Humiliation érotique

pratique consensuelle de l'humiliation psychologique dans un contexte sexuel

L’humiliation érotique est une pratique consensuelle de l'humiliation psychologique dans un contexte sexuel, durant laquelle une personne éprouve un plaisir érotique provenant de sentiments d’humiliation et de soumission, souvent (mais pas toujours) en conjonction avec la stimulation sexuelle de l'un des deux partenaires durant l'activité. L'humiliation n'est pas nécessairement sexuelle ; comme pour la plupart des activités sexuelles, le sentiment est souvent recherché, sans que la nature de l'activité ne soit le plus important. Elle peut être verbale ou physique, et peut également être privée ou publique. Souvent, elle peut devenir ritualisée, et comme pour la plupart des stimulations sexuelles être évoquée par internet ou téléphone. La distinction entre l'humiliation et le fait d'être dominé provient des différents plaisirs que l'individu éprouve ; seules les activités variées changent ce fait.

Femme portant un masque de chien.

Certaines fantaisies et fascination de l'humiliation érotique font partie du sadomasochisme (SM) ou autre jeu de rôle sexuel, et ont relativement été illustrés[1]. L'humiliation peut cependant être amenée à un but dans lequel elle devient émotionnellement ou psychologiquement affligeante pour un ou plusieurs partenaires, et spécialement dans le domaine de l'humiliation publique. L'humiliation érotique peut devenir dangereuse et c'est pour cette raison que certaines personnes considèrent qu'il est important de fixer des limites et d'utiliser un « safeword ».

Historique et terminologie modifier

Le partenaire dominé est souvent nommé « soumis » ou « esclave » (sexuellement parlant), et le partenaire qui le domine est souvent nommé « dominant(e) » ou « maître(sse) » (bien que ces termes soient classiques concernant le rôle dominant/soumis et ne possèdent pas d'intérêt spécifique dans le domaine de l'humiliation) voire « dominatrix » (du côté professionnel).

L'humiliation n'est pas pareille à celle évoquée dans la domination et soumission ; le partenaire dominé ne cherche pas nécessairement à exécuter les ordres imposés par son partenaire dominant. L'humiliation vient d'elle-même en tant que force sexuelle lorsque le dominé recherche l'humiliation par tous les moyens. Comme telle, elle est dérivée d'une lignée de paraphilies, en particulier le fétichisme du pied ou le fétichisme de la chaussure, la domination, la fessée, le bondage ainsi que d'autres styles BDSM. Elle peut devenir basique lorsque le désir d'embrasser ou de masser les pieds en tant que précurseur dans la relation se manifeste, ou dans les cas plus complexes, inclure des jeux de rôles privés ou publics. Elle peut également durer le temps d'une période ou durant une relation sérieuse. L'humiliation érotique peut également se tenir par des moqueries physiques ou psychologiques[2].

Méthodes d'humiliation modifier

Il existe plusieurs pratiques pouvant être considérées comme signes précurseurs de l'humiliation. Certaines de ces pratiques sont basées sur l'abus verbal et d'autres sur l'aspect physique.

 
Aspect cartoonesque d'un jeu de rôle sexuel entre le soumis masculin et sa maîtresse.

Les aspects verbaux peuvent inclure :

  • le rabaissement en tant que marchandise humaine (prostitué) ou animal (chien), humiliant ainsi l'individu, le forçant à manger de la nourriture pour les animaux et de boire dans une gamelle d'eau[3] ;
  • le rabaissement verbal, tel que « esclave », « gamin », « fillette », « jouet » ;
  • les insultes et abus verbaux, tels que « gros », « moche », « stupide », « bon(ne) à rien » ;
  • les références dégradantes, telles que « pute », « salope, etc. ;
  • la moquerie des parties du corps ou de l'état psychologique, comme le rabaissement verbal des seins, de l'apparence physique, des organes génitaux, du derrière ou de la façon de marcher, de se tenir ;
  • l'obtention de la permission des activités quotidiennes telles que dépenser son argent, aller aux toilettes ou manger ;
  • l'humiliation des seins « trop petits », durant laquelle le physique des seins est rabaissé ;
  • l'humiliation du pénis « trop petit », durant laquelle le physique du pénis est rabaissé ;
  • la répétition forcée, durant laquelle le partenaire dominé est forcé de répéter les gestes que lui ordonne son partenaire dominant ;
  • la flatterie forcée, durant laquelle le partenaire dominé est forcé de flatter tout ce que le partenaire dominant décide. Dans ce type d'humiliation, le dominé doit également flatter le physique et la personnalité du dominant ;
  • la moquerie, la dérision et la ridiculisation ;
  • d'être traité comme un enfant[4].

Les aspects physiques et tangibles peuvent inclure :

