Jour J (ou The Magnificent Eleven en anglais) est une série de 11 photographies réalisées par Robert Capa lors du Jour J, c'est-à-dire le débarquement de Normandie le [1],[2].

Description modifier

Alors âgé de 31 ans et travaillant pour le magazine américain Life, Robert Capa muni de deux appareils photos (un Rolleiflex et un 35 mm Contax) et d'un sac en toile cirée étanche, serait arrivé sur une portion de la plage d'Omaha Beach avec le 16e régiment d'infanterie à h 35 du matin[1]. Capa serait le seul à couvrir la première vague d'assaut[3],[4]. Pour le débarquement, l'armée américaine a accrédité 12 photographes d'agences et 6 photographes du magazine Life, dont quatre sur les plages normandes. Plusieurs photographies de son collègue Bob Landry, ainsi que celles de neuf autres photographes ont été perdues, après avoir été remises à un colonel qui a laissé tombé le sac marin (en) contenant les rouleaux dans l'océan en montant à bord d'un navire de transport[5].

Capa aurait utilisé quatre bobines de pellicule soit 106 images, mais seuls 11 clichés (dont la photographie iconique du « visage dans les vagues »)[6] seront exploitables et diffusés le dans le magazine Life, qui a indiqué qu'elles étaient floues car l'excitation avait submergé le photographe. Ces photos comptent parmi les plus célèbres du photographe et sont aujourd'hui la propriété de l'agence Magnum, dont Capa est le cofondateur[2].

Le réalisateur Steven Spielberg déclare s'être inspiré des photos de Capa pour tourner la scène du débarquement de son film Il faut sauver le soldat Ryan[3].

Controverse modifier

Le fait que la quasi-totalité des photos soit non exploitable serait dû à l'erreur d'un jeune laborantin londonien, Dennis Bank, responsable du développement des films. En voulant sécher rapidement les négatifs, cette personne inexpérimentée les aurait mis à une température anormalement élevée, ce qui aurait fait fondre l'émulsion des pellicules, et seules onze photos seraient restées exploitables, bien que dégradées[1],[3],[4].

Cette version est cependant remise en cause en 2014 par le critique new-yorkais A. D. Coleman et le rédacteur en chef de Life John G. Morris[7] qui relèvent plusieurs incohérences. Selon eux les onze photos connues aujourd'hui seraient les seules que Capa aurait prises durant le débarquement et l'histoire du laborantin maladroit serait une invention destinée à construire la légende d'un Capa héroïque auteur d'une centaine de clichés durant les six heures de la bataille[8],[4].

Notes et références modifier

  1. a b et c Jérôme Cordelier, « Jour J : Capa : un œil dans la guerre », LePoint.fr, 27 mai 2004.
  2. a et b Sam Diallo, Björn Kathöfer, Éric Lienhard, « "D-Day" - album photo de Robert Capa », Arte.tv, 3 juin 2004.
  3. a b et c Alain Constant, « Capa, une vie », LeMonde.fr, 29 août 2012.
  4. a b et c Patrick Peccatte, « Les photos du D-Day de Robert Capa – une autre histoire et de nouvelles interprétations », sur hypotheses.org, .
  5. (en) Mia Tramz, « Robert Capa's Iconic D-Day Photo of a Soldier in the Surf », sur time.com, .
  6. « The Face in the Surf » représente le soldat de première classe Huston « Hu » Riley immergé dans l'eau et qui pousse devant lui tout son barda, armes, munitions et équipement. Il est identifié en 2004 par l'historien Lowell L. Getz. Cf (en) Lowell L. Getz, « The Face in the Surf », World War II, no 19,‎ , p. 36-41
  7. (en) Interview de Morris pour CNN
  8. (en) « Robert Capa on D-Day », sur nearbycafe.com, (consulté le ).

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Article connexe modifier