Institut Marey

Institut de recherche en biologie

L'institut Marey est une ancienne institution de recherche en physiologie, biomécanique, puis neurophysiologie[1] qui était située au Parc des Princes[2], à l'ouest de Paris, à l'emplacement du futur court n°1 du stade Roland-Garros.

Institut Marey
Inauguration du buste d'Étienne-Jules Marey à l'Institut Marey
Histoire
Fondation
Dissolution
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Organisation
Fondateur
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Histoire modifier

La station physiologique du Collège de France modifier

L'institut Marey a ses origines dans la station physiologique de recherche au Parc des Princes[a], une station de recherche créée en 1881 au sein du collège de France par Étienne-Jules Marey pour ses recherches sur la chronophotographie[3] et la biomécanique.

À la suite d'une brouille entre Marey et son collaborateur Georges Demenÿ, et à l'invention du cinéma par les frères Lumières, qui diminue l'intérêt des techniques chronophotographiques qu'ils utilisaient jusqu'alors, l'activité à la station décline.

Création de l'Institut modifier

En 1897, lors d'un congrès de l'Association française pour l'avancement des sciences à Saint-Étienne, Marey dénonce le manque de standardisation dans les appareils de mesure scientifiques[4].

Il propose la création d'un institut de contrôle géré par une société savante internationale, qui permettrait de garantir la qualité des instruments de mesure pour les recherches en physiologie et leur adhésion à un standard commun, proposition entérinée l'année suivante au congrès de physiologie de Cambridge[3],[5].

L'institut est fondé en 1902, grâce à un financement de l'assemblée nationale et il est installé non loin de la station physiologique, et, comme cette dernière, sur un terrain concédé par la ville de Paris.

Les débuts sont difficiles :

Après la mort de Marey en 1904, la présidence de l'association, désormais association de l'Institut Marey passe à Auguste Chauveau [6] puis à Hugo Kronecker, et l'institut doit composer avec des problèmes de financement et avec des questions sur la concession des terrains utilisés[3], une dispute opposant l'institut, géré par l'association éponyme, et le Collège de France, qui continue de gérer la station physiologique voisine.

Après la mort de Marey modifier

 
Plan de l'institut Marey à sa fondation.

L'institut poursuit néanmoins ses travaux de recherches sur les instruments de mesure scientifique durant plusieurs années, et est rejoint par de nombreux grand noms dont Charles Richet qui présidera l'institut de 1911 à 1935[3],[7],[8], la gestion en pratique étant assurée par les sous-directeur Lucien Bull et Pierre Noguès, tous deux anciens élèves de Marey.

Un monument en hommage à Marey est édifié à côté de l'institut, inauguré par le président de la république, Raymond Poincaré, le 3 juin 1914[9],[10] et les cendres de Marey y sont transférées[11].

Pendant la première guerre mondiale, une méthode d'écholocalisation des batteries d'artillerie est développée à l'institut par Bull : il invente un système basé sur le galvanomètre à cordes pour localiser l'origine des coups de canon. Le physicien William Lawrence Bragg est chargé en 1915 de mettre cette invention en pratique et de l'améliorer[7],[12].


Pendant l'entre-deux-guerres, la production scientifique de l'institut se focalise de plus en plus sur la photographie à haute vitesse, spécialité de Bull, et la vocation initiale de l'institut est peu à peu oubliée[7],[3].

La relance de l'institut par Fessard modifier

Après avoir été dirigé par Louis Lapicque, à partir de 1936[7],[13], c'est Henri Piéron qui prend la tête de l'institut en 1940[14],[1].

Son élève Alfred Fessard avait dès 1939 commencé à installer un laboratoire de recherche en neurophysiologie dans l'institut et commence à y travailler durant la guerre[15],[16].

En 1947, avec le soutien d'Henri Laugier, fondateur du CNRS, et d'Émile Terroine, Fessard prend la tête du nouveau Centre d'études de physiologie nerveuse et d'électrophysiologie, équipe créée spécialement pour lui au sein du CNRS naissant, et installée dans les locaux de l'institut.

En 1949, sur la recommandation de Piéron, Fessard obtient la chaire de neurophysiologie générale du collège de France qui fusionne avec le Centre d'études[17], et qui reprend également la gestion de la station physiologique voisine[18],[19].

Grâce au travail de Fessard[20], le centre connaît un regain d'activité et de notoriété[16] en accueillant des chercheurs tels que Ladislav Tauc, Pierre Buser, Eric Kandel, Denise Albe-Fessard qui dirigera sa propre équipe au sein de l'institut[1] ou JacSue Kehoe.

