Interféromètre de Michelson

Dispositif interférentiel par division d'amplitude

L'interféromètre de Michelson (parfois appelé simplement «Michelson» par métonymie) est un dispositif optique inventé par Albert Abraham Michelson et Edward Morley qui produit des interférences par division d'amplitude (mais aussi par division du front d'onde dans le cas d'une source ponctuelle). Il est constitué essentiellement de deux miroirs et d'une lame semi-réfléchissante. Les deux configurations possibles d'utilisation sont la configuration en lame d'air et celle en coin d'air.

Exemple d'interféromètre de Michelson présent dans les laboratoires de l'Institut d'Optique.

Présentation modifier

La théorie modifier

L'interféromètre de Michelson est constitué de deux miroirs   et   et d'une lame semi-réfléchissante appelée séparatrice. Il es possible e régler orientation des différents éléments à l'aide de vis micrométriques, de plus les miroirs peuvent être translatés, l'un d'entre eux dispose d'une vis micrométrique pour ajuster précisément l'écart   entre les miroirs.

 

Sur le schéma ci-contre, qui modélise un Michelson utilisé en lame d'air, la source de lumière envoie un rayon (d'intensité  ) vers la lame séparatrice. Ce rayon est divisé en deux rayons (bleu et vert) d'intensité  .   représente l'image du miroir   par la séparatrice, donc symétrique par rapport à celle-ci. La différence de longueur   des bras de l'interféromètre induit une différence de marche entre les deux rayons égale à  .

Dans le cas plus général, la différence de marche vaut   où l'angle   est l'angle d'incidence des rayons par rapport à la normale aux miroirs.

En plus de la différence de marche, on introduit usuellement l'ordre d'interférence définit comme    est la longueur d'onde de la source (dans le cas d'une source monochromatique). Ce qui permet de manipuler une grandeur adimensionnée et de s'affranchir de la longueur d'onde   pour nos raisonnements.

Lorsque  , on dit que l'on est au contact optique, c'est-à-dire que les deux chemins optiques sont égaux. Lorsque   est égale à un entier, l'interférence sera constructive : on aura une illumination maximale, lorsque   est égale à un entier plus  , l'interférence résultante sera destructive : l'illumination sera nulle.

En pratique modifier

 
Vue de dessus d'un interféromètre de Michelson

Dans la pratique, la lame séparatrice possède une certaine épaisseur. Et la face semi-réfléchissante est la face du côté d'entrée de la lumière. Alors que le rayon vert ne la traverse qu'une fois, le rayon bleu la traverse trois fois. Cette traversée induit une différence de marche supplémentaire.

Pour corriger cela, on place sur le chemin du rayon violet et vert (c’est-à-dire légèrement en haut et à gauche de la séparatrice) une lame dite compensatrice qui doit être de même indice de réfraction et de même épaisseur que la séparatrice, parfaitement parallèle à celle-ci.

Ainsi, le rayon vert et le bleu auront traversé trois fois (ou quatre si le rayon initial traverse lui aussi la compensatrice) une lame de même épaisseur et de même indice de réfraction. Aucune différence supplémentaire n'est donc induite.

 
Schéma d’un interféromètre de Michelson utilisé en lumière blanche.

Les configurations modifier

On peut régler le Michelson de différentes manières :

  • Si la lame séparatrice se trouve sur la bissectrice des deux droites qui portent   et  , c'est la configuration en lame d'air à faces parallèles, puisque   (l'image de   par la séparatrice) et   sont alors portés par des plans parallèles.
  • Si   et   forment un angle   non nul entre eux, on parle de configuration en coin d'air.

Notons que si la nécessité d'avoir   et   perpendiculaires dans le montage en lame d'air se trouve à foison dans la littérature, elle n'en reste pas moins une idée reçue : cette précaution ne trouve sens que dans la mesure où l'on tient compte de considérations pratiques quant à la formation de l'image, qui pourrait en effet se trouver entravée par   si l'angle que celui-ci faisait avec la séparatrice se trouvait être trop petit.

