Junte

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Pays ibériques et de l'Amérique latine modifier

Junte est le nom donné à plusieurs institutions historiques et contemporaines, en Espagne, au Portugal, en Amérique latine, et dans une moindre mesure en Italie.

L'expression « junte militaire » renvoie à des assemblées exécutives (ou gouvernements) composées majoritairement de militaires, que l'on trouve historiquement d'abord dans la sphère lusophone et hispanophone, puis plus récemment en Asie et en Afrique. Il s'agit d'un type bien particulier de juntes, qui doit être traité séparément.

Le mot espagnol ou portugais junta se traduit en français par le mot français junte lorsqu'il se réfère aux institutions de la péninsule Ibérique et de l'Amérique latine. En espagnol ou en portugais, junta renvoie aux notions d' assemblée et de réunion. Le terme est employé notamment dans le cadre de la gestion des administrations publiques ou privées (junta directiva / conseil de direction ou junta administrativa / conseil d'administration).

L'histoire de la péninsule ibérique et celle de l'Amérique latine sont riches en assemblées, conseils, gouvernements utilisant le terme junta. Certaines institutions des communautés autonomes du royaume d'Espagne issues de la constitution de 1978 reprennent le mot junta pour nommer des organes de nature différente, en fonction de l'histoire régionale.

Plus spécifiquement, au Portugal et dans les pays lusophones :

  • la Junte de Freguesia (junta de freguesia) désigne le comité exécutif des freguesias portugaises. Elle est présidée par un Président de la Junte (presidente da junta). Les juntes de freguesias portugaises sont des organes collégiaux ;
  • la Junte Générale (Junta Geral) désigne, de 1832 à 1936 (à 1975 aux Açores et à Madeira), un organe de l'administration publique portugaise, propre aux Districts, ayant des compétences élargies dans le domaine de l'instruction publique, de l'industrie, de l'agriculture et des travaux publics ;
  • la Junte Constitutionnelle portugaise de 1915 désigne le gouvernement provisoire formé après le coup d'État militaire du , qui renversa le gouvernement du général José Joaquim Pereira Pimenta de Castro. Elle s'est maintenue pendant trois jours et n'avait pour objectif que de forcer l'entrée du Portugal dans la Première Guerre mondiale ;
  • la Junte Autonome des Routes (Junta Autónoma das Estradas) désigne un organisme public créé en 1927 ;
  • la Junte de Salut National (Junta de Salvação Nacional) désigne le groupe d'officiers désigné pour maintenir le gouvernement du Portugal en avril 1974 après que la Révolution des Œillets a renversé le régime dictatorial de l'Estado Novo. Cette junte a fonctionné entre 1974 et 1976. Elle a permis la décolonisation de l'Afrique lusophone et a assuré la transition démocratique vers l'actuelle République portugaise ;
  • les juntes militaires (juntas militares) ont été des groupes d'officiers qui ont assumé le gouvernement pendant la République, en périodes « d'exception constitutionnelle » (exceção constitucional) : en 1930, 1961, 1964 et 1969 ;
  • la Junte Militaire brésilienne est le nom donné plus spécifiquement au groupe de militaires qui ont imposé une dictature au Brésil de 1964 à 1985, en prétextant la menace communiste. Le chef de la junte était le maréchal Castelo Branco, et son éminence grise était le général Golbery do Couto e Silva.

En Espagne, le terme peut faire référence aux Juntes de défense (1916-1922)

Italie modifier

  • La junte (terme officiel en français dans la région Vallée d'Aoste[1], giunta en italien dans toutes les autres régions) désigne l’exécutif régional des régions et des municipalités italiennes[2].
  • La junte désigne l’exécutif municipal (Giunta) élu des châteaux (castelli) de Saint-Marin, présidé par un capitaine (capitano).

Le cas particulier des « juntes militaires » modifier

  • En français, dans le contexte géopolitique contemporain, le terme junte est souvent employé pour désigner une dictature militaire mise en place après un coup d'État, par exemple en Amérique latine, en Birmanie ou plus récemment en Égypte, au Mali, en Thaïlande et au Niger. Dans les médias qui le vulgarisent depuis quelques décennies, le mot junte a, lorsqu'il est employé seul, une connotation essentiellement péjorative et antidémocratique, et sous-entend « junte militaire ».
  • À l'inverse, dans les pays lusophones et hispanophones, traditionnellement, le terme, employé seul, renvoie simplement à une assemblée exécutive, quelle que soit sa composition, et est tout à fait neutre. Il est employé très fréquemment au quotidien, et ne prend son sens de « dictature militaire » que dans un contexte précis, lorsqu'il est suivi du terme « militaire ».
  • La généralisation de ce terme en français pose au moins deux problèmes : d'abord, elle résulte parfois d'une simplification abusive et amalgame des situations en réalité très différentes. Ensuite, certaines institutions appelées juntes en Occident ne se définissent pas forcément elles-mêmes comme telles.

Ladite « junte birmane » par exemple, officiellement au pouvoir entre 1988 et 2011, portait le nom officiel de « Conseil d'État pour la paix et le développement ». Il s'agissait d'une dictature militaire.

Quant à ladite « junte militaire égyptienne », elle existe au moins depuis 1967, et elle porte en réalité le nom de Conseil suprême des forces armées. Il s'agit d'une institution bien connue des Égyptiens. Elle est arrivée au pouvoir récemment, à la suite de la Révolution égyptienne de 2011. Et elle se définit comme un « pouvoir de transition pacifique » permettant de passer d'un État dictatorial à un État démocratique. Elle a autorisé la tenue d'élections.

Notes et références modifier

  1. Ville d'Aoste - Junte communale
  2. Mais la loi les étend certaines règles de organes élus locaux, que les incompatibilités (it)Giampiero Buonomo, Il rinvio alle regole sull'eleggibilità ormai inadeguato per gli esecutivi, Diritto e giustizia, 18 marzo 2000.

Articles connexes modifier