Jean de Bazelaire de Ruppierre

militaire français

Jean de Bazelaire de Ruppierre
Naissance
Décès (à 27 ans)
Constantine (Algérie)
Origine Drapeau de la France France
Arme Troupes coloniales
Grade Capitaine
Années de service 1936 – 1943
Commandement 6e compagnie, 2e bataillon du Régiment de Marche du Tchad (1943)
Conflits Deuxième Guerre mondiale
Distinctions Chevalier de la Légion d'honneur
Croix de guerre 1939-1945 avec trois citations
Compagnon de la Libération (1942)

Jean Marie Joseph de Bazelaire de Ruppierre ( - ) est un officier français des troupes coloniales, capitaine, qui a servi durant la Seconde Guerre mondiale. Il est Compagnon de la Libération (1942) [1], et mort pour la France (1943)[2].

Biographie modifier

Né de Maurice de Bazelaire de Ruppierre, officier des troupes coloniales, et Paule Eliane Germaine de Job, il appartient à une ancienne famille lorraine de laquelle sont issus, au XXe siècle, quatre généraux[3] et deux amiraux[4], ainsi que huit officiers morts pour la France, dont ses oncles directs Henri et Robert de Bazelaire de Ruppierre[5].

Après des études chez les Maristes de Tien Tsin en Chine, au Lycée Hoche de Versailles et au Lycee Gouraud de Rabat[6], il entre au Prytanée national militaire de La Flèche en 1933[7]. Il est admis à École spéciale militaire de Saint-Cyr, promotion du Soldat Inconnu (1936-1938), où il a pour condisciple Alain de Boissieu. Il sert dans les troupes coloniales. Sous-lieutenant au 16e Régiment de tirailleurs sénégalais (1938), puis lieutenant (1940)[8], il est au Tchad lors de la déclaration de la guerre. Il rallie la France libre dès le .

Avec la colonne Leclerc modifier

Sous les ordres du capitaine Sarazac[9], Bazelaire sert dans la colonne Leclerc[10]. Il commande une section méhariste du Groupe nomade du Tibesti[11][réf. à confirmer] et prend part à l'attaque du fort italien de Tedjéré, dans le désert de Libye[12], menée par un détachement comprenant « en tout 63 dromadaires pour 48 hommes, 25 tirailleurs, 19 guides, 1 bellah et 3 Européens »[13].

« Ordonnée le par le colonel Leclerc, l'opération de Tedjéré, véritable raid commando méhariste, débute le  »[14][réf. à confirmer]. L'attaque du fort, organisée en trois groupes aux ordres du capitaine Sarazac, du lieutenant de Bazelaire et de l'adjudant-chef Marson, a lieu le . Le général Massu écrit: « Après 400 kilomètres particulièrement difficiles, Tedjéré est atteint le 12. Il est vraisemblable que la garnison italienne a été prévenue[15] car, à 150 mètres du fort, les éléments de tête sont accueillis par un tir ajusté d'armes automatiques »[16]. Et « comme la résistance italienne est toujours aussi opiniâtre, après deux heures de combat le capitaine Sarazac ordonne le décrochage à 3 h 30. Le , le détachement atteint le point d'eau de Toummo, après dix-huit heures trente de parcours et une tempête de sable soufflant à contre-sens de la marche. Tous sont exténués »[17][réf. à confirmer].

« Jeune Saint-Cyrien intrépide »[18], « lors de la première campagne du Fezzan[19], en , Bazelaire participe à l'attaque, cette fois victorieuse, du même poste de Tedjéré »[20]. Puis, lors de la deuxième campagne du Fezzan, en [21], « il joue un rôle décisif dans la capitulation de la garnison italienne du Gatroun »[20].

En 1943, Jean de Bazelaire est engagé dans les combats pour la libération de la Tunisie et reçoit le commandement du Groupe nomade du Tibesti. Promu capitaine, il rejoint le Régiment de marche du Tchad dès sa création, en , et commande la 6e compagnie du 2e bataillon de ce régiment. Jean de Bazelaire est tué lors d’un exercice de pose et relève de mines, près de Constantine, en Algérie, le . Il avait 27 ans[22].

Dans ses mémoires, Sept ans avec Leclerc, le général Massu se souvient du « capitaine de Bazelaire, chef magnifique, enthousiaste et rayonnant, qui avait derrière lui, comme méhariste au Tibesti, un passé légendaire et que j'aimais comme un jeune frère ». Il « sera un des premiers sur la liste noire des tôt disparus »[23].

L’armée des poètes modifier

Dans un ouvrage sur L’Épopée du Fezzan, publié à Alger en 1944, Paul Moynet écrit, non sans lyrisme: « L’armée de Gaulle, l’armée Leclerc, comme l’armée Koenig, c'est l’armée des poètes (...) Vous étiez un poète, ami Bazelaire, commandants Politti, Massu, vous tous, les acharnés. Vous n'appeliez pas ça de la résistance. Ce n'est pas pour une décoration, une place, un « job » que vous trimiez, mais pour l’Idée. Et le général Leclerc, l' Animateur, haut, maigre et tendu, entraînait vers la victoire une équipe de diables qui chantaient: « On montre au monde comment la France, la vraie, la pure, bombe le torse. À nous, le Fezzan, pour commencer ! »[24].

Jean de Bazelaire de Ruppierre est inhumé à Recey-sur-Ource, en Côte d’Or.

Grades et Commandements modifier

Décorations modifier

Documents et références modifier

  • Le raid sur le fort de Tédjéré ( - ) - «Le , le capitaine Maurice Sarazac part pour Tédjéré avec un groupe de raid qui comprend 48 hommes : 25 tirailleurs, 19 guides – des Fezzanais recrutés pour leur connaissance du terrain et leur volonté de chasser les italiens – un «bellah » qui s’occupait des 63 dromadaires et trois Européens : Sarazac lui-même, son second, le lieutenant de Bazelaire, et l'adjudant-chef Marson. Leur route les amena d’abord à Kourizo puis à Lebo, dans le sud libyen. (…) Ce n’est que le qu'ils atteignirent Domazé, à soixante kilomètres de Tédjéré, avec des chameaux qui commençaient à faiblir. (…) Le (1941), Sarazac approcha suffisamment de Tédjéré pour évaluer les chances de succès du raid. Trouvant le fort plus grand et relativement mieux préparé qu’il ne s’y attendait à la suite de l’opération menée simultanément contre Murzuk, Sarazac se décida pour une attaque de nuit dirigée à partir de trois directions : il prit le centre, Bazelaire le nord et le sergent-chef Marson le sud-est. L’attaque commença à 1:30 du matin, le (1941). La riposte italienne fut lourde, l’air était rempli de tirs de mitrailleuses et bien que les hommes de Sarazac se fussent approchés jusqu'à cinquante mètres du fort, ils furent obligés de se replier sur leur point de regroupement. Le jour suivant, ils se mirent à l’abri dans une palmeraie afin d’éviter d’être détectés par l’aviation italienne, et ne reprirent la marche qu'à la nuit. Surpris en route par une tempête de sable, il leur fallut deux jours pour rejoindre le puits de Toummo. Leurs chameaux étaient dans un état affreux et ils auraient besoin d'un bon repos avant de pouvoir fournir un nouvel effort.» Voir: William Mortimer Moore - Free France's lion: The life of Philippe Leclerc - Casemate publishers - 2011 - pages 104 et 105 (Texte traduit de l'anglais)
  • Le général Leclerc en conversation avec le lieutenant de Bazelaire à Uigh-el-Kébir, lors de la campagne du Fezzan () - (Documents photographiques sur le site de la Fondation Leclerc) [6]
  • Le souvenir du lieutenant de Bazelaire est maintenu dans la région du Tibesti par le Refuge Bazelaire[25], un point de ravitaillement situé dans le désert de Libye sur la route Tunis - N'Djaména (anciennement Fort-Lamy), entre la Passe Kourizou et la Passe Mourizidié (à quelques kilomètres au nord de la frontiere actuelle entre la Libye et le Tchad) [7]. On trouve également une rue Lieutenant Bazelaire à N'Djaména, capitale du Tchad.
  • L'ouvrage d'Yves de Daruvar De Londres à la Tunisie, carnet de route de la France libre [26] porte la dédicace suivante: « Je dédie ce livre aux capitaines de Bazelaire, Dupont et Dubut sous les ordres desquels j'ai eu l'honneur de servir, et qui ont, tous trois, donné leur vie pour la France. À mes chers camarades, volontaires de , les lieutenants Lafon, tombé en Libye, Danis, tombé en Tunisie, Tripier, tombé en Italie, Bâtiment tombé en France. À mes chefs et à tous mes camarades de combat.»
  • Les Français Libres - Jean Marie de Bazelaire de Ruppierre - [8]
  • Mémorial des Morts Pour La France de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr - Jean Marie de Bazelaire de Ruppierre
  • Ministère des Armées - Mémoire des Hommes - Jean de Bazelaire de Ruppierre
  • Biographie sur le site de l'Ordre de la Libération : Jean de Bazelaire de Ruppierre