Configuration en lame d'air modifier

L'interféromètre de Michelson est en configuration lame d'air lorsque ses deux miroirs sont perpendiculaires. Il suffit d'agir sur la distance   représentée sur le schéma, comme cela est indiqué dans la partie précédente. En pratique, cela s'effectue souvent à l'aide d'une vis de chariotage. Nous nous pencherons ici sur les résultats obtenus lors d'une expérimentation avec cette configuration.

La figure d'interférence observable est celle qui est représentée sur le schéma de droite. On peut y observer un ensemble d'anneaux concentriques, successivement sombres et clairs. La figure est constituée d'anneaux d'égale inclinaison. On parle d'anneaux d'égale inclinaison car chaque anneau est paramètre par un angle d'inclinaison  .

On explique cette forme de franges à l'aide de l'expression de la différence de marche dans cette configuration:    correspond à l'angle formé entre la normale au support de visualisation et la droite issue du milieu des deux sources secondaires. Une différence de marche constante (c'est-à-dire un état d’interférence constant) correspond donc à un angle   constant, d'où une figure d’interférence présentant des anneaux.

Cas particulier de l'observation, lors du contact optique, c'est-à-dire lorsque la distance   est réduite à zéro, on observe une figure d'interférence avec un contraste nul. On a donc une teinte unie. Cette mesure peut permettre de tester la planéité des miroirs utilisés. En effet, si un miroir présente un défaut (l'autre étant supposé parfait), on sera en mesure de dire que les défauts sont inférieurs à  . En effet, si on ne vois pas de frange, la différence d'ordre d'interférence  .

 
Schéma de la formation des anneaux du Michelson en lame d'air, avec lentille.

On peut déterminer le rayon théorique des anneaux :

on a   . Donc les franges brillantes correspondent à   c'est-à-dire   ou encore   , et les franges sombres à   c'est-à-dire   ou encore   .

D'après l'expression de l'ordre d’interférence   (en effectuant un développement limité du cosinus).

On a alors le rayon d'un anneau (caractérisé par son ordre d’interférence p)  

Configuration en coin d'air modifier

 
Figure d'interférence obtenue avec un interféromètre de Michelson en configuration coin d'air éclairé par une lampe blanche.

La configuration en coin d'air consiste à introduire un angle entre les deux miroirs, et donc obtenir un dispositif où M1 et M2 ne sont plus perpendiculaires.

La figure d'interférence, cette fois-ci, est composée de raies toutes parallèles, séparées par une distance (l'interfrange) notée i.

On y voit au milieu entre les deux raies noires l'interférence d'ordre 0, ensuite les teintes de Newton à droite et à gauche, et enfin, pour des ordres d'interférence élevés en valeur absolue, on a le blanc d'ordre supérieur (apparaissant gris dans l'illustration précédente).

Localisation des interférences modifier

La localisation des interférences visualisées avec le Michelson dépend non seulement de la taille de la source mais aussi de la configuration du Michelson.

Michelson éclairé par une source ponctuelle modifier

Si le Michelson est éclairé par une source (quasi-)ponctuelle, comme par un laser hélium-néon, les interférences sont visibles dans toute la zone de recouvrement des faisceaux : on dit que les interférences ne sont pas localisées. On peut les observer sans aucun système optique sous réserve de vérifier la condition de cohérence temporelle également (par exemple en utilisant un laser). Il est à noter que le Michelson est alors utilisé comme un dispositif à division du front d'onde, puisque les rayons qui interfèrent peuvent être issus de deux points différents de la séparatrice.

Michelson éclairé par une source étendue en coin d'air modifier

Si le Michelson, réglé en coin d'air, est éclairé par une source étendue, comme par une lampe spectrale ou bien une lampe blanche, les interférences ne sont pas brouillées mais elles sont localisées au voisinage du coin d'air. Le Michelson est alors utilisé en division d'amplitude. On peut les observer :

  • soit en formant l'image du coin d'air (c’est-à-dire des miroirs) sur un écran grâce à une lentille convergente;
  • soit en observant à l'œil nu le coin d'air (c’est-à-dire les miroirs) en accommodant.

