Jean-Gabriel Thiébault

militaire français

Jean-Gabriel Thiébault, né le à Montmédy (Meuse) et mort le à Paris, est un militaire du génie, polytechnicien qui commence sa carrière sous le Consulat, la poursuit sous l’Empire et devient général sous la monarchie de Juillet.

Jean-Gabriel Thiébault
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Formation
Activité
Fratrie
Joseph-Charles-Auspice Thiébault (d)
Louise-Joseph-Madeleine-Victoire Jamin (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Distinctions

Biographie modifier

Enfance modifier

Jean-Gabriel Thiébault né le 22 mars 1783 à Montmédy[1], est le fils de Charles Gabriel Thiébault et de Josèphe Rosalie Urbain[2]. Son père est avocat en parlement, conseiller du roi et lieutenant en la prévôté royale et bailliagère de Montmédy. Son parrain est son grand-père paternel Jean Thiébault (époux de Barbe Ursule Carmouche)[3]. En 1792, Charles-Gabriel est l'un des deux juges de paix du district de Montmédy, chargé pour sa part de la ville de Montmédy[4].

Son frère, Joseph Charles Auspice Thiébault sera maire de Thionville (1844-1861) et chevalier de la Légion d'Honneur en 1852. Sa sœur Louise-Joseph-Madeleine-Victoire, deviendra l'épouse du général de division vicomte Jean-Baptiste Jamin[2], et le neveu du général Thiébault, Paul-Victor Jamin, sera le commandant de l'expédition de Chine[5],[6].

Son éducation fut prise en charge par son oncle, le curé de Montmédy, Gilles Urbain et par l'abbé Bergnier, curé de Ville-es-Cloye[3].

Sous l'Empire modifier

Ses bons résultats scolaires lui ont permis, à l'âge de seize ans et par dispense d'âge, d'être admis à l’École polytechnique (Promotion de l'an 10) le [3],[6]. Il en sort en 1803[7] et rejoint le l'école de Metz[8]. À l'issue de ces quatre années[9], il s’engage dans le génie. D'abord affecté en 1806 comme lieutenant à Luxembourg, il passe en 1809 en Espagne. Il sert notamment au siège de Valence (où il est major du génie et chef d’attaque). Dans le corps du général Dupont, il est fait prisonnier à la bataille de Bailén ()[8]. Il sera libéré peu après[10].

 
Siège de Tarragone

Passé capitaine, il est aide de camp du général Rogniat, et participe à plusieurs des plus célèbres sièges de la guerre d'Espagne : siège de Sagonte (1811), Tortosa, Tarragone et Valence[11],[8]. Le au siège de Tarragone (1811), le capitaine Thiébault, placé à la tête de 50 grenadiers et formant une des cinq colonnes d'assaut parvient à s'emparer d'une demi-lune puis en l'escaladant, du Fort Royal et pourchassant les fuyards parvient à entrer dans le bastion San Domingo[12]. Cet acte lui vaudra d'être nommément cité dans le Moniteur Universel[13] mais aussi de recevoir une gratification de deux mois de solde[14]. Peu après, il recevra aussi un brevet de Chef de bataillon du génie et pour son courage encore démontré lors du siège de Sagonte en octobre 1811, il reçoit à nouveau un mois de solde en gratification soit 333 francs[15],[16]. Au siège de Valence, le général Rogniat demande aux chefs de bataillons Pinot et Thiébault de remplacer le colonel du génie Henry tué en ouvrant des parallèles[17]. Il se distingue ensuite à Bautzen, et devient lieutenant-colonel. Il dirige ensuite la défense de l’Elbe à Dresde, et fait prisonnier par les Russes lors de la prise de cette ville, est emmené en Hongrie. Il rentre en France en 1814[18].

Il est alors nommé chef du génie à Sedan le [6]. Durant les Cent-Jours, il se rallie à l’empereur, et participe à la bataille de Waterloo en tant que chef d'état-major du génie au 3e Corps[18].

