Histoire du Sri Lanka

étude et narration du passé du Sri Lanka

L'histoire du Sri Lanka s'insère dans l'histoire plus large du monde indien et remonte à des millénaires.

Notes sur les sources modifier

Textes religieux modifier

Écrits bouddhistes

L'histoire actuelle du Sri Lanka est entièrement basée sur les chroniques bouddhistes cingalaise, en langue cingalaise indo-européenne. Contrairement à l'Inde, où la tradition historique est peu répandue, le Sri Lanka dispose de plusieurs chroniques historiques. Elles permettent même parfois d'éclairer l'histoire de l'Inde.

Trois chroniques couvrent l'histoire de l'île :

  • le Dipavamsa (« généalogie de l'île »),
  • le Mahavamsa (« grande généalogie »), compilée par Mahanama,
  • le Culavamsa (« dernière généalogie »), reprenant l'histoire de l'île au IVe siècle, date où s'arrêtaient les chroniques précédentes, jusqu'à la conquête britannique.

Ces chroniques, mêlant certains épisodes légendaires aux faits historiques, sont considérées par les chercheurs comme des sources moyennement fiables et moins rigoureuses que les chroniques chinoises. Le sinologue Otto Frank et l'orientaliste allemand Wilhelm Geiger ont ouvertement douté de l'exactitude historique du Mahavamsa, malgré le fait que bon nombre de faits cités on pu être prouvés[1]. De plus l'étudiant cingalais de Geiger, G.C Mendis relève aussi plusieurs erreurs historiques notamment sur l'arrivée du prince Vijaya sur l'île en précisant que les auteurs du Mahavamsa ont fait en sorte que la date d'arrivée coïncident avec la date de décès de Gautama Buddha, Mendis émet également des doutes sur les prétendus trois visites du Bouddha au Sri Lanka qui sont cités uniquement par le Mahavamsa et le tout sans preuve[1].

De plus, elles sont très orientées, et très critiques envers les musulmans, les tamouls hindouistes, les maures, mais aussi les cingalais bouddhistes Mahayana (tel que le roi Mahasena) ou les bouddhistes Hinayana. Ceux qui écrivaient ces textes étaient des moines bouddhistes Theravāda[1].

Écrits hindouistes

La grande majorité des écrits hindouistes provenant des tamouls du Sri Lanka ont été brulés en 1981 par les cingalais lors de l'Incendie de la bibliothèque de Jaffna, pendant la guerre civile du Sri Lanka. Les théories tamouls de leurs primautés sur l'île sont aujourd'hui invérifiables, bien que plausibles.

Dans quelques textes provenant des tamouls de l'Inde, tels que les chroniques légendaires du Ramayana, plusieurs mentions du Pays de l'Eelam, Eelam Nadu, sont à noter. Par exemple, le Pont d'Adam, aujourd'hui un archipel d'îlots entre l'Inde et le Sri Lanka, aurait été créé par Rāma, le septième avatar de l'un des 3 dieux suprêmes de l'hindouisme, le dieu Vishnou, avec l'aide du dieu-singe à Hanumān.

Contexte politique modifier

L'antériorité de l'arrivée des Cingalais ou des Tamouls au Sri Lanka est l'objet d'âpres polémiques, car le conflit ethnique entre les deux communautés qui a entraîné la guerre civile des années 1980 et 2010) divise les experts.

Si la présence des Veddas semble remonter à la protohistoire[2], et est acquis à la communauté internationale, celle de la primauté sur l'île est toujours un sujet sensible. [Information douteuse] La plupart des Vedda parlent une langue propre dont la classification est débattue entre langue indépendante ou créole cinghalais. Les Veddas parlent un dialecte cingalais dans les régions majoritairement cingalaises et tamouls dans les régions majoritairement tamouls.

Nous savons que les cingalais sont arrivés vers l'an -543, en provenance du nord de l'Inde, avec le premier roi cingalais, le Prince Vijaya. Les diverses théories sont :

  • Les tamouls sont arrivés plus tard, avec les invasions indiennes de la dynastie Chola dans les années -300.
  • Les tamouls sont arrivés encore plus tard, avec les invasions indiennes de l'empire Pandya dans les années 800.
  • Les Tamouls ont toujours vécu dans le sud du continent indien, et le territoire du Sri Lanka était entièrement tamoul avant l'arrivée du Prince Vijaya.

Cependant, une étude génétique réalisé en 2023 a révélé qu'il y a une trace d'affiliation de l'Inde du Nord à la population cinghalaise et une ascendance génétique commune profondément enracinée avec les Maratha, ce qui vient crédibiliser la théorie émise par les Tamouls comme quoi les Cingalais sont arrivés sur l'île après les Tamouls[3].

Sur la chronologie modifier

La chronologie de la liste ci-dessous est basée sur le système traditionnel sri lankais, lui-même basé sur le Calendrier bouddhiste, celui-ci commence à partir de l'an 543 ou 544 av. J.-C.

De plus, ce calendrier étant luni-solaire, les mois durent 29 à 30 jours, ce qui revient à une année à 354 jours, en opposition avec les calendriers solaires contenant 365,25 jours. Pour corriger ce décalage, ce calendrier rajoute 11 jours tous les 57 ans, et 7 mois de 30 jours tous les 19 ans[4].

En raison de ces différences de calendrier, beaucoup de dates ne sont pas précises avant 1548, date où les événements sont enregistrés et synchronisés par les colons du Ceylan portugais.

Étymologie modifier

Taprobane modifier

Le monde hellénistique connaissait les richesses de l'île de Taprobanè, probable déformation d'un mot Prâkrit, Tamraparni, qui désigna une rivière d'une région riche en perle dans le sud de l'Inde. On retrouve dans le mot Tamraparni la racine sanscrite Tamara, qui désigne une variété de Lotus rouges; qui se dit en tamoul Tamarasam.

