Jean-Pierre Stoppa

diplomate suisse

Jean-Pierre Stoppa ou Stuppa, (également prénommé Pierre par de nombreux auteurs et documents d'archives, notamment dans le dossier bleu, Cabinets des Titres cote P.O. 2729), né en , à Chiavenna et mort le 6 ou , à Paris, est un officier d'origine suisse, qui mena une brillante carrière diplomatique et militaire au service du roi Louis XIV.

Biographie modifier

Origines modifier

Jean-Pierre Stoppa naît en , à Chiavenna[1]. Issu de la famille Stoppa, il est le fils de Jean-Baptiste Stoppa et Lavinia Stoppa[2] ( Le DHS le donne fils du médecin Nikolaus[1]). Il a un frère de Jean-Baptiste.

Carrière modifier

Jean-Pierre Stoppa commence sa carrière militaire en 1636 comme cadet dans la compagnie franche au service de la France, que son oncle Jean Antoine de Stoppa avait levé en 1635[3]. Deux ans plus tard, il est porte-drapeau et en 1640, est nommé lieutenant[4]. Devenu capitaine en 1652, il s’illustre en Italie lors des combats de La Roquette le et de Bornida le , et se bat en Franche-Comté en 1659.

 
Tableau présentant Jean-Pierre Stoppa, sa femme et Anne de la Bretonnière accompagnée d'une jeune fille

Converti au catholicisme, Jean-Pierre Stoppa épouse en 1661 Anne Charlotte de Gondi, fille illégitime de Jean Baptiste de Gondi., née en 1627[5] Le roi Louis XIV, le , le nomme brigadier au grade de colonel du régiment Stoppa le Vieux[4]. Dès sa nomination, il engage son régiment dans l’armée des Pays-Bas, commandée par le roi en personne.

Il se distingue au siège de Doesbourg, aux combats de Woërden et à la prise d'Utrecht. Il est le commandant de cette ville sous les ordres du duc de Piney Luxembourg, jusqu’au [6].

En tant que commandant, il écrit à Louvois, au prince de Condé et au roi pour les informer des exactions menées par les troupes françaises aux alentours de la ville d’Utrecht[7]. À Ultrecht, il rencontre le philosophe Spinoza[8].

Dès fin 1673, il se bat en Hollande sous la conduite du duc de Piney Luxembourg. Après la destruction de Bodegrave et de Zwammerdam, il revient sur la frontière française et s'engage dans l’armée du prince de Condé. En , il se distingue à la bataille de Séneff avec l’armée du prince de Condé.

Entre 1674 à 1688, pendant la minorité de Louis Auguste de Bourbon, Jean-Pierre Stoppa assure la fonction de colonel-général des Suisses. En 1675, il contribue à la prise de Liège et aux sièges de Dinant, de Huy et de Limbourg[9]. Le , il est nommé maréchal de camp[10], il est présent aux sièges de Landrecies () et de Condé-sur-L'Escault, et protège les armées qui assiègent Bouchain, Saint-Ghislain et d’Aire.

En 1677, il participe aux sièges de Cambrai et de Valenciennes.

Le , il est nommé lieutenant général des armées du roi et prête serment au roi dans la plaine des Sablons en présence de son régiment.

Un jour, Louvois, très économe des deniers du royaume et jamais pressé de payer les soldes des soldats dit au roi, en présence de Jean-Pierre Stoppa : « Sire, on est toujours pressé par les Suisses. Si votre majesté avait tout l’argent qu’elle et ses prédécesseurs ont donné aux Suisses, on pourrait paver d’argent une chaussée de Paris à Bâle. » Stoppa réplique : « Cela peut être vrai, sire, mais s’il était possible de ramasser tout le sang que ma nation a versé pour le service de sa majesté et celui de ses prédécesseurs, on pourrait faire un canal de Bâle à Paris »[11].

Le , il est colonel du régiment des Gardes Suisses, avec la permission de garder son régiment à son nom[4].

