Hippolyte Visart de Bocarmé

noble belge guillotiné pour l'empoisonnement de son beau-frère

Hippolyte Visart de Bocarmé, né en mer le 13 juillet 1818, baptisé au camp de Weltevreden, près de Batavia sur l'île de Java, guillotiné à Mons le , est un assassin belge.

Hippolyte Visart de Bocarmé
Hippolyte Visart de Bocarmé
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 33 ans)
MonsVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Alfred Julien Gabriel Gérard Hippolyte Visart de BocarméVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Famille
Mère
Autres informations
Condamné pour
Assassinat de Gustave Fougnies.

Les faits modifier

Alfred Julien Gabriel Gérard « Hippolyte » Visart de Bocarmé (qui ne fut jamais comte, son père lui ayant survécu, mais qui portait néanmoins ce titre de noblesse dans les actes officiels d'état civil tel son acte de mariage), était le fils du comte Julien Visart de Bury et de Bocarmé (1787-1851) et de la comtesse Ida du Chasteler (1797-1873). Il naquit en mer le 13 juillet 1818, et fut inscrit [1] au camp de Weltevreden (en) près de Batavia, à Java[2],[3].

Il épousa[4] à Peruwelz le 5 juin 1843 Lydie Victoire Josèphe Fougnies (née en 1818), et comptait fermement sur l'héritage de cette fille de riche propriétaire. Pour en capter la totalité, il fallait que meure aussi vite que possible le frère de sa femme, Gustave Adolphe Joseph Fougnies, handicapé physique et maladif, demeuré célibataire. Mais voilà que sur le tard, celui-ci envisageait de se marier avec une aristocrate désargentée. Financièrement aux abois, poursuivi par ses créanciers, ses intérêts s'opposant à cette union, il espérait hériter de son beau-frère. Il prépara un mélange contenant de la nicotine en forte quantité et l'administra à Gustave Fougnies, lors d'une visite de celui-ci au château de Bitremont, à Bury. Gustave mourut dans d'affreuses souffrances.

L'enquête modifier

La mort de Gustave semblant suspecte, les autorités ouvrirent une enquête. L'analyse chimique des organes de la victime, prélevés par trois médecins, faite par le chimiste belge Jean Servais Stas, révéla l'empoisonnement de la victime. On détecta la présence de la substance empoisonnée par ajout de potasse dans une préparation faite à base des viscères du défunt. Hippolyte Visart de Bocarmé et sa femme furent aussitôt suspectés.

Le procès modifier

Visart de Bocarmé et son épouse furent jugés par la Cour d'assises de Mons. N'ayant jamais avoué, Hippolyte fut néanmoins condamné à la peine de mort, le . La culpabilité de Lydie Fougnies n'ayant pu être établie, elle fut acquittée. Elle hérita par la suite des biens de son frère : terres, fonds, ainsi que du château de Grandmetz et se remaria avec un sieur van Deurne. Les Archives de l'État à Mons conservent trois liasses relatives à ce procès.

L'exécution modifier

Malgré (ou à cause de) ses titres de noblesse, le roi Léopold Ier refusa à plusieurs reprises de le gracier[5]. Le vicomte Hippolyte Visart de Bocarmé fut condamné à la guillotine et décapité par le bourreau Jean Joseph Guillaumez sur la Grand-Place de Mons.

Descendants modifier

Hippolyte Visart eut quatre enfants :

  • Rodolphe, qui mourut à la naissance en 1844 ;
  • Robert (1844-1907) émigra au Canada et y épousa Lucy Simonds (1852-1906) avec qui il eut treize enfants, à l'origine d'une nombreuse progéniture ;
  • Mathilde (1848-1914) se fit religieuse (par pénitence pour le crime commis par son père ?) et devint supérieure des Dames de la Visitation ;
  • Rose (1849-?).

Notes et références modifier

  1. Voyez son inscription à l'état civil de Tournai par acte du 16 octobre 1828, acte n° 742, transcrivant l'acte de baptême : Monsieur Julien Devisart De Bocarmé, propriétaire, domicilié quai des Salines, lequel nous a invité à inscrire dans ce registre l'acte de naissance dont la teneur suit : Extractum ex registro Baptismali ecclesia romano catholica in campo Weltevreden prope Bataviam in insula Java, Alfridus Julianus Gabriel Gerardus Hippolitus filius legitimus Comitis Juliani Devisart De Bocarmé et Ida marquisa De Chasteler natuus die 13tia Julii 1818 renatus est die 12ma septembris ejudem anni. Suscepit Alfredus De Lafontaine (etc.)
  2. Bibliographie bibliographique universelle.
  3. « Grands dossiers criminels », www.visart.be.
  4. Actes de mariage de Peruwelz pour l'année 1843, acte n° 20 du 5 juin 1843. L'acte est signé H(ypolit)e Visart Comte de Bury et de Bocarmé, Lydie Fougnies, Fr Fougnies du Bois (en effet, après l'achat de biens noirs durant la Révolution française, et notamment les biens de la Garenne et du Bois, les Fougnies ajoutaient du Bois à leur nom), La Ctsse Ida de Bocarmé née Du Chasteler, Cte F(erdinan)d Visart de Bocarmé, B(ar)on V(ictor) de Sejournet, D(ési)ré Noché, et A François.
  5. Marc Metdepenningen, « Le roi refusa sa grâce au comte Visart de Bocarme », Le Soir,‎ (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Médiagraphie modifier

Bibliographie modifier

  • Laurent Honnoré, Inventaire des archives de la Cour d’assises du Hainaut et de ses prédécesseurs en droit (1792–1987), série Inventaires Archives de l'État à Mons, 143, publ. 5800, Archives générales du Royaume, Bruxelles, 2017, 257 p., numéros d’inventaire 2618-2620.
  • Pierre Bouchardon, Le Crime du château de Bitremont, Paris, A. Michel, 1925.
  • Douglas De Coninck, Visart de Bocarmé, De Morgen, .
  • Oscar Coomans de Brachène, État présent de la noblesse belge, Annuaire 2000, Bruxelles, 2000.
  • Alfred Gallez, Le Sire de Bitremont, affaire de Bocarmé, Bruxelles, P. de Méyère, 1959.
  • Louis Labarre, Le Drame du château de Bury, Mons, 1851
  • Procès du comte et de la comtesse de Bocarmé, Mons, 1851.
  • Henry Soumagne, Le Seigneur de Bury, Bruxelles, Larcier, 1946.
  • Frédéric Thomas, Petites causes célèbres du jour, tome 12, 1855.
  • (en) Robert Wennig, Back to the roots of modern analytical toxicology: Jean Servais Stas and the Bocarmé murder case, Drug Test Anal, John Wiley & Sons, .

Documentaire télévisé modifier

Liens externes modifier