Jean Séguy (linguiste)

romaniste français
Jean Séguy
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Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 58 ans)
ToulouseVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Jean Firmin Marie François SéguyVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Philologue, collecteur ou collectrice de chansons traditionnelle, romaniste, professeur d'université, dialectologueVoir et modifier les données sur Wikidata
Rédacteur à
Lo Gai Saber (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Escòla Occitana (d)
Académie des Jeux florauxVoir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
Atlas linguistique et ethnographique de la Gascogne (d), DialectométrieVoir et modifier les données sur Wikidata

Jean Séguy, né le à Toulouse et mort dans la même ville le [1], linguiste, professeur d'université à l'université de Toulouse-le-Mirail. Ethnolinguiste, professeur de langue et littérature d'Oc et de linguistique romane, spécialiste du gascon, inventeur de la dialectométrie. Il est l'auteur de deux thèses : sur le nom populaire des plantes dans les Pyrénées centrales[2] et sur le français parlé à Toulouse[3] et créateur de l'Atlas linguistique et ethnographique de la Gascogne.

« Dépassant la relation originelle entre linguistique historique et linguistique diatopique, usant de façon très neuve d'un atlas purement descriptif, J. Séguy a consacré les dernières années de sa vie à fonder une théorie de la communication dialectale (...) [qui] intéressent au premier chef l'anthropologue (...) » - Daniel Fabre, Jacques Lacroix, Robert Lafont, in Ethnologie française, tome 3, no 3-4, 1973, page 253.

Biographie modifier

Jean Séguy est agrégé de grammaire et a réalisé deux thèses, une thèse principale intitulée Les Noms populaires des plantes dans les Pyrénées centrales[4],[5], soutenue à l'université de Toulouse-le-Mirail en 1948, puis en 1950 une thèse complémentaire intitulée Le Français parlé à Toulouse[6].

Pour mener à bien les enquêtes nécessaires à sa thèse, il travaille au cours de l’été 1944 comme ouvrier agricole dans la vallée de Nistos, où il parle exclusivement gascon et relève in situ le vocabulaire de base, et étudie les réactions des sujets parlants amenés à nommer une plante dans le contexte de situation ; un travail qui relève de l'ethnolinguistique.

Avec Jean Bouzet et Pierre Bec, il participe dans les années 1950 à la mise en place du système orthographique du gascon de l’Education Nationale.

En 1950, Jean Séguy fonde la revue Via Domitia, dédiée à la linguistique, la dialectologie, l'onomastique et l'ethnographie. Parmi les auteurs publiés par cette revue, citons Monseigneur Antoni Griera, Jacques Allières, Charles Joisten, Pierre Bec, Charles Camproux, Gerhard Rohlfs, René Lafon, Daniel Fabre.

Deux fois lauréat de l'Institut de France[7], il est reçu à l'Ordre du Mérite Agricole en 1969[8].

Romaniste occitaniste, spécialiste du gascon, responsable de la philologie à l'institut des études méridionales[9], il est le créateur[8] de l'Atlas linguistique et ethnographique de la Gascogne, dans le cadre du projet de Nouvel Atlas Linguistique de France.

Jean Séguy donne une nouvelle orientation à la recherche universitaire romaniste : la dialectologie moderne. chaire de linguistique et philologie romanes

Il est important de noter qu'avec Jean Séguy l'intitulé de la chaire de philologie romane qu'il occupe à la faculté des lettres s'enrichit de linguistique et devient la «chaire de linguistique et philologie romanes»[10]. Son ouvrage intitulé Le français parlé à Toulouse, montre comment l'occitan en déclin sème à foison dans le français parlé à Toulouse également appelé Francitan.

Jean Séguy était également botaniste et naturaliste, pionnier en Ethnobotanique[11].

Dialectologie et dialectométrie modifier

Jean Séguy est une référence en matière de dialectologie romane y compris auprès des plus grands dialectologues comme Manuel Alvar[12].

Il dirige l'Atlas Linguistique et ethnographique de la Gascogne, dans le cadre du projet porté par le CNRS d'un Nouvel Atlas Linguistique de France, coordonné par Mgr Gardette, d'abord avec la collaboration de l'abbé Théobald Lalanne, qui pousse très loin l'aréologie linguistique[13], met en évidence dès 1950 des sous-ensembles dialectaux graduels[14] et invente l'interpoint en 1953. Les travaux de l'abbé Lalanne, en dehors de l'Atlas pour lequel il est enquêteur sur les premiers volumes, sont diffusés de manière très limitée et demeurent méconnus. Parallèlement sur le même projet national, Henri Guiter responsable de l'Atlas linguistique et ethnographique des Pyrénées Orientales[15], innove par ses cartes extra-linguistiques et ses mesures dialectologiques précises, sa méthode d'enquête directe.

Jean Séguy, nourrit par ces collaborations au sein de ce grand projet national, achève de mettre au point une nouvelle discipline quantitative : la dialectométrie[7],[16],[17],[18],[19],[20],[21], qu'il décrit en 1971[22] puis précise et nomme en 1973 dans la Revue de linguistique romane[23]. Les tomes IV, V mais surtout VI de l'Atlas linguistique et ethnographique de la Gascogne[24] qu'il dirige, mettent cette discipline en œuvre.