Notes modifier

  1. Ordre de la libération - Décret du 23 mai 1942 - Onze Compagnons nommés, 157e dans l'Ordre
  2. Jean de Bazelaire de Ruppierre – Mémorial des Morts Pour La France de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr
  3. Liste de généraux français célèbres du XXe siècle
  4. Yves de Bazelaire
  5. Henri de Bazelaire de Ruppierre, mort pour la France le 2 mars 1916 ; Robert de Bazelaire de Ruppierre, mort pour la France le 26 septembre 1915, Mémorial des Morts Pour La France de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr [1]
  6. Son père, le colonel de Bazelaire de Ruppierre, commande alors le Régiment d'Infanterie coloniale du Maroc (RICM) en operations dans le Rif marocain
  7. Voir : Journal officiel de la République française, 27 juillet 1933
  8. Voir : Journal officiel de la République française, 21 juillet 1940
  9. Maurice Sarazac (1908–1974), Saint-Cyr (1930, promotion Joffre), troupes coloniales. Commandant la 10e compagnie du Régiment de Marche du Tchad (1943). Il participa au débarquement de Normandie (août 1944) et s'illustra avec ses hommes à Argentan (13 août 1944), puis servit en Indochine. Général de division, Commandeur de la Légion d'honneur, Compagnon de la Libération [2]
  10. William Mortimer Moore, Free France's Lion: The Life of Philippe Leclerc, Casemate Publishers, 2011, p. 104 et 105
  11. Dominique Lormier, Histoire de la France militaire et résistante, Première partie 1939-1942, Éditions du Rocher, 2000, page 206
  12. Général Jacques Massu, L’épopée saharienne de la colonne Leclerc – L’Espoir, no 107, juin 1996. En ligne sur le site de la Fondation Charles de Gaulle [3]
  13. Général Jean Compagnon, Leclerc, Maréchal de France, Flammarion, 1994, pages 204 et 205
  14. Dominique Lormier, Les commandos de la Seconde Guerre Mondiale, Nouveau Monde éditions, Paris, 2014 [4]
  15. Le groupe français a été trahi « par un guide indigène, Korel, qui a pris la fuite et qu'on n'a pas encore découvert. Il vendit aux Italiens le secret de l’opération. » Voir : Paul Moynet (Préface de Jacques Lorraine), L'Épopée du Fezzan, Office Français d'Éditions, Alger, 1944, page 21
  16. Général Jacques Massu, L’épopée saharienne de la colonne Leclerc, L’Espoir, no 107, juin 1996. En ligne sur le site de la Fondation Charles de Gaulle
  17. Dominique Lormier, Les commandos de la Seconde Guerre Mondiale, Nouveau Monde Éditions, Paris, 2014
  18. Pierre Croidys, Le général Leclerc, Éditions Spes, Paris, 1948, page 74
  19. Le territoire du Fezzan, dans le désert de Libye, était alors sous contrôle italien
  20. a et b Voir : Biographie de Jean de Bazelaire de Ruppierre – Ordre de la Libération
  21. Pierre Nord, Leclerc et ses hommes, Éditions G.P. Collection Rouge et Or, Paris, 1952, pages 63 et suiv.
  22. . Sa famille ne fut informée de sa mort qu'en juin 1944. Voir : Jean-François Muracciole, Les Français libres, L'autre Résistance, Tallandier, Paris, 2014, page 187
  23. Jacques Massu, Sept ans avec Leclerc, Plon, Paris, 1974, pages 89 et 91 . Dans cet ouvrage, le général Massu décrit les circonstances de la mort de Bazelaire: « Une mine anglaise Hawkins explose au cours d'un exercice de minage dans un terrain sablonneux alors que le capitaine de Bazelaire circulait dans ce champ de mines, réputées seulement «antichar». Il mourra à 19h 30 après d'atroces souffrances, à l'hôpital Lavran de Constantine. » Voir aussi : Jacques Massu, Le soldat méconnu, entretiens avec Alain-Gilles Minella, Mame, Paris, 1993, pages 112 et 113
  24. Paul Moynet (Préface de Jacques Lorraine), L'Épopée du Fezzan, Office Français d'Éditions, Alger, 1944, page 47 [5]. Une première édition de l'ouvrage du capitaine Paul Moynet, médecin militaire, 1er Bataillon de Marche, parut à Londres, sous le titre: Les campagnes du Fezzan, Publications de la France combattante, Londres, 1943. Une édition en anglais fut publiée simultanément: Victory in the Fezzan
  25. M. Jacqué - Reconnaissance géologique du Fezzan oriental - Notes et Mémoires - Compagnie française des pétroles - 1963 - pages 19 et 20
  26. Voir ci-dessous dans la bibliographie

