La Faute de l'abbé Mouret

roman d'Émile Zola

La Faute de l’abbé Mouret
Image illustrative de l’article La Faute de l'abbé Mouret

Auteur Émile Zola
Pays France
Genre Roman naturaliste
Éditeur G. Charpentier
Date de parution 1875
Chronologie
Série Les Rougon-Macquart
Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire

La Faute de l’abbé Mouret est un roman d’Émile Zola paru en 1875, le cinquième volume de la série Les Rougon-Macquart. Faisant suite à La Conquête de Plassans, c’est le second ouvrage de la série qui traite du catholicisme. Le thème en est la vie d'un prêtre déchiré entre sa vocation religieuse et l'amour d'une femme.

Résumé modifier

 
Le Paradou, Édouard Joseph Dantan, 1883, Musée des Beaux-Arts de Gand, 1924-AB.

Le héros, Serge Mouret, est le fils de François et de Marthe Mouret, personnages principaux du précédent roman. Ordonné prêtre à l'âge de vingt-cinq ans, il choisit d'exercer son ministère dans le petit village des Artaud, à quelques kilomètres de Plassans, sa ville natale (qui correspond dans les romans de Zola à Aix-en-Provence). Là, il sent monter en lui l'appel des sens, appel refoulé jusque-là par son éducation et sa formation au séminaire. Cet élan est attisé au contact des paysans, proches de la nature, et de leurs filles aux mœurs assez libres. Cette force se transforme en amour mystique pour la Vierge Marie, accompagné d’extases et de mortifications qui finissent par le rendre gravement malade. À deux doigts de mourir, il est confié par son oncle, le docteur Pascal (Le Docteur Pascal), à un athée nommé Jeanbernat et à sa nièce Albine, qui vivent dans une propriété à l’abandon appelée Le Paradou.

Au Paradou, Albine va peu à peu réapprendre la vie à l’abbé Mouret (qui n'est plus appelé que par son prénom, Serge, dans le livre II). Dans cette sorte de paradis terrestre à la végétation luxuriante, ils vivent comme Adam et Ève et découvrent peu à peu l’amour, qui finit par devenir charnel. Serge a trouvé son équilibre. Mais il va être brutalement chassé de ce paradis par le frère Archangias, qui lui rappelle ses devoirs de prêtre et le force à quitter Albine. L’abbé Mouret regagne sa paroisse, et tout désir s’éteint alors en lui. Albine se suicide lorsqu’elle voit que plus rien ne peut ramener son amant.

Analyse modifier

Pour Henri Mitterand, La Faute de l'abbé Mouret « n'est pas seulement l'histoire d'un prêtre. C'est [...] un hymne à la toute-puissance de la nature ; plus précisément, de la nature végétale, identifiée comme lieu d'une provocation permanente et invincible aux plaisirs des sens et à la génération. »[1]

Dans le 5e chapitre du livre II, Serge « s'éveille » face à la beauté de la nature, ainsi que tous ses sens. Une seconde naissance du prêtre pourrait être évoquée[2]. Son émerveillement soudain à la vue d'un lever de soleil pourrait être perçu comme son premier péché puisqu'il ne pense plus à la religion. Justement, dans le chapitre 2 du livre I, la nature est perçue comme bonne et agréable, contrairement à la religion qui représente la mort.

Édition modifier

Bibliographie modifier

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Adaptations modifier

Notes et références modifier

  1. Les Rougon-Macquart, Gallimard, coll. « La Pléiade », tome I, 1990 (ISBN 2-07-010589-X), p. 1677.
  2. « La Faute de L'abbé Mouret PDF (livre complet) »

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