John Jaques

humaniste suisse (1853-1951)

John Jaques, né le à Sainte-Croix, dans le canton de Vaud et mort le , est un travailleur social et humaniste suisse, ayant réalisé une grande partie de sa carrière professionnelle à Genève.

John Jaques
Dessin de John Jaques réalisé par Muss, illustrateur genevois
Biographie
Naissance
Décès
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Nationalité
Activités

John Jaques fut l’un des fondateurs et le 1er président de l’association « Pour la Vieillesse » à Genève[1], aujourd’hui Pro Senectute Genève[2]. Au niveau national « Pour la Vieillesse », fut créée par la Fondation de la Société suisse d’utilité publique, en 1919 à Winterthour.

Biographie modifier

Sa longue existence fut entièrement consacrée au bien spirituel, moral et social des habitants de Genève. Il fut le secrétaire général des Unions Chrétiennes de Jeunes Gens de Genève (UCJG)[3], puis directeur du Bureau central de bienfaisance[4], aujourd’hui Bureau Central de l’Action Sociale (BCAS)[5]. Il créa également la Fondation des Logements pour Personnes Âgées ou Isolées (FLPAI)[6]. Son action dans le domaine social est considérable, œuvrant sans cesse à resserrer les liens entre tous ceux qui travaillent dans le domaine social, que ce soit sous forme publique ou privée.

John Jaques est l’un des neuf enfants de Charles Gustave Jaques et de Johanna Adank, tous deux natifs de Sainte-Croix dans le Canton de Vaud. Il apprit le métier de piqueur pour boîtes à musique, ceci à la suite de priorités familiales et ne put commencer des études supérieures. Cependant, ouvert et curieux au monde des idées, il acquit une culture générale qui lui permit de devenir précepteur et maître de français dans un internat bernois, en 1881.

La même année, il devient également correspondant des Chambres fédérales à Berne du « Nouvelliste vaudois », puis du « Journal de Genève ». Il fut plus tard rédacteur au sein de « L’Estafette » et correcteur de la « Gazette de Lausanne ».

En 1882, il obtient le grade de capitaine d’infanterie et occupe le poste de directeur d’une agence agricole à Lausanne.

Le 14 avril 1887, il se marie avec Alice Rosalie Bichet. La même année, le couple part pour l’Argentine pour diriger une colonie suisse. Le projet avortera à la suite d’une révolution dans le pays.

Au cours de sa longue existence, il se mariera en tout trois fois. Après Alice Rosalie Bichet, il épousa Mélanie Augusta Nill et il finira sa vie avec Gertrude Hélène Emilie Wagner.

De 1888 à 1895, il devient secrétaire général de L’Union chrétienne de jeunes gens de Genève[7].

En 1895, il part pour Paris comme agent de la Mission Mac All à Grenelle (Paris 15e), pour annoncer l’Evangile aux ouvriers. La Mission populaire évangélique est née de la rencontre du pasteur presbytérien écossais Robert Mac All (1821-1893) et des ouvriers du quartier de Belleville à Paris, en 1871, peu après la fin de La Commune et de la répression terrible qui s’ensuivit. Inquiet de la condition du monde ouvrier et de sa déchristianisation, Mac All veut lutter aussi contre l’alcoolisme et les violences familiales. Pour que son ministère puisse présenter une alternative crédible à la violence sociale, Mac All et ceux qui, très vite, travailleront avec lui, se tiennent éloignés de tout jugement sur les événements politiques présents ou passés et montrent une grande tolérance vis-à-vis de ceux qui y ont été mêlés.

En 1898, John Jaques revient à Genève pour reprendre son poste de secrétaire général de l’Union chrétienne de jeunes gens jusqu’en 1908. « Le christianisme de l’avenir »[8] écrit par Hans Faber et traduit par John Jaques, fit passablement de bruit en son temps et ne fut pas sans rapports avec l’ostracisme dont il fut alors l’objet de la part des milieux orthodoxes du protestantisme genevois. Sa liberté de pensée provoqua son départ de l’Union chrétienne. Malgré ses déconvenues, John Jaques demeura un spiritualiste convaincu, s’intéressant à tous les mouvements de pensée contemporains : théologiques, philosophiques et littéraires.

