Herbert Doms

théologien allemand

Herbert Doms, né le à Racibórz en Haute-Silésie et mort le à Münster, est un théologien moraliste catholique allemand.

Herbert Doms
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 87 ans)
MünsterVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
Activités
Fratrie
Julius Doms (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Wilhelm Doms (d) (oncle paternel)
Joseph Doms (d) (arrière-grand-père)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour

Biographie modifier

Doms est issu d'une famille d'industriels du tabac. Fils de l'industriel du tabac Franz Doms et de Maria Doms (née Hochet), il a un frère aîné, Julius Doms, qui reprend l'entreprise familiale. Herbert Doms est par ailleurs le neveu de l'artiste et écrivain Wilhelm Doms (1868-1957).

Herbert Doms fréquente le lycée de Racibórz de 1899 à 1908, puis étudie les sciences naturelles à Munich, Berlin et Breslau. En 1914, il obtient son doctorat à l'Institut zoologique de l'Université de Munich[1].

De 1914 à 1918, il est mobilisé et s'engage dans la Croix-Rouge allemande. En 1919, il devient assistant à l'Institut zoologique de Breslau (en polonais, Wrocław). Il y écrit une étude réputée sur le vieillissement, la mort et le rajeunissement (1921)[2].

Il étudie ensuite la théologie catholique. Le 2 mars 1924, il est ordonné prêtre à Breslau. Il sert comme aumônier à Breslau et Mühlbock (Neumark). En 1927, il obtient son doctorat de théologie, et en 1930 l'habilitation en dogmatique à l'Université de Breslau. De 1930 à 1946, il est professeur à Braunsberg, Fribourg, Breslau et Münster. De 1946 à 1948, Doms est "Dozent" en théologie fondamentale à Fribourg-en-Brisgau. De 1948 à 1956, il est professeur de théologie morale à l'Université de Münster.

Pensée modifier

Théologien moraliste catholique, Herbert Doms « construit avec rigueur un système doctrinal nouveau »[3], distinct de la tradition augustinienne qui depuis plus de 1 500 ans sous-tendait la doctrine de l’Église catholique en matière de sexualité conjugale.

L'une des positions traditionnelle de l’Église catholique était que l'accouplement des époux n'était licite qu'en vue de la procréation. En effet, la sexualité humaine semble disposée en vue de procréer et reproduire l'espèce (c'est sa finalité « naturelle »). Pour cette raison, le coït interrompu, les rapports sexuels pendant la grossesse et autres pratiques contraceptives étaient essentiellement proscrits par l’Église. S'y livrer revenait en effet à gaspiller la semence des époux, à user de la sexualité pour une fin « contre-nature » (= autre que la procréation à laquelle elle est ordonnée). Doms, formé en sciences naturelles, tient compte des découvertes du XIXe siècle concernant l'ovulation. Puisque ce phénomène est cyclique et indépendant de l'acte sexuel, ce dernier n'est pas toujours fécond. Or le rapport sexuel, lui, est possible durant tout le cycle menstruel. Il faut donc envisager que l'accouplement puisse avoir d'autres fins que la procréation.

De plus, l'argument du gaspillage de la semence est affaibli par le fait que l'ovule, dont la durée de vie est d'environ 24h, meurt s'il n'est pas fécondé. La continence, seule contraception autorisée par la tradition catholique, s'avère avoir le même effet qu'un coït interrompu : la semence est "perdue".

Pour Doms, la procréation biologique ne peut donc pas être la seule fin de l'accouplement. Le rapport conjugal est donc un « acte ontologique, touchant l'être même des personnes qui agissent ensemble ; c'est un abandon de soi véritable et non symbolique ; un accomplissement de soi en l'autre »[3]. Herbert Doms, avec son ouvrage de 1935, participe donc à fonder une doctrine « personnaliste » de la morale conjugale catholique.

Il ne fait pas pour autant l'apologie de la contraception, déclarant par ailleurs que « toute altération artificielle de l'acte biologique... constitue une falsification d'un acte profondément mystérieux » (cité par Flandrin, 1970). En cela aussi, l'interprétation personnaliste du mariage de Doms ouvre la voie à l'argumentation des papes qui après la Seconde Guerre mondiale condamneront la contraception mécanique, hormonale, ou encore la fécondation artificielle[3].

Publications (sélection) modifier

  • Über den Einfluss der Temperatur auf Wachstum und Differenzierung der Organe während der Entwicklung von rana esculenta [À propos de l'influence de la température sur la croissance et la différenciation des organes au cours du développement de rana esculenta], Archiv f. mikr. Anat. 87, 60–95 (1915). DOI 10.1007/BF02981348.
  • Die Gnadenlehre des seligen Albertus Magnus. Erster Teil [La doctrine de la grâce du bienheureux Albert le Grand. Première partie], Breslau, 1927.
  • Vom Sinn und Zweck der Ehe, Ostdeutsche Verlagsanstalt, Breslau, 1935.
    • Traduction française : Du sens et de la fin du mariage, Desclée de Brouwer, Paris, 1937.
  • Die Stellung des Menschen im Kosmos [La place de l'homme dans le cosmos], Aschendorff, Münster 1951.
  • Vom Sinn des Zölibats [Le sens du célibat], Verlag Regensberg Münster (Westf.). Imprimatur donnée le 4 septembre 1954.
  • Der Einbau der Sexualität in die menschliche Persönlichkeit [L'incorporation de la sexualité dans la personnalité humaine]. Verlag Wort und Werk GmbH, Cologne 1959. Imprimatur donnée le 17 avril 1959[4].
  • Dieses Geheimnis ist groß, Verlag Wort und Werk, Cologne, 1960.
  • avec Johannes Langner :Wilhelm Doms (de) 1868–1957 ; Gemälde-Aquarelle-Graphik, Brentano-Verlag, Stuttgart, 1962.
  • Gatteneinheit und Nachkommenschaft [Unité conjugale et progéniture], Matthias-Grünewald-Verlag, Mayence, 1965.

Bibliographie modifier

  • Johannes Tenzler (éd.), Urbild und Abglanz: Beitrag zu einer Synopse von Weltgestalt und Glaubenswirklichkeit; Festgabe für Herbert Doms zum 80. Geburtstag [Archétype et réflexion : Contribution à une synthèse de la forme du monde et de la réalité de la foi ; études offertes pour le 80e anniversare d'Herbert Doms], Habbel, Ratisbonne, 1972.
  • "Herbert Doms (1890-1977)" in Johannes Gröger (éd.), Schlesische Kirche in Lebensbildern, vol 6, Thorbecke, Sigmaringen, 1992, p. 120-123.
  • Konrad Glombik, "Herbert Doms (1890–1977) im Lichte der nichtveröffentlichten Archivalien. Einige Gedanken anlässlich seines 30. Todestages" [Herbert Doms (1890-1977) à la lumière des archives inédites. Quelques réflexions à l'occasion du 30e anniversaire de son décès], Archiv für schlesische Kirchengeschichte, volume 65, 2007, p. 149-179.
  • Konrad Glombik, „Lieber Jedin!“ – „Lieber Doms!“ Korrespondenz zwischen zwei befreundeten Gelehrten [« Cher Jedin ! "-" Chers Doms ! « Correspondance entre deux amis savants], Archiv für schlesische Kirchengeschichte, volume 69, 2011, p. 151-180.
  • Konrad Glombik, „Zweieinigkeit“. Herbert Doms (1890–1977) und sein Beitrag zum personalistischen Eheverständnis ["Deux unité". Herbert Doms (1890-1977) et sa contribution à la compréhension personnaliste du mariage], LIT Verlag, Berlin / Münster, 2016, (ISBN 978-3-643-13285-7).
  • Jean-Louis Flandrin, L'église et le contrôle des naissances, Flammarion, 1970, précisément p. 94.

Notes et références modifier

  1. Dissertation Über den Einfluss der Temperatur auf Wachstum und Differenzierung der Organe während der Entwicklung von Rana esculenta. In: Archiv für mikroskopische Anatomie. Bd. 87, (1915), Heft 1, S. 60–95.
  2. Doms, Herbert. In: Michael Hirschfeld, Markus Trautmann (Hg.): Gelebter Glaube, Hoffen auf Heimat. Katholische Vertriebene im Bistum Münster. Dialogverlag, Münster 1999, (ISBN 3-933144-15-9), S. 281–282, hier S. 281.
  3. a b et c Jean-Louis Flandrin, L'église et le contrôle des naissances, Paris, Flammarion, , p. 97
  4. Sous l'imprimatur, la note "cet opuscule, conformément à la formulation du titre, ne traite que du rapport de la sexualité à la personne façonnée par elle, et non de la signification de la sexualité pour la préservation de l'espèce humaine".

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