Séguy définit ainsi la dialectométrie : « Soit deux localités extrêmes A et B situées sur une droite et une série de localités intermédiaires b, c, d.. x, on compte une unité de différence chaque fois que pour un signifié donné apparaît un signifiant nouveau, cette variation pouvant être lexématique - un nouvel étymon entrant en jeu - ou phonétique ; les différences morphologiques sont comptabilisées de même »[25].

Xavier Ravier résume, en 1974, la définition[26] de cette discipline comme la « mesure mathématique de l'incidence réelle de la variation des parlers dans l'espace ».

Hans Goebl[27] formule en 1983 une définition qui reflète son usage intense de l'outil informatique : « dialectométrie = géographie linguistique + taxonomie numérique ». La dialectométrie connait d'importants développements, notamment grâce à l'apport de l'informatique et des calculs statistiques.

Publications modifier

  • L'enquête en haute Gascogne, revue Le Français Moderne, 3, 1947, p. 181-183,
  • Le Français parlé à Toulouse, Cressé, Éditions des régionalismes, 2015. Première édition en 1950.
  • L'Atlas linguistique de la Gascogne, revue le Français Moderne, 4, 1951, p. 242-263
  • Les noms du têtard dans l'Atlas linguistique de la Gascogne, Annales de la faculté des lettres de Toulouse, 1952,
  • Les noms populaires des plantes dans les Pyrénées centrales, thèse, université de lettres de Toulouse, Barcelona, Consejo superior de investigaciones científicas Instituto de estudios pirenaicos, 1953.
  • Essai sur l'état des palatales et de -d- roman en occitan du XIIe siècle, Annales de la faculté des lettres de Toulouse, 1953, pp. 169-220,
  • Atlas linguistique et ethnographique de la Gascogne, 6 volumes, éditions du CNRS, 1954-1973,
  • Raport sul concors de lenga d'òc, (brochure) (10 p.), 1955.
  • Les cartes auxiliaires de l'Atlas linguistique de la Gascogne : essai d'aréologie méthodique, Via Domitia no 3, 1956, p. 36-62.
  • Noms de l'étincelle en Gascogne, Miscelanea filologica dediscada A Mons. A. Griera, 2, Barcelona, 1960, pp. 353-359,
  • Essai de cartographie phonologique appliquée à l'Atlas linguistique de la Gascogne, Actes du 10e congrès international de linguistique et de philologie romanes, 3, P., 1965, pp. 1029–1050,
  • « Garbure », in Mélanges de linguistique et de philologie romanes offerts à Monseigneur Pierre Gardette, p. 433-437, Strasbourg, C.Klincksieck, 1966,
  • Structures sémantiques des noms désignant en gascon les catégories d'animaux d'élevage, Via Domitia 12-13, 1967, p. 1-13,
  • La relation entre la distance spatiale et la distance lexicale, Revue de linguistique romane, 139-140, 1971, p. 335-357
  • Les atlas linguistiques de la France par région, Revue Langue Française, no 18, 1973, p. 65-90
  • La dialectométrie dans l’Atlas linguistique de la Gascogne, Revue de linguistique romane, vol. 37, 1973, p. 1-24
  • La fonction minimale du dialecte, les dialectes romans de France à la lumière des atlas régionaux, 1973, p. 27-42,
  • (Co-direction) Poèmes chantés des Pyrénées gasconnes, avec Xavier Ravier, Paris, CNRS-Centre régional de publications de Toulouse-Pyrénées, 1979.

