Inégalité de Hoeffding

En théorie des probabilités, l’inégalité de Hoeffding est une inégalité de concentration concernant les sommes de variables aléatoires indépendantes et bornées. Elle tire son nom du mathématicien et statisticien finlandais Wassily Hoeffding. Il existe une version plus générale de cette inégalité, concernant une somme d'accroissements de martingales, accroissements là encore bornés : cette version plus générale est parfois connue sous le nom d'inégalité d'Azuma-Hoeffding.

Énoncé modifier

Inégalité de Hoeffding — Soit une suite   de variables aléatoires réelles indépendantes vérifiant, pour deux suites     de nombres réels tels que  

 

On pose

 

Alors, pour tout  

 
 
Bornes pour la dispersion de la loi binomiale de paramètres n et p=0,5, obtenues respectivement à l'aide de l'inégalité de Bienaymé-Tchebychev et à l'aide de l'inégalité de Hoeffding.

Cas de la loi binomiale modifier

Dans cette section, nous allons comparer l'inégalité de Hoeffding et l'inégalité de Bienaymé-Tchebychev dans le cas de la loi binomiale. Supposons que pour tout k entre 1 et n, on ait

 

Alors  représente le nombre de piles obtenus à un jeu de pile ou face avec n lancers et où p est la probabilité d'avoir pile sur un lancer.   suit la loi binomiale de paramètres n et p. Nous avons les inégalités suivantes, pour tout   :

  • L'inégalité de Bienaymé-Tchebychev donne :  
  • L'inégalité de Hoeffding donne  .

On voit que dans ce cas (et c'est assez représentatif de la situation générale[réf. nécessaire]) l'inégalité de Hoeffding est beaucoup plus précise pour   suffisamment grand.

Démonstration modifier

Inégalité préliminaire modifier

La démonstration fait usage de la proposition suivante :

Proposition —  Soit   une variable aléatoire réelle bornée et centrée (vérifiant  ). Soit   deux nombres réels tels que   et tels que   Alors, pour tout réel  

 

D'abord, on peut supposer c < 0 et d > 0. En effet, si  , alors Y est une variable aléatoire presque-sûrement positive d'espérance nulle, donc Y=0 presque-sûrement et la proposition est évidente ; le raisonnement est analogue pour   Par convexité de la fonction   on a, pour  

 

En passant à l'espérance, puisque   on en déduit que

 

On pose

 

Puisque c < 0 et d > 0, on a bien   d'où la pertinence de la notation. Il suit que

 

On remarque alors que   De plus

 

Alors, en vertu de la formule de Taylor-Lagrange à l'ordre 1,

 

Démonstration de l'inégalité de Hoeffding modifier

On applique ensuite l'inégalité de Markov. Pour cela, on pose:

 

et on remarque que

 

Pour tout   on a donc, en vertu d'un corollaire de l'inégalité de Markov, de l'indépendance des   et donc des   et de la proposition précédente :

 

L'inégalité est en particulier vraie pour

 

qui réalise le minimum de la borne de droite, ce qui démontre la première inégalité. La deuxième inégalité se démontre en remplaçant   par   et   par   dans le calcul précédent, en posant

 

et en remarquant que

 

La troisième inégalité est une conséquence directe des deux premières.

Énoncé "en tout temps" modifier

Dans son article de 1963, Hoeffding a donné un énoncé légèrement plus général de son inégalité, utilisant l'inégalité de Doob. Plus précisément, sous les mêmes hypothèses, pour tout  

 

Voir aussi modifier

Pages liées modifier

Bibliographie modifier

  • C. McDiarmid, On the method of bounded differences. In Surveys in Combinatorics, London Math. Soc. Lectures Notes 141, Cambridge Univ. Press, Cambridge 1989, 148–188.
  • W. Hoeffding, "Probability inequalities for sums of bounded random variables", J. Amer. Statist. Assoc. 58, 13–30, 1963