Dans ses mémoires Saint-Simon mentionne : « Jamais Suisse ne posséda en même temps en France autant de régiments et de compagnies que Stuppa. »[12].

Mort et sépulture modifier

Tout au long de leur vie, le couple Stoppa se montra très généreux avec l'hôtel-Dieu de Château-Thierry, le transformant en un vrai hôpital, capable d'accueillir les nécessiteux des environs. Ils financeront le rattachement de nombreuses maladreries voisines. Une grande partie des collections actuellement présentées dans l'hôtel-Dieu, transformé en musée, sont issus de leurs dons[13]. Lorsque son épouse, Anne Charlotte de Gondi, meurt le à Paris[14], elle est inhumée dans la chapelle du monastère de Château-Thierry[15]. Jean-Pierre Stoppa meurt quant à lui à son décès, le 6[16] ou à Paris[1], en son hôtel de la rue Michel-Lecomte. Il est inhumé, le , près de son épouse. Anne de la Bretonnière, femme présentée comme leur nièce dont l'ascendance mena à de nombreux questionnements, fut aussi enterrée à leur côté à sa mort en 1714.

Références modifier

  1. a b et c Martin Bundi Traduction : Monique Baud-Wartmann, « Jean-Pierre Stuppa » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  2. Jacques Augustin Galiffe, Notices généalogiques sur les familles genevoises (vol.3 ), Genève, J. Barbezat, 1829-1895 (lire en ligne), p. 463-466.
  3. Mathieu da Vinha, Au service du roi, dans les coulisses de Versailles, Paris, Tallendier, , 350 p. (ISBN 979-10-210-1004-8), Chapitre 3
  4. a b et c Emmanuel May, Histoire militaire de la Suisse, Lausanne, Suisse, J. P. Heubach et compagnie, , tome 6, pages 97, 100, 101 et 258
  5. Fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie de l'Aisne, tome 30, édition de 1985, page 18.
  6. J. Cooréard, Journal des sciences militaires, Librairie militaire et polytechnique, , tome 22, 4e série, pages 261 et 262
  7. Abbé François Girard, Histoire abrégée des officiers suisses..., Fribourg, Suisse, B. Louis Piller, , tome 3, pages 104, 111 et 112
  8. Journal officiel de la République française, 13 octobre 1925, page 9856, rapport Académie des sciences morales et politiques, séance du samedi 10 octobre 1925.
  9. J. Cooréard, Journal des sciences militaires, Librairie militaire et polytechnique, , tome 22, 4e série, pages 261 et 261
  10. Histoire de la représentation diplomatique de la France auprès des cantons suisses, Berne, Suisse, Stampfli et compagnie, , tome 3, page 1153
  11. Bulletin de la société archéologique historique et scientifique de Soissons, édition Librairie de Lalance et Voyeux-Solin, Soissons, 1928, pages 223 et 224.
  12. Louis de Rouvroy de Saint-Simon, Mémoires de Saint-Simon, Paris, Hachette, 1879-1931, tome 8, pages 34, 35 et 36.
  13. « Conférence : "l'incroyable Monsieur Stoppa" | Conseil départemental de l'Aisne », sur aisne.com (consulté le )
  14. Baron de Zür-Lauben, Histoire militaire des suisses au service de la France, Paris, Chez Desaint et Saillant, Jean-Thomas Hérissant et Vincent., , tome 1, pages 359 et 400
  15. Histoire de la représentation de la France auprès des cantons suisses, Berne, Suisse, Stampfli et compagnie, , tome 8, page 524
  16. Mathieu Da Vinha, Au service du roi : Dans les coulisses de Versailles, Paris, Tallandier, , 352 p. (lire en ligne), p. 61 - 78 - chapitre 3 - Pierre Stoppa : colonel du régiment des gardes suisses

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Dominique Georges Colliot, Un canal de sang de Bâle à Paris : histoire de la famille Stoppa, Paris, Éditions du Palio, , 445 p. (ISBN 978-2-354-49091-1, OCLC 1121600736), pages 61 à 126

Articles connexes modifier

Liens externes modifier