Serendip modifier

Les commerçants arabes, qui prennent le relais et maîtrisent les échanges entre la Méditerranée et le monde indien jusqu'à l'arrivée des Portugais, la connaissent comme « Serendip » — dérivé depuis le nom sanskrit Sinhala-dweepa — qui est la racine du mot anglais « serendipity », ou en français « sérendipité », signifiant découverte heureuse faite par hasard. C'est de cette implantation et de sa descendance que provient la population musulmane (7 %).

Ceylan modifier

Au XIVe siècle, les Arabes nommait l'île Saheelan. Au XVIe siècle, les colons portugais nommaient l'île Ceylaõ. Sous la colonisation néerlandaise, c'était Zeylan.

Préhistoire modifier

Au cours du dernier million d'années, le Sri Lanka a été connecté au sous-continent indien durant les périodes glaciaires du Pléistocène, lorsque le niveau de la mer était 180 mètres plus bas qu'actuellement, la dernière séparation s'étant produite durant l'Holocène, il y a environ 6 000 ans. Pour cette raison, il est impossible de considérer la préhistoire sri-lankaise séparément de celle de l'Inde. Les premières traces d'activités d'hominidés au Sri Lanka datent d'il y a 125 000 ans, à plus de 500 000 ans[5].

Paléolithique modifier

Il existe des vestiges datés de plus de 300 000 ans autour du village Iranamadu (en) [réf. nécessaire].

En , des fouilles menées par l'Institut Max Planck allemand, l'université Griffith australienne et le Ministère de l'archéologie sri-lankais ont montré que les occupants de la grotte de Fa Hien avaient développé une technologie d'arc et de flèche vers 48 000 ans AP. Il s'agit de la plus ancienne preuve connue de cette technologie en dehors de l'Afrique[6].

Les premières colonies d'humains anatomiquement modernes remontent à 48 000 ans[7].

Mésolithique et Néolithique modifier

Un squelette humain trouvé à Godavaya, dans le district d'Hambantota, provisoirement daté de 5000 à , était accompagné d'outils en os et en pierre.

Pendant l'Âge du fer (de 1000 à ), le Sri Lanka semblait partager la même culture que le Sud de l'Inde, au travers des sépultures mégalithiques, la poterie, la technologie du fer, les techniques agricoles et les gravures rupestres.

Une grande implantation semble avoir été fondée avant sur le site d'Anurâdhapura, où des signes d'une culture de l'Âge du fer ont été trouvés. La taille de la colonie était d'environ 15 hectares à cette date, mais elle s'est étendue à 50 hectares, pour atteindre la taille d'une ville en quelques siècles. Un site similaire a été découvert à Aligala et à Sigirîya.

Protohistoire modifier

Avant l'Histoire, il y avait l'épopée. C'est de l'Inde que viennent les premiers récits mythiques qui laissent entrevoir la protohistoire du Sri Lanka. Réunis dans le Râmâyana, ces récits évoquent les premiers affrontements entre Indiens et Ceylanais au cours du Ier millénaire avant notre ère.

Un roi de Lanka, Ravana, régnait sur les Rakshasas (« démons ») tout en tentant de soumettre les sauvages Yakshas (« génies chthoniens »). Un de ses neveux, Lavana, avait envahi le pays de Madurai et Ravana avait, lui-même, enlevé une princesse aryenne, la fidèle Sītā, épouse du prince Rāma. Celui-ci, aidé par le roi des Vanaras (« singes »), Hanumān, décida une expédition contre les habitants de l'île de Ceylan. Il franchit le détroit sur la chaussée d'Hanuman construite par les sujets du Roi-singe. Rāma vainquit Ravana, le tua, retrouva Sītā et rentra en Inde où il célébra sa victoire à Ramashvaram. Cette Iliade de source indo-aryenne présente une version anti-ceylanaise des oppositions tribales de la protohistoire ; expéditions de pillage de part et d'autre; rapts de femmes; antagonismes ethniques et préjugés raciaux.

Il est facile d'interpréter cette histoire : le héros, Rāma, est un conquérant indo-aryen et représente les envahisseurs indo-européens du second millénaire avant notre ère. Ravana et ses « démons » sont les ennemis ceylanais au teint sombre, de même qu'Hanuman représente les Dravidiens mélanodermes ralliés à la cause aryenne. Quant aux Yakshs, ils désignent les aborigènes, chasseurs-cueilleurs des forêts de Ceylan, dont se réclament les Vedda[8], une ethnie qui ne compte plus aujourd'hui que 2 500 personnes. Le Râmâyana reste populaire en Inde comme chez les Tamouls de Ceylan : il évoque plus de deux millénaires de cohabitation entrecoupée d'hostilités.

Antiquité (-543 à -377) modifier

Immigration Indo-aryenne modifier

L'histoire de Ceylan commence selon les chroniques cingalaises, au Ve siècle av. J.-C. L'île est alors envahie par des tribus aryennes venues du nord de l'Inde, de la plaine du Gange, sous la conduite d'un prince guerrier, le Prince Vijaya. Vijaya signifie Victoire en sanskrit, et est sûrement un surnom légendaire conféré à posteriori. C'était le roi du Magadha, au Nord-Est de l'Inde, qui portant le nom de Sinha-Gahu. Les chroniques racontent que 700 guerriers et leurs familles ont suivi Vijaya.

Le nom de cet ancêtre est à l'origine du nom de la première dynastie, les Sinhala (Sinha : Lion et La : Tueur; Tueur de Lion). De ce nom procèdent les approximations occidentales : sinhalese en anglais, ou cingalais en français. Le lion est alors l'animal héraldique du Sri Lanka.

Premiers Royaumes modifier

Le Prince Vijaya fonde le premier royaume connu du Sri Lanka, le royaume de Tambapanni. Cette capitale est dans un site aujourd'hui inconnu. Néanmoins, les chroniques du Mahavamsa sont assez claires sur la transmission du pouvoir, qui passe à sa mort à l'un de ses vassaux et ministre en chef de son gouvernement, Upatissa (en).

Upatissa déplace sa capitale et fonde ainsi le Royaume d'Upatissa Nuwara qui va tenir un siècle (1220-1345).

