Johann Samuel König

mathématicien allemand

Johann Samuel König (également orthographié Kœnig), né le à Büdingen, mort le à Zuilenstein, est un mathématicien allemand.

Biographie modifier

Fils de Samuel-Henri Kœnig, pasteur et professeur à Berne, König devient l'élève de Jean Bernoulli et donne une traduction en français des Éléments d'Euclide[1]. Dans ce livre[2], se fait sentir l'héritage du formalisme de Pierre Hérigone et de François Viète[réf. souhaitée].

Présenté par Maupertuis, il enseigne les mathématiques à la marquise du Châtelet, et la convertit aux vues de Leibniz, en dépit de Voltaire.

Il devient, vers 1745, professeur de philosophie à Franeker, et en 1749 professeur de philosophie et de droit naturel à La Haye.

Il est correspondant de l'Académie des Sciences de Paris à partir de 1740 et membre de l'Académie de Berlin en 1749[3].

Querelle de Maupertuis modifier

Membre de l’Académie de Berlin, König eut à y subir un procès fomenté par Maupertuis, son ancien ami devenu président de cette académie, à cause du principe de moindre action dont Maupertuis s’attribuait l’invention[4]. König ayant publié un fragment d'une lettre de Leibniz disant : « J’ai remarqué que dans les modifications des mouvements, elle [l'action] devient ordinairement un maximum ou un minimum », Maupertuis le dénonça comme un faux, et il s'ensuivit un scandale qui vit Euler rédiger un rapport qui conduisit l'Académie de Berlin à condamner König.

La lettre[5], « toute leibnizienne de style et d'esprit[6] », a depuis été reconnue authentique, tant par l'enquête de Gerhardt[7],[8],[9], que par la découverte à Gotha d'un exemplaire de cette lettre[10].

Voltaire prit la défense de König[11], notamment en publiant un de ses pamphlets les plus comiques, le Docteur Akakia[12] que le roi de Prusse Frederic II fit brûler en place publique[13] le 24 décembre 1752 ; ce qui obligea Voltaire à quitter abruptement Berlin, où il était pensionné par le roi.

De son côté König répliqua en publiant un Appel au public où sont consignées toutes les pièces de cette affaire, dont l'intégralité de la lettre de Leibniz, laquelle expose sa conception de la continuité, définit la quantité d'action en physique, et demeure l'une des plus importantes du volumineux fond leibnizien, quoiqu'elle n'ait guère été republiée depuis[14].

Publications modifier

  • Johann Samuel König, Élémens de géometrie contenant les six premiers livres d'Euclide, [lire en ligne].
  • Johann Samuel König, Appel au public du jugement de l'Académie Royale de Berlin, sur un fragment de Lettre de Mr. de Leibnitz cité par Mr. Koenig, Leide, Elie Luzac fils, (lire sur Wikisource) (sur Gallica).

Bibliographie modifier

Références modifier

  1. Antoine-Alexandre Barbier, Dictionnaire historique,p. 1585 [lire en ligne].
  2. Johann Samuel König, Élémens de géometrie contenant les six premiers livres d'Euclide, p. 371 [lire en ligne]
  3. Louis Couturat, La logique de Leibniz d'après des documents inédits, Paris, Alcan, (lire en ligne), p. 577.
  4. Couturat, La logique de Leibniz, p. 577 : « König soumit à Maupertuis, à la fin de 1750, le manuscrit d'un mémoire où il critiquait le principe de la moindre action, et où il avançait que Leibniz en avait déjà eu l'idée, sans vouloir par là diminuer le mérite et contester l'originalité de Maupertuis, et en lui en faisant au contraire honneur. Maupertuis le lui rendit sans l'avoir lu, en l'assurant qu'il ne voyait aucun inconvénient à ce qu'il fût publié (König lui avait même offert de le supprimer s'il déplaisait à Maupertuis) ».
  5. Appel au Public, p. 166 (42) ; lettre du 16 octobre 1707 exposant le Principe de continuité en physique puis, sur la dimension d'Action : « J’ai remarqué que dans les modifications des mouvements, elle devient ordinairement un maximum ou un minimum ».
  6. Couturat, La logique de Leibniz, p. 579.
  7. Martial Gueroult, Leibniz - Dynamique et métaphysique suivi d'une Note sur le principe de la moindre Action chez Maupertuis, Aubier-Montaigne, Paris, 1967, p. 215 (réédition de Dynamique et métaphysique leibniziennes, Bulletin de la Faculté des Lettres de Strasbourg, 1935).
  8. (en) O'Connor & Robertson, The Berlin Academy and forgery, University of St Andrews, Ecosse (lire en ligne).
  9. C. I. Gerhardt concluait ainsi en 1898 son enquête sur cette lettre : « La lettre est écrite par Leibniz. Il est également prouvé, avec une probabilité proche de la certitude, qu’elle était adressée à Varignon [et non à Hermann] » (Über die vier Briefe von Leibniz, die Samuel König in dem Appel au public veröffentlicht hat (Sur les quatre lettres que Samuel König a publié dans son Appel au Public), Sitzungsberichte der Königlich Preußischen Akademie der Wissenschaften, I, pp. 419-427 (lire en ligne).
  10. (de) Willy Kabitz, Uber eine in Gotha aufgefundene Abschrift des von S. Koeing in seinem Streite mit Maupertuis und der Akademie veröffentllichten, seiner Zeit für unecht erklärten Leibnizbriefes, Sitzungsberichte der K. Preusischen Akademie der Wissenschaften zu Berlin, 2 (1913), 632-638.
  11. Voir les lettres de Voltaire :
    - 18 septembre 1752, Réponse d'un académicien de Berlin à un académicien de Paris (« Voici l’exacte vérité qu’on demande... », lire sur wikisource) ;
    - 17 novembre 1752, à M. König (lire sur wikisource).
  12. Histoire du docteur Akakia et du natif de St-Malo (lire en ligne).
  13. Lettre de Frederic II à Voltaire, n° 3976 de la Correspondance de Voltaire, année 1759 (lire sur Wikisource).
  14. Lire cette lettre célèbre sur Wikisource.

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

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