Coronavirus humain OC43

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HCoV-OC43

Le coronavirus humain OC43[2] (sigle HCoV-OC43) est la forme humaine de l'espèce Betacoronavirus 1, dans le genre Betacoronavirus[3]. Il dérive du coronavirus bovin, vraisemblablement à l'occasion d'une zoonose (la « grippe » russe de 1889 à 1894)[4]. En effet d'après les études d'horloge moléculaire, son émergence serait relativement récente, leur ancêtre commun le plus récent étant daté d'environ 1890[5]. Ces virus auraient à leur tour divergé vers 1878 du virus de l'encéphalite hémoagglutinante porcine (PHEV)[4].

Il s'agit d'un virus à ARN simple brin enveloppé, de sens positif, grossièrement sphérique et de grande taille pour un virus (de 120 à 160 nm), coiffé et polyadénylé et encapsidé dans une nucléocapside hélicoïdale[5]. Il pénètre dans sa cellule hôte en se liant au récepteur de l'acide N-acétyl-9-O-acétylneuraminique[6].

HCoV-OC43 est l'un des six coronavirus humains qui incluent HCoV-229E, HCoV-NL63, HCoV-HKU1, MERS-CoV et SARSr-CoV (SARS-CoV-1 et SARS-CoV-2). Il possède, comme d'autres membre du sous-genre Embecovirus dans le genre Betacoronavirus, des protéines de surface en forme de pointe (12 à 24 nm de long) et d'autres protéines de surface, plus courtes, dites hémagglutinines estérases (HE)[7].

Virologie modifier

Quatre génotypes de HCoV-OC43 (A à D) ont été identifiés, dont le génotype D qui provient très probablement d'une recombinaison génétique[8]. Le génome des coronavirus est d'environ 30 kb (exemple : 30 738 nucléotides de la souche prototype HCoV-OC43 (ATCC VR759)[5].

Avec HCoV-229E, une espèce du genre Alphacoronavirus, HCoV-OC43 est parmi les virus connus qui sont responsables du rhume commun[8],[9]. Les deux virus peuvent provoquer de graves infections des voies respiratoires inférieures, notamment une pneumonie chez les nourrissons, les personnes âgées et les personnes immunodéprimées telles que celles qui subissent une chimiothérapie et celles atteintes du VIH-sida[10],[11],[12].

Sur le modèle animal murin (souris de laboratoire), on a montré que la souche OC43 (HCoV-OC43) est neurovirulente (c'est-à-dire qu'elle peut aussi infecter les neurones) et qu'elle peut donc affecter le système nerveux central (ou SNC)[13],[14],[15],[16],[17],[18].

Comme pour les autres coronavirus, la protéine d'enveloppe (E) est un facteur de virulence (elle intervient pour la morphogénèse, l’assemblage du virus par la machinerie interne des cellules de l'hôte infectées, la production de particules infectieuses (virions) et dans la pathogénèse. Son importance serait liée à la présence d’un domaine transmembranaire formant des canaux ioniques, mais aussi à un motif d’interaction protéique, deux sujet récemment étudiés en contexte d’infection de neurones. Cette protéine E « est un facteur essentiel pour une production et une propagation virale efficace en cellules épithéliales, neuronales, ainsi que dans le SNC de souris, et qu’elle est essentielle pour la neuropathologie[13]. »

Le génome de ce coronavirus présente une identité de séquence de 51 % avec le SARS-CoV-2[19].

Épidémiologie modifier

Les coronavirus ont une distribution mondiale, causant 10 à 15 % des cas de rhume commun. Les infections présentent un schéma saisonnier, la plupart des cas se produisant pendant les mois d'hiver[20],[21],[22].

Il a été proposé que le coronavirus OC43 soit responsable de la pandémie de grippe russe de 1889-1890[23] ; malgré des indices d'ordre clinique, épidémiologique et phylogénétique il est probable que ce ne soit jamais prouvé avec certitude en raison de la piètre conservation de l'ARN sur les cadavres de cette époque, fussent-ils conservés dans le pergélisol[23].

Références modifier

  1. (en) « Taxonomy of viruses », ICTV.
  2. (en) Paul Lee, « Molecular epidemiology of human coronavirus OC43 in Hong Kong », Thesis, The University of Hong Kong,‎ (DOI 10.5353/th_b4501128, lire en ligne, consulté le )
  3. (en) Yvonne Lim, Yan Ng, James Tam et Ding Liu, « Human Coronaviruses: A Review of Virus–Host Interactions », Diseases, vol. 4, no 4,‎ , p. 26 (ISSN 2079-9721, PMID 28933406, PMCID PMC5456285, DOI 10.3390/diseases4030026, lire en ligne, consulté le )
  4. a et b Stéphane Korsia-Meffre, « Pandémie de grippe russe : une COVID du XIXe siècle ? », sur vidal.fr, (consulté le ).
  5. a b et c (en) Leen Vijgen, Els Keyaerts, Elien Moës et Inge Thoelen, « Complete Genomic Sequence of Human Coronavirus OC43: Molecular Clock Analysis Suggests a Relatively Recent Zoonotic Coronavirus Transmission Event », Journal of Virology, vol. 79, no 3,‎ , p. 1595–1604 (ISSN 0022-538X et 1098-5514, PMID 15650185, PMCID PMC544107, DOI 10.1128/JVI.79.3.1595-1604.2005, lire en ligne, consulté le )
  6. (en) Fang Li, « Structure, Function, and Evolution of Coronavirus Spike Proteins », Annual Review of Virology, vol. 3, no 1,‎ , p. 237–261 (ISSN 2327-056X et 2327-0578, PMID 27578435, PMCID PMC5457962, DOI 10.1146/annurev-virology-110615-042301, lire en ligne, consulté le )
  7. (en) Patrick C. Y. Woo, Yi Huang, Susanna K. P. Lau et Kwok-Yung Yuen, « Coronavirus Genomics and Bioinformatics Analysis », Viruses, vol. 2, no 8,‎ , p. 1804–1820 (ISSN 1999-4915, PMID 21994708, PMCID PMC3185738, DOI 10.3390/v2081803, lire en ligne, consulté le )
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  9. (en) E. R. Gaunt, A. Hardie, E. C. J. Claas et P. Simmonds, « Epidemiology and Clinical Presentations of the Four Human Coronaviruses 229E, HKU1, NL63, and OC43 Detected over 3 Years Using a Novel Multiplex Real-Time PCR Method », Journal of Clinical Microbiology, vol. 48, no 8,‎ , p. 2940–2947 (ISSN 0095-1137, PMID 20554810, PMCID PMC2916580, DOI 10.1128/JCM.00636-10, lire en ligne, consulté le )
  10. (en) Brigitte A. Wevers et Lia van der Hoek, « Recently Discovered Human Coronaviruses », Clinics in Laboratory Medicine, vol. 29, no 4,‎ , p. 715–724 (PMID 19892230, PMCID PMC7131583, DOI 10.1016/j.cll.2009.07.007, lire en ligne, consulté le )
  11. Murray, Patrick R. et Baron, Ellen Jo., Manual of clinical microbiology, ASM Press, (ISBN 1-55581-371-2 et 978-1-55581-371-0, OCLC 63195972, lire en ligne)
  12. (en) K. Pyrc et B. Berkhout and L. van der Hoek, « Antiviral Strategies Against Human Coronaviruses », sur Infectious Disorders - Drug Targets, (DOI 10.2174/187152607780090757, consulté le )
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  15. (en) E. Brison, H. Jacomy, M. Desforges et P. J. Talbot, « Glutamate Excitotoxicity Is Involved in the Induction of Paralysis in Mice after Infection by a Human Coronavirus with a Single Point Mutation in Its Spike Protein », Journal of Virology, vol. 85, no 23,‎ , p. 12464–12473 (ISSN 0022-538X, PMID 21957311, PMCID PMC3209392, DOI 10.1128/JVI.05576-11, lire en ligne, consulté le )
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  22. (en) Stephen M. Kissler, Christine Tedijanto, Edward Goldstein et Yonatan H. Grad, « Projecting the transmission dynamics of SARS-CoV-2 through the postpandemic period », Science,‎ , eabb5793 (ISSN 0036-8075 et 1095-9203, PMID 32291278, PMCID PMC7164482, DOI 10.1126/science.abb5793, lire en ligne, consulté le )
  23. a et b Stéphane Korsia-Meffre, « Pandémie de grippe russe : une covid du XIXème siècle ? », sur vidal.fr, .

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier