Jean Sainteny

personnalité politique française

Jean Sainteny
Fonctions
Membre du Conseil constitutionnel

(9 ans)
Prédécesseur André Deschamps
Successeur André Ségalat
Ministre des Anciens Combattants et Victimes de guerre

(3 ans, 1 mois et 2 jours)
Gouvernement Pompidou II
Prédécesseur Raymond Triboulet
Successeur Alexandre Sanguinetti
Député français

(1 mois)
Élection 25 novembre 1962
Circonscription 2e de Paris
Législature IIe (Cinquième République)
Groupe politique UNR-UDT
Prédécesseur Michel Junot
Successeur Amédée Brousset (son suppléant)
Biographie
Nom de naissance Jean Roger
Date de naissance
Lieu de naissance Le Vésinet (Seine-et-Oise)
Date de décès (à 70 ans)
Lieu de décès Paris 1er
Parti politique UNR-UDR
Conjoint Lydie Sarraut
Claude Dulong
Enfants Philippe, Guillaume et Elvire Sainteny

Jean Sainteny, né Jean Roger le au Vésinet et mort le à Paris, est un homme politique français, Compagnon de la Libération.

Biographie modifier

Jean Roger (en , il est autorisé à porter officiellement son pseudonyme de résistant : Sainteny) étudie à Paris, aux lycées Condorcet et Janson-de-Sailly. Il intègre la banque de l’Indochine qui l’envoie en Indochine française en . Il rentre en France en pour fonder une affaire d'assurances-conseil.

Seconde guerre mondiale modifier

Démobilisé en , il rejoint la Résistance dans le Cotentin. Il est contacté en par le commandant Georges Loustaunau-Lacau, qui organise un réseau de renseignement avec l'aide (plus ou moins volontaire[Quoi ?]) des autorités vichystes[1]. Jean Roger n'est pas alors rattaché au réseau qui deviendra l'Alliance, et reste dans le Cotentin. Arrêté en , il est relâché faute de preuves[1]. Lui et son groupe rejoignent l'Alliance début 1942[1], Roger conservant le contrôle du secteur du Cotentin[2].

Il recrute notamment le mari de sa sœur, le lieutenant Michel Fourquet[3],[4]. En , il permet à Claude Hettier de Boislambert et à Antoine Bissagnet de s'évader[5].

« Dragon » (nom de code qui lui est attribué) devient peu après le responsable de la Normandie. Arrêté une nouvelle fois en , il s'échappe et passe dans la clandestinité[1], sous le nom de Sainteny. Parti à Londres en , alors que le réseau est quasiment démantelé par les arrestations de ses chefs successifs (Léon Faye en septembre 1943, Paul Bernard en ), Roger retourne en France sur ordre de Marie-Madeleine Fourcade, chef du réseau, afin de prendre la tête des effectifs en zone occupée[6].

Son travail est efficace, permettant à neuf émetteurs situés entre Lorient, Paris, Le Mans et Soissons de transmettre les renseignements[7]. Roger est également responsable du plan « DIP », visant à sonder les personnalités de Vichy concernant l'issue de la guerre. Il semble que des contacts aient été pris au moins avec Pierre Laval, intéressé[8]. À la suite du recrutement d'un radio, agent double, Roger et la plupart de ses agents sont arrêtés le 7 juin[9].

Évadé le de la rue des Saussaies[1], il retrouve Fourcade à la fin du mois, à Paris. Elle vient de reprendre en main la totalité du réseau. Avec les opérations du débarquement de Normandie, les résistants apportermnt directement leurs renseignements à ceux qui en ont besoin[Quoi ?]. Les émissions par radio continuent ; Roger est chargé de transporter une partie du courrier à travers la ligne de front[10]. Roger effectue deux fois ce trajet dangereux[1],[11], apportant notamment au général Patton les renseignements qui lui permettront d'investir Paris.

Après la libération de Paris, Jean Roger permet l'arrestation de Jean-Paul Lien, agent double de l'Abwehr qui avait facilité la capture de Léon Faye causant les arrestations qui ont suivi en [12].