Moyen Âge modifier

Royaume d'Anuradhapura (-327 à 1017) modifier

Anuradhapura est fondée en -377, par un roi fidèle aux traditions astrologiques indo-aryennes. Il donne à la nouvelle cité le nom de l'étoile Anuradha, la constellation du Scorpion. Cette ville va présider l'histoire cingalaise pendant près d'un millénaire.

Vers -250, le roi Devanampiya Tissa, vassal de l'Empereur Maurya Ashoka, l'imite dans sa conversion au bouddhisme. Ashoka lui envoie son fils (ou son neveu) Mahinda, et sa fille Sanghamitta comme missionnaires de la nouvelle doctrine. Cette rencontre est le point de départ de la diffusion du bouddhisme au Sri Lanka. Les deux missionnaires sont accompagnés de moines et de moniales en nombre suffisant pour fonder les premiers monastères de l'île. En plus des enseignements de Bouddha, ces religieux apportent quelques-unes des reliques du Maitre, dont une bouture de l'arbre de l'Illumination, l'arbre de la Bodhi. Les premiers chapitres sont installés sur la hauteur de Mahinda, à Mihintale. On attribue au roi Tissa la construction de nombreux monuments religieux et celle de barrages qui ont créé les lacs artificiels indispensables à l'irrigation de la zone sèche du Nord de Ceylan.

Les rois successifs doivent résister aux envahisseurs Dramilas, les ancêtres des Tamouls du Sri Lanka actuel, selon la théorie des Cingalais. Pendant 70 ans, des rois tamouls de la Dynastie Chola occupent le pouvoir et les Cingalais doivent fuir dans l'extrême sud de l'île. En -161, le roi cingalais Dutugemunu part du sud avec une armée, et réussit à vaincre le roi tamoul Ellalan, et à le tuer. Cette épopée a très souvent servi de propagande pendant la guerre civile du Sri Lanka, pour expliquer la nécessité de chasser les Tamouls de l'île. Les Tigres tamouls organiseront une opération suicide nommé opération Ellalan en 2007 en son honneur.

Chaque invasion tamoule représente⁷ une destructions de livres sacrés bouddhistes et une évacuation précipitée de la Dent de Bouddha. Selon la tradition cingalaise, le propriétaire de la Dent est le roi légitime du Sri Lanka. Cette dent est aujourd'hui dans le Temple de la Dent.

Vers -80, une invasion chasse le roi Vattagamani Abhaya, qui se réfugie dans les grottes de Dambulla, capitale provisoire au milieu de la forêt. La cité et alors dirigée par des rois tamouls, que l'on nomme les Cinq Dravidiens (Pulahatta, Bahiya, Panya Mara, Pulaya Mara, Dathika). Le roi cingalais revient au pouvoir vingt ans plus tard.

Au début de notre ère, les marins gréco-romains d'Alexandrie révèlent au monde les Vents D'Hippalos, c'est-à-dire les vents saisonniers qui portent leurs voiliers vers l'Inde et Taprobanè. Un trafic maritime s'établit entre l'Orient et l'Occident: des ambassadeurs cingalais parvinrent à Rome sous Claude, et Pline l'Ancien les y rencontra. Les monnaies romaines de Néron et de Vespasien découvertes dans l'île sont aujourd'hui conservées au musée de Colombo et attestent des relations commerciales avec la Rome antique. Vers 160, le géographe Ptolémée donne une description de Taprobanè dont il nomme plus de cinquante sites. À cause des problèmes de navigation de ses marins, il donne à l'île des dimensions démesurées.

Vers 330, Mahasena est un grand roi bâtisseur. On lui doit la construction de barrages et de monastères, dont le complexe du Jetavana qu'il fait construire dans sa capitale. Il est à l'origine du lac artificiel de Topawewa, qui va servir de point de départ à la future capitale Polonnaruwa. Pendant son règne, commence la rédaction de la première chronique en pali, le Dipavamsa.

Vers 360, le roi Buddhadasa établit une cité royale à 80km d'Anuradhapura : Polonnaruwa.

Au IVe siècle, Ceylan est un centre de distribution des marchandises occidentales, indiennes et chinoises. Le voyageur grec Cosmas Indicopleustès raconte y avoir rencontré des chrétiens d'une communauté perse. Une croix nestorienne est découverte lors de fouilles archéologiques menées à Anuradhapura en 1912, confirmant cette présence chrétienne[9].

 
Le bodhisattva Tara. Bronze doré, VIIIe siècle de notre ère. Côte est du Sri Lanka. Cette sculpture témoigne de la présence du bouddhisme mahāyāna à l'époque du royaume d'Anurâdhapura. British Museum.

Vers 410, le pèlerin chinois Faxian, après avoir parcouru l'Inde pendant une dizaine d'années, séjourne à Anurâdhapura, avant de rejoindre son pays par voie de mer. Dans ses écrits, il embarque d'un port qu'il nomme Koa-Lan-Pou = Kalambou = Colombo.

Vers 460, le roi Dhatusena repousse les rois tamouls. Il continue les constructions et les travaux d'irrigation de ses ancêtres. Il est fait prisonnier, puis est assassiné par son deuxième fils Kassapa Ier. Celui-ci, devenu roi, crée une nouvelle capitale au sommet d'un roc, Sigiriya. Après une vingtaine d'années⁷ de règne, il est tué par son frère ainé Mogallana, qui ramène la capitale à Anuradhapura. Le nouveau roi établit des monastères sur Sigiriya, et c'est là que les moines rédigent la deuxième chronique cingalaise, le Mahavamsa.

Vers 530, des relations diplomatiques continuent entre l'Empire byzantin et Ceylan, car les annales de Justinien mentionnent une ambassade cingalaise.

Du VIe siècle au Xe siècle, les rois tamouls de la dynastie Chola, du Coromandel, font des incursions périodiques dans le Nord de Ceylan, saccageant la capitale à plusieurs reprises. À chaque invasion, les rois cingalais se replient sur Polonnaruwa, qui peu à peu prend le rang de capitale, sous des rois célèbres comme Aggabodhi VI, Sena Ier, Sena V.

