La Petite Fille épargnée par les loups

conte du XIe siècle

La Petite Fille épargnée par les loups (De puella a lupellis servata) est un conte en 14 vers de langue latine composé par Egbert de Liège dans le premier quart du XIe siècle, autour de 1020. Le conte est inclus dans le Fecunda Ratis (Le Navire lourdement chargé), un recueil de fables, contes et proverbes écrits par Egbert durant la même période. Le conte a été, selon certains auteurs, d’une influence primordiale pour l’écriture du Petit Chaperon Rouge de Charles Perrault (1697) ; d’autres travaux mettent en doute une filiation intertextuelle entre les deux textes.

La Petite Fille épargnée par les loups
Auteur Egbert de Liège
Genre Conte
Date de parution 1020

Résumé modifier

Après avoir assuré le caractère véridique du conte en invoquant son origine orale et paysanne, Egbert développe l’histoire d’une jeune fille de cinq ans se vit offrir une robe de couleur rouge lors de son baptême, qui eut lieu à la Pentecôte. Alors qu’un jour la jeune fille se promène, insouciante, au Soleil, un loup la kidnappe et l’apporta à ses petits dans les bois. Les louveteaux tentent de la dévorer, mais en vain : ils s’apaisent devant la robe rouge de la jeune fille. Celle-ci les admoneste en leur défendant de déchirer sa robe ; elle revendique l’origine de son vêtement, donné par son parrain lors de son baptême. Le conte s’achève par une morale en un seul vers : la présence de Dieu efface la sauvagerie.

Analyse modifier

La parenté entre le conte d’Egbert et Le Petit Chaperon rouge de Perrault a été étudiée, puis confirmée ou nuancée par différents auteurs. Selon Susana Gonzales Martin, le premier conte comporte déjà les motifs littéraires fondamentaux qui structureront le conte de Perrault : par exemple, la robe rouge, l’entrée dans la forêt, le vêtement donné par un proche[1]. Ce constat est repris mais est cependant nuancé par Catherine Velay-Valentin, qui met en avant la dimension chrétienne de la morale, aspect qui n’a pas été repris dans la morale du conte de Perrault[2]. Ainsi, différents travaux de recherche eurent pour objectif de replacer le conte d’Egbert dans son contexte historique. Tout comme Catherine Velay-Valentin, Jacques Berlioz pose l’hypothèse d’une version embryonnaire du Petit Chaperon rouge de Perrault, à travers l’analyse du contexte historique de l’œuvre[3]. Ziolkowski dans son étude critique sur les substrats médiévaux des contes modernes situe le De Puella a Lupellis Servata à la croisée du récit hagiographique et de l’exemplum empreint de merveilleux chrétien[4]. D’autres auteurs comme Marianne Rumpf, selon Ziolkowski, refusent toute correspondance génétique entre le conte d’Egbert et le conte de Perrault, au motif que le conte médiéval ne comporte pas le motif de la grand-mère et de la petite-fille dévorées par le loup.

Éditions modifier

  • Fecunda ratis, édition de Ernst Voigt, Halle an der Saale, Niemeyer, 1889 (ASIN B0014OHVLM)

Bibliographie modifier

  • Catherine Velay-Valentin, « Entre fiction et réalité. Le Petit Chaperon Rouge et la Bête de Gévaudan », Gradhiva : revue d’histoire et d’archives del’anthropologie, Num.17, 1995, p. 123 à 124.
  • Jacques Berlioz, « Un petit chaperon rouge médiéval ? « La Petite fille épargnée par les loups » dans la « Fecunda Ratis » d’Egbert de Lièges (début du Xième siècle), Merveilles et contes, Vol.5, Num.2, 1991, p.246 à 263.
  • Susana Gonzales Martin, « Existia Caperucita Roja antes de Perrault ? », CLIJ, Cuadernos de literatura infantil y juvenil, Num.158, 2003, p.17 à 19.
  • Jan Ziolkowski, “Fairy Tales from before Fairy Tales”, The University of Michigan press, 2007, p.113 à 137.
  • Marianne Rumpf, “Little Red Riding Hood: A Comparative Study”, Asian Folklore Studies, 1991

Références modifier

  1. (es) Susana Gonzales Martin, « ¿Existia Caperucita Roja antes de Perrault ? », CLIJ, Cuadernos de literatura infantil y juvenil,‎ , p.17 à 19
  2. Catherine Velay-Valentin, « Entre fiction et réalité. Le Petit Chaperon Rouge et la Bête de Gévaudan. », Gradhiva : revue d’histoire et d’archives de l’anthropologie,‎ , p. 123 à 124. (lire en ligne)
  3. Jacques Berlioz, « Un petit chaperon rouge médiéval ? « La Petite fille épargnée par les loups » dans la « Fecunda Ratis » d’Egbert de Lièges (début du Xième siècle). », Merveilles et contes,‎ , p.246 à 263 (lire en ligne)
  4. (en) Jan Ziolkowski, Fairy Tales from before Fairy Tales, The University of Michigan press, , 513 p., p.113 à 137