  • l'éjaculation faciale, le pet, la défécation, le crachat, les gifles ou l'ondinisme sur le corps du dominé, spécialement sur le visage ;
  • l'exécution des tâches ingrates ou abusives, telles que nettoyer le sol ou les WC avec une brosse à dents ;
  • l'exécution fréquente de services sexuels passifs-agressifs pour le partenaire dominant, tels que le massage érotique, le cunnilingus, l'anulingus, ou la fellation ;
  • le contrôle détaillé de tâches ingrates (micromanagement) à exécuter, directions précisées sur la manière de faire son travail ainsi que du comportement ;
  • des rituels spécifiques et d'affection à adopter. Cela inclut un comportement de servitude tel qu'allumer une cigarette, servir de cendrier, marcher à quatre pattes derrière le dominant, parler une fois l'ordre reçu, obéir et se prosterner devant le dominant lorsque les ordres sont donnés, manger les restes (parfois à même le sol), baisser la tête, ainsi que d'autres variétés de servitude telles que baiser/lécher les pieds, les bottes, l'anus, etc., du dominant pour exprimer la reconnaissance, l'obséquiosité, la honte, ou des émotions positives comme le bonheur ou l'excitation ;
  • l'abolition de la liberté de circulation. Cela inclut une suppression totale de liberté de quitter la salle dans laquelle le dominant est présent sans permission, et peut également être interdit de quitter la maison, ou la salle, en général durant le temps d'esclavage ou de servitude ;
  • les punitions pour une variété d'« infractions » ou désobéissances, telles que l'ordre d'aller au coin, la flagellation, les coups de fouet, rations réduites ou exercices forcés ;
  • de passer au statut inférieur, comme les animaux (chien ou cheval) ou les bébés/enfants en bas âge[5],[3] ;
  • de donner la fessée, fouetter, punir et autres activités sadomasochistes telles que le « bondage des testicules et torture du pénis » ;
  • les prohibitions ou restrictions des vêtements, également en public. Un exemple commun pour les femmes est d'être mandatées sur ce qu'elles portent incluant les bikinis ou la lingerie. Pour les hommes, un sens de l'humiliation particulièrement puissant serait d'être forcé de se femelliser ou de se travestir[6],[7]. Les deux sexes peuvent s'attendre à être complètement nus, portant des objets décoratifs comme les colliers, menottes, etc. ;
  • l'utilisation de ceintures de chasteté ou autre accessoire restrictifs ;
  • d'entre-mêler les cheveux ou poils du dominé avec une gomme à mâcher ;
  • de porter des signes externes d'« appartenance », comme un collier[3] ;
  • d'être assisté des membres de famille, d'amis ou d'étrangers pour assister au mauvais traitement du soumis (humiliation publique) ;
  • l'objectification érotique, dans laquelle le partenaire soumis incarne le rôle d'un objet, tel un trépied ;
  • l'embarras ;
 
Exhibitionnisme du partenaire masculin soumis par sa dominatrice.
  • la pénétration anale forcée du mâle dominé ;
  • le cuckolding, incluant un troisième partenaire ;
  • de demander la permission d'un orgasme pendant une relation sexuelle ou une masturbation ;
  • de forcer le port d'un bâillon et/ou certaines restrictions du corps ;
  • la domination financière, dans laquelle habituellement le partenaire soumis (ou « esclave monétaire ») offre des cadeaux ou de l'argent à son dominant. La relation peut également être accompagnée d'autres actes sadomasochistes, mais cela doit être fictif et non intime entre les individus ;
  • la masturbation forcée d'une manière humiliante[6] ;
  • les sensations d'humiliation sont habituelles chez les personnes attirées par la clystérophilie[8].

Certaines humiliations sexuelles incluent de la douleur, mais la plupart de ces relations sont de loin attribuées au ridicule, à la moquerie, à la dégradation et à l'embarras.

Les jeux de rôle sexuels peuvent ou non inclure une humiliation. Par exemple, un individu soumis incarnant le rôle d'un chien sait qu'il doit s'attendre à être traité comme tel par son dominant et posséder un statut social plus bas que celui de son maître, alors qu'un autre individu peut incarner ce rôle d'une manière simple sans aucun élément d'humiliation et simplement par expression.

Psychologie modifier

L'humiliation touche en général directement ou indirectement les émotions d'un individu, souvent devenu sexualisé. C'est pour cette raison que le consentement et (paradoxalement) un haut degré de sécurité et de communication sont essentiels pour savoir si la relation est consentante et non abusive. Par exemple, un soumis peut apprécier d'être insulté, mais il ne peut pas forcément apprécier d'être émotionnellement dévasté en cas d'humiliation extrême et abusive dans d'autres cas. Le jeu de l'humiliation a également rapport avec le fétichisme sexuel, dans lequel les activités non sexuelles peuvent être exposées durant une humiliation comme durant l'exhibitionnisme dans laquelle les individus dominant et dominé attendent d'être assistés de témoins de la scène.

Humiliation en ligne modifier

L'humiliation en ligne est le désir d'être sexuellement embarrassé via Internet. Cette pratique permet au soumis d'établir un contact avec des fétichistes du monde entier. Les méthodes communes d'une humiliation en ligne incluent :

  • un pilori public ;
  • des photos embarrassantes ou vidéos dégradantes pour le soumis ;
  • une exigence d'écrire un journal intime en ligne, détaillant des informations personnelles telles que les masturbations, fétiches et autres détails ;
  • l'abus verbal ;
  • montrer publiquement les articles révélant le fétiche du soumis.

Ces pratiques peuvent être partagées via des forums, par messagerie instantanée, par webcam, par messagerie électronique ou par des sites BDSM spécialisés.

Notes et références modifier

  1. (en) Midori (美登里) Wild Side Sex: The Book of Kink Educational, Sensual, And Entertaining Essays. 2005. (ISBN 978-1-881943-22-8).
  2. AJ Giannini, GL Colapietro, AE Slaby, SM Melemis, RK Bowman. Sexualisation of the female foot as a response to sexually transmitted epidemics. Psychological Reports. 82:491-497, 1988. PMID 9819924
  3. a b et c Different loving, p. 162.
  4. Different loving, p. 102.
  5. Different loving, p. 133.
  6. a et b Wild Side Sex, p. 47.
  7. (en) Different loving: the world of sexual dominance and submission, 1996, (ISBN 978-0-679-76956-9), p. 40. Consulté le 18 septembre 2010.
  8. Different loving, p. 517.

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier