Létald de Micy

moine et hagiographe français
Létald
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Chancelier
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Moine, compositeur, écrivain, hagiographeVoir et modifier les données sur Wikidata
Période d'activité
Xe siècleVoir et modifier les données sur Wikidata
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Ordre religieux

Létald de Micy ou Léthald de Micy est un moine hagiographe et poète de la fin du Xe siècle et du début du XIe siècle de l'abbaye Saint-Mesmin de Micy. Il est engagé dans les luttes politiques de la vallée de la Loire, notamment entre les comtes d'Anjou et les comtes de Blois. L'ampleur de son œuvre a été réévaluée à la fin du XXe siècle.

Biographie modifier

Moine de Saint-Mesmin de Micy modifier

On ne connaît pas la date de naissance de Létald, ni le lieu, mais il est probablement proche de l'abbaye Saint-Mesmin de Micy[1]. Il est peut-être un neveu ou un parent d'un autre Létald, abbé de Saint-Mesmin de Micy dans les années 940[2].

Létald entre tout jeune à Saint-Mesmin de Micy, sous l'abbatiat d'Annon (940-970)[2],[3],[4]. Il acquiert une grande aisance en latin, probablement à l'abbaye de Fleury, comme le montrent ses liens d'amitié avec Abbon de Fleury[3]. Vers 973, il est promu chancelier de l'abbaye Saint-Mesmin de Micy[2],[1],[4],[5].

En 997, Robert de Blois s'impose comme abbé de Saint-Mesmin de Micy, contre Constantin, ami de Létald[6]. Robert cumule les abbatiats de Saint-Mesmin de Micy et de Saint-Florent-le-Vieil, ce qui semble déplaire à Létald. Après la mort de l'évêque d'Orléans Arnulphe en [3], au cours de l'année 1004, Létald intente un procès, devant la cour de l'évêque d'Orléans, contre Robert de Blois, pour absentéisme et concussion. Létald échoue et Robert demeure abbé de Saint-Mesmin de Micy et de Saint-Florent-le-Vieil jusqu'à sa mort en 1011[3],[4]. Cet épisode est connu par une admonestation d'Abbon de Fleury, mort en 1004, aux moines de l'abbaye Saint-Mesmin de Micy, leur enjoignant, en particulier à Létald, d'obéir à leur abbé[3],[5].

On ignore quand et où Létald meurt. Il est encore cité en 1014 et correspond peut-être au Létald qui est doyen de Saint-Aignan dans les années 1020[7]. Un homme de ce nom est également cité en 1050 dans un document rédigé à l'abbaye de Fleury pour le rouleau des morts de Saint-Martin du Canigou, mais il n'y a pas de preuve que ce soit Létald de Micy[3].

Hagiographe et poète modifier

Vers 970-980, Létald compose la Vie de saint Maximin, le Liber miraculorum sancti Maximini abbatis miciacensis[8],[5]. C'est probablement en 994 qu'il compose sa Delatio corporis S. Juniani[9]. De même, une mention du XIIe siècle permet de lui attribuer la Vita et miracula sancti Martini Vertavensis, écrite vers 990-1000, où le saint fait advenir la punition divine sur le peuple qui l'a méritée, selon le propos de l'hagiographe[10],[5],[11].

Selon Thomas Head, Létald est aussi probablement l'auteur de la Vita et Miracula S. Eusicii, vers l'an mil[12],[5]. Peu après 1004 selon Thomas Head — mais cette datation semble discutable[5] — Létald compose la Vie de saint Julien du Mans pour l'évêque du Mans Avesgaud de Bellême[4]. Il fait du saint manceau un contemporain du pape Sixte Ier et non plus du pape Clément[13]. Selon Jean-Paul Bonnes, Létald est alors réfugié au Mans auprès d'Avesgaud, mais cela n'est pas prouvé[14],[3],[4].

Létald est un auteur prolifique de Vies de saints. Les commandes de Vies de saints l'impliquent dans les conflits entre la famille des comtes d'Anjou et celle des comtes de Blois, qui contrôle son monastère[15],[4]. Il est nettement engagé contre le comte d'Anjou Foulques Nerra[15],[16]. Dans ses Vies de saints, Létald cherche à donner du prestige au saint concerné par l'accumulation de récits de miracles, à dissuader les ennemis potentiels du monastère et s'adonne à la rhétorique pour le plaisir[16].

Jean-Paul Bonnes[17] et Thomas Head attribuent également à Létald le poème Versus de eversione monasterii Glonnensis, écrit pour l'abbaye Saint-Florent de Saumur, qui pourrait être une œuvre de jeunesse[5]. Le poème Within Picator, brillant et drôle, est le plus célèbre des textes attribués à Létald. Redécouvert au XIXe siècle, il n'est pas datable avec précision[5].

Létald est cité par des bio-bibliographes à partir du XVe siècle, d'abord comme hagiographe, auteur de Vie de saint Julien du Mans et des Miracles de saint Mesmin, avant la redécouverte au plus récente de ses poèmes. Aujourd'hui encore, les œuvres de Létald restent mal connues[6].

Œuvres modifier

Vies de saints traditionnellement attribuées à Létald modifier

  • Liber miraculorum sancti Maximini abbatis miciacensis. Éditions : Acta Sanctorum ordinis sancti Benedicti (ASOB), saec 1, 1668, p. 598-613 et J. P. Migne, Patrologiae cursus completus, t. 137, Paris, (lire en ligne), p. 795-824[3],[5].
  • Vita sancti Juliani cenomanensis antistitis primi. Éditions : Acta Sanctorum ordinis sancti Benedicti Janvier, t. 2 , ou J. P. Migne, Patrologiae cursus completus, t. 137, Paris, (lire en ligne), p. 781-796[3],[18] et Armelle Le Huërou, « Édition de la Vita s. Iuliani Cenomanensis de Létald de Micy (BHL 4544) », dans Florian Mazel (dir.), La Fabrique d’une légende. Saint Julien du Mans et son culte au Moyen Âge (IXe – XIIIe siècle), Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 408 p. (ISBN 9782753580510, présentation en ligne), p. 225-252.
  • Delatio corporis S. Juniani ad synodum Karoffensem. Édition : Acta Sanctorum ordinis sancti Benedicti, IV, 434 ou J. P. Migne, Patrologiae cursus completus, t. 137, Paris, (lire en ligne), p. 823-826[19],[3],[9],[5].

Poèmes et vies de saint attribués à Létald au XXe siècle modifier

  • De quodam piscatore quem ballena absorbuit. Édition : Jean-Paul Bonnes, « Un lettré du Xe siècle. Introduction au poème de Létald », Revue Mabillon, vol. 33,‎ , p. 23-47[3].
  • Versus de eversione monasterii glomnensis. Édition : Jean-Paul Bonnes, « Un lettré du Xe siècle. Introduction au poème de Létald », Revue Mabillon, vol. 33,‎ , p. 23-47[19],[20],[5].
  • Vita et miracula sancti Martini Vertavensis[10],[21],[5].
  • Vita et miracula sancti Eusicii[12],[10],[5],[11].
  • Within Picator ou Versus Letaldi monachi de quodam piscatore quem ballena absorbuit. Éditions : Jean-Paul Bonnes, « Un lettré du Xe siècle. Introduction au poème de Létald », Revue Mabillon, vol. 33,‎ , p. 23-47[5] et Ferruccio Bertini (ed), Within piscator, Firenze, Giunti, [22].

Références modifier

  1. a et b Simon 1994, p. 569.
  2. a b et c Head 1990, p. 211.
  3. a b c d e f g h i j et k Simon 1994, p. 570.
  4. a b c d e et f Merdrignac 1999.
  5. a b c d e f g h i j k l m et n Turcan-Verkerk 2020.
  6. a et b Turcan-Verkerk 2022.
  7. Head 1990, p. 225-226.
  8. Head 1990, p. 212-213.
  9. a et b Head 1997.
  10. a b et c Head 1990, p. 218-222.
  11. a et b Isaïa 2023.
  12. a et b Head 1989.
  13. Armelle Le Huërou, « La Vie de saint Julien du Mans (BHL 4544) de Létald de Micy », dans Florian Mazel (dir.), La Fabrique d’une légende. Saint Julien du Mans et son culte au Moyen Âge (IXe – XIIIe siècle), Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 408 p. (ISBN 9782753580510, présentation en ligne), p. 215-224.
  14. Head 1989, p. 397.
  15. a et b Head 1990, p. 220-224.
  16. a et b Simon 1994, p. 576-577.
  17. Bonnes 1943.
  18. Hiley 2000.
  19. a et b Head 1990, p. 218.
  20. Simon 1994, p. 571.
  21. Simon 1994, p. 571-573.
  22. Pascale Bourgain, « Letaldo di Micy, Within piscator, a cura di Ferruccio Bertini. Firenze, Giunti, 1995 », Archivum Latinitatis Medii Aevi, vol. 54, no 1,‎ , p. 272–274 (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

  • Jean-Paul Bonnes, « Un lettré du Xe siècle. Introduction au poème de Létald », Revue Mabillon, vol. 33,‎ , p. 23-47.
  • (en) Thomas Head, « Letaldus of Micy and the Hagiographic. Traditions of Selles-sur-Cher », Analecta Bollandiana, vol. 107, nos 3-4,‎ , p. 393–414 (ISSN 0003-2468 et 2507-0290, DOI 10.1484/J.ABOL.4.03262, lire en ligne, consulté le ).
  • (en) Thomas Head, Hagiography and the cult of saints: the diocese of Orléans, 800 - 1200, Cambridge, Cambridge University Press, coll. « Cambridge studies in medieval life and thought », , 342 p. (ISBN 978-0-521-36500-0, lire en ligne).
  • (en) Thomas Head, « Letaldus of Micy and the Hagiographic Traditions of the Abbey of Nouaillé: The Context of the Delatio corporis S. Juniani », Analecta Bollandiana, vol. 115, nos 3-4,‎ , p. 253–267 (ISSN 0003-2468 et 2507-0290, DOI 10.1484/J.ABOL.4.01720, lire en ligne, consulté le ).
  • (en) David Hiley, « The Historia of St. Julian of Le Mans by Letald of Micy. Some Comments and Questions about a North French Office of the Early Eleventh Century », dans Margot E. Fassler et Rebecca A. Baltzer (ed), The Divine Office in the Latin Middle Ages : Methodology and Source Studies, Regional Developments, Hagiography. Written in Honor of Professor Ruth Steiner, Oxford, Oxford University Press, , 656 p. (ISBN 9780195124538, lire en ligne), p. 444-462.
  • (en) David Hiley (éd), The Office of Julian of Le Mans by Letald of Micy (circa 1000), Lions Bay (B.C.), Institute of Mediæval Music, coll. « Musicological Studies (Wissenschaftliche Abhandlungen) » (no 65/25), , 54 p. (ISBN 978-1-926664-31-6, présentation en ligne).
  • Marie-Céline Isaïa, Une autre histoire: Histoire, temps et passé dans les Vies et Passions latines (IVe – XIe siècle), Aubervilliers - Paris - Orléans, Institut de recherche et d’histoire des textes, coll. « Bibliothèque d'histoire des textes » (no 4), , 490 p. (ISBN 978-2-493209-04-7 et 978-2-493209-06-1, DOI 10.4000/books.irht.995, lire en ligne).
  • Armelle Le Huërou, « La Vie de saint Julien du Mans (BHL 4544) de Létald de Micy », dans Florian Mazel (dir.), La Fabrique d’une légende. Saint Julien du Mans et son culte au Moyen Âge (IXe – XIIIe siècle), Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 408 p. (ISBN 9782753580510, présentation en ligne), p. 215-224.
  • Armelle Le Huërou, « Édition de la Vita s. Iuliani Cenomanensis de Létald de Micy (BHL 4544) », dans Florian Mazel (dir.), La Fabrique d’une légende. Saint Julien du Mans et son culte au Moyen Âge (IXe – XIIIe siècle), Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 408 p. (ISBN 9782753580510, présentation en ligne), p. 225-252.
  • Bernard Merdrignac, « Létald de Micy », dans François Menant, Hervé Martin, Bernard Merdrignac et Monique Chauvin, Les Capétiens : Histoire et dictionnaire 987-1328, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1312 p. (ISBN 9782221056875), p. 954.
  • Marc Simon, « Létald de Micy, histoire ou fantaisie ? », dans Mélanges François Kerlouégan, vol. 515, Besançon, Université de Franche-Comté, coll. « Annales littéraires de l'Université de Besançon » (no 515), , 702 p. (ISBN 2-251-60515-0, lire en ligne), p. 569–578.
  • Anne-Marie Turcan-Verkerk, « Langue et littérature latines du Moyen Âge », Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences historiques et philologiques. Résumés des conférences et travaux, no 151,‎ , p. 183–194 (ISSN 0766-0677, DOI 10.4000/ashp.3768, lire en ligne, consulté le ).
  • Anne-Marie Turcan-Verkerk, « Langue et littérature latines du Moyen Âge », Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences historiques et philologiques. Résumés des conférences et travaux, no 152,‎ , p. 220–223 (ISSN 0766-0677, DOI 10.4000/ashp.4348, lire en ligne, consulté le ).
  • Anne-Marie Turcan-Verkerk, « Langue et littérature latines du Moyen Âge », Annuaire de l'École pratique des hautes études, Section des sciences historiques et philologiques. Résumés des conférences et travaux, no 153,‎ , p. 235–237 (ISSN 0766-0677, DOI 10.4000/ashp.5343, lire en ligne, consulté le ).
  • Charles Vulliez, « Les Miracula sancti Maximini de Létald de Micy : prolégomènes à une nouvelle édition », dans Magali Coumert, Marie-Céline Isaïa, Klaus Krönert, Sumi Shimahara (dir.), Rerum gestarum scriptor. Histoire et historiographie au Moyen Âge : Mélanges Michel Sot, Paris, Presses de l'Université Paris-Sorbonne, coll. « Cultures et civilisations médiévales », , 710 p. (ISBN 978-2-84050-846-5), p. 623-636.

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