Restauration modifier

Il reste ensuite dans l’armée et en 1816, il est nommé ingénieur en chef de la place de Verdun[6]. Il y propose un nouveau plan de fortifications qui est bien accueilli par les autorités supérieures, et il est nommé colonel en 1825. Il prend le commandement du 1er régiment du Génie. En septembre 1827, le roi Charles X passe en revue à Arras le 12e régiment de Chasseurs commandé par le comte de Maillé et à la citadelle le 1er régiment du Génie sous les ordres du colonel Thiébault[19]. En août 1831, il quitte ce commandement pour prendre la direction de la place de Verdun comme directeur du Génie en remplacement du colonel de Beaufort d'Hautpoul, décédé[20]. Il prend ensuite la direction du Génie de la Place de Metz le [6]. À ce titre, il a sous sa responsabilité, les directions de Metz et de Mézières, l'école régimentaire du génie et l'arsenal du génie à Metz, le 2e régiment du Génie et une compagnie d'ouvriers[21].

Sous la monarchie de Juillet, il est envoyé en Algérie[1], et participe au siège de Constantine. Le 24 mars 1838, il est remplacé à son poste de directeur des fortifications en Afrique par le colonel Vaillant, à sa demande pour pouvoir remplir un poste équivalent en métropole[22]. La même année, il est nommé aux fortifications de Lyon qu'il commence à construire. Il fait ensuite un passage comme directeur de la 24e Direction des fortifications, celle de Paris[23], alors que la construction des nouvelles fortifications voulues par Thiers et dirigée par le général Dode de la Brunerie débute[6]. Nommé général le , il est presque aussitôt (29 janvier) affecté au Comité des fortifications[6]. Il sera remplacé à la tête de la division des fortifications de Paris par le colonel Gilberton à titre provisoire, en attendant l'arrivée du colonel Cathala[24]. Deux ans plus tard, il est admis dans le cadre de réserve le et mis à la retraite le [6].

Second Empire modifier

Le , il est, conformément au décret de l'Empereur Napoléon III, relevé de la retraite et remis dans le cadre de la réserve (2e section de l'État-major général de l'armée)[25].

Il meurt à l'âge de 90 ans à son domicile, 23 rue de Miroménil à Paris[11]. Il est inhumé le , son cercueil étant porté par les généraux Prudhon, Dubost, Durand-Devillers et le colonel Merlin (du 1er régiment du Génie)[18].

États de services modifier

  • 1808 : capitaine
  • 1813 : lieutenant-colonel
  • 1825 : colonel
  • 1843 : général

Décorations modifier

Notes et références modifier

  1. a et b (de) Hugo Sdiramm-Macdonald, Die Urne. Jahrbuch für allgemeine Nekrologie, vol. 2, Leipzig, Theile,
  2. a et b Bonnabelle 1875, p. 64-65.
  3. a b et c Jeantin 1862, p. 855.
  4. Bonnabelle 1875, p. 40.
  5. Jeantin 1862, p. 856.
  6. a b c d e f g et h Bonnabelle 1875, p. 65.
  7. a et b Ambroise Fourcy, Histoire de l'École polytechnique, Fourcy, , 516 p.
  8. a b et c Vapereau 1865, p. 1172.
  9. Le Figaro 1874, p. 2.
  10. Larousse 1866, p. 123.
  11. a b et c Le Figaro 1874, p. 3.
  12. « Vingt-unième nuit, du 21 au 22 juin », dans Le Spectateur militaire, vol. 2, Paris, Mareschal, , 678 p., p. 355-356
  13. Suchet 1811, p. 4.
  14. Colson 2006, p. 282.
  15. Colson 2006, p. 288.
  16. Archives Nationales, 384 AP 175, État des gratifications d'un mois de solde accordées par le maréchal Suchet aux officiers du génie qui ont été employés aux sièges d'Oropesa et de Sagonte, s.d.[1811](cité par Colson 2006)
  17. Colson 2006, p. 292.
  18. a b et c Le Gaulois 1874, p. 3.
  19. « Voyage du Roi », La Gazette de France,‎ , p. 2 (lire en ligne) S.M. pouvait jouir le plus avantageusement du spectacle militaire qui lui avait été préparé par le 1er régiment du génie, sous les ordres de M. le colonel Thiébault. On avait exécuté sur le terrain tous les travaux d'attaque d'un des fronts de la citadelle. Il y a eu successivement treize explosions tant de fougasses que de fourneaux et de globes de compression, qui pouvaient donner une idée de la guerre souterraine, dont l'action est si puissante dans les sièges. L'assiégeant et l'assiégé ont successivement cherché à réussir, l'un à crever les rameaux de mines de son adversaire, l'autre à faire sauter les travaux dont on couronnait les entonnoirs produits par les diverses explosions.
  20. « Le journal militaire publie les nominations et promotions suivantes », La France Nouvelle, no 1472,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  21. « Actes Officiels (Juin-Juillet) », dans Le Spectateur militaire, , 500 p., p. 497
  22. « Ordres généraux », Le Moniteur Algérien, vol. 7e année, no 327,‎ , p. 1
  23. « Chapitre XI - Corps Royal du Génie », Le Spectateur militaire,‎ , p. 358
  24. « Nouvelles diverses », Le Commerce,‎ (lire en ligne, consulté le )
  25. A. de Saint-Arnaud, ministre de la guerre, « (sans titre) », Mémorial Bordelais, no 14637,‎ , p. 1.
  26. Base Léonore
  27. Grande Chancellerie de l'Ordre, Annuaire de l'ordre impérial de la légion d'honneur publié par les soins et sous la direction de la grande Chancellerie. : Année 1852, Paris, H. Baudouin, , 731 p. (lire en ligne)
  28. « Les médaillés de Sainte-Hélène / The medals of Saint Hélèna », sur www.stehelene.org (consulté le )

