Jean-Baptiste Piette

personnalité politique française

Jean-Baptiste Piette, né le à Rumigny, dans les Ardennes, mort le à Rumigny, est un homme politique français.

Jean-Baptiste Piette
Fonctions
Député des Ardennes à la Convention nationale

(3 ans, 1 mois et 21 jours)
Législature Convention nationale
Député au Conseil des Anciens

(4 ans, 1 mois et 17 jours)
Législature Conseil des Anciens
Biographie
Nom de naissance Jean-Baptiste Piette
Date de naissance
Lieu de naissance Rumigny, France
Date de décès (à 71 ans)
Lieu de décès Rumigny, France
Nationalité Français
Parti politique Marais

Biographie modifier

Après des études à Charleville et à Paris, ce fils d'un bourgeois et notable de Rumigny entre dans le 1er régiment de dragons commandé par le comte de La Blache. Mais à la demande de sa famille, il quitte la carrière des armes, et reprend des études en droit. Il est reçu avocat au bailliage de Rumigny, le . Il se marie à Marie Louise Lacaille, de la famille de Nicolas Louis de Lacaille, le à Bossus-lès-Rumigny. En 1780, il joint à cette charge d'avocat celle de notaire.

En 1789, à la veille de la Révolution, il acquiert le château de la Cour des Prés, situé à l'extrémité méridionale de Rumigny[1].

Ouvert aux idées philosophiques des Lumières, il accueille avec intérêt cette Révolution[2],[3]. Il est élu maire de Rumigny le , mais échange ces fonctions contre celles de juge de paix le suivant. La fonction de juge de paix est également élective. Le , il est un des électeurs choisis par l'assemblée du canton de Rumigny pour nommer les députés des Ardennes à la Convention nationale. La deuxième assemblée électorale doit se tenir à Sedan. Se rendant dans cette ville, Piette, informé en chemin de mouvements ennemis, prévient les autorités françaises. Signalé à l'ennemi, il aurait traversé la Meuse à un gué, et échappé ainsi à un peloton de cavalerie qui le poursuivait[2].

Le , Piette est élu deuxième député-suppléant à la Convention pour le département des Ardennes. Nommé en membre du directoire du département des Ardennes, il porte à Paris en mai les plaintes de l'administration de ce département contre les décisions de deux représentants en mission, Hentz et Laporte, envoyés sur ce territoire, et favorables aux sans-culottes[4]. Sans succès.

Peu de temps après, le , Piette est appelé à siéger à la Convention, titulaire en remplacement d'un démissionnaire. Il entre dans cette assemblée après le procès de Louis XVI. C'est l'époque de la Terreur. Il est membre des comités des finances, des domaines et d'aliénation des biens nationaux[5],[note 1]. Il s'efforce de jouer discrètement un rôle d'apaisement et de clémence. À trois reprises, en particulier, il fait sortir de prison son ancien colonel, Alexandre de Falcoz de La Blache. Son attitude éveille les défiances du comité de salut public, et il est inquiété. Ce comité du salut public écrit le à l'administration des Ardennes pour avoir des renseignements sur lui. La réponse parle de l'opposition passée de Piette aux arrêtés de Hentz et de Laporte, et insinue que « les coups frappants et salutaires que portèrent aux ennemis de la Révolution ces deux estimables représentants, firent jeter les hauts cris par tous ceux qui, sans doute, se sentaient entachés de modérantisme et d'aristocratie, ou attaqués de toute autre maladie contre-révolutionnaire. »[5]. Jean Baptiste Piette bénéficie toutefois de la protection de Lazare Carnot et de son compatriote ardennais, Edmond Louis Alexis Dubois-Crancé[2]. Il n'est pas arrêté. Par prudence toutefois, il se met en retrait des luttes entre les différentes factions jusqu'au 9 thermidor[5]. Et il ne peut sauver la tête de Louis Gabriel d'Hangest, un ci-devant habitant également Rumigny[2].

 
Sa demeure à Rumigny, le château de la Cour des Prés
 
La partie méridionale du château de la Cour des Prés

La légende veut que Robespierre lui ait reproché aussi l'allure aristocratique de sa demeure à Rumigny. Toujours est-il qu'il continue les aménagements de ses prédécesseurs, agrandissant la partie méridionale de ce château et lui donnant un caractère plus résidentiel, en agrandissant les fenêtres. Il comble aussi une partie des fossés et supprime le pont-levis[1].

Après la chute de Robespierre, il participe de nouveau de façon plus active aux travaux de l'Assemblée, s'associant en particulier aux mesures diverses d'apaisement[5].

En , Piette est réélu député des Ardennes au Conseil des Anciens. En 1796 et 1797, il intervient à l'Assemblée sur la nécessité de maintenir les ventes de biens nationaux. En , il fait rejeter une résolution autorisant la ville d'Issoudun à vendre les croix et les tombes de son cimetière. Dans son intervention, il argumente que ceci ne peut se faire, dit-il, « sans troubler le repos des morts et manquer au respect qu'on doit à leurs cendres ». Le Conseil des Anciens est supprimé en 1799[5].

Il se retire à Rumigny et y est nommé conseiller municipal. Il est appelé, en 1801, aux fonctions de commissaire du pouvoir exécutif auprès du tribunal de Rocroi, titre qu'il échange, en 1805, contre celui de procureur auprès du même tribunal. Il continue d'habiter Rumigny. En 1813, il doit renoncer à ses fonctions à Rocroi, en raison de problèmes de santé[5].

Nommé, aux Cent-Jours, maire de Rumigny, il est révoqué à la seconde Restauration, un mois après, puis est réintégré, le suivant. Il conserve ce mandat jusqu'à sa mort[5].

De son mariage, il laisse six enfants. Le préhistorien Édouard Piette est un de ses petits-fils[6].

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Il reviendra régulièrement sur ce thème des biens nationaux et interviendra sur les différentes lois et décrets qui les régissent tout au long de son parcours parlementaire.

Références modifier

  1. a et b Suzanne Briet, Châteaux des Ardennes, Société des écrivains ardennais, coll. « Les cahiers ardennais » (no 17), , 68 p., p. 27
  2. a b c et d Henri Manceau - Le Château de la Cour des Prés - Revue L'Automobiliste Ardennais - 1954 - p.18
  3. Journal L'Union, 30 juillet 2011
  4. Charles Pilard, Souvenirs d’un vieux Sédanais. Sedan sous la première Révolution. D'abord paru en feuilleton de 1875 à 1878 dans L'Écho des Ardennes (14 fascicules). Réédité en 1988 par la Société d'Histoire et d'Archéologie du Sédanais (ISBN 2-649-00117-8)
  5. a b c d e f et g Biographie sur le site de l'Assemblée nationale - extrait du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889, d'Adolphe Robert et de Gaston Cougny, 1891
  6. Henri Delporte, Piette, pionnier de la préhistoire, éditions Picard, 1987, p.11.

Voir aussi modifier

Sources et bibliographie modifier

Sources classées par date de parution.

  • Henri Manceau - Le Château de la Cour des Prés - Revue L'Automobiliste Ardennais - n°98 - septembre-.
  • Suzanne Briet, Châteaux des Ardennes, Société des écrivains ardennais, coll. « Les cahiers ardennais » (no 17), , 68 p., p. 27.
  • « Célébrité d'ici / Jean-Baptiste Piette », L'Union,‎ (lire en ligne)

Liens externes modifier