Jacques Charles

physicien, chimiste et inventeur français (1746-1823)
Jacques Charles
Adélaïde Labille-Guiard, Portrait du physicien Charles, Salon de 1798 (Paris, bibliothèque de l'Institut de France)
Fonction
Président
Académie des sciences
-
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 76 ans)
Paris (France)Voir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nationalité
Activités
Conjoint
Julie Charles (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Propriétaire de
Télescope de Cassegrain - CnAM 1850 (d), Microscope solaire - CnAM 1832 (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Membre de
Centro de Bachillerato Tecnologico Agropecuario No. 18 (en)
Académie des sciencesVoir et modifier les données sur Wikidata
Vue de la sépulture.

Jacques Alexandre César Charles, né à Beaugency le et mort à Paris le , est un physicien, chimiste et inventeur français. Il est le premier à faire voler un ballon à gaz gonflé à l'hydrogène, dans lequel il s'élève jusqu'à une hauteur de 3 000 mètres[1].

Biographie modifier

 
Maison natale de Charles à Beaugency, 15 rue Porte-Vendômoise.

Jacques Charles est nommé à l'Académie des sciences membre résidant de 1re classe de l'Institut national des sciences et arts, section de physique expérimentale, par arrêté du Directoire exécutif en date du 29 brumaire an IV.

Dans son appartement de l'Institut, il rencontre des membres du groupe royaliste constitutionnel comme Suard, Rayneval, Lainé, Laly-Tollendal, le baron Mounier et Bonald[2].

Pendant la Révolution, il cache un prêtre réfractaire et risque ainsi d'être arrêté bien qu'il ne soit pas un révolutionnaire très farouche, mais seulement un de ces bourgeois éclairés de la fin du XVIIIe siècle qui conciliait la foi avec les idées nouvelles sans pour autant rejeter le principe monarchique[2].

Jacques Charles épouse en 1804 à 57 ans une femme créole[3] beaucoup plus jeune que lui, Julie Bouchaud des Hérettes (1784-1817), qui devint la muse et maîtresse d’Alphonse de Lamartine. Ce mariage, qui paraît aujourd'hui dépareillé, s'explique d'une part par la renommée du Pr. Charles et la délivrance que constituait le mariage pour celle dont le père était insupportable d'autre part[2]. M. Charles fut un mari plein de sollicitude envers sa « pauvre Julie » toujours malade et la laissa entretenir avec Lamartine une correspondance assidue entre leur rencontre en sur les bords du lac du Bourget, où elle soignait sa tuberculose, et son décès le à Paris.

Il meurt le à Paris et est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (11e division).

Jacques Alexandre César Charles a souvent été confondu, tant en ce qui concerne la biographie que les travaux scientifiques, avec Jacques Charles (dit le géomètre).

Scientifique modifier

 
Support avec sept billes d'ivoire égales, Musée des Arts et Métiers.

Comme beaucoup de scientifiques de cette époque, Jacques Charles étudie et expérimente dans de nombreux domaines : il travaille notamment en chimie. Ainsi en 1780, avant Niépce, il réussit à « capturer » de façon fugitive (sans parvenir à la fixer de façon définitive) l'image d'une silhouette sur du papier imbibé de chlorure d'argent[4]. Cette expérience ouvre la voie à l'invention plus tardive de la photographie par Niépce. Il travaille à cette époque au perfectionnement de nouveaux appareils d'optique : le « mégascope achromatique » composé de lentilles convergentes, destiné à restituer des images d'objets réels et de manière amplifiée comme des statuettes, des estampes, des bas-reliefs ; il perfectionne également l'héliostat de Gravesande, permettant de maintenir dans une direction fixe un rayon de lumière au cœur d'une chambre noire[5].

Spécialisé dans les travaux sur les gaz, il étudie tout particulièrement leur densité et leur pouvoir de dilatation[6]. Il confirme le résultat de Henry Cavendish sur l'hydrogène, qui est quatorze fois plus léger que l'air. En 1787, il est le premier à formuler la « loi de la dilatation des gaz »[6], mais ne publie pas ses résultats et ce n’est que quinze ans plus tard, en 1802, que le chimiste Louis-Joseph Gay-Lussac les compile et les compare aux siens pour formuler la loi qui porte son nom. La formule reliant volume et température d'un gaz parfait à pression et nombre de moles constante porte par contre le nom de loi de Charles.

Aéronaute modifier

Premier ballon à gaz modifier

Charles savait produire du dihydrogène et expérimentait dans ses cours la force ascensionnelle de ce gaz en l'insufflant dans des bulles de savon. Lorsque la nouvelle de l'expérience d'Annonay des frères Montgolfier se propagea, il savait qu'il pourrait tirer parti de l'hydrogène pour élever des hommes dans l'air.

Le géologue et volcanologue Barthélemy Faujas de Saint-Fond lança une souscription pour financer la construction d'un ballon, appelé « globe » à l'époque, qui rapporta dix mille livres. À l'arrivée d'Étienne Montgolfier à Paris, Barthélemy lança une nouvelle souscription.