C’est l’année où il rejoint le Bureau central de bienfaisance et se chargea tout spécialement des « passants », de ceux que l’on nommait les « rôdis ». De 1914 à 1918, la Première guerre mondiale fait rage en Europe. La Suisse est épargnée mais la misère sociale grandit. « Chaque jour amenait son contingent de pauvres hères forts dénués. La guerre le combla du spectacle sans cesse renouvelé des misères les plus étonnantes. Des princes, des ministres, des généraux, des personnages qui eurent les plus belles situations sous le régime du Tsar, échouèrent dans son bureau. A tous, aux plus humbles des cheminots comme aux plus orgueilleux des déclassés, Monsieur Jaques apportait le secours que la caisse toujours déficitaire du Bureau lui permettait de distribuer. »

Directeur du Bureau central de bienfaisance modifier

En 1917, John Jaques devient directeur du Bureau central de bienfaisance, qui affronte les grandes crises du XXe siècle avec une devise : « Toujours en avant, toujours mieux ».

Au cours de sa carrière de directeur, il eut l’occasion de prendre une grande part au groupement des œuvres genevoises d’assistance publique et privée en une fédération qui a permis de concentrer les efforts d’aider plus efficacement les personnes dans le besoin. En 1922, il prend l’initiative de créer les Groupements genevois et romands des institutions d’assistance publique et privée ayant comme but de resserrer les liens entre tous ceux qui travaillent dans le domaine social, que ce soit sous forme publique ou privée. Il attire l’attention des autorités sur les lacunes du dispositif social et propose des progrès à réaliser (des améliorations à réaliser). Il occupera le poste de directeur du Bureau central de bienfaisance jusqu’en 1929.

Création de Pro Senectute Genève modifier

L’autre grand engagement, dans lequel John Jaques sera pionnier fut la création du Comité genevois de la Fondation pour la vieillesse, devenu Pro Senectute Genève. L’origine de cette initiative remonte à 1917, lorsqu’un comité de 10 hommes issus de la société bourgeoise protestante du Canton de Zurich et la Société Suisse d’utilité Publique (SSUP) créent à Winterthur la Fondation pour la vieillesse, aujourd’hui Pro Senectute Suisse. En déclarant le caractère fédéral de la Fondation, le Comité national décida d’instituer des comités cantonaux. L’objectif de la Fondation consistera, dès lors, à organiser une vigoureuse campagne en faveur de la création d’une assurance vieillesse publique.

En 1919, à la suite d’un appel de la Société genevoise d’utilité publique, John Jaques accepta la charge de former et de présider le Comité genevois de la Fondation pour la vieillesse, aujourd’hui Pro Senectute Genève. A côté des appels de fonds, il fit de nombreuses conférences dans les communes genevoises, forma des correspondants à la campagne et institua les « Matinées » destinées à offrir aux personnes âgées indépendantes d’agréables moment de loisirs.

En 1924, John Jaques reprend l'idée centrale de Pro Senectute Suisse sur la création d'une mesure de transition : l'aide fédérale à la vieillesse indigente[9]. Ce texte fut une des pierre fondatrice de la création de l'assurance vieillesse en Suisse.

