Jan Kubiš

soldat et résistant tchécoslovaque
Jan Kubiš
Jan Kubiš.
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 28 ans)
PragueVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Cimetière de Ďáblice (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Période d'activité
à partir de Voir et modifier les données sur Wikidata
Père
František Kubiš (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Rudolf Kubiš (d)
Jaroslav Kubiš (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Membre de
Arme
Armée tchécoslovaque en exil (d) (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Grade militaire
Conflits
Taille
1,71 mVoir et modifier les données sur Wikidata
Sport
Distinctions
Liste détaillée
Croix de guerre 1939-1945
Ordre militaire pour la liberté (d)
Commemorative medals of the Czechoslovak army abroad (d)
Croix de guerre 1939-1945
Milan Rastislav Stefanik Order (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
signature de Jan Kubiš
Signature
Plaque commémorative

Jan Kubiš est un soldat et résistant tchécoslovaque, né le à Unter Willimowitz, Moravie, Autriche-Hongrie (aujourd'hui Dolní Vilémovice en République tchèque) et mort le à Prague, protectorat de Bohême-Moravie.

Formé et envoyé par les Britanniques, avec deux autres résistants, il participe à l’exécution du général SS Reinhard Heydrich le à Prague ; Heydrich est alors un des plus hauts dignitaires du régime nazi. C'est Kubiš qui lance la grenade antichar qui blesse le « bourreau de Prague », lequel meurt de ses blessures une semaine plus tard.

Trois semaines après l'attentat, à la suite d’une dénonciation, Kubiš meurt au combat avec ses camarades, alors qu'ils sont encerclés dans la cathédrale Saints-Cyrille-et-Méthode de Prague.

L'attentat contre Heydrich modifier

 
Mémorial de l'opération Anthropoid ; le lieu de l’attaque se trouve probablement à l'emplacement actuel du monument : en effet, le réseau routier a été remanié avec des rampes d’accès là où, pendant la guerre, existait une simple intersection entre deux avenues ; une courbe parallèle à celle qui existait à l'époque est visible à environ 50 m après le monument, en aval.

Le Slovaque Jozef Gabčík et le Tchèque Jan Kubiš du groupe Anthropoid, ainsi que cinq autres soldats de l’armée tchécoslovaque en exil répartis en deux groupes[1] — de noms de code Silver A[a] et Silver B[b] — sont parachutés par la Royal Air Force dans la nuit du au en Tchécoslovaquie annexée[c], entre h et h du matin. À Prague, ils contactent des familles et des organisations de résistance qui les aident à préparer l’assassinat de Heydrich[2].

Le vers 10 h 35, installé sur le siège avant à côté du chauffeur[3], Heydrich effectue son trajet habituel d’une vingtaine de kilomètres[d] entre sa résidence à Panenské Břežany et le palais Černín, Černínský palác en tchèque, où se trouvent ses bureaux[4],[e]. Sur cet itinéraire, Gabčík et Kubiš attendent à un arrêt de tramway situé dans un virage serré en épingle[3],[f] près de l’hôpital Bulovka dans le quartier de Prague 8-Libeň. En complément de leur arme de poing[6],[g], Gabčík dispose d’un pistolet mitrailleur Sten[3],[h] et Kubiš est muni de deux grenades antichars modifiées[7],[3],[i] ; ces armes sont dissimulées dans des serviettes porte-documents. Ils attendent d’être avertis par un troisième homme, Josef Valčík[1],[j], posté cent mètres plus au nord, qui joue le rôle de guetteur. Lorsque ce dernier utilise un miroir pour les informer de l’arrivée imminente de la voiture de Heydrich, les deux hommes préparent leurs armes. Au moment où la Mercedes, capote relevée en arrière[3], s’approche et ralentit pour prendre le virage, Gabčík se précipite, se place devant le véhicule et tente de faire feu avec son pistolet mitrailleur, mais celui-ci s’enraye et aucun coup ne part. Heydrich ordonne alors à son chauffeur d’arrêter la voiture puis se lève pour essayer d’abattre Gabčík. Mais au même instant Kubiš, resté en arrière sur le trottoir, lance une de ses grenades vers la voiture, sans l'atteindre toutefois : la charge explose près de la roue arrière droite, transperce la carrosserie située entre l’aile arrière et la portière, projette des débris de métal et des fragments de fibres de siège qui pénètrent dans le dos de Heydrich. Kubiš est aussi atteint par l’explosion, mais légèrement. Gabčík abandonne sa Sten et, aussitôt, les deux assaillants sortent leur pistolet pour tirer sur Heydrich mais comme l’explosion les a également choqués, ils manquent leur cible : ils prennent alors la fuite dans des directions différentes. Le chauffeur, le SS-Oberscharführer Johannes Klein, part à la poursuite de Kubiš qui monte sur une bicyclette. Heydrich, ne ressentant apparemment pas ses blessures, descend aussi de voiture mais en titubant, il réplique et tente de poursuivre Gabčík : il s’effondre rapidement sur le sol. Klein ne parvient pas à rattraper Kubiš et revient vers Heydrich, celui-ci saigne abondamment et ordonne à Klein de poursuivre Gabčík à pied[8]. Klein s'élance à nouveau, mais en direction de Gabčík cette fois, et le retrouve dans une boutique de boucher, mais le parachutiste fait feu à deux reprises avec son pistolet[9], blessant sérieusement Klein à la jambe ; Gabčík peut ainsi s'échapper, monte dans un tramway et rejoint une cache. À ce moment, les deux parachutistes en fuite sont persuadés que leur mission a échoué.