Bibliographie modifier

  • François Broche et Jean-François Bazin (dir.) - Les Compagnons de la Libération bourguignons - Éditions de l'Armançon - Précy-sous-Thil, 2015. Actes d'un colloque consacré, en , à l'action et à la mémoire de sept compagnons originaires de Bourgogne: Jean de Bazelaire de Ruppierre, Henry Bouquillard, Bernard Chevignard, André Jarrot, Jean Mairey, Christian Megret de Devise et Pierre Pouyade.
  • Yves de Daruvar (Préface du général Ingold) - De Londres à la Tunisie, carnet de route de la France libre - Charles-Lavauzelle & Cie, Éditeurs - Paris, 1945
  • Pierre de Longuemar - Mémorial 1939-1945 - L'engagement des membres de la noblesse et de leurs alliés - Ehret - Paris, 2001 - page 43
  • Dominique Lormier - C'est nous les Africains - L’épopée de l’Armée française d'Afrique 1940 1945 - Calmann-Lévy - Paris, 2006 - pages 108 - 110
  • Dominique Lormier - L'apport capital de la France dans la victoire des alliés - 14-18/39-45 - Cherche Midi - Paris, 2011
  • Dominique Lormier - Les grandes figures de la Résistance - Éditions Lucien Souny - La Geneytouse, 2009. Nouvelle édition: Les grandes figures de la Résistance française, 1940 -1945 - Éditions Sud-Ouest - 2014 - pages 29 - 30
  • Olivier Matthey-Doret - Les Compagnons de la Libération de Côte d'Or - Dijon, 1995 - pages 26 - 29
  • William Mortimer Moore - Free France's lion: The life of Philippe Leclerc - Casemate Publishers - 2011
  • Paul Moynet (Préface de Jacques Lorraine) - L'Épopée du Fezzan - Office Français d'Éditions - Alger, 1944
  • Jean-François Muracciole - Les Français libres - L'autre Résistance - Tallandier - Paris, 2014 - pages 109 - 115

Article connexe modifier