Léon Moussinac

écrivain, journaliste, historien et critique de cinéma français
Léon Moussinac
Léon Moussinac, c. 1934.
Fonction
Directeur de l'École nationale supérieure des arts décoratifs
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Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière du Père-Lachaise, Grave of Lods-Moussinac (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Léon Pierre Guillaume MoussinacVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
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Parti politique
Conflit
Archives conservées par
Vue de la sépulture.

Léon Moussinac, né le à Migennes (Yonne) et mort le à Paris[2], est un écrivain, journaliste, historien et critique de cinéma français.

Biographie modifier

Fils de Jean Moussinac, chef de gare aux chemins de fer départementaux, Léon Moussinac naît au domicile de celui-ci : la gare de Laroche-Migennes. Il poursuit ses études jusqu'à la licence de droit, contraint de travailler par ailleurs après la mort de son père en 1907.

Appartenant à la classe 1910, il doit passer huit ans sous les drapeaux et fait la guerre en première ligne ; il épouse Jeanne Lods en 1916. Il écrit en 1919 son premier article pour la revue Le Film que dirige Louis Delluc, son ami d'enfance qu'il connut à Paris sur les bancs du lycée Charlemagne et avec lequel il a été l'un des premiers théoriciens et critiques indépendants en France. Rendu à la vie civile, il devient critique de films à la revue Mercure de France, puis au quotidien L'Humanité à partir de 1923 où il tient une rubrique hebdomadaire.

Il adhère au Parti communiste français (PCF) en 1924[3].

Ses travaux théoriques et historiques, réunis pour la première fois en 1925 dans son essai Naissance du Cinéma, ont précédé, à l'exception des travaux de Louis Delluc, tous les ouvrages consacrés au cinéma ; il est possible qu'il ait ainsi influencé ses amis Eisenstein, Béla Balázs et Vsevolod Poudovkine.

Grâce à son action au sein du mouvement associatif Ciné-Club de France, le film Le Cuirassé Potemkine est projeté pour la première fois le à Paris, dans la salle de l’Artistic, louée pour un après-midi. Il fonde peu après avec son ami Jean Lods le « premier ciné-club de masse » — selon l'expression de Georges Sadoul — Les Amis de Spartacus, qui organise des projections au Casino de Grenelle avant d'être interdit après six mois d'existence par le préfet de police Jean Chiappe.

En , il reprend le magazine Regards, créé en 1932, avant d'en confier les rênes à son ami Pierre Unik.

Il est le fondateur, en 1932, avec Paul Vaillant-Couturier et Aragon, de l'Association des écrivains et artistes révolutionnaires (AEAR) créée en France, à la tête de laquelle figurent également Charles Vildrac et Francis Jourdain. Sous l'autorité tacite du Parti communiste français, l'association et son organe Commune ont alors pour mission de réunir les différents courants culturels qui, en France, se préoccupent à l'époque des rapports entre l'engagement révolutionnaire et la culture.

Léon Moussinac participa à la création de la F.T.O.F., Fédération du théâtre ouvrier de France. Avec Paul Vaillant-Couturier, il a appuyé le groupe Octobre, troupe de théâtre d'agitprop, à ses débuts. C'est d'ailleurs par l'entremise de ces deux personnages que le groupe Octobre a rencontré Jacques Prévert[4].

Arrêté en pour « propagande communiste », il est interné au camp de Gurs. En , il est transféré avec un groupe de 85 détenus à la prison militaire de Nontron[5],[6]. Léon Moussinac est finalement jugé et acquitté en . Il entre ensuite au sein des mouvements de la Résistance.

Il est directeur de l'IDHEC de 1947 à 1949 et de l'École nationale supérieure des arts décoratifs (ENSAD) de 1946 à 1959. En 1947, Les Statues de sel heurta le conformisme moral et esthétique de son parti et selon Pierre Daix, Jean Jérome lui a reproché « sa complaisance pour les aventures scabreuses », en décidant de le boycotter par les organisations du parti[7].

Le 16 avril 1950, pour le 50e anniversaire de Maurice Thorez, il écrit la chanson Fils du peuple, sur une musique de Roger Désormière, enregistrée au Chant du Monde et publiée dans L'Humanité-Dimanche[7]. Dans ses mémoires de 1976, Pierre Daix a prétendu qu’il aurait "tenté de se suicider" huit mois après[8], ce que "les éditeurs ne confirment pas"[9], après avoir été critiqué en deux lignes dans L'Humanité pour avoir « composé avec la ligne du parti ». Il avait publié dans le numéro du 1er décembre 1950 de ce journal un article exaltant l’œuvre et l’engagement de Picasso qui exposait alors à la Maison de la Pensée française un choix personnel de ses sculptures[9]. Au même moment, Auguste Lecœur a publié deux articles dans L'Humanité, le 30 novembre et le 8 décembre, intitulés « Le peintre à son créneau », titre emprunté au peintre André Fougeron[9], en préparation de l'exposition itinérante "Au Pays des Mines". Le deuxième reproche en deux lignes[9] à Moussinac d'avoir écrit qu’il ne faut pas confondre le sujet d’un tableau et son contenu[9] et Moussinac s'en est ému dans son journal le 8 décembre[8].

Quatorze ans plus tard, Léon Moussinac est victime d'une crise cardiaque à son domicile dans son bureau particulier, au 1 rue Leclerc dans le 14e arrondissement alors qu'il préparait un livre sur Louis Delluc. Il est transféré à l'Hôpital Lariboisière (10e arrondissement) où il meurt le [10],[11]. Boris Taslitzky lui rend un hommage dans La Nouvelle critique [12]. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise (93e division). Ses archives sont conservées au département des Arts du spectacle de la Bibliothèque nationale de France.