Heydrich est transporté à l’hôpital Bulovka tout proche, où il subit une opération. Il se rétablit progressivement et, six jours plus tard, est en mesure de prendre son déjeuner assis dans son lit, mais c’est alors que son état s'aggrave brutalement : il tombe dans le coma et, dès le lendemain matin (le [k]), meurt des suites de l’attentat.

Siège de l'église Saints-Cyrille-et-Méthode et mort modifier

 
L'église Saints-Cyrille-et-Méthode à Prague, dans laquelle sont morts, les armes à la main, les trois membres du commando qui a exécuté Heydrich.

Les responsables nazis lancent une recherche intensive des deux « terroristes », avec demande de collaboration de la population et offre de prime, utilisant même les salles de cinéma[10] ; pour qu'un indicateur puisse les reconnaître, ils montrent les objets laissés sur place par les meurtriers de Heydrich : une casquette, un imperméable, un pistolet-mitrailleur Sten, deux serviettes porte-documents, une bicyclette[11]. Sur trahison d'un membre d'un autre commando — Karel Čurda, du commando Out Distance (en)[12],[l] parachuté le  — qui donne entre autres le nom de la famille Moravec[13] ayant hébergé les parachutistes avant l’attentat, et à l'issue des tortures infligées à cette famille, les Allemands parviennent à les retrouver, en compagnie d’autres parachutistes[14],[m], cachés dans une église de Prague[15], l'église Saints-Cyrille-et-Méthode[4],[n]. Trois semaines après l'attentat, vers h 15 le , sept cents SS du bataillon de réserve Deutschland et du bataillon de garde Prag[15], sous le commandement du SS-Brigadeführer Karl Fischer von Treuenfeld (en), font le siège de l'église mais ne sont pas en mesure de capturer les parachutistes vivants. Trois d’entre eux[15],[o], dont Kubiš, sont postés dans les galeries latérales et la tribune d’orgue[16], pour monter la garde ; ils livrent bataille pendant deux heures : deux sont gravement blessés et se suicident[17],[p], Kubiš souffre de multiples blessures et meurt vidé de son sang[18],[19]. Les quatre autres parachutistes[q], dont Gabčík, sont réfugiés dans la crypte ; ils refusent de se rendre en dépit des assauts répétés des SS, d’une tentative d’enfumage au gaz lacrymogène et de l'inondation entamée avec l'aide des pompiers de la ville[20] : ils finissent par se suicider[21]. Les Allemands perdent au moins quatorze hommes, tués, et vingt et un autres, blessés[22]. Après les combats, c’est le traître Čurda qui est chargé d’identifier les corps des résistants alignés devant l'église[6].

Hommages modifier

À l'endroit où a eu lieu l’attaque du véhicule de Heydrich, un monument en l'honneur des parachutistes du commando a été érigé par l’État tchèque en 2009 ; en outre, à une centaine de mètres du virage où étaient placés les trois parachutistes, trois rues portent désormais leurs noms : les rues Kubišova, Gabčíkova et Valčíkova[5].