Après-guerre modifier

En , il est commissaire de la République pour le Tonkin et l'Annam du Nord et négocie avec Hồ Chí Minh. Il est à l'origine d'un accord avec le dirigeant Việt Minh pour que l'Indochine demeure dans l'Union française : l'accord Hô-Sainteny, qui devient caduc avec l'éclatement de la guerre d'Indochine. Dès lors, les partisans de la négociation étant devenus minoritaires, Sainteny ne joue plus qu'un rôle secondaire sur le théâtre indochinois. Il est blessé dans une embuscade. Après les accords de Genève de , il retourne à Hanoï comme délégué du gouvernement français auprès du Nord Viêt Nam.

Il est commissaire général au Tourisme de à . Élu député UNR-UDT en de la deuxième circonscription de la Seine (2e et 3e arrondissement de Paris), il entre au gouvernement Georges Pompidou en qualité de ministre des Anciens Combattants et Victimes de guerre. Il est titulaire de ce portefeuille entre le et le .

De l'année à , il est administrateur d'Air France. Il est également administrateur de l’Institut International d’administration publique en , et fondateur et président de l’Office général de l’air en et du Fonds français pour la nature et l’environnement en .

En , il fonde l'Institut international bouddhique qui donne lieu à la création de la pagode du bois de Vincennes[13]. À la cérémonie d'ouverture de cette pagode il prononcé un discours remarqué[14].

À partir de l'année , il sert d'intermédiaire entre Henry Kissinger et l'ambassadeur de Chine à Paris pour établir des contacts avec Zhou Enlaï, ce qui conduit au voyage de Richard Nixon à Pékin en [15].

Le général de Gaulle le nomme membre du Conseil constitutionnel en . Il y reste jusqu'à la fin de son mandat en [16].

Pour lui rendre hommage, l'Académie des sciences morales et politiques distribue annuellement un prix Jean-Sainteny, destiné « à couronner un ouvrage concernant le développement politique, économique ou culturel ou les relations internationales, notamment en Asie du Sud-Est et en Afrique, dans l'esprit qui fut celui de l'action de Jean Sainteny »[17].

Vie privée modifier

En , il épouse Lydie Sarraut (-), devenant ainsi gendre du président du Conseil Albert Sarraut (par ailleurs ancien gouverneur général de l'Indochine). Ils ont un fils.

En , divorcé, il épouse Claude Dulong, archiviste paléographe, qui est plus tard membre de l’Académie des sciences morales et politiques. Ils ont deux enfants, Guillaume et Elvire.

Décorations modifier

Notes et références modifier

  1. a b c d e f et g « Jean Sainteny », sur Musée de l'Ordre de la Libération (consulté le ).
  2. Fourcade, tome 1, p. 259.
  3. Eric Chiaradia, L'entourage du général de Gaulle : juin 1958-avril 1969, Paris, Editions Publibook, , 821 p. (ISBN 978-2-7483-6016-5, lire en ligne), p. 713.
  4. Bernard Dupérier, Chasseur du ciel (1940-1945), Perrin (réédition numérique FeniXX), , 240 p. (ISBN 978-2-262-05740-4, lire en ligne).
  5. Noguères et Degliame-Fouché 1972, Partie 1, chapitre XI : « Novembre 1942 ».
  6. Fourcade, tome 2, p. 270.
  7. Fourcade, tome 2, p. 275.
  8. Fourcade, tome 2, p. 278.
  9. Fourcade, tome 2, p. 377.
  10. Fourcade, tome 2, p. 379.
  11. Fourcade, tome 2, p. 386.
  12. Lormier 2017.
  13. Sciences Po - Centre d'histoire.
  14. https://www.bouddhisme-france.org/la-grande-pagode/activites-a-la-pagode/l-ubf-et-la-pagode/Discours-de-M-Jean-Sainteny
  15. Henry Kissinger, A la Maison Blanche, Paris, FAYARD, , P. 763;768;777.
  16. Conseil Constitutionnel, « Les membres depuis 1959 », sur www.conseil-constitutionnel.fr (consulté le ).
  17. « Prix Jean-Sainteny », sur Académie des sciences morales et politiques (consulté le ).
  18. « - Mémoire des hommes », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )

Bibliographie modifier

Ouvrages de Jean Sainteny modifier

  • 1953 : Histoire d'une paix manquée : Indochine, 1945-1947, éd. Amiot-Dumont
  • 1967 : Histoire d'une paix manquée : Indochine, 1945-1947, seconde édition augmentée d'annexes nouvelles, éd. Fayard
  • 1970 : Face A Hô Chi Minh, éd. Seghers

Autres modifier

Liens externes modifier