Hippolyte de Barrau

homme politique, historien et généalogiste français

Hippolyte Justin de Barrau, né le à Rodez et mort le à Carcenac, est un saint-cyrien, garde du corps du roi Louis XVIII, officier, puis fondateur en 1831 de La Gazette du Rouergue. En 1836 il propose la création d'une société savante, la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, dont il sera le premier président. De 1853 à 1855 il exerce les fonctions de secrétaire général de la préfecture de l'Aveyron. Il est également historien et généalogiste.

Famille modifier

Hippolyte de Barrau naît le [1] à Rodez en pleine tourmente révolutionnaire, le château[2] de sa famille à Carcenac a été pillé et incendié en 1793 par un détachement révolutionnaire venu du Lot[3]. Il est le second d'une famille qui comptera neuf enfants. À l'époque de sa naissance son père est emprisonné à Rodez et sa mère est aux arrêts dans cette même ville. Après la Révolution française ses parents reconstruiront la demeure familiale de Carcenac où il passera les années de sa jeunesse mais aussi à Rodez.

L'armée modifier

Hippolyte de Barrau s'oriente d'abord vers la carrière des armes. Depuis son ancêtre Firmin de Barrau, qui avait servi avec le ban et arrière-ban de la noblesse du Rouergue au temps de Louis XIV[4], plusieurs membres de sa famille avaient choisi cette voie. Son père avait été garde du corps du roi Louis XVI. Trois de ses frères serviront également les armes.

Il est admis à l'école spéciale militaire de Saint-Cyr en . Christian Paulin rapporte : « À Saint-Cyr, la vie des futurs officiers n'est ni sucre ni miel, forte tête ou plutôt homme de caractère, Hippolyte est cassé par deux fois, menacé de conseil de guerre pour « propos pessimistes » tenus au lendemain de la retraite de Russie. »[5]. En 1814 il est nommé garde du corps du roi Louis XVIII (compagnie écossaise comme son frère Victor de Barrau et leur père Pierre de Barrau avant la Révolution française[6]), puis lieutenant au 17e régiment de chasseurs à cheval en 1815. Il se bat en duel et il est mis aux arrêts[6]. Il dit ne pas aimer la discipline et les assujettissements liés à la vie militaire[6]. Retiré du service en 1820, il est rappelé au 2e régiment de carabiniers en 1826 et quitte définitivement l'armée en 1829[7] (en réalité il est mis à la retraite d'office selon ses Mémoires).

Opinions politiques modifier

Dans son ouvrage consacré à l'affaire Fualdès, Philippe Méraux écrit qu'« Hippolyte de Barrau faisait partie des chevaliers de la Foi (Ordre catholique, royaliste et secret) attroupés au château de La Goudalie »[8] dans la nuit du 16 au avec pour objectif d'envahir Rodez afin de provoquer un soulèvement à partir du Rouergue, cela dans le but de faire reconnaître comme roi le comte de Provence, frère de Louis XVI. Ce projet avorta, et certains pensent que c'est la cause de l'assassinat en 1817 du procureur Antoine Bernardin Fualdès.

Il est le rédacteur de La Gazette du Rouergue[7], éphémère journal d'opinion légitimiste, paru sous la Monarchie de Juillet de 1831 à 1836[9].

À la préfecture de l'Aveyron modifier

 
L'hôtel de préfecture à Rodez.

Il est d'abord nommé conseiller de préfecture en 1849[10],[11], puis, sous le Second Empire il est secrétaire général de la préfecture de l'Aveyron du [12] jusqu'à sa révocation le [10],[11].

Dans l'Annuaire de l'institut des provinces, des sociétés savantes et des congrès scientifiques, M. de Gibrac écrit ceci sur Hippolyte de Barrau : « L'Aveyron gardera longtemps le souvenir de ses services et de la courageuse énergie qu'il montra lors de l'invasion de la préfecture en . Connaissant à fond les affaires du département, il fut le conseil et l'ami de plusieurs préfets distingués et jouissait au plus haut point de la considération publique, lorsqu'en 1854, il fut tout à coup révoqué de ses fonctions, par suite de l'hostilité de certaines personnes que son influence offusquait. »[13]

Fondation de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron modifier

 
À Rodez.

En 1836 il propose la création d'une société savante qui aura pour nom la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron[14],[15],[16]. Il en est l'un des fondateurs, avec quelques autres notables aveyronnais dont Jules Duval[17], et le président jusqu’à sa mort en 1863[7]. Il fait dans une lettre le commentaire suivant sur sa participation à cette société savante : « J'ai mené à bonne fin une assez grande entreprise : c'est la formation d'une société littéraire, scientifique et industrielle, composée des hommes distingués de toutes les opinions, tels monsieur de Bonald, monsieur de Gaujal, le général Tarayre, l'évêque de Rodez, Girou de Buzareingues, monsieur de Guizard, etc., et qui m'a élu pour président le dernier. Cette combinaison d'éléments hétérogènes est un assez joli coup de force. »[18]

Historien et mémorialiste modifier

 
À Carcenac-Salmiech.

