La Débâcle

roman d'Émile Zola

La Débâcle
Image illustrative de l’article La Débâcle
Édition de 1893

Auteur Émile Zola
Pays Drapeau de la France France
Genre Roman
Éditeur G. Charpentier
Lieu de parution Paris
Date de parution 1892
Chronologie
Série Les Rougon-Macquart

La Débâcle est un roman d’Émile Zola publié en 1892, le dix-neuvième volume de la série Les Rougon-Macquart, dont il constitue la conclusion historique.

Le premier roman (La Fortune des Rougon) évoquait le coup d’État du 2 décembre 1851, qui mit en place le Second Empire ; celui-ci a pour cadre la déroute de l’armée française devant les Prussiens à Sedan pendant la guerre franco-allemande de 1870, et donc la chute de l’Empire, remplacé le par la Troisième République.

Résumé modifier

Jean Macquart, déjà personnage principal de La Terre, a repris du service dans l’armée, après ses désillusions dans le monde paysan. Incorporé dans le 106e de ligne, il est caporal et ses hommes le respectent pour son bon sens, son dévouement et sa saine conception de l’autorité. Il assiste impuissant à l’effondrement de l’Empire et à la déroute de ses armées, que Zola attribue à l’incompétence de l’état-major, au manque de préparation des troupes et au rôle néfaste joué par l’impératrice Eugénie auprès de Napoléon III.

C’est aussi l’histoire d’une amitié qui finira en drame entre Jean Macquart et l’un de ses soldats, l’intellectuel Maurice Levasseur. Le premier veut une France où règnent l’ordre et la sagesse ; le second souhaite mettre fin aux injustices et rêve de révolution. Ces divergences idéologiques ne les empêchent pas de s’aimer et de se respecter, chacun sauvant la vie de l’autre. Une fois la guerre finie, tous deux participent à la Commune, mais dans des camps différents. Lors de la Semaine sanglante, le versaillais Macquart blesse mortellement d’un coup de baïonnette un communard ; il s’aperçoit par la suite que c’est Levasseur. Jean Macquart, qui était sur le point d’épouser Henriette, sœur de Levasseur, quittera Paris et l’armée. On le retrouve ensuite dans Le Docteur Pascal, vivant en Provence et marié à une paysanne du nom de Mélanie Vial.

Un peu comme dans Germinal, le roman se termine par une note d’espoir. Alors que Paris brûle et que Jean vient de perdre à la fois son meilleur ami et la jeune femme qu’il aimait, il a la sensation d’une aurore qui se lève, après la chute de la branche pourrie qui constituait l’Empire :

« C’était le rajeunissement certain de l’éternelle nature, de l’éternelle humanité, le renouveau promis à qui espère et travaille, l’arbre qui jette une nouvelle tige puissante, quand on a coupé la branche pourrie, dont la sève empoisonnée jaunissait les feuilles… et Jean, le plus humble et le plus douloureux, s’en alla, marchant à l’avenir, à la grande et rude besogne de toute une France à refaire. »

Thème modifier

Le roman est une dénonciation implacable de la guerre et de ses horreurs, qui court du début à la fin du roman, ce qui vaudra à son auteur des détracteurs qui ne lui pardonneront pas, même après sa mort, ses prises de positions. Lors d’un débat à la Chambre des députés sur le transfert des cendres de Zola au Panthéon, le , Louis Buyat répond à Barrès sur le prétendu antipatriotisme de l’auteur de La Débâcle par les mots mêmes de l’auteur : « D’abord, dire la vérité sur l’effroyable catastrophe dont la France a failli mourir. […] Tout en ne cachant rien, j’ai voulu expliquer nos désastres », puis conclut par : « Je tenais à apporter cette citation ; c’est vraiment un moyen facile de venir dénoncer ici Émile Zola comme antipatriote, alors qu’au contraire cette lettre indique sa constante préoccupation d’éviter à son pays les retours de l’histoire[1]. »

