Un spectateur frontal du tableau est en effet dans l'obligation, pour interpréter correctement ce que lui montre le tableau, d'imaginer celui-ci, soit se tenant debout, soit à genoux à gauche à côté de lui.

La représentation également très simple de la Vierge s'oppose à celles habituelles la présentant dans un luxueux drapé de brocart[7], ou sur fond d'or : Antonello la représente au moment de l'Annonciation comme une simple femme juive surprise par l'Annonciation[6]. La simplicité de la conception du vêtement, avec peu de drapé, constitue une anticipation historique de l'art de la haute Renaissance[8].

Tout aussi frappante est la palette et la simplicité de l'arrière-plan[1], qui attire ainsi la concentration du spectateur sur les émotions de Marie[3].

Place dans l'œuvre d'Antonello et dans l'Histoire de l'Art modifier

Marco Boschini admire dans la demeure du baron Attavio à Venise un panneau qu'il décrit dans ces vers : « Je dirai qu'il y a d'Antonello de Messine / Une Vierge avec un livre devant elle, / Et que dans toutes les études de ce monde,/ Il n'y pas une chose aussi belle[9]. » Il est cependant impossible de savoir si cette description renvoie au panneau de Munich ou à celui de Palerme.

Le tableau a été légué au Museo Nazionale (devenu par la suite Palais Abatellis) en 1906 par le Cavaliere Di Giovanni, qui l'avait acheté à la famille Colluzio à Palerme comme une œuvre de Albrecht Dürer[10].

Il fait partie du musée imaginaire de l'historien français Paul Veyne, qui le décrit dans son ouvrage justement intitulé Mon musée imaginaire[11].

Dans Peindre à Palerme, d'Yves Chaudouët, le tableau est le but d'un long voyage à pied entrepris par le héros du roman[12].

Voir aussi modifier

Notes et références modifier

  1. a et b Zuffi 2008, p. 134
  2. (de) Monica Bonechi (sous la direction de), Kunst und Geschichte Palermo und Monreale, 1999, p. 73
  3. a et b Stukenbrock et Töpper 2005, p. 35
  4. (de) Peter Humfrey, Das Portrait im Venedig des 15. Jahrhunderts, dans Keith Christiansen, Stefan Weppelmann (sous la direction de), Gesichter der Renaissance Hirmer u. a., Munich, 2011, (ISBN 978-3-88609-706-7), p. 64–76
  5. (de) Hans Belting, Bild und Kult : Eine Geschichte des Bildes vor dem Zeitalter der Kunst, Unveränderter Nachdruck der 2. Auflage, Beck, Munich, 1991, (ISBN 3-406-37768-8), p. 389-390. (Lire en ligne
  6. a et b Gahl 2003
  7. Wundram 1980, p. 220
  8. Toman 2007, p. 361
  9. Lucco 2011, p. 205, citant Boschini, La Carta del navegar pitoresco, Venise, 1660, p. 324)
  10. Gioacchino Barbera, Antonello da Messina : Sicily's Renaissance master, 2005, p. 46
  11. Paul Veyne, Mon musée imaginaire, ou les chefs-d'œuvre de la peinture italienne, Paris, Albin Michel, , 504 p. (ISBN 9782226208194), p. 161.
  12. « « Peindre à Palerme », d’Yves Chaudouët : croquis palermitains avec Vierge », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )

Traduction modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

Liens externes modifier