Vers l'an 1000, le roi indien tamoul Rajaraja Ier de la Dynastie Chola, conquiert tout le nord de Ceylan et désigne un vice-roi pour gouverner en son nom à Polonnaruwa. Le roi cingalais est prisonnier en Inde et Polonnaruwa devient une ville tamoule[non neutre]. Le Sud de Ceylan reste indépendant sous l'autorité de petits princes réfugiés dans la montagne.

Période Polonnaruwa (1056 à 1232) modifier

Vers 1050, un prince cingalais Vijayabahu I, unifie la résistance et chasse les tamouls et le roi Kulottunga I (en). Des constructions et des inscriptions attestent de son prestige à Polonnaruwa. Avec ce roi, commence un grand siècle de la civilisation cingalaise médiévale, qui voit une renaissance de tous les arts.

Entre 1153 et 1186, le règne du fameux Parakramabahu I à qui l'on doit plusieurs des plus beaux monuments de Polonnaruwa. Sous son sceptre, vivent pacifiquement diverses communautés religieuses : bouddhistes, hindous, musulmans, juifs et chrétiens sont représentés à son conseil. L'occident médiéval ne connaissait pas cette tolérance, les chrétiens allaient en croisade contre les musulmans, et les juifs étaient persécutés en France et en Angleterre.

Entre 1186 et 1196, le roi Nissanka Malla agit comme certains pharaons et fait inscrire son nom sur des monuments bâtis par ses prédécesseurs. Les archéologues modernes ont démasqué ses prétentions.

En 1215 à 1240, une invasion tamoule sous le roi Kalinga Magha est désastreuse pour le royaume cingalais. C'est la fin de l'apogée des royaumes cingalais, et l'architecture et l'art ne retrouveront jamais leurs splendeurs. Le prince Vijayabahu III s'enfuit avec la Dent de Bouddha et s'installe dans la ville de Dambadeniya pour fonder l'un des premiers petits royaumes cingalais, le Royaume de Dambadeniya.

Période de transition (1232 à 1505) modifier

Petits royaumes cingalais modifier

En 1240, le roi Parakramabahu II chasse les tamouls, rétablit le bouddhisme, restaure Anuradhapura et Polonnaruwa.

En 1273, encore une fois, les tamouls repoussent le roi cingalais Bhuvanaikabahu I vers le sud, dans une capitale temporaire, Yapahuwa.

En 1285, les Tamouls, au cours d'un raid sur Yapahuwa, s'emparent de la Dent de Bouddha. Pour récupérer la sainte relique, le roi Parakramabahu III se rend à Madurai au Tamil Nadu et se soumet au souverain de l'Empire Pandya, Maravarman Kulasekara Pandyan I. Il peut donc s'installer sur le trône de Polonnaruwa, en tant que simple sujet de l'empire Pandya.

Vers 1290, son fils et successeur Parakramabahu IV abandonne Polonnaruwa et rejette la soumission à l'Empire Pandya, il réussit à voler la Dent de Bouddha et s'enfuit avec dans le sud de l'île. Il s'installe dans une nouvelle capitale, Kurunegala, et fonde le Royaume de Kurunegala. Les anciennes capitales sont abandonnées par les tamouls et les cingalais, et la jungle reprend le dessus sur les deux villes. La zone étant sèche sur les plateaux, les villes ne vivent que par les travaux d'irrigation organisés sous l'égide des rois. Parakramabahu IV, prince cultivé, ranime la foi bouddhiste, et fait traduire les Jakatas en cingalais. Ces textes, alors disponibles pour les seuls moines lettrés, deviennent accessibles à toutes les couches de la société : cela se ressent sur les sculptures et les peintures à partir de son règne.

En 1295, Marco Polo passe à Kurunegala.

Vers 1340, le roi Bhuvanaikabahu IV doit fuir sous la pression tamoule vers le massif central, où il fonde le Royaume de Gampola.

Vers 1410, Vira Alakesvara choisit une capitale plus proche de la mer, et fonde le Royaume de Kotte, non loin de l'antique temple de Kelanie, dit-on, visité par le Bouddha, et à proximité du port de Kalambou, l'actuel Colombo. Les ruines de ce royaume ont totalement disparu parce qu'à l'intérieur même du périmètre urbain de Colombo. C'est là que règne le roi Parakramabahu VI.

Malgré quelques sursauts comme celui du roi Bhuvanaikabahu VI qui réussit à envahir le royaume de Jaffna dans les années 1450, le pouvoir des rois de Kotte s'affaiblit et est même contesté par les chefs de tribus locales. Ces divisions vont favoriser les invasions des colons portugais qui rôdent dans les mers indiennes vers les années 1500.

Royaume de Jaffna modifier

Le royaume de Jaffna (yaalpanam), connu également sous le nom de royaume de Arya Chakravarti, est une monarchie située dans la région nord de l'actuel Sri Lanka. Elle a pour capitale Nallur. Son extension maximale se situe au milieu du XIVe siècle.

Période coloniale (1505-1815) modifier

Comptoirs portugais modifier

Les Portugais cherchent à briser le monopole arabe du commerce des épices. En 1501, ils paraissent devant le port de Kalombou. À ⁶ce moment, Ceylan est divisé par plusieurs principautés rivales. Le nord est tenu par un roi tamoul, divers chefs locaux dirigent leurs tribus, et le roi légitime, détenteur de la Dent de Bouddha, réside à Kotte.

Les Portugais impressionnent fortement le roi de Kotte Vijayabahu VII, par leurs casques, leurs cuirasses, leurs mousquets et leurs canons. Il leur accorde ce qu'il ne peut pas leur refuser, le droit d'établir un comptoir commercial et celui d'élever un fort pour protéger les marchandises qui transiteraient pour le compte du Royaume de Portugal. Beaucoup de colonies portugaises commencèrent ainsi. Le commerce étant primordial, un factor est responsable des magasins de stockage, qui forment la faytoria, sous la protection d'une petite garnison.