Notes et références modifier

Bibliographie modifier

  • Ruth Amossy, « La dimension sociale du discours littéraire : l’analyse du discours et le projet sociocritique », L’Analyse du discours dans les études littéraires, Toulouse, PU du Mirail, 2003, 488 p., p. 63-74.
  • (en) Eric A. Arnold, Jr., « The Historicity of Émile Zola’s La Débâcle », Proceedings of the Annual Meeting of the Western Society for French History, 1981, no 8, p. 1-10.
  • David Baguley, « Le récit de guerre : narration et focalisation dans La Débâcle », Littérature, , no 50, p. 77-90.
  • David Baguley, « La Débâcle: roman de (la) guerre », Zola à l'oeuvre, Strasbourg, PU de Strasbourg, 2003, p. 121-129.
  • Jeanne Bem, « L'épisode du meurtre de Goliath. Lecture "ritologique" », La Représentation du réel dans le roman. Mélanges à Colette Becker, Paris, Oséa, 2002, p. 139-148.
  • Janice Best, « … une soirée sanglante de cette fin de siècle », Excavatio, 2002, vol. 16 nos 1-2, p. 58-66.
  • Janice Best, « Le naturalisme est-il un nihilisme? », Les Cahiers naturalistes, 2003, no 77, p. 49-57.
  • Nicolas Bourguinat, « "Où poser convenablement le pied du capitaine?" La chair et le sang dans La Débâcle », Les Cahiers naturalistes, no 96, p. 55-69.
  • (en) James B. Colvert, « The Red Badge of Courage and a Review of Zola’s La Débâcle », Modern Language Notes, , vol. 71, no 2, p. 98-100.
  • (en) Charles O. Cook, « History, Literature and the Franco-Prussian War : An Interdisciplinary Methodology », Proceedings of the Annual Meeting of the Western Society for French History, 1981, no 8, p. 11-19.
  • (en) Roger Ebbatson, « A Note on In Time of “The Breaking of Nations”: A Source », Thomas Hardy Journal, , vol. 15, no 2, p. 85.
  • Maurice Descotes, Le personnage de Napoléon III dans les Rougon-Macquart, Paris, Klinksieck, 1983.
  • Lucienne Frappier-Mazur, « Guerre, nationalisme et différence sexuelle dans La Débâcle d’Émile Zola », Masculin/féminin. Le XIXe siècle à l’épreuve du genre, Toronto, Centre d’études du XIXe siècle Joseph Sablé, 1999, p. 167-181.
  • Lucienne Frappier-Mazur, « La guerre et l’idée de nation : autour de La Débâcle d’Émile Zola (1891-1892) », Excavatio, 1997, no 9, p. 141-148.
  • (en) James Friguglietti, « Commentary on Papers by Eric A. Arnold and Charles O. Cook », Proceedings of the Annual Meeting of the Western Society for French History, 1981, no 8, p. 20-21.
  • Kristof Haavik, « Le cheval assassiné : augures dans La Débâcle », Excavatio, 2004, vol. 19, nos 1-2, p. 89-99.
  • (en) Susan Harrow, « Food, Mud, Blood: The Material Narrative of Zola’s La Débâcle », Dalhousie French Studies, automne 2006, no 76, p. 51-61.
  • (de) Manuel Köppen, « Von Tolstoi bis Griffith : Krieg im Wandel der Mediendispositive », Krieg in den Medien, Amsterdam, Rodopi, 2005, p. 55-82.
  • (en) Michael Lastinger, « The Writing of La Débâcle: Émile Zola and the Disaster », Excavatio, , no 1, p. 85-93.
  • Bernadette C. Lintz, « L’empereur fardé : Napoléon III des Châtiments à La Débâcle », Nineteenth-Century French Studies, printemps-été 2007, vol. 35, nos 3-4, p. 610-627.
  • (en) Grover E. Marshall, « The Use of Participial Clauses in Zola’s La Débâcle », From Dante to García Márquez, Williamstown, Williams Coll., 1987, p. 191-199.
  • (en) Pauline McLynn, « The Franco-Prussian War in La Débâcle: An Examination of Zola’s Method », Nottingham French Studies, , vol. 21, no 2, p. 25-36.
  • Sandy Petrey, « La république de La Débâcle », Les Cahiers naturalistes, 1980, no 54, p. 87-95.
  • Christophe Reffait, « La renaissance de la nation selon La Débâcle d'Émile Zola », Dix-Neuf, 2006, vol. 6, no 1, p. 42-54.
  • (en) S. A. Rhodes, « The Source of Zola’s Medical References in La Débâcle », Modern Language Notes, , vol. 45, no 2, p. 109-111.
  • (en) Helen La R. Rufener, Biography of a War Novel, Zola’s « La Débâcle », New York, NY, 1946.
  • Corinne Saminadayar-Perrin, « La Débâcle, un roman épique? », Les Cahiers naturalistes, 1997, no 71, p. 203-219.
  • (en) David L. Schalk, « Zola and History: The Historian and Zola », Réflexions historiques, hiver 1994, vol. 20, no 1, p. 77-93.
  • (en) Charles J. Stivale, « Le plissement and la fêlure: The Paris Commune in Vallès’s L’Insurgé and Zola’s La Débâcle », Modernity and Revolution in Late Nineteenth-Century France, Newark / London, University of Delaware Press / Associated UPs, 1992, p. 143-154.
  • (en) Hannah Thompson, « A Battle in the Feminine? The Gendered Body and the Franco-Prussian War », Visions/Revisions: Essays on Nineteenth-Century French Culture, Oxford, Peter Lang, 2003, p. 157-173.
  • Sylvie Thorel-Cailleteau, « À propos de La Débâcle », Les Cahiers naturalistes, 1993, no 67, p. 57-62.
  • (en) Philip Walker, « Prophetic Myths in Zola », PMLA, , vol. 74, no 4, p. 444-452.
  • Nicholas White, « Napoléon III, le "fantôme" de La Débâcle », Les Cahiers naturalistes, 2022, no 96, p. 37-54.

Liens externes modifier

Sur les autres projets Wikimedia :