Halima Benbouza

biologiste algérienne

Halima Benbouza, née à Batna en Algérie, est une biologiste algérienne spécialisée en biotechnologie végétale.

Au début de sa carrière, ses projets de recherche se focalisent sur la génétique des plantes du genre des cotonniers "véritables" dont le nom scientifique est Gossypium. Au fur et à mesure, ses projets s'élargissent à des thématiques de santé publique, bioéthique et conservation[1].

Biographie modifier

Née à dans la ville de Batna dans le nord-est de l'Algérie, Halima Bendouza a beaucoup voyagé à travers l'Algérie pendant son enfance dû au métier de son père.

Elle a poursuivi ses études primaires et secondaires à Ouargla et Batna entre 1977 et 1986, puis s'est inscrite à l’université de Batna. S'orientant en premier lieu vers des études de médecine, elle a changé d’avis pour faire de l'agronomie, bien que cette discipline était moins promue auprès des jeunes femmes algérienne à l'époque.

Elle évoque ouvertement ses études et sa carrière scientifique en tant que femme algérienne dans cette interview : Interview "Femmes sur le Terrain". Elle cite notamment son ancien directeur de thèse, Pr. Guy Mergeai comme source d'inspiration et l'ouverture d'esprit de ses parents, qui l'ont beaucoup soutenu face à certains comportements sexistes et discriminatoires lors de ses études post-licences et de sa carrière. Elle mentionne aussi le Dr. Jodi Sheffler qu'elle rencontrera en post-doctorat à l'ARS comme femme chercheuse modèle. Elle dit avoir beaucoup travaillé tout au long de ses études et de sa carrière et rappelle l'importance d'accepter les défis, d'être courageuse et ne pas avoir peur des échec[2].

En 1996, elle obtient un diplôme d’ingénieur, major de sa promotion, à l’université de Batna. Bénéficiaire d’une bourse d’études de la Coopération Technique Belge (CTB), elle gagne Liège et son université pour des études de deuxième cycle universitaire en génétique et ingénierie biologique à Gembloux Agro-Bio Tech.

Après un DEA en génétique et reproduction végétale obtenue en 2000, Halima Benbouza se voit décerner une bourse d’études de doctorat par le Secrétaire d’État belge à la Coopération qui lui permet de poursuivre, toujours à Gembloux Agro-Bio Tech. Elle obtient son doctorat en 2004 avec une thèse sur la génétique moléculaire et l’amélioration des plantes[3].

Elle poursuit ensuite avec un post-doctorat de 2 ans, toujours à Gembloux Agro-Bio Tech et en collaboration avec la société Dow AgroSciences aux Etats-Unis, ainsi qu'un centre de recherche agronomique, l’Agricultural Research Service (ARS), à Stoneville dans l’État du Mississippi (équipes du Dr. Jodi Scheffler). Son principal projet de recherche est sur les plantes cotonnières. Plus précisément elle cherche à évaluer les potentialités d'introgression des gènes de résistance au flétrissement du champignon Fusarium depuis la plante G. sturtanium envers la plante G. hirsutum. Elle conduit ses recherches en utilisant des hybrides de ces plantes[4].

Halima Benbouza rentre en Algérie en 2007. Elle enseigne alors à l'Institut des Sciences Vétérinaires et Agronomiques de l'Université de Batna-1, en donnant plusieurs cours et en ouvrant une école doctorale. Autrice et reviewer de nombreuses publications scientifiques, elle continue jusqu'à présent à encadrer des étudiants en deuxième cycle universitaire[3].

En , le Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS) algérien la nomme à la direction du Centre de Recherche en BioTechnologie (CRBT) de Constantine. Elle a alors pour principale mission de démarrer le centre, premier du genre en Algérie, et de mettre en place son organisation administrative, technique et scientifique, puis d’ouvrir d’autres entités de recherche à travers le pays. Elle prend ses fonctions en pour les arrêter en 2016[3],[5].

Halima Benbouza fut également nommée présidente de la Commission Intersectorielle Santé et sciences du Vivant et membre du Conseil National Algérien pour l’Evaluation de la Recherche. Puis nommée représentante de l'Algérie dans la Commission intergouvernementale de Bioéthique de l'UNESCO.

En 2013, Halima Benbouza est nommée par le premier ministre algérien en tant que présidente du comité de pilotage du projet Pharma BioTech.

En 2014, elle reçoit le Prix de la Meilleure femme scientifique du monde arabe « Woman in Science Hall of Fame » décerné par le Département d’État américain[3],[6].

Halima Bendouza est également consultante dans nombre d’organisations nationales et internationales d’éducation en biosûreté, biosécurité et bioéthique. Depuis 2015, elle est ainsi membre du Comité exécutif du Congrès Pan Africain de l’éthique et bioéthique (COPAB). En 2020, elle a été choisie comme membre de la Commission nationale d’éthique et de déontologie au Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS) algérien. Elle a de plus contribué comme experte au sein du département Santé de l’OMS. Enfin, elle travaille également sur la détection des OGM dans l’alimentation et met en place à cette occasion divers partenariats avec d’autres centres de recherche[6],[7].