Bibliographie modifier

Biographies modifier

  • Gustave apereau, « Thiébault (Jean-Gabriel) », dans Dictionnaire universel des contemporains, Paris, , 3e éd., p. 1712.  
  • Bonnabelle, « Les comtes de Chiny et la ville de Montmédy », dans Mémoires de la Société des Lettres , Sciences et Arts de Bar-le-Duc., vol. 5, Bar-le-Duc, Contant-Laguerre, (lire en ligne), p. 40, 64-65.  
  • Jean François Louis Jeantin, Manuel de la Meuse. Histoire de Montmédy et des localités meusiennes, vol. 2, Nancy, (lire en ligne).  
  • « Thiébault (Jean-Gabriel) », dans Pierre Larousse, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, vol. 15, Larousse, , 1528 p. (lire en ligne), p. 123.  
  • Société Philomatique de Verdun, Valeurs et Célébrités meusiennes, Verdun, Les éditions Lorraines Frémont, , 219 p., « Thiébault (Jean-Gabriel) », p. 195
  • Charles L. Leclerc, Biographie des grands Lorrains, S.M.E.I. (Société messine d'éditions et d'impression), , 221 p., « Thiébault (Jean-Gabriel) », p. 207

Nécrologie avec notice biographique modifier

  • « Ce qui se passe (nécrologie) », Le Gaulois, Paris, vol. 7e année, no 1934,‎ (lire en ligne)
  • « Mr le général Thiébault est mort hier soir », Le Figaro, Paris, vol. 21e année, no 26,‎ (lire en ligne)
  • « Le général Thiébault », Le Petit Moniteur Universel, Paris, no 27,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  • « Gazette du Jour (nécrologie du général Thiébault) », La Presse, Paris, vol. 39e année,‎ , p. 3 (lire en ligne)

Mentions, actions ou notices simples modifier

  • Honoré Fisquet, Dictionnaire des célébrités de la France, vol. 651-655, A. Pilon, , 914 p., p. 327
  • (en) Lawrence Barnett Phillips, The Great Index of Biographical Reference, Gebble Company, , 1036 p. (lire en ligne), p. 901
  • le Comte Suchet, « A.S. A.S. le prince de Neufchâtel et de Wagram », La Gazette nationale ou le Moniteur universel,‎ (lire en ligne, consulté le ).  
  • Bruno Colson, Le général Rogniat ingénieur et critique de Napoléon, Paris, Economica, .  

Liens internes modifier

Liens externes modifier