En 1521, l'un des évènements majeurs de l'histoire du Sri Lanka se produit, le Wijayaba Kollaya. Trois des fils du roi Vijayabahu VII, Bhuvanaikabahu, Raigama Bandara et Mayadunne s'allient pour tuer leur père. Mayadunne, qui hait les Portugais, s'enfuit dans l'intérieur de l'île et fonde le Royaume de Sitawaka; Bhuvanaikabahu VII tente de défendre son trône en négociant avec le vice-roi portugais de Goa. Il fait convertir au christianisme plusieurs membres de son palais.

En 1541, Bhuvanaikabahu VII se résout à envoyer une ambassade à Lisbonne pour se reconnaître vassal de Jean III de Portugal, à qui il demande de couronner son petit-fils et héritier Dharmapala. Malgré cette attitude de soumission, le roi est tué à Kélani par un soldat portugais, sous l'ordre du vice-roi de Goa. Le jeune Dharmapala est intronisé, et gouverne sous la régence de son père Weediya Bandara, l'un des généraux les plus réputés de l'histoire du Sri Lanka. Le régent finit par être révoqué par le Portugal suites aux prévarications du vice-roi, il est emprisonné mais réussit à s'évader. Il devient chef de bande, et harcèle les comptoirs portugais au sud de l'île.

Les années 1544 à 1546 sont décisives: au lieu de s'unir contre les envahisseurs qui ont fait baptiser son fils Dharmapala, Weediya Bandara va combattre Mayadunne et va perdre. Mayadunné devient le Défenseur de Lanka et du Dharma. Lui et son fils Rajasinha I opposent une résistance aux Portugais. Au même moment, Jayaweera Astana, gouverneur de la grande ville Maha Nuwara, qui n'est pas encore Kandy, se proclame Roi de la montagne, Kandarajah. Il entre en relation avec les Portugais pour éliminer Mayadunne.

Au milieu de XVIe siècle, il y a quatre rois à Ceylan :

Tout en flattant Dharmapala (qui ne mourra qu'en 1597), les Portugais se tournent vers le roi de Kandy, et envoient des soldats, des ouvriers, des scientifiques, et des moines franciscains. L'influence portugaise va s'exercer pendant plus de 35 ans.

En 1581, le roi de Sitawaka Rajasinha I luttant victorieusement contre les Portugais, et les contraignant à rester sur les côtes, réussit à s'emparer de Kandy et devient pendant 10 ans le seul maître du centre de l'île. C'est alors que curieusement Rajasinha I renie le bouddhisme et se déclare hindouiste Brahmaniste, persécutant les moines bouddhistes, détruisant les temples et les livres sacrés. Au bout de 10 ans, Kandy se révolte au nom du Bouddhisme et chasse Rajasinha qui meurt assassiné en 1593.

Peu avant, en 1592, l'héritier du roi de Kandy, converti au catholicisme, meurt de façon opportune. Le général Vimaladharmasuriya I s'empare du trône de Kandy. Converti au catholicisme, mais une fois roi, il redevient bouddhiste. Il purge Kandy de toute influence portugaise et chrétienne, et reprend la lutte contre les conquérants.

En 1587, les Portugais envahissent le Royaume de Jaffna, et le roi tamoul Puviraja Pandaram est décapité. Les monarques suivants sont assujettis au Royaume de Portugal. Pendant les 30 dernières années du royaume de Jaffna, les différents rois portent souvent assistance au Royaume de Kandy face au Royaume de Sitawaka et face aux Portugais.

En 1593, il ne reste plus que deux puissances sur l'île : le Royaume de Kandy détient le centre de l'île et la côte orientale ; les colons portugais possèdent toutes les autres provinces maritimes du nord et de l'ouest.

En 1594, les Cingalais résistent et gagnent une guerre contre les Portugais lors de la campagne de Danture. Pour la première fois de l'histoire du Royaume du Portugal, une armée portugaise est complètement anéantie par des indigènes. Cette victoire fait du royaume de Kandy une puissance militaire majeure, qui va réussir à rester indépendant jusqu'en 1815.

Colonie néerlandaise et Royaume de Kandy modifier

En 1579 se produisent deux événements qui marquent le destin du Sri Lanka : d'une part le roi d'Espagne Philippe II devient le souverain du Portugal ; d'autre part, les Provinces-unies, guidées par la Hollande, se soulèvent et combattent pour leur indépendance nationale et leurs libertés religieuses. Les Hollandais deviennent ainsi les ennemis de leurs vieux rivaux des mers, les Portugais.

Dès 1602, des marins néerlandais font escale à Trincomalee et entrent en relation avec Vimaladharmasuriya I. Le roi de Kandy accepte de s'allier pour chasser les Portugais, leurs ennemis communs. Il va très vite comprendre qu'il a fait une erreur avec ses nouveaux amis encombrants.

En 1604, le général Senarat succède à Wimala dont il épouse sa veuve. Il entretient des relations cordiales avec les Hollandais, mais il cherche d'autres alliés contre les Portugais. En 1620, Senarat propose d'offrir tout le nord de Ceylan à une ambassade danoise. Le Danemark refuse ce présent empoisonné, qui l'aurait opposé à la fois aux Portugais et aux Néerlandais.

En 1636, Râjasimha II succède à son père, il reste le héros historique de l'indépendance cingalaise combattant tour à tour contre les deux envahisseurs. Malgré une alliance passagère avec les Hollandais en 1638, le roi ne tarde pas à s'opposer à ces derniers qui achèvent d'éliminer les derniers bastions portugais.

En 1658, tous les bastions portugais sont tombés, et les Hollandais se retrouvent dans la même situation que leurs prédécesseurs: maîtres comme eux des Provinces maritimes, mais leurs expéditions échouent de la même manière contre le Royaume de Kandy.