Michelson éclairé par une source étendue en lame d'air modifier

Quand on utilise le Michelson réglé en lame d'air, éclairé par une source étendue, les interférences ne sont pas brouillées mais elles sont localisées à l'infini. Le Michelson est alors utilisé en division d'amplitude. On peut les observer :

  • soit en plaçant un écran dans le plan focal image d'une lentille convergente;
  • soit en observant à l'œil nu sans accommoder.

Notions de cohérence modifier

Les contributions de la cohérence temporelle et de la cohérence spatiales adviennent en même temps. En pratique on peut les étudier séparément, en utilisant un source monochromatique (comme un laser par exemple) dans le cas de la cohérence temporelle ou avec un source quasi-ponctuelle pour la cohérence spatiale[1].

Cohérence spatiale modifier

La cohérence spatiale d'une source est liée à sa taille. En effet, plus une source sera étendue plus les points de cette source vont contribuer à des systèmes de franges qui ne vont pas advenir au même endroit sur le plan d'interférence. Ainsi plus une source sera étendue plus elle sera incohérence spatialement et vice-et-versa. Il est important de noter que cela n'est vrai qu'en configuration "coin d'air", en effet en configuration "lame d'air" la source va engendre des angles d'incidences différents ce qui va se traduire par in déplacement du système d'interférence. Alors qu'on lame d'air cela va engendre des systèmes d'interférence à l'infini; or un déplacement longitudinal à l'infini n'a pas d'influence sur l'ordre des d'interférence.

Cohérence temporelle modifier

La cohérence temporelle d'une source est liée à son spectre. Plus le spectre   d'une source est étendue plus la source aura une cohérence faible et vice-et-versa. Cela se comprend par le fait que chaque longueur d'onde de la source va construire son propre système de frange, centré avec une phase nulle à l'ordre  . Ainsi lorsque l'ordre d'interférence augmente, la contribution de chaque longueur d'onde aux interférences vont et etre decohrente d'autant plus vite que le spectre est large. Un laser sera beaucoup cohérent temporellement qu'un source halogène par exemple.

On peut donc voir l'inteférogramme d'un Michelson en lumière polychromatique comme la superposition de plusieurs inteférogrammes à des longueurs d'ondes différentes.

Utilisations modifier

L'interféromètre de Michelson a été utilisé pour la première fois dans l'Expérience de Michelson-Morley, qui a permis de montrer, d'une part que la vitesse de la lumière dans le vide ne dépend pas du référentiel d'observation, d'autre part que l'éther n'existe pas, ce qui a conduit à la théorie de la relativité restreinte et à la révolution de la physique au début du XXe siècle[2].

Comme déjà cité dans "configuration en lame d'air", on utilise fréquemment l'interféromètre de Michelson pour tester la planéité et la qualité des surfaces optiques (miroir, lentilles...). De plus, l'interféromètre de Fizeau repose sur une principe similaire à celui du Michelson, où le miroir de référence peut s'apparenter au miroir   du Michelson.

Il est également utilisé pour la tomographie en cohérence optique, qui est une technique d'imagerie médicale très répandue pour des examens oculaires, et plus récemment pour la peau (avec la détection de mélanome et de carcinome)[3].

Le principe de interféromètre de Michelson est utilisé pour la détection des ondes gravitationnelles. Les projet LIGO et VIRGO ont permit une telle détection[4].

Références modifier

  1. Jimmy Roussel, « Notion de cohérence », sur femto-physique.fr, (consulté le )
  2. Loïc Villain, « Einstein : la relativité revisitée et l'éther oublié (1905) », sur Futura (consulté le )
  3. « DAMAE MEDICAL », sur damae-medical.com (consulté le )
  4. « Ondes gravitationnelles : première détection conjointe LIGO-Virgo | CNRS », sur www.cnrs.fr, (consulté le )

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier