Innocent Boutry est un maître de chapelle français, actif dans plusieurs villes entre 1657 et 1680 et notamment au Mans.

Innocent Boutry
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Maître de chapelle
Collégiale Saint-Pierre-la-Cour
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Biographie modifier

Il est né vers 1634, dans le diocèse de Chartres. Il accède à la prêtrise vers 1663-1664.

Le Mans 1654-1657 modifier

Il est reçu maître de chapelle à la collégiale Saint-Pierre-la-Cour du Mans en , âgé d’environ 30 ans[1].

Tours 1657-1661 modifier

Il passe maître de chapelle à la cathédrale Saint-Gatien de Tours, de 1657 à 1661. Il concourt et est récompensé au puy de musique du Mans en 1657[2].

D’après Chartier et Yvon, Boutry aurait passé dans cette période quelque temps à Rouen comme « maître de musique » et à Noyon comme « maître de l’église »[3].

Paris 1662-1663 modifier

Il est engagé comme maître de chapelle de la cathédrale Notre-Dame de Paris du au [4]. De cette période, on connaît un congé qui lui est accordé pour quinze jours sans qu’on en sache la raison[5].

D’après Granger 1996, il revient brièvement à Chartres et y est nommé prêtre, avant de repartir au Mans[6].

Le Mans 1664-1680 modifier

 
Un extrait de l'affiche du Puy d'Évreux de 1667 (AD Eure : D 5)

Il revient au Mans vers noël 1664, où il succède à Jean Colin comme maître de chapelle de la cathédrale Saint-Julien[7]. Peu après, il demande au chapitre l’achat d’une épinette[8]. Il y reste cinq ans et y reçoit, outre ses émoluments de maître de chapelle, 10 sols par jour en tant que vicaire[9]. Il est également doté en de la chapelle de Sainte-Marie-Madeleine, desservie en l’église du Mans[2].

En 1666, il concourt au puy de musique d’Évreux et y reçoit la harpe d'argent, le second prix attribué pour le motet[10]. La même année, il est juge au puy de musique du Mans, faisant chanter les deux motets reçus et dont le meilleur n’est autre que celui de Louis Bouteiller, alors jeune musicien au Mans, et ex-enfant dans la psallette qu’il dirige, de facto exclu du concours[11].

En il est admonesté par le chapitre pour n’avoir pas conduit ni ramené les enfants à l’église et avoir manqué le service du chœur, sous menace de congé[12], ce qui peut être le signe d’une mésentente avec le chapitre. Il se rapproche alors du chapitre de l’église collégiale Saint-Pierre-la-Cour, sans respecter les voies hiérarchiques, et s’accorde avec lui pour passer à son service comme maître de chapelle (il avait déjà travaillé là entre 1654 et 1657). Il est immédiatement congédié par le chapitre cathédral de Saint-Julien[13].

Son engagement à Saint-Pierre est formalisé le [14]. Là, il évince François Fleury, engagé deux mois auparavant, qui ne faisait sans doute pas l’affaire. L’acte de son engagement précise qu’il avait précédemment travaillé à Tours, à la cathédrale de Noyon, à Notre-Dame de Paris, outre la cathédrale Saint-Julien du Mans[15].

Son service à Saint-Pierre-la-Cour donne quelques exemples de la vie courante d’un maître de chapelle. Un mois après son engagement, il obtient un crédit du chapitre pour acheter une douzaine de messes en musique chez Robert III Ballard[16]. En , il est prié par le chapitre de pourvoir au remplacement d’un enfant de chœur défaillant, en quelques semaines[17]. En été 1672, il obtient un congé de quinze jours pour aller à Paris vaquer à ses affaires - on ne sait lesquelles - en compagnie de son collègue Pierre Ribière[18].

Il reste à Saint-Pierre jusqu’en , non sans s’être fait remarquer à plusieurs reprises pour son caractère emporté[19] ; c’est Jean Mourot qui lui succède.

Pruillé l’Eguillé modifier

Fin , il est nommé chanoine de Pruillé l’Eguillé, une petite localité au sud-est du Mans[20].

Saint-Calais modifier

Il est encore cité comme chanoine de la collégiale de Saint-Calais en 1688[2]. Il y meurt vers 1690-1695.

Œuvres modifier

On ne connaît que deux messes de Boutry, parues lorsqu’il était à Tours :

  • Missa quatuor vocum, ad imitationem moduli Speciosa facta es. Paris : Robert III Ballard, 1661. 2°, 14 f. RISM B 3950, Guillo 2003 n° 1661-G.
Transcription par Léna Gautier : Éditions du Centre de Musique Baroque de Versailles, 1997.
  • Missa Magnus et mirabilis, 4 v. Paris : Robert III Ballard, 1661. 2°. Guillo 2003 n° 1661-F.
Édition perdue, dont l'existence est attestée par plusieurs mentions dans les catalogues de la maison Ballard (en 1683, 1704, 1707, 1727, 1744). Elle a dû paraître vers 1661 mais cette date n’est pas vraiment attestée.

Sa messe Speciosa facta es illustre bien l’évolution contemporaine du style, avec un contrepoint très tonal montrant quelques signes italianisants.

Discographie modifier

  • Mille ans de musique. Maîtrise de la cathédrale du Mans, dir. Philippe Lenoble. Pièces de Jehan Daniel, Jacques Peltier, Julien Belin, André Pechon, Innocent Boutry, Louis Bouteiller et autres.1 CD Éditions Art et Musique, 2006, réf. B00139P31G.

Notes modifier

  1. Archives de l’évêché du Mans, 13 octobre 1654, cité d’après Granger 1996 p. 1022, et avant elle par Anjubault 1862, p. 11-12.
  2. a b et c Chambois 1894 p. 12.
  3. Voir Chartier 1897 et Yvon 1964 ; ces éléments sont à prendre sous toutes réserves en l’absence de sources archivistiques.
  4. Yvon 1964 p 384-387.
  5. Paris AN : LL 205, 9 septembre 1662 (p. 730), cité d’après Gautier 1993 p. 14.
  6. Cf. Beauhaire.
  7. AD Sarthe : G 936, 19 décembre 1664, 9 mars, 15 avril, 15 mai et 1er juin 1665, cités d’après Granger 1996 p. 1022.
  8. Idem, 15 mai 1665, cité p. 877.
  9. Le Mans, Archives de l’évêché : B 16, 21 septembre 1668, cité d’après Granger 1996 p. 987.
  10. Ceci apparaît sur l’affiche du puy de 1667 (AD Eure : D 5), miraculeusement conservée. Sur cette affiche, voir Guillo 2011.
  11. AD Sarthe : G 936, 22 novembre 1666, cité par Granger 1996 p. 874.
  12. Le Mans, Archives de l’évêché : B 16, 15 janvier 1670, cité d’après Granger 1996 p. 848 et 1022.
  13. Le Mans, Archives de l’évêché : B 16, 25 janvier 1670, cité d’après Granger 1996 p. 1023. Ce départ précipité ne l’empêchera de solliciter le chapitre pour lui emprunter trois enfants de chœur à l’occasion d’une sortie de sa maîtrise aux Cordeliers : idem, 22 octobre 1670, cité par idem p. 1109. C’est le musicien Louis Bouteiller qui lui succède à Saint-Julien.
  14. AD Sarthe : G 494, 26 janvier 1670, cité d’après Granger 1996 p. 1023.
  15. L’engagement fait l’objet d’un contrat devant le notaire Jean Delabbaye signé le 15 février 1670, cité par Granger 1996 p. 833.
  16. Idem, 1er mars 1670, cité p. 1110.
  17. Idem, 31 juillet 1671, cité p. 806.
  18. Idem, 10 juillet 1672, cité p. 775.
  19. Idem, 1er juillet, 6 et 12 novembre, 17 et 18 décembre 1672, cité p. 1086 et 1091.
  20. D'après Granger 1996. En revanche, Gautier 1993 cite Beauhaire et l’envoie à Prunay-le-Gillon, au sud-est de Chartres...

Références modifier

  • Jean-Paul Montagnier, The Polyphonic Mass in France, 1600-1780 : The Evidence of the Printed Choirbooks, Cambridge: Cambridge University Press, 2017.
  • Jean-Paul Montagnier, « Les messes polyphoniques à Notre-Dame de Paris d’Innocent Boutry à Pierre Hugard », in La musique d’église et ses cadres de création dans la France d’Ancien Régime, ed. Cécile Davy-Rigaux. Firenze : Olschki, 2013 p. 197-215.
  • Laurent Guillo. « La figure de Cécile : enquête sur l’affiche du puy d’Évreux de 1667 » in Imago musicæ 24 (2011), p. 113-126.
  • Laurent Guillo. Pierre I Ballard et Robert III Ballard, imprimeurs du roy pour la musique (1599-1673). Sprimont et Versailles : 2003. 2 vol.
  • Sylvie Granger, Les métiers de la musique en pays manceau et fléchois du XVIIe au XIXe siècle (1661-1850). Thèse pour le Doctorat d'Histoire, Université du Maine, 1996, 2 vol. Disponible en ligne ici et . Des éléments ont été repris dans : Sylvie Granger, « Dans les villes de l’Ouest : des musiciens venus d’ailleurs… (XVIIe-XVIIIe siècle) », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest 112-3 (2005), disponible ici. Et surtout dans Sylvie Granger : Musiciens dans la ville, 1600-1850, Paris, Belin, 2002, 320 pages.
  • D. Launay, La musique religieuse en France du Concile de Trente à 1804. Paris : Société française de Musicologie, 1993.
  • Léna Gautier, Innocent Boutry et la messe Speciosa facta es : biographie, transcription, analyse. Mémoire de musicologie sous la direction de Raphaëlle Legrand, Université de Tours, 1993. 2 vol., 120 p. (disponible au CMBV).
  • Anne-Marie Yvon, « La maîtrise de Notre-Dame de Paris aux XVIIe et XVIIIe siècles », Le 8e centenaire de Notre-Dame, congrès de mai-.
  • François Léon Chartier. L’ancien chapitre de Notre-Dame de Paris et sa maîtrise d’après les capitulaires (1326-1790) avec un appendice musical.... Paris : 1897.
  • Emmanuel-Louis Chambois. La fête de Sainte-Cécile à la cathédrale du Mans 1633-1748. Le Mans : Leguicheux, 1894.
  • F. L. Chartier, L’ancien chapitre de Notre-Dame de Paris et sa maîtrise d’après les documents capitulaires (1326–1790). Paris : 1887.
  • P. A. Anjubault, La Sainte-Cécile du Mans de 1633 à 1784. Le Mans : 1862.
  • Beauhaire, Chronologie des évêques, des curés, des vicaires du diocèse de Chartres, Ms. Bibl. de Chartres.

Liens externes modifier