En 1672, Râjasimha II devient de plus en plus xénophobe à force d'être harcelé par les Européens. Un envoyé de Louis XIV, Jacob Blanquet de la Haye lance des expéditions contre le Ceylan néerlandais, et Trinquemalay devient français pendant 3 mois. Néanmoins, le roi de Kandy n'apporte pas son soutien et ne supporte plus les Européens, même si les Français annoncent avoir le même ennemi, les Néerlandais. La flotte hollandaise commandée par Rijcklof van Goens finit par encercler et affamer les Français, qui partent vers le sud de l'Inde.

Les Hollandais s'installent solidement dans les provinces maritimes, construisent de nouvelles citadelles, agrandissent les villes côtières, creusent des canaux et monopolisent tout le commerce de Ceylan. Des pasteurs se consacrent à l'étude du cingalais et à l'évangélisation du pays, mais les catholiques sont victimes de préjudices. Les prêtres catholiques, d'origine portugaise, doivent vivre dans la clandestinité ou se réfugier dans le Royaume de Kandy.

Au XVIIIe siècle, les Cingalais commencent à réagir contre les envahisseurs : une renaissance culturelle et religieuse débute dès le règne de Vimaladharma Surya II, qui succède à son père en 1687. Il négocie avec les Hollandais et s'efforce d'améliorer le statu quo. Il obtient le droit d'envoyer une ambassade au Siam pour que le roi de pays fidèle au bouddhisme Hinayana lui envoie un chapitre de moines qui pourraient ranimer le Bouddhisme cingalais en ordonnant régulièrement de nouveaux sujets. Le roi Vijaya Rajasinha reprend la même politique

En 1747, le nouveau roi Kirti Sri Rajasinha, fervent bouddhiste, accueille les moines siamois à Trinquemalay, et des monastères reprennent vie selon le rituel et les règles du clergé de Siam. Tout en poursuivant la rénovation religieuse de son pays, Kirti Sri rêve de refouler les Hollandais et les combats reprennent. La guerre ouverte durera de 1760 à 1767. Après quelques succès dans le sud où les forces kandyennes se maintiennent sept ans sur le littoral, Kirti Sri doit s'incliner.

Sous Sri Rajadhi Rajasinha, Ceylan connaît de nouveaux envahisseurs, pendant la guerre d'indépendance américaine, les Anglais, puis les Français, occupent Trincomalee.

À la veille de perdre Ceylan, les Hollandais semblent bien enracinés dans l'île. Il y ont fait souche et le métissage paraît bien adapté. L'un des derniers gouverneurs Iman Willem Falck, a du sang cingalais. Mais, à partir de 1795, la France révolutionnaire envahit les Provinces-Unies et crée la République batave. Les Britanniques se saisissent de l'occasion pour attaquer toutes les possessions hollandaises en Ceylan. Les gouverneurs et administrateurs, divisés entre jacobins et monarchistes, ne présentent aucune résistance aux corps d'expédition anglais. Le dernier fort tombe en 1796.

Ceylan britannique (1815 à 1972) modifier

Unification du territoire modifier

 
Original de la convention de Kandy du , qui fait passer le royaume de Kandy sous domination britannique.

Le Royaume-Uni met plus de vingt ans à soumettre toute l'île. La nature hostile, la résistance populaire, le manque de route dans les jungles, et les guerres de la Grande-Bretagne contre Napoléon, furent les meilleurs alliés des derniers roi de Kandy.

Dès lors que Napoléon est exilé à Sainte-Hélène, l'Angleterre peut mobiliser un corps expéditionnaire plus important, et la fin de la guerre est sanglante. De part et d'autre, on ne fait guère de prisonniers. Le dernier roi de Ceylan, Sri Vikrama Rajasinha, devient impopulaire à cause de sa cruauté. Il est trahi par les Kandyens et déposé par l'auditeur général John D'Oyly le .

Le Royaume de Kandy tombe donc en 1815, mais une sanglante révolte éclate en 1817 : elle dure 10 mois et est suivie d'une répression. C'est alors que par hasard, un jeune lieutenant anglais peut s'emparer de la Dent de Bouddha. Beaucoup de Cingalais, voyant dans cette perte un signe du Destin, s'inclinent.

Pour la première fois de l'histoire de Ceylan, toute l'île est unifiée sous une seule administration.

Colonisation modifier

La première période de l'occupation britannique est consacrée à la construction de routes, et à l'implantation de postes à travers toute l'île.

Dès 1833, les Anglais établissent auprès du gouverneur un conseil législatif, dont 6 membres sur quinze pouvaient être des ceylanais choisis par l'autorité.

Pendant 50 ans, l'expansion du colonialisme est sans frein. Extorsions et confiscations de terres préludent à l'établissement de grandes plantations. Le travail obligatoire fournit souvent une main d'œuvre bon marché. Les Ceylanais boudent ces grandes entreprises et les colons importent dès 1850 une main-d'œuvre indienne qui vivent à l'écart des Cingalais, dans des villages de colonisation.

En 1848, une dernière révolte soulève le pays, elle dure 2 mois. En 1850, le gouverneur George Byng rend la Dent aux moines de Kandy. La mesure est bien accueillie et on note un renouveau du bouddhisme et un mouvement de renaissance de culture cingalaise.

Grâce aux infrastructures mises en place par le gouvernement colonial, Ceylan fait son entrée dans l'économie mondiale selon un type colonial, comme fournisseur de produits tropicaux.

En 1896, l'introduction du thé va peu à peu se substituer au café, alors la plus grand culture rémunératrice de l'île.

En 1876, des planteurs introduisent l'hévéa d'Amazonie.

En 1880, les cultures de café sont anéanties sous l'attaque d'un champignon. L'économie ceylanaise est alors axée entièrement sur le commerce de thé et de caoutchouc.