Écrits modifier

 
Couverture de Naissance du cinéma, 1925.
  • Dernière heure, poème, Ed. Librairie de France, 1923
  • Naissance du cinéma, Paris, Éd. J. Povolozky, 1925, et Éditions d’Aujourd’hui, 1983
  • Le Père Juillet - Tragi-farce en deux parties et un intermède, Léon Moussinac et Paul Vaillant-Couturier, Paris, 1927
  • Le cinéma soviétique, Gallimard, 1928
  • Panoramique du cinéma, Paris, Au sans pareil, 1929
  • La Tête la première, roman, Flammarion, 1931
  • Mallet-Stevens, éditions G. Crès & Cie, Collection les artistes nouveaux, Paris, 1931
  • Manifestation interdite, roman, Éditions Sociales Internationales, 1935
  • Tendances nouvelles du théâtre, A. Levy, 1931
  • Les Champs-de-Moë, roman, La Bibliothèque Française, Paris, 1945
  • Poèmes impurs : 1934-1944, Préface d'Aragon, Sagittaire, 1945
  • Aubes clandestines, recueil de poèmes, [ca 1945]
  • Le Radeau de la Méduse (Journal d'un prisonnier politique, 1940-1941), Paris, Éditions Hier et Aujourd'hui, 1945 - rééd. Aden Éditions, Bruxelles, 2009
  • Les Statues de sel, nouvelles, Éditions Hier et Aujourd'hui, 1947
  • Traité de la mise en scène, Massin et Cie, 1948
  • Le théâtre, des origines à nos jours, Amiot-Dumont, 1957
  • S.M. Eisenstein, Seghers, 1963
  • L'Âge ingrat du cinéma, Éditions du Sagittaire, 1946 ; Éditeurs français réunis, 1967, préface de Georges Sadoul

Filmographie modifier

  Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données IMDb. Léon Moussinac a joué dans quelques films :

Notes et références modifier

  1. « https://archives.yvelines.fr/rechercher/archives-en-ligne/correspondances-du-musee-departemental-maurice-denis/correspondances-du-musee-maurice-denis », sous le nom MOUSSINAC Léon (consulté le )
  2. Archives de l'Yonne, commune de Migennes, acte de naissance no 4, année 1890 (avec mention marginale de décès)
  3. Nicole Racine, « L'Association des Écrivains et Artistes Révolutionnaires (A.E.A.R.). La revue Commune et la lutte idéologique contre le fascisme (1935/1936) », dans Le mouvement social, janvier-mars 1966, n°54, p. 29-47.
  4. Épisode Pas plus grosse qu’une allumette ! de la série Là bas si j'y suis, d'une durée de 60:00. Diffusé pour la première fois du 00:21 au 00:22 sur la chaîne France Inter du réseau Radio France. Autres crédits : Raymond Bussières. Visionner l'épisode en ligne
  5. Jacky Tronel, Léon Moussinac, l'ami d'Aragon, revue Arkheia, 21, Montauban, 2009.
  6. « La prison militaire de Nontron (1940-1946) », sur Histoire pénitentiaire et Justice…, (consulté le ).
  7. a et b Notice "Léon Moussinac" (signée par Nicole Racine), Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier (le Maitron), éditions de l'Atelier, 2008 [1]
  8. a et b "Croisements et contrebande" par Pierre Daix"Aragon, dans "La parole ou l'énigme" coordonné par Daniel Bougnoux aux Éditions de la Bibliothèque publique d’information en 2005 [2]
  9. a b c d et e François Albera, "Léon Moussinac, Journal des 60 ans. 19 janvier 1950" – 19 janvier 1951, Paris, École nationale supérieure des Arts décoratifs, 2019 [3]
  10. Archives de Paris 10e, acte de décès no 905, année 1964 (page 31/31) qui confirme le lieu de décès mentionné sur son acte de naissance et infirme celui de la plaque commémorative apposée sur l'immeuble du 1, rue Leclerc.
  11. Annonce de sa mort dans Théâtre populaire no 53, 1er trimestre 1963, p. 143
  12. "Léon Moussinac, notre camarade, notre ami", par Boris Taslitzky, en avril 1964 dans La Nouvelle critique [4]

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Ouvrages et études sur Léon Moussinac modifier

  • Georges Sadoul, préface à L'âge ingrat du cinéma, Paris, Éditeurs français réunis, 1967.
  • Marie-Cécile Bouju, Léon Moussinac, éditeur engagé (1935-1939), Annales des amis de Louis Aragon et Elsa Triolet, 2007, n° 9.
  • Christophe Gauthier, La passion du cinéma : cinéphiles, ciné-clubs et salles spécialisées à Paris de 1920 à 1929, Paris, Association française de recherche sur l'histoire du cinéma : École des chartes, 1999.
  • Jacky Tronel, « Léon Moussinac, l'ami d'Aragon », revue Arkheia, Montauban, 2009, n° 21 ([5]
  • Valérie Vignaux (coordination avec la collaboration de François Albera), Un intellectuel communiste et Léon Moussinac, critique et théoricien des arts, Paris, Association française de recherche sur l'histoire du cinéma, 2 volumes (études et anthologie), 2014 [présentation en ligne sur afrhc.fr]
  • Nicole Racine, notice « Léon Moussinac », Le Maitron en ligne

Ouvrages et études en relation avec l'AEAR modifier

  • Nicole Racine, "L'Association des Écrivains et Artistes Révolutionnaires (A.E.A.R.). La revue Commune et la lutte idéologique contre le fascisme (1935/1936)", Le mouvement social, janvier-, no 54, p. 29-47.

Articles connexes modifier

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