Parmi ses manuscrits et études sur des sujets divers, les sciences historiques prennent une large place. Ses principaux travaux sont :

  • Étude relative à l'histoire du corps des carabiniers (étude inachevée)
  • Du monde invisible ou recherches sur les faits d'un ordre surnaturel
  • Mémoires privés d'un Ruthénois. Sur ce manuscrit, deux témoignages : « Hippolyte de Barrau a laissé des souvenirs qui, publiés longtemps après sa mort dans le Journal de l'Aveyron, en 1900 et 1901, n'ont malheureusement pas été édités en volume. Ils ont pour titre Mémoires privés d'un Ruthénois. Eux aussi constituent une source précieuse pour l'histoire de l'Empire et de la Restauration dans notre province. (...). Nous y trouvons un tableau vivant de la société ruthénoise depuis les beaux jours de l'Empire, avec des anecdotes savoureuses, le rappel discret de plus d'une intrigue galante, des portraits piquants, des souvenirs politiques. Il serait très souhaitable que cette œuvre fût reprise et publiée avec une annotation critique. Elle n'a rien perdu de son attrait et de son utilité documentaire. »[19]. « (...) précieux témoignage de cette époque écrit par un jeune officier demeuré profondément royaliste (...). »[20]

Publications modifier

  • Ordres équestres. Documents sur les Ordres du Temple et de Saint-Jean-de-Jérusalem en Rouergue, suivis d'une notice historique sur la Légion-d'Honneur et du tableau raisonné de ses membres dans le même pays
  • L'Époque révolutionnaire en Rouergue. Étude historique (1789-1801). Ouvrage préparé en collaboration avec son frère Eugène de Barrau, repris et publié par leur neveu Fernand de Barrau
  • Documents historiques et généalogiques sur les familles et les hommes remarquables du Rouergue dans les temps anciens et modernes, publié en 4 volumes, entre 1853 et 1860, réédité en 1972 par les éditions du Palais royal et en 2009 par la Société des sciences, arts et belles lettres du Tarn

Mandats politiques modifier

  • Conseiller général des cantons réunis de Cassagnes-Bégonhès et de Réquista (1833, 1839, 1848)
  • En 1834, il se porte candidat à l'élection des députés à Rodez, mais il est battu au 2e tour par Raymond Merlin (1767-1839), maire de Rodez.
  • Maire de Salmiech (1843 - révoqué en 1848)

Autres fonctions et activités modifier

  • Membre et président de divers groupements et instances au sein du département de l'Aveyron : fondateur et président du comice agricole de Cassagnes-Bégonhès en 1842 ; président du comice vinicole de Marcillac ; vice-président de la commission hippique du département de l'Aveyron ; etc.[21]
  • Capitaine commandant de la garde nationale de la commune de Salmiech (1830, 1834, 1837, 1840, 1848)[11]
  • Il fait partie du comité des sept membres investis de la mission de rétablir l'ordre dans l'arrondissement de Rodez ()[11]
  • Il est membre de diverses sociétés savantes : membre fondateur et premier président de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, membre de l'Institut des provinces, des sociétés savantes et des congrès scientifiques[22], membre de la Société centrale d'agriculture de l'Aveyron[23], etc.
  • Il contribue avec son frère, Adolphe de Barrau, à la rédaction d'un Catalogue des plantes collectées en Aveyron[24]

Distinctions modifier

Hommages modifier

  • À Rodez, rue Neuve, sur le mur de la maison natale d'Hippolyte de Barrau, une plaque commémorative a été apposée : Hippolyte de Barrau, fondateur avec Jules Duval de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron en 1836, est né dans cette maison le [25].
  • Par délibération du conseil municipal de la ville de Rodez en date du a été inaugurée au lieu-dit Conque Saint-Jean (ou Val Saint-Jean), quartier de Saint-Félix-La Gineste, l'avenue Hippolyte de Barrau[26].
  • À Carcenac, face à l'église du village, se trouve la place Hippolyte de Barrau, historien du Rouergue.