Création de la Fondation des Logements pour Personnes Àgées et Isolées (FLPAI) modifier

En 1929, le Comité genevois de la Fondation pour la vieillesse et la Société Coopérative d’habitation Genève s’adressent à l’architecte Frédéric Mezger afin de réaliser un projet pour mettre à disposition 410 logements sociaux bon marché destinés aux familles (244) et aux personnes âgées et isolées (166). John Jaques crée une commission chargée de coordonner ce projet. De longues négociations s’ensuivent avec les autorités pour obtenir des subventions et pour trouver un terrain. Les difficultés s’accumulent dans les tractations avec les banques genevoises pour obtenir un prêt hypothécaire. Afin de faciliter les négociations, John Jaques propose de créer, le 22 mai 1930, la Fondation des Logements pour Personnes Âgées ou Isolées. Elle sera créée le 24 juin 1930. L’enjeu est de construire une Cité Vieillesse[10] au-dessus de la rue de Lyon, dans le quartier des Franchises. C’est ainsi que naquit en Suisse une idée nouvelle d’offrir aux vieillards de condition modeste des appartements conçus pour eux et offrant l’avantage d’un prix de location en dessous du coût normal de construction. On évitait ainsi les hospitalisations douloureuses qui privent l’individu de sa liberté d’action. Les appartements purent être mis à disposition dès 1931. La même année, John Jaques démissionne de son poste de président du Comité genevois de la Fondation pour la vieillesse.

En 1932, la Cité Vieillesse est inaugurée à Vieusseux. Elle propose 180 petits logements à loyer modéré pour les personnes âgées. John Jaques présida le comité de la Fondation des Logements pour Personnes Âgées ou Isolées jusqu’en 1946[11].

Adoption de la Loi fédérale sur l'AVS modifier

En 1947, Pro Senectute Suisse[12] recueille les fruits de 30 ans d’information et d’action sociale. Le 6 juillet, le peuple suisse adopte la Loi fédérale sur l’AVS à une majorité de quatre cinquième. John Jaques se retire complètement de ses engagements et décèdera 5 ans plus tard à l’âge de 98 ans.

 
Article nécrologie de John Jaques _ La Vie Protestante et Le Protestant de 1956

Nécrologie de John Jaques modifier

Accueillant, hospitalier, John Jaques recevait chez lui quantité de jeunes gens, surtout étrangers. Avec une bonté toute maternelle, Madame Jaques s’efforçait d’adoucir leur isolement et de remplacer, pour beaucoup d’entre eux, la maman absente. Souvent, dans son modeste salon, elle avait, à la fois des Anglais, des Allemands, des Suédois, des hindous qui, le dimanche soir, accouraient à son invitation.

"Soutenu par une belle santé physique et par une intelligence supérieure, il fut constamment inspiré par sa foi chrétienne. Son christianisme agissant ne se perdait pas en discussions théologiques. Il réalisa, lors de ses « temps libres », diverses traductions d’ouvrages anglais d’ordre spirituel."[13]

Notes et références modifier

  1. « Historique », sur ge.prosenectute.ch (consulté le )
  2. « Homepage », sur ProSenectuteGeneve (consulté le )
  3. Christine Clerc, « De l'initiative à l'action : Histoire des Unions Chrétiennes de Genève », Livre, Unions Chrétiennes de Genève,‎ , p. 118 (lire en ligne   [PDF], consulté le )
  4. Floriane Hélène Maarsen, 1867 - 2017 De la bienfaisance à l'action sociale, Genève, Bureau central d'aide sociale, , 129 p. (lire en ligne), p. 123
  5. « https://bcas.ch/fr/accueil », sur bcas.ch (consulté le )
  6. « Fondation des logements pour personnes âgées ou isolées à Genève », sur www.flpai-geneve.ch (consulté le )
  7. « Les UCG - Des valeurs pour aujourd’hui. », sur LES UCG (consulté le )
  8. bnf, « Notice »   [PDF], sur bnf,
  9. John Jaques, « Une mesure de transition : L'aide fédérale à la vieillesse indigente », Revue Pro Senectute,‎ , p. 30 à 33 (lire en ligne   [PDF])
  10. John Jaques, « La Cité Vieillesse de Genève », Pro Senectute,‎ , p. 7 à 12 (lire en ligne   [PDF])
  11. FLPAI, « Fondation des Logements pour Personnes Âgées ou Isolées »,
  12. Pro Senectute Suisse, « Page d'accueil »,
  13. Max Amberger, « John Jaques »,

Liens externes modifier