Notes et références modifier

  1. « matchID - moteur de recherche des personnes décédées », sur deces.matchid.io (consulté le )
  2. Jean Séguy, linguiste, Les noms populaires des plantes dans les Pyrénées centrales, Barcelone, (lire en ligne)
  3. Jean Séguy, linguiste, Le français parlé à Toulouse, Toulouse, (lire en ligne)
  4. Thèse ès lettres, université de lettres de Toulouse, notice Sudoc [1].
  5. Robert Lucot, « Chronique linguistique et philologique : Séguy (Jean), Les noms populaires des plantes dans les Pyrénées centrales, Barcelona, 1953 (Monagrafias del Institute de Estudios pirenaicos) », Annales du Midi, vol. 66, no 26,‎ , p. 198–199 (lire en ligne, consulté le )
  6. Thèse complémentaire, notice du Sudoc [2].
  7. a et b Jacques Allières, Jean-Louis Fossat, Xavier Ravier et Philippe Wolff, « Jean Séguy (1914-1973) », Annales du Midi, vol. 85, no 113,‎ , p. 367–369 (lire en ligne, consulté le )
  8. a et b Jean-Louis Fossat, « Un pionnier français de l'Ethnoscience : Jean Séguy », Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée, vol. 21, no 7,‎ , p. 247–250 (lire en ligne, consulté le )
  9. Philippe Wolff et Marcel Durliat, « L'Institut d'Études méridionales de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Toulouse », Revue Historique, vol. 227, no 2,‎ , p. 455–458 (ISSN 0035-3264, lire en ligne, consulté le )
  10. Jean francois Courouau, « UT2J - Section d’Occitan - Depuis 1883 », sur UT2J - Section d’Occitan (consulté le )
  11. Jean-Louis Fossat, « Un pionnier français de l'Ethnoscience », Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée,‎ , p. 247-250 (lire en ligne)
  12. René Cotrait, « Manuel Alvar, Estructuralismo, geografía lingüística y dialectología actual », Bulletin hispanique, vol. 72, no 3,‎ , p. 491–492 (lire en ligne, consulté le )
  13. Théobald Lalanne, L'indépendance des aires linguistiques en Gascogne maritime : parution 1949, Labatut, Atelier Histoire trait d'union, , 148 p. (ISBN 978-2-9523697-5-6, lire en ligne)
  14. Jean-Louis Fossat, « Le parcours de Th. Lalanne : du recueil de données (1947-1952) aux cartes synthétiques de l’Atlas linguistique de la Gascogne maritime », Géolinguistique, no 16,‎ , p. 107–129 (ISSN 0761-9081, DOI 10.4000/geolinguistique.517, lire en ligne, consulté le )
  15. Hans Goebl, « Matrices, distances et interpoints. Etude dialectométrique sur les isoglosses quantitatives », Annales de Normandie, vol. 15, no 1,‎ , p. 113–137 (DOI 10.3406/annor.1983.3899, lire en ligne, consulté le )
  16. Jean-Claude Dinguirard, « Jean Séguy (1914-1973) », Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d’ethnologie, vol. 1, no 2,‎ , p. 67–68 (lire en ligne, consulté le )
  17. Auer, Peter, 1954- et Schmidt, Jürgen Erich., Language and space : an international handbook of linguistic variation. volume 1, Theories and methods, De Gruyter Mouton, (ISBN 978-3-11-022027-8 et 311022027X, OCLC 654408525, lire en ligne)
  18. (en) Auer, Peter, 1954- et Lameli, Alfred., Language and space : an international handbook of linguistic variation., Berlin/New York, De Gruyter Mouton, ©2010 -, 889 p. (ISBN 978-3-11-018002-2, 3110180022 et 9783110196092, OCLC 297145587, lire en ligne)
  19. Hinskens, Frans., Dutch., De Gruyter, , 958 p. (ISBN 978-3-11-026133-2 et 3110261332, OCLC 865330184, lire en ligne)
  20. Gotzon Aurrekoetxea et Charles Videgain, « Le traitement dialectométrique du corpus Bourciez de 18951 », Géolinguistique, no 17,‎ , p. 49–98 (ISSN 0761-9081 et 2650-8176, DOI 10.4000/geolinguistique.431, lire en ligne, consulté le )
  21. Hans Goebl, « LE LABORATOIRE DE DIALECTOMÉTRIE DE L'UNIVERSITÉ DE SALZBOURG. Un bref rapport de recherche », Zeitschrift für französische Sprache und Literatur, vol. 118, no 1,‎ , p. 35–55 (ISSN 0044-2747, lire en ligne, consulté le )
  22. Jean Séguy, La relation entre la distance spatiale et la distance lexicale, G. Straka, Palais de l'université, (lire en ligne)
  23. Jean Séguy, « La dialectométrie dans l’Atlas linguistique de la Gascogne », Revue de linguistique romane, vol. 37,‎ , p. 1-24 (lire en ligne)
  24. Thomas Field, « Jean Séguy, l’Atlas linguistique de la Gascogne et la sociolinguistique variationniste », sur Université du Maryland, comté de Baltimore
  25. Daniel Fabre, Jacques Lacroix et Robert Lafont, « Perspectives en ethnolinguistique occitane », Ethnologie française, vol. 3, nos 3/4,‎ , p. 253–264 (ISSN 0046-2616, lire en ligne, consulté le )
  26. Ravier, Xavier, « Jean Séguy (1914-1973) », Romania, vol. 95, no 377,‎ (lire en ligne, consulté le )
  27. Hans Goebl, « Parquet polygonal et treillis triangulaire : les deux versants de la dialectométrie interponctuelle », Revue linguistique Romane, vol. 43,‎ , p. 353-411 (lire en ligne)

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • J.C. Dinguirard, Jean Séguy, Essai de bibliographie, in Hommage à Jean Séguy, 2 volumes, Annales de l'université de Toulouse-Le Mirail, nouvelle série, t. 14 , 1978. [3]
  • Xavier Ravier, « Jean Séguy et la traversée du langage gascon : réflexions sur une topogenèse géolinguistique », Revue de linguistique romane, no 159-160, 1976, p. 389-402 [lire en ligne] .
  • Thomas Field, « Jean Séguy (1914-1973), l'Atlas linguistique de la Gascogne et la sociolinguistique variationniste », dans Jean-François Courouau et Hélène Débax (dir.), Cent ans de recherches méridionales à Toulouse : l’Institut d’études méridionales (1914-2014), Toulouse, Presses universitaires du Midi, coll. « Méridiennes », , 420 p. (ISBN 978-2-8107-0550-4), p. 229-237

Articles connexes modifier

Liens externes modifier