Mouvement d'indépendance modifier

Toute la seconde partie du siècle est marquée par les activités de nombreuses sociétés occidentales, missionnaires ou philanthropiques. Un américain est resté célèbre, le colonel Henry Steel Olcott, qui va participer à une renaissance du bouddhisme local. Henry Olcott est épris de philosophie orientale, se convertit au bouddhisme, et n'est pas étranger au mouvement nationaliste qui se développe alors. Il joue un rôle analogue à celui de l'Écossais Allan Octavian Hume, à l'origine du Parti du Congrès en Inde en 1885.

En 1889, on ajoute 2 Ceylanais au Conseil législatif. En 1910, c'est 3 de plus.

En 1915, des émeutes éclatent, et les dirigeants britanniques commencent à réfléchir à une future passation de pouvoir, à travers un Dominion.

En 1919, le Parti du Congrès de Ceylan est créé et unifie la plupart des tendances nationalistes.

En 1920, le nombre des membres du Conseil législatif passe à 37 personnes, 14 membres officiels, et 23 membres viennent du peuple.

En 1924, le nombre de membres du Conseil législatif passe de 37 à 49 personnes 12 membres officiels, et 37 membres non officiels.

En 1931, un cabinet ministériel et une Assemblée législative peuvent traiter de toutes les affaires intérieures de l'île. Ce parlement est élu au suffrage universel par les Ceylanais des 2 sexes. Le progrès est considérable.

En 1942, Ceylan abrite le Quartier général des Forces Alliées dans la lutte contre le Japon dans la Seconde Guerre mondiale. Dès 1942, Colombo subit des raid de bombardiers japonais.

Le , les élus obtiennent de Churchill une promesse d'autonomie à l'issue de la guerre.

Après de longues négociations, l'United National Party, le parti de droite historique du Sri Lanka, obtient l'indépendance à l'intérieur du Commonwealth britannique. L'indépendance est proclamée le .

Dominion de Ceylan modifier

Le , Ceylan élit Sirimavo Bandaranaike comme premier ministre. C'est la première femme à occuper ce poste dans le monde.

Sri Lanka (depuis 1972) modifier

Montée de la violence modifier

En 1971, le mouvement communiste Janatha Vimukthi Peramuna tente une révolution contre le gouvernement ceylanais.

Le , le pays adopte une nouvelle constitution qui change son nom en Sri Lanka, déplace la capitale de Colombo à Kotte, définit un nouveau drapeau et pratique une discrimination de fait en faveur de la majorité cinghalaise et au détriment de la minorité tamoule.

Guerre civile du Sri Lanka (1983-2009) modifier

Les Tamouls réagissent en demandant une décentralisation de la fédération et même, pour les « Tigres de libération de l'Îlam tamoul », une indépendance de l'Eelam Tamoul. La guerre civile éclate avec une tentative d'interposition de l'Inde ; elle provoque la mort de 60 000 personnes en vingt ans[10].

Le , le président Ranasinghe Premadasa est assassiné par un « homme-torpille »[11]. Il survient huit jours après celui de Lalith Athulathmudali, son principal opposant. Dingiri Banda Wijetunga, qui était Premier ministre, lui succède comme président du Sri-Lanka, élu le 7 mai 1993 par le parlement.

L'année suivante, le , c'est Gamini Dissanayake, candidat de l'opposition à l'élection présidentielle, qui meurt dans un attentat qui cause une cinquantaine de victimes[12]. Les élections présidentielles donnent la victoire à Chandrika Kumaratunga[13]. Elle est, le victime d'une tentative d'assassinat perpétrée par les Tigres tamouls. Elle perd l'œil droit.

Le  : le tremblement de terre de magnitude 9 au large de Sumatra cause un important tsunami entraînant la mort de 31 000 personnes dans le pays.

Le  : la présidente du Sri Lanka, Chandrika Kumaratunga, décrète l'état d'urgence après l'assassinat du ministre des Affaires étrangères Lakshman Kadirgamar. Les autorités laissent entendre que les auteurs sont des séparatistes membres des Tigres de libération de l'Eelam tamoul.

Le  : élection présidentielle après trois ans de trêve entre le gouvernement et les Tigres de libération de l'Îlam tamoul. La présidente ne pouvant se représenter pour un 3e mandat, le Premier ministre en exercice, Mahinda Rajapakse, est élu. Allié aux ultranationalistes bouddhistes qui veulent la défaite militaire du LTTE, et aux marxistes du Front de libération du peuple (JVP), hostiles à toute concession, il prône un dirigisme étendu dans un Sri Lanka unifié.

La guerre contre les Tamouls du nord se conclut en 2009 par une victoire militaire du gouvernement.

L'après guerre modifier

 
Mahinda Rajapakse, Premier ministre, 2012

Dès que la guerre est terminée en 2009, le président Mahinda Rajapakse souhaite profiter de l'opinion favorable à son égard pour être réélu à un deuxième mandat, et avance les élections présidentielles en 2010, au lieu de terminer son mandat en 2011.

Il est réélu, et plusieurs associations de défense des droits de l'Homme dénoncent un glissement vers un régime autoritaire[14] à travers les lois qui renforcent le pouvoir de l'exécutif au détriment du parlement, l'étatisation de l'économie, les discriminations envers les tamouls, le musèlement des médias, l'emprisonnement et même la torture qui frappent les opposants, les pleins pouvoirs données à l'armée, la corruption, les fraudes électorales, la non-réparation des dommages causés par la guerre contre les indépendantistes tamouls (Tigres de libération de l'Îlam tamoul, 1983-2009) et la guérilla marxiste (Janatha Vimukthi Peramuna, 1971 et 1987-1989), ainsi que le rejet de l'aide humanitaire envoyée aux camps de réfugiés tamouls.

Néanmoins, en 2015, il souhaite se présenter pour un 3ème mandat inédit, et fait avancer les élections présidentielles encore une fois en 2015. Malheureusement pour lui, il perd les élections présidentielles, au détriment de son ministre de la santé Maithripala Sirisena.

Pendant quelques années, le nouveau président tente d'apaiser les tensions, créé un ministère de la réconciliation, propose la double nationalité à tous les tamouls expatriés à l'étranger à cause de la guerre. De plus, au niveau démocratie, il change le système de vote en installant le vote alternatif: les électeurs peuvent classer jusqu'à 3 candidats par ordre de préférence. En 2018, la présidence devient malheureusement ingouvernable, l'ancien président Mahinda Rajapakse tient l'assemblée et très peu de loi peuvent passer. Maithripala Sirisena est obligé de travailler avec lui et tente alors de positionner Mahinda Rajapakse en tant que Premier ministre, mais cela créé la crise constitutionnelle des 2 premiers ministres. Mahinda Rajapakse est obligé se retirer 3 mois après avoir été mis en place, en décembre 2018.

Maithripala Sirisena avance alors la date des élections présidentielles de 2 ans, et ne se représente pas. Les élections présidentielle de 2019 donne le frère de Mahinda au pouvoir, Gotabaya Rajapaksa.

La famille Rajapaksa avait joué sur le racisme anti-musulman pour se faire élire, à la suite des séries d'attaques terroristes visant des églises et des hôtels, et qui avait fait plusieurs centaines de morts et de blessés, le dimanche , jour de Pâques.

Juste après les élections présidentielle, le parti ultra-nationaliste de l'ancien président Mahinda Rajapakse, le Sri Lanka Podujana Peramuna[15], gagne les Élections législatives le , et Mahinda Rajapakse redevient Premier ministre. Le pouvoir est entièrement détenu par la famille Rajapaksa[16].

Malgré sa campagne islamophobe, ses premières actions sont encore une fois dirigées contre les tamouls du Sri Lanka: l'une des premières réformes de la famille Rajapaksa, est d'interdire la version tamoule de l'hymne national, Sri Lanka Matha[17]. En janvier 2021, ils demandent à l'armée de détruire un monument tamoul commérant le massacre de Mullivaikkal[18].

Notes et références modifier

  1. a b et c Kemper, Steven (1992). The Presence of the Past: Chronicles, Politics, and Culture in Sinhala Life (1st ed.). Ithaca, NY: Cornell University Press. pp. 33. ISBN 0801423953.
  2. Brenda et Charles Seligman (dir.), (en) The Veddas, Navrang publ., New Delhi 1993 (rééd. de Cambridge 1911), 463 p., (ISBN 81-7013111-1)
  3. Prajjval Pratap Singh, Sachin Kumar, Nagarjuna Pasupuleti et P.R. Weerasooriya, « Reconstructing the population history of the Sinhalese, the major ethnic group in Śrī Laṅkā », iScience, vol. 26, no 10,‎ , p. 107797 (ISSN 2589-0042, PMID 37744037, PMCID PMC10514440, DOI 10.1016/j.isci.2023.107797, lire en ligne, consulté le )
  4. Eade 1995: 15
  5. (en) Rohan Hettiarachchi, « PRE- AND PROTOHISTORIC SETTLEMENT IN SRI LANKA », sur www.lankalibrary.com.
  6. (en) « Discovery of oldest bow and arrow technology in Eurasia », sur Science Daily (consulté le )
  7. (en) A. S. Fernando, A. Wanninayaka, D. Dewage et al., The mitochondrial genomes of two Pre-historic Hunter Gatherers in Sri Lanka, Journal of Human Genetics, 30 novembre 2022, doi.org/10.1038/s10038-022-01099-w.
  8. (en) S. U. Deraniyagala, « Early Man and the Rise of Civilisation in Sri Lanka: the Archaeological Evidence », lankalibrary.com (consulté le ).
  9. « Les chrétiens à Sri Lanka », sur Missions Etrangères de Paris (consulté le )
  10. Auriane Boudin, « 61 morts dans un attentat », dans L'Express du 15 juin 2006
  11. « Sri-Lanka : un attentat qui a fait une vingtaine de morts La police accuse les Tigres tamouls d'être responsables de l'assassinat du président Premadasa », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  12. Jean-Pierre Clerc, Bruno Philip, « L'élection présidentielle du 9 novembre maintenue malgré l'assassinat du candidat de l'opposition », Le Monde,‎ , p. 3
  13. Bruno Philip, « « Chandrika » sous la menace des « Tigres » : Son père, ancien premier ministre, et son mari, sont morts assassinés. Engagée dans une guerre contre les séparatistes tamouls, la présidente du Sri Lanka, en visite officielle en France, est un chef d’État sur le qui-vive. », Le Monde,‎
  14. Vanessa Dougnac, « Sri Lanka : la face cachée du tourisme », sur lepoint.fr, (consulté le ).
  15. « Au Sri Lanka, la poussée des nationalistes bouddhistes », sur La Croix (consulté le )
  16. « Au Sri Lanka, le pouvoir en famille », sur Le Monde (consulté le ).
  17. (en) « Sri Lanka drops Tamil national anthem from Independence Day celebrations », sur Hindustan Times (consulté le )
  18. (en) « Sri Lanka: Mullivaikkal memorial dedicated to Tamil people killed in civil war razed », sur The News Minute, (consulté le )

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

  • (en) K. Samaranayke, Famous kings of ancient Sri Lanka, K. Samaranayake, Nawala, 2007, 79 p. (ISBN 978-955-988900-7)
  • (en) A. Samarsinghe et Vidyamali Samarsinghe, Historical Dictionary of Sri Lanka, Scarecrow Press, Lanham Md, 1997 (nouvelle éd. en préparation), 264 p. (ISBN 978-0-8108-3280-0)
  • (en) Anton Sebastian, A complete illustrated history of Sri Lanka, Vijitha Yapa Publications, Colombo, 2012, 684 p. (ISBN 978-955-665-149-2)
  • (en) S.U. Deraniyagala, The prehistory and protohistory of Sri Lanka, Central Cultural Fund, Colombo, 2007, 96 p. (ISBN 978-955-613-210-6)
  • (en) Nath Yogasundram, A comprehensive history of Sri Lanka : from prehistory to Tsunami, Vijitha Yapa Publications, Colombo, 2006, 375 p. (ISBN 978-955-126613-4)

Liens externes modifier

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