En 2021, elle est nommée directrice au sein du Conseil National de la Recherche Scientifique et des Technologies (CNRST), une institution sous l’égide du Président de la République, créée en 2020 pour établir une stratégie nationale de recherche.

Publications scientifiques modifier

  • 2004 : Thèse de doctorat sur la sélection et génétique des plantes[2]
  • 2006 : Amélioration de la méthode d’extraction d’ADN au CTAB appliquée aux feuilles de cotonnier. H. Benbouza, J-P Baudoin, G. Mergeai [4]
  • 2006 : Optimisation d'une méthode de coloration à l'argent fiable, rapide, peu chère et sensible pour détecter les microsatellites dans les gels polyacrilamides. H. Benbouza, J-M. Jacquemin, J-P. Baudoin, G. Mergeai[8]
  • 2009 : Introgression du caractère des graines à faible teneur en gossypol et du caractère des plantes à haute teneur en gossypol dans la plante cotonnière G. Hirsutum : analyse de l'hybride trispécifique [(G. hirsutum × G. raimondii) × G. sturtianum] et de ses dérivés sélectionnés à l'aide de microsatellites. H. Benbouza, J-M. Lacape, J-M. Jacquemin et al.[9]
  • 2015 : Evaluation de la diversité génétique parmi les cultures d'olive algérienne (Olea europaea L.) en utilisant les microsatellites. S. Abdessemed, I. Muzzalupo, H. Benbouza[10]
  • 2022 : Le partage multilatéral informations de séquences numériques soutiendra à la fois la science et la conservation de la biodiversité. A.H. Scholz, J. Freitag, C.H.C. Lyal, et al.[11]
  • Etc.

Récompenses scientifiques modifier

  • 2009 : prix du Fonds Eric Daugimont et Dominique Van Der Rest, Grembloux Agro-Bio Tech[2].
  • 2014 : prix de la meilleure femme scientifique du monde arabe « Woman in Science Hall of Fame » décerné par le Département d’État américain[3],[6].
  • 2016 : prix de la "Culture du Mérite" décerné par le ministère de la communication algérien.
  • 2016 : élue comme une des 6 meilleures femmes scientifiques africaines par le Forum du Prochain Einstein (NEF)[12]
  • 2023 : prix au Elizabeth R Griffin (ERG) series lecture[13]

Références modifier

  1. (fr-fr) Dr Halima Benbouza - Leading Biotech Development In Algeria For Health, Agriculture and Conservation Consulté le .
  2. a b et c Arab-German Young Academy of Sciences and Humanities, « Femmes sur le terrain - Expériences professionnelles d'Algérie »   [PDF], sur https://agya.info/fileadmin/AGYA_Femmes-sur-le-terrain.pdf
  3. a b c d et e Tahar Mansour, « Professeur Halima Benbouza, directrice générale du CRBt à Constantine », El-Djazair,‎
  4. a et b Halima Benbouza, Jean-Pierre Baudoin et Guy Mergeai, « Amélioration de la méthode d’extraction d’ADN au CTAB appliquée aux feuilles de cotonnier », BASE,‎ (ISSN 1370-6233 et 1780-4507, lire en ligne, consulté le )
  5. « Hamid Grine distingue 12 femmes », Liberté,‎ (lire en ligne)
  6. a b et c Aimie Eliot, « Six Africaines qui font avancer la science », Jeune Afrique,‎ (lire en ligne)
  7. « Constantine : Un laboratoire pour détecter les OGM dans les denrées alimentaires importées », El Moudjahid,‎ (lire en ligne)
  8. Halima Benbouza, Jean-Marie Jacquemin, Jean-Pierre Baudoin, Guy Mergeai, « Optimization of a reliable, fast, cheap and sensitive silver staining method to detect SSR markers in polyacrylamide gels »   [PDF], sur orbi.uliege.be, (consulté le )
  9. (en) H. Benbouza, J. M. Lacape, J. M. Jacquemin et B. Courtois, « Introgression of the low-gossypol seed & high-gossypol plant trait in upland cotton: Analysis of [(Gossypium hirsutum × G. raimondii)² × G. sturtianum] trispecific hybrid and selected derivatives using mapped SSRs », Molecular Breeding, vol. 25, no 2,‎ , p. 273–286 (ISSN 1572-9788, DOI 10.1007/s11032-009-9331-6, lire en ligne, consulté le )
  10. S. Abdessemed, I. Muzzalupo et H. Benbouza, « Assessment of genetic diversity among Algerian olive (Olea europaea L.) cultivars using SSR marker. », Scientia Horticulturae, vol. 192,‎ , p. 10–20 (ISSN 0304-4238, DOI 10.1016/j.scienta.2015.05.015, lire en ligne, consulté le )
  11. (en) Amber Hartman Scholz, Jens Freitag, Christopher H. C. Lyal et Rodrigo Sara, « Multilateral benefit-sharing from digital sequence information will support both science and biodiversity conservation », Nature Communications, vol. 13, no 1,‎ , p. 1086 (ISSN 2041-1723, PMID 35197464, PMCID PMC8866420, DOI 10.1038/s41467-022-28594-0, lire en ligne, consulté le )
  12. Aimie Eliot, « Six Africaines qui font avancer la science »,
  13. (en-US) ABSA International, « Awards », sur ABSA International (consulté le )