Henriette d'Angeville

alpiniste française et seconde femme à gravir le mont Blanc
Henriette d'Angeville
Portrait d'Henriette d'Angeville.
Portrait d'Henriette d'Angeville.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière de Hauteville-Lompnes (d) (depuis )Voir et modifier les données sur Wikidata
Surnom
Mademoiselle d'Angeville, la fiancée du mont Blanc
Nationalité
France
Domiciles
Lausanne (à partir de ), Ferney-VoltaireVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Fratrie
Statut
Célibataire (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Sport

Henriette d'Angeville, née le à Semur-en-Auxois[1] et morte le à Lausanne, plus connue sous le nom de « Mademoiselle d'Angeville, la fiancée du mont Blanc », est une alpiniste franco-suisse. Elle est la deuxième femme à gravir le mont Blanc. Vers la fin de sa vie, elle s'intéresse à la spéléologie et aurait fondé un musée de minéralogie à Lausanne.

Biographie modifier

Famille et jeunesse modifier

Lors de la Révolution française, le père d'Henriette est fait prisonnier et son grand-père est guillotiné[2]. Elle est la sœur d'Adolphe d'Angeville. La famille d'Angeville s'installe à Hauteville-Lompnes, dans le Bugey, dans le département de l'Ain[3]. Dès l'âge de 10 ans, Henriette se lance dans l'ascension de quelques sommets calcaires dans les alentours du Bugey[3].

L'ascension du mont Blanc modifier

 
Une des locomotives du tramway du Mont-Blanc baptisée « Mademoiselle d'Angeville ».

Henriette d'Angeville, vivant à Genève[4], rêve depuis longtemps de gravir le mont Blanc lorsqu'elle entame de minutieux préparatifs et se fait confectionner une toilette spéciale et saugrenue, mais respectant « la décence », qu'elle dessine elle-même inspirée par les tenues de chasse des hommes[5] : l'ensemble est composé, entre autres, d'un pantalon droit mais semblant bouffant, des guêtres, d'un manteau cintré et d'un canotier-cagoule isolant[6]. Elle est considérée comme la première alpiniste en pantalon, alors que jusque-là, les femmes montaient en jupe[5].

Parvenue au sommet le en compagnie de douze guides et porteurs[7], elle devient à l'âge de quarante-quatre ans la deuxième femme à gravir le mont Blanc, trente ans après Marie Paradis. Pour son exploit, elle est désormais surnommée « la fiancée du mont Blanc »[6]. En 1838, Marie Paradis participe à la réception donnée par Henriette d'Angeville après son exploit et lui confie en la félicitant qu'elle la considérait comme la première véritable femme alpiniste à monter au sommet du Mont Blanc[8]. Effectivement, Henriette d'Angeville est la première femme à faire l'ascension jusqu'au sommet sans se faire aider physiquement[2].

La carrière d'alpiniste et de spéléologue modifier

Célibataire et sans enfants, elle continue sa carrière d'alpiniste pendant encore 25 ans[6]. Issue d'une famille aisée, elle dispose d'un héritage qui lui permet de vivre sa passion pour la montagne[9]. Sa dernière grande course est l'ascension de l'Oldenhorn dans les Diablerets (Alpes vaudoises) en 1863 qu'elle réalise à l'âge de 69 ans[4]. Établie durant plusieurs années dans le gros village de Ferney-Voltaire (pays de Gex), elle s'installe en 1862 à Lausanne où elle passe les dernières années de sa vie[2],[9]. Elle s'y intéresse à la spéléologie et y aurait fondé un musée de minéralogie ; pourtant, aucun document ne l'atteste[6],[9].

Mort modifier

Elle meurt le à l'âge de 76 ans à Lausanne[2].

Le Carnet vert modifier

Dans son texte, elle explique écrire son histoire à cause de son genre, décrivant comment les ressentis des femmes peuvent différer des hommes et insiste sur l'aspect extraordinaire de son expérience en tant que femme[10]. Elle fait plusieurs fois références à Marie Paradis, une paysanne, considérant que bien qu'elle soit la première femme à avoir grimpé le Mont Blanc, elle se considère comme plus capable de comprendre ses ressentis qu'elle, car venant de l'aristocratie[10]. Par son récit, elle remet en cause les stéréotypes sociaux, bien qu'elle n'hésite pas à les « utiliser » pour justifier certaines de ses actions[3].

En 2007, le Conseil général de la Haute-Savoie a pu acheter 18 de ces dessins au crayon, au sépia ou à l'aquarelle qui illustrent les différentes étapes de l'ascension. Ils ont une grande valeur historique et ethnographique, tant pour l'histoire de la conquête des cimes que pour celle de l'émancipation féminine par l'écriture et par le sport.

Notes et références modifier

  1. Archives en ligne de Côte-d'Or, état civil 1758-an V, vue 62/652
  2. a b c et d « figures de l'alpinisme : Henriette d'Angeville », sur alpinisme.com (consulté le )
  3. a b et c Cécile Ottogalli-Mazzacavallo, Femmes et alpinisme : un genre de compromis, 1874-1919, L'Harmattan, (ISBN 978-2-296-00201-2, lire en ligne), p. 42-43
  4. a et b Sylvain JOUTY et Hubert ODIER, Dictionnaire de la montagne, Place des éditeurs, (ISBN 978-2-258-08220-5, lire en ligne)
  5. a et b Nadine Chaboud et Cécile Dupré, Fashion Altitude : Mode et montagne du 18e siècle à nos jours, Grenoble, Glénat, coll. « Beaux livres Montagne », , 144 p. (ISBN 978-2-344-01819-4), « Mademoiselle d'Angeville, la fiancé du mont Blanc », p. 20-21
  6. a b c et d Dufour, Catherine, Guide des métiers pour les petites filles qui ne veulent pas finir princesses, Paris, Fayard, (ISBN 978-2-213-68131-3), « 2. Alpinistes », p.14-15
  7. Gérard Bordes, Grande Encyclopédie de la Montagne, t. 1, Paris, Atlas, , 2400 p.
  8. Le Dauphiné libéré, 27 décembre 2007
  9. a b et c Romaric Haddou, « Il y a 150 ans, la « fiancée du Mont-Blanc » mourait à Lausanne », 24 heures,‎ , p. 6.
  10. a et b Bénédicte Monicat et Bénédicte Marie Christine Monicat, Itinéraires de l'écriture au féminin : voyageuses du 19e siécle, Rodopi, (ISBN 978-90-5183-871-8, lire en ligne), p. 81-82

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • « Spécial Centenaire de la Spéléologie », Spelunca, no 31,‎ (lire en ligne)
  • Colette Cosnier, Henriette d'Angeville : La Dame du Mont Blanc, Paris, Paulsen, coll. « Guérin », , 304 p. (ISBN 978-2-911755-97-2)
  • Marc Forestier, La vie épistolaire d’Henriette d’Angeville (2 vol.), Éditions Histoires du Haut, 2021 406 p.

Liens externes modifier