Les dernières années modifier

À partir de la fin des années 1960 et durant les 70, sous l'impulsion du CNRS[1], les équipes de recherche déménagent progressivement à Gif-sur-Yvette[21],[22]. Ce déménagement est causé par l'exiguïté des locaux mais aussi par la pression de la ville de Paris qui cherche à récupérer le terrain concédé 90 ans auparavant. Une extension de 5 ans de la concession est cependant consentie aux équipes de Denise Albe-Fessard en 1972.

L'institut est finalement rasé en 1978 pour faire place au nouveau court numéro 1 du stade Roland-Garros[23],[24], et ne laissant en place que le monument funéraire de Marey.

Notes modifier

  1. Aussi connue comme station physiologique de Paris, station physiologique de Boulogne et station physiologique d'Auteuil


Références modifier

  1. a b c et d Jean-Gaël Barbara, « L'Institut Marey (1947-1978) », Lettre des neurosciences,‎ (ISSN 2117-5535) 
  2. COMMISSION DU VIEUX PARIS COMPTE - RENDU DE SEANCE - 28/09/2012
  3. a b c d et e Liborio DiBattista, « L'Institut Marey : naissance et destin d'un rêve scientifique », Vesalius,‎ (lire en ligne)
  4. Étienne-Jules Marey, La méthode graphique et les sciences expérimentales., (discours), Germer Baillière (d), , [lire en ligne] 
  5. Livret de l'exposition "Étienne-Jules Marey, , un scientifique au cœur de l’innovation"
  6. Auguste Chauveau, Hugo Kronecker, Ioan Athanasiu, Augustus Desiré Waller et Léo Errera, Travaux de l'Association de l'Institut Marey, , 180 p. (lire en ligne) 
  7. a b c et d John Simon McKenzie, « Les origines de l’Institut Marey du Collège de France et son rôle dans l’essor de la neurophysiologie française », La lettre du Collège de France, no 19,‎ (lire en ligne)
  8. Christian Bange et Renée Bange, « À l’ombre ou en marge de Claude Bernard : la physiologie à Paris à la fin du XIXème siècle (1878-1905) », Bulletin d’histoire et d’épistémologie des sciences de la vie, no 17,‎ (lire en ligne)
  9. L'Aurore, 4 juin 1914
  10. Discours de Raymond Poincaré
  11. Hubert Demory, « L'institut Marey », Seize & +, no 11,‎ décembre 2009 - janvier 2010 (lire en ligne)
  12. William Van der Kloot, « Lawrence Bragg's role in the development of sound-ranging in World War I », Notes & Records of the Royal Society, no 59,‎ , p. 273–284 (DOI 10.1098/rsnr.2005.0095)
  13. Fiche de Louis Lapicque sur le site de l'EPHE
  14. Marcel Turbiaux, « Présentation. Henri Piéron (1881-1964) de face et de profil », Bulletin de psychologie, no 533,‎ (lire en ligne)
  15. Jean-Gael Barbara, « Les heures sombres de la Neurophysiologie à Paris (1909-1939) », Lettre des Neurosciences,‎ (lire en ligne)
  16. a et b Jean-Gael Barbara, « La neurophysiologie à la française : Alfred Fessard et le renouveau d’une discipline », La revue pour l’histoire du CNRS,‎ (lire en ligne)
  17. Fiche de Fessard sur le site du collège de France
  18. "Fonds Marey" sur FranceArchives
  19. Fonds Marey. Station physiologique - Institut Marey - Répertoire de fonds pour l'histoire et la philosophie des sciences et des techniques
  20. Nécrologie de Fessard
  21. Denise Albe-Fessard, Robert Naquet and Pierre Buser, « L’institut Marey, les dessous de l’histoire », La Revue pour l'histoire du CNRS,‎ (DOI 10.4000/histoire-cnrs.4893, lire en ligne)
  22. Jacques Stinnakre, « De Roland Garros aux berges de la Mérantaise », Histoire de la recherche contemporaine,‎ (ISSN 1955-2408, 1298-9800 et 2260-3875, OCLC 798398559, DOI 10.4000/HISTOIRE-CNRS.5152, lire en ligne) 
  23. "Le stade Roland-Garros Histoire et évolutions" sur le site de la FFT
  24. Sébastien Nieto, « Roland-Garros : le court n°1 vit ses derniers jours », Le Parisien,‎ (lire en ligne)

Liens modifier