Notes et références modifier

  1. Archives départementales de l'Aveyron, « Acte de naissance Hippolyte Justin Barrau », sur archives.aveyron.fr (consulté le )
  2. Raymond Noël, Dictionnaire des châteaux de l'Aveyron, tome 1, pages 240 et 243, Rodez, 1971-1972.
  3. Hippolyte de Barrau, Documents historiques et généalogiques sur les familles et les hommes remarquables du Rouergue dans les temps anciens et modernes. Editeur : impr. de N. Ratery (Rodez) 1853-1860 Page 104.
  4. Hippolyte de Barrau, Documents historiques et généalogiques sur les familles et les hommes du Rouergue dans les temps anciens et modernes, tome 4, page 97.
  5. Cité page 155 dans l’article de Christian Paulin intitulé « Hippolyte de Barrau, 1794-1863, et le mouvement légitimiste dans l’Aveyron », tome XXXXIII (pages 153 à 158), procès-verbaux des séances de la Société des lettres, sciences et arts de l’Aveyron.
  6. a b et c Les chemins d'une vie (Carnets intimes d'un notable aveyronnais, 1832-1862) (Mémoires d'Eugène de Barrau), Archives historiques du Rouergue, 27, éd. Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, 2007, pages XXII, XXVIII et XXIX.
  7. a b et c Henri Affre, Biographie aveyronnaise, 1881, page 33.
  8. Philippe Méraux, Clarisse et les égorgeurs - L'affaire Fualdès, éd. du Rouergue, 1999, pages 267 et 321.
  9. Les chemins d'une vie (Carnets intimes d'un notable aveyronnais, 1832-1862) (Mémoires d'Eugène de Barrau), Archives historiques du Rouergue, 27, éd. Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, 2007 page XXVI.
  10. a et b Hippolyte de Barrau, Documents historiques et généalogiques sur les familles et les hommes remarquables du Rouergue dans les temps anciens et modernes. Éditeur : impr. de N. Ratery (Rodez) 1853-1860 Page 100.
  11. a b c d et e T. Lamathière, Panthéon de la Légion d'honneur, page 420.
  12. Archives nationales, Le personnel de l'administration préfectorale 1800-1880, répertoire nominatif par Christiane Lamoussière, documentaliste aux archives nationales, corrigé et complété par Patrick Laharie, répertoire territorial et introduction par Patrick Laharie, chargé d'études documentaires aux archives nationales, avant-propos par Philippe Bélaval, directeur des archives de France, Paris, centre historique des archives nationales, 1998, page 82.
  13. Extrait d'une note de Mr de Gibrac. Annuaire de l'institut des provinces, des sociétés savantes et des congrès scientifiques, année 1864, pages VIII et IX.
  14. Une société savante née en 1836.
  15. Acte de fondation de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron.
  16. Lettre d'Hippolyte de Barrau à son frère Adolphe de Barrau du 10 avril 1837. "Acte de fondation", archives de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron.
  17. Jean-Michel Cosson, Histoire des rues de Rodez, 2003, page 86.
  18. Lettre du 10 avril 1837, archives de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, citée par Robert Taussat dans le bulletin de liaison de la dite Société, année 2004.
  19. Bernard Combes de Patris, « Mémorialistes aveyronnais », La Revue du Rouergue, octobre-décembre 1948, no 4, 2e année, page 445.
  20. Robert Taussat, cité par René Couderc, Le préfet de Trémont et son ami le compositeur Onslow, Études aveyronnaises, année 2001, pages 11 à 14.
  21. Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, fonds H. de Barrau.
  22. Mention dans la note de Mr de Gibrac. Annuaire de l'Institut des provinces, des sociétés savantes et des congrès scientifiques, année 1864, pages 8 et 9.
  23. CTHS, notice sur Hippolyte de Barrau.
  24. Émile Vigarié, Les frères de Barrau, dans Esquisse générale du département de l'Aveyron, page 236.
  25. « Aveyron », sur Guide National des Maisons Natales (consulté le )
  26. Les noms de voies à Rodez.

Bibliographie modifier

  • Henri Affre, Biographies aveyronnaises, page 33, Rodez, éditions Pierre Carrère, 1881
  • Henry Bedel, Les trois historiens de Barrau (Hippolyte, Eugène et Fernand de Barrau dont des critiques avancent que les principaux ouvrages sont d'orientation monarchiste et anti-révolutionnaire)
  • [Lamathière 1875] Théophile de Lamathière, Panthéon de la Légion d'honneur, t. XV, Paris, Dentu, -, 512 p. (lire en ligne), p. 420-421 
  • Philippe Méraux, Clarisse et les égorgeurs. L'affaire Fualdès
  • Hippolyte de Monseignat et Jules Duval, Procès verbaux de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 4, pages 105 à 108 et 118 à 120
  • Catherine de Sulzer-Wart, Hippolyte de Barrau ( - ) et le mouvement légitimiste dans l'Aveyron (Mémoire présenté à la faculté des Sciences humaines de Poitiers)
  • Bernard Combes de Patris, Mémorialistes aveyronnais (dans Revue du Rouergue, no 4, 1948, page 445)
  • Émile Vigarié, Les frères de Barrau (dans Esquisse générale du département de l'Aveyron, tome 2, page 236)
  • Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, fonds H. de Barrau
  • Louis de Guizard, Procès verbaux de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 5, pages 10–15
  • Procès-verbaux de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome IV, p. 4-7 Notice biographique sur Hippolyte de Barrau, par M. de Blanc de Guizard

Liens externes modifier