Jacques Charles fit construire par Anne-Jean et Marie-Noël Robert, constructeurs d'appareils de mesure, un ballon fait d'une étoffe de soie imperméabilisée par un vernis à base de caoutchouc. C'était un petit ballon sphérique de 4 mètres de diamètre et d'un volume de 33 m3. À la place de l'air chaud utilisé par les frères Montgolfier, il utilisait de l'hydrogène, beaucoup plus léger que l'air. Il le produisait en grande quantité en versant de l’acide vitriolique sur de la limaille de fer.

Le gonflement du ballon démarra le et dura quatre jours. Le , le ballon s'envola vide du Champ-de-Mars et parcourut seize kilomètres jusqu'à Gonesse.

Vol habité modifier

 
« Premier voyage aérien exécuté dans un aérostat à gaz hydrogène par Charles et Robert.
Le .
Départ des Tuileries. »

La compétition est lancée entre les frères Montgolfier et Charles, entre « Montgolfiéristes et Carolingiens ». Le a lieu une démonstration d'Étienne avec des animaux, puis, le , le premier vol avec des êtres humains. Une montgolfière décolle avec Jean-François Pilâtre de Rozier et le marquis d'Arlandes.

Pendant ce temps, Charles et les frères Robert fabriquent un ballon capable de porter deux personnes, soit d'un volume de 380 m3 (2 200 m3 pour la montgolfière). C'est Charles qui conçoit les appareillages qui équipent encore les ballons à gaz d'aujourd'hui : la nacelle en osier, la soupape, le filet et les suspentes, le pilotage au lest.

Le , soit dix jours plus tard, le ballon à gaz gonflé à l'hydrogène s'envole avec Charles et Noël Robert dans le jardin des Tuileries. Le ballon vole pendant deux heures et se pose à Nesles-la-Vallée après avoir parcouru 35 kilomètres[7]. Le duc de Chartres et le duc de Fitz-James suivent le ballon à cheval et signent le procès-verbal. Noël Robert une fois descendu, le ballon repart avec une vitesse ascensionnelle élevée et monte à une altitude de 3 000 m, mesurée avec précision à l'aide d'un baromètre : Charles avait également inventé l'altimètre. Saisi par le froid glacial, il redescend et atterrit dans la nuit dans les environs de Nesles-la-Vallée[8]. Après sa descente, il ressent une importante douleur à l’oreille droite, ce qui vaut d'être le premier aéronaute ayant eu une otite consécutive à un barotraumatisme[9].

Cet exploit vaut à Jacques Charles une grande popularité, mais il ne volera plus[10].

Publications modifier

  • Institut national. Classe des sciences physiques et mathématiques.... Rapport... sur le moyen proposé par M. Daujon aîné pour secourir les habitans des maisons incendiées, s.l.n.d.
  • Rapport fait à la classe des beaux-arts de l'Institut de France, sur un nouvel instrument de musique, nommé Mélodion, de l'invention de M. Diez, Paris, Plassan, s.d.
  • Rapport fait à l'Institut de France, par MM. le comte de La Cépède, Haüy, Charles, Gossec, Grétry, Méhul,... dans les séances des 24 et , sur les nouveaux piano de M. Schmidt, Paris, Impr. Pillet.

Notes et références modifier

  1. www.universalis.fr
  2. a b et c René Doumic, Lettres d'Elvire à Lamartine, Paris, Librairie Hachette et Cie, , p. 13
  3. Personne d'ascendance européenne née dans une des colonies intertropicales (en particulier aux Antilles).
  4. François-Guillaume Lorrain, Ces lieux qui ont fait la France, Paris, Fayard, , 330 p. (ISBN 978-2-213-68750-6).
  5. Archives du conservatoire et musée des Arts et métiers (Paris), rapportées par Anne-Laure Carré, citées dans Claude-Joseph Blondel, Un enfant illustre de Beaugency : le physicien et aéronaute Jacques Charles (1746-1823)], Orléans, Académie d'Orléans, 2003, p. 37, lire sur Gallica.
  6. a et b Alain Perrier, 250 Réponses aux questions du plongeur curieux, Aix-en-Provence, Éd. du Gerfaut, , 262 p. (ISBN 978-2-35191-033-7, lire en ligne), p. 63.
  7. Le premier vol d'un ballon à hydrogène a eu lieu à Paris sur le site internet Pariszigzag.
  8. Nesles-la-Vallée : un raid équestre sur les traces des premiers vols en ballon
  9. {{ouvrage titre= Guide de prise en charge du pilote d’avion en médecine générale : revue narrative de la littérature |nature ouvrage= Thèse pour le diplôme d'État de docteur en médecine |prénom= Koussaï |nom= Al Hammad-Ibrahim |éditeur= Université de Bordeaux |date= 15-10-2021 |passage= 135 |lire en ligne= https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-03380037v1/document}}
  10. Ballon aérostatique de Mrs CHARLES et ROBERT sur le site internet de Vincennes Aviation.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

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