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Le groupe Silver A est composé de trois parachutistes, le first lieutenant Alfréd Bartoš, le warrant officer Josef Valčík, et le lance-corporal Jiří Potůček. Valčík apportera ultérieurement son concours au groupe Anthropoid.
  2. Le groupe Silver B est composé de deux parachutistes, le staff-sergeant Jan Zemek and le sergeant Vladimír Škácha.
  3. La partie de Tchécoslovaquie annexée en 1939 prend le nom de protectorat de Bohême-Moravie. L'autre partie de la Tchécoslovaquie, la République slovaque, en acquérant son indépendance, est devenue un État « vassal » de l'Allemagne nazie.
  4. Mesuré sur la carte, en considérant qu'il passe par le quartier de Kobylisy, lieu de l'attentat.
  5. Le siège du protectorat est situé à quelques centaines de mètres à l'ouest du château de Prague, lequel château est resté palais présidentiel et dont l'occupant est alors le président sans pouvoir Emil Hácha.
  6. Ce virage permet à la rue Zenklova (cs) (rue Kirchmayer à l'époque), du quartier de Kobylisy, de rejoindre la rue V Holešovičkách (cs) (dénomination inchangée) ; à cette jonction, un monument en l'honneur des parachutistes du commando a été érigé par l’État tchèque en 2009 ; en outre, dans le quartier à une centaine de mètres, situées à l'intérieur du virage, trois rues portent désormais le nom de ces parachutistes : les rues Kubišova, Gabčíkova et Valčíkova[5]. Ce virage permet de descendre dans le creux de la vallée de la Vltava (la Moldau en allemand), de franchir la rivière, puis de rejoindre la colline du Hradčany où se trouve le quartier historique du « Château », avec le palais Černín, siège du protectorat.
  7. Les parachutistes d’Anthropoid sont équipés de pistolet « Colt calibre 38, modèle de poche 1903 ». Des étuis — en effet, le terme « douilles » correspond aux obus et ne s'applique pas aux cartouches de pistolet — de ce calibre ont été retrouvés sur le lieu de l'attaque contre Heydrich.
  8. Pistolet-mitrailleur Sten dont la crosse repliable a été démontée pour pouvoir mieux la dissimuler dans une serviette porte-documents.
  9. La grenade antichar « model 73 » a été modifiée pour être de dimension plus petite en hauteur et pour recevoir un détonateur qui déclenche l'explosion au moindre contact, dès lors qu'elle est amorcée.
  10. Valčík faisait partie du groupe Silver A et il lui a été demandé d’aider le groupe Anthropoid.
  11. Soit exactement huit jours après avoir été admis à l'hôpital.
  12. Le groupe Out Distance est composé de trois parachutistes, le first lieutenant Adolf Opálka, le warrant officer Karel Čurda, et le corporal cadet Ivan Kolařík. C'est Opálka, en tant qu'officier, qui supervise Kubiš et Gabčík dans le choix et la préparation de la méthode d’attaque de Heydrich : il leur adjoint ainsi les services de Valčík du groupe Siver A.
  13. Les sept occupants de l'église Saints-Cyrille-et-Méthode sont, outre Jan Kubiš et Josef Gabčík : Adolf Opálka le chef de Out Distance, le sergeant cadet Josef Bublík et le sergeant Jan Hrubý du groupe de sabotage Bioscop largué début 1942, le staff sergeant Jaroslav Švarc du groupe Tin — dont la mission était d’assassiner le ministre de l'Éducation Emanuel Moravec — et Josef Valčík, le « guetteur » de Anthropoid, initialement dans Siver A.
  14. Cette église est située à l'angle des rues Resslova et Na Zderaze, dans le quartier historique de Nové Město, sur l'autre rive de la Moldau, à faible distance du Château.
  15. Adolf Opálka, Josef Bublík et Jan Kubiš.
  16. Opálka souffrant d’une fracture au bras droit, s'empoisonne et se tire une balle dans la tempe droite ; Bublík, également atteint par de nombreux éclats de grenade, se tire aussi une balle.
  17. Il s'agit donc de Gabčík, Hrubý, Švarc et Valčík.

Références modifier

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu des articles intitulés en anglais « Jan Kubiš » (voir la liste des auteurs) et « Operation Anthropoid » (voir la liste des auteurs).
  1. a et b Burian et al. 2002, p. 44.
  2. Burian et al. 2002, p. 48-49.
  3. a b c d et e Burian et al. 2002, p. 64.
  4. a et b Burian et al. 2002, p. 62.
  5. a et b Openstreetmap.
  6. a et b Burian et al. 2002, p. 80.
  7. Burian et al. 2002, p. 37.
  8. Williams 2003, p. 147-155.
  9. Burgess 1983, p. 160.
  10. Buzková 2013, cf. minute 64.
  11. Buzková 2013, cf. minute 65.
  12. Burian et al. 2002, p. 54.
  13. Burian et al. 2002, p. 60.
  14. Burian et al. 2002, p. 56.
  15. a b et c Burian et al. 2002, p. 76.
  16. Buzková 2013, cf. minute 72.
  17. Burian et al. 2002, p. 77.
  18. Burian et al. 2002, p. 78.
  19. MacDonald 1998.
  20. Burian et al. 2002, p. 79.
  21. Burgess 1983.
  22. Cowdery et Vodenka 1994.

Annexes modifier

  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Bibliographie modifier

Ouvrages d’historiens
  • (en) Alan Burgess, Seven Men At Daybreak, Bantam Books, (ISBN 978-0-553-23508-1).
  • (en) Michal Burian, Aleš Knížek, Jiří Rajlich et Eduard Stehlík, Assassination—Operation Arthropoid, 1941–1942, Prague, Ministry of Defence of the Czech Republic, , 96 p. (lire en ligne).  
  • (en) Ray R. Cowdery et Peter Vodenka, Reinhard Heydrich : Assassination, Lakeville, MN, USA, Victory WW2 Publishing Ltd, , 120 p. (ISBN 978-0-910667-42-5).
  • (en) Callum MacDonald, The Killing of Reinhard Heydrich : The SS « Butcher of Prague », New York, Da Capo Press, (1re éd. 1989), 239 p. (ISBN 978-0-306-80860-9).
  • (en) Max Williams, Reinhard Heydrich : The Biography, Volume 2—Enigma, Church Stretton, Ulric Publishing, , 272 p. (ISBN 978-0-9537577-6-3).
Roman

Filmographie modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier