Grotte du Diable (Pottenstein)

grotte en Bavière (Allemagne)
Grotte du diable à Pottenstein
Stalagmites dans la grotte
Localisation
Coordonnées
Localisation
Massif
Jura franconien
Vallée
Weihersbach
Localité voisine
Pottenstein
Caractéristiques
Type
Calcaire, dolomite
Altitude de l'entrée
400 m
Longueur connue
3 000 m
Période de formation
2 500 000 ans
Température
10 °C
Patrimonialité
Archaeological heritage monument in Bavaria (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Localisation sur la carte de la Bavière
voir sur la carte de la Bavière
Localisation sur la carte d’Allemagne
voir sur la carte d’Allemagne
Localisation sur la carte d’Europe
voir sur la carte d’Europe

La grotte du Diable de Pottenstein est une grotte à concrétions près de Pottenstein en Haute Franconie, dans la Suisse franconienne. Elle est la plus grande des environ 1 000 grottes de la Suisse franconienne, et est richement ornée par des concrétions, de puissantes stalactites et stalagmites, et est considérée comme une des plus belles grottes à visiter en Allemagne. Elle est située dans l'arrondissement de Bayreuth, à peu près à mi-chemin entre Nuremberg et Bayreuth, et fait partie de l'association des grottes jurassiques. L'impressionnant portique d'entrée — « Porte des Enfers » — est situé à une altitude de 400 m, entre Potterstein et Schüttersmühle, à environ 2 km au sud de Potterstein sur le versant ouest de l'étroite vallée du Weihersbach. L'entrée de la grotte, large de 25 m et haute de 14 m, une des plus grandes entrées de grotte d'Allemagne, est connue depuis bien longtemps. Mais ce portail se terminait jadis au bout de 85 m, et avait été nommé Trou du diable. Hans Brand, de Bayreuth, géologue et ingénieur des mines, a percé en 1922 une paroi de 9 m d'épaisseur, formée par un éboulement, au fond du trou du diable, et a découvert des parties de grotte ornées de concrétions, qui ont été rendues praticables dès , et ouvertes aux visiteurs. Dans une entreprise d'ouverture à partir de 1923, en 8 ans, d'autres salles de la grotte ont été ouvertes, et reliées entre elles par environ 300 m de galeries. À la Pentecôte de 1931, la grotte du diable a été ouverte au public pour une visite complète.

La grotte consiste en plusieurs grandes salles, reliées entre elles par des passages étroits creusés selon les méthodes des mines lors de l'ouverture de la grotte. En comprenant tous les passages latéraux, les galeries et les puits creusés pour l'ouverture des grottes, la longueur des grottes fait environ 3 000 m. La partie spectaculaire fait environ 1 700 m, dont 800 m sont parcourus par les visites. Avec plus de 150 000 visiteurs par an, la grotte du diable, administrée par le Zweckverband Teufelshöhle (Association de la Grotte du diable), est l'une des plus visitées d'Europe. En Allemagne, seule la grotte d'Atta à Attendorn a un nombre de visiteurs comparable. La grotte du diable est utilisée pour divers buts. Depuis 1994, outre les visites régulières, plusieurs fois pendant l'été, la suite de représentations Culture dans la grotte du diable a lieu dans la salle de l'entrée. Dans une galerie latérale se trouve depuis 1986 le Centre de thérapie de la grotte du diable, pour des cures de spéléothérapie[n 1]. Dans une autre partie latérale, le groupe de recherche Grotte et Karst en Franconie entretient le seul laboratoire de recherches sur les grottes d'Allemagne.

Géologie modifier

 
Zone de l'entrée de la grotte en 2007

La grotte du Diable se trouve dans un domaine de karst typique, avec des roches solubles dans l'acide comme le calcaire ou la dolomite. La vallée du Weihersbach et la grotte du diable se sont formés pour l'essentiel dans les dernières 2 500 000 années. La grotte du diable se trouve dans le jurassique supérieur, la dolomite de Franconie. La phase de karstification, influencée par les alternances entre périodes glaciaires et interglaciaires plus chaudes, continue toujours[1].

La principale origine de la grotte du Diable a eu lieu quand les diaclases et fentes dues aux failles ont été complètement remplies avec de l'eau contenant du gaz carbonique. Le gaz carbonique en solution constitue certes un acide relativement faible, mais il peut transformer calcaire et dolomite, monocarbonates pratiquement insolubles, en bicarbonates solubles, dissous et éliminés par la circulation de l'eau. Les diaclases et fentes se sont alors développées par érosion chimique en grandes salles creuses. L'abaissement du niveau du lit du Weihersbach et celui consécutif de la nappe phréatique ont asséché les grottes. Alors, les grottes ont été modelées par des élargissements et des concrétions. Il s'agit donc de grottes secondaires, dont l'origine se situe longtemps après la formation de la roche. Il faut remarquer la présence d'argile dans les cavernes, contenant une haute concentration en fer[1].

La grotte du Diable consiste en plusieurs systèmes de galeries et en salles érodées dans le rocher. Dans une visite guidée dans le domaine des grottes accessibles au public, on traverse trois grandes salles, reliées entre elles par des galeries partiellement artificielles. Ces grandes salles ont des dimensions énormes : la salle de la coupole, connue déjà avant l'ouverture sous le nom de Grand Trou du Diable, a une surface au sol d'environ 100 m2 et une hauteur de plus de 10 m ; elle est recouverte par une couche de rochers de 15 m de puissance[n 2],[2]. Le dôme Barberousse fait environ 45 m de long, 18 m de large et jusqu'à 18 m de haut, avec une couverture rocheuse de 52 m de puissance[3]. La salle des géants, la plus grande, a 30 m de long, 16 m de large et 13 m de haut, et est surmontée par 45 m de rocher[4].

Dans le cadastre des grottes de l'Alpe de Franconie, qui énumère plus de 3 500 grottes sur une surface de 6 400 km2[5], la grotte du diable est enregistrée sous le numéro D 95 et la « petite » grotte du diable sous le numéro D 148[6]. La grotte est identifiée sous le numéro de géotope 472H008 par le Service bavarois de l'environnement[7].

Système des grottes modifier

 
Plan de la grotte du diable

La grotte du Diable est un système complexe de grottes qui s'étend sur trois étages, pour une surface projetée au sol de 200 m × 200 m[8]. La visite guidée passe par les trois étages, et parcourt une surface de 100 m × 100 m[8]. Outre la région d'entrée, le système de grottes comprend ce qui s'appelait jadis le grand trou du diable, et d'autres grottes reliées par des galeries, comme le petit trou du diable. Le buisson d'orties est relié à ce dernier, et on y a creusé une issue vers le versant de la vallée. Les galeries artificielles du buisson d'orties datant de l'époque de l'ouverture le relient à la salle des géants de la grotte du diable. Dans ces galeries, on trouve une partie des installations de mesure du laboratoire des grottes du groupe de recherches Grottes et karst de Franconie. En 1988, on a découvert dans le buisson d'orties, derrière une barrière d'argile, l'accès à un nouvel étage, qui présente une concrétion de calcaire au sol intacte. Le buisson d'orties est aussi relié avec la grotte de la dispute. La gorge du diable située au sud était reliée à la grotte d'argile, dont l'entrée est effondrée. Il se rattache encore au système des grottes un nombre de galeries et de puits qui datent de la phase d'ouverture.

Concrétions modifier

 
Dépôts de concrétions à l'entrée d'une grotte
 
Tiare

Un point d'intérêt de la grotte du Diable consiste en ses nombreuses concrétions. L'eau de pluie qui pénètre dans le sol, chargée en gaz carbonique, dissout le calcaire en traversant le rocher, et le dépose par évaporation en arrivant à l'air libre dans les grottes. Il se forme ainsi au cours des siècles des formations de concrétion. Le dôme Barberousse est marqué par les nombreuses stalagmites en forme de chandelle sur le sol, et des stalactites pendant du plafond. À bien des endroits, il s'est formé de grands drapeaux ou rideaux de stalactites (par exemple la barbe de Barberousse dans le dôme de Barberousse). Les diverses nuances de couleur des concrétions sont dues à des mélanges de sable, de fer, de manganèse ou d'argile. Les concrétions de la grotte du diable consistent en carbonate de calcium ordinaire, bien que dissoutes par l'eau dans une roche plutôt dolomitique[9].

Dans la salle des géants, on peut voir les deux plus vieilles concrétions de la grotte : l'arbre et le géant Goliath, auxquelles on attribue un âge d'au plus 340 000 ans. Par opposition, les stalagmites en chandelle plus minces sont nettement plus jeunes, et datent en général d'une période après glaciaire. Leur âge est estimé entre 10 000 et 15 000 ans. D'après les critères morphologiques, la beauté des concrétions de la grotte du diable tient principalement à leur jeune âge, après la période glaciaire. Un argument pour ce jeune âge est le très faible nombre de concrétions détruites, comme par exemple des stalagmites tombées ou renversées, dont la destruction peut être ramenée à des circonstances naturelles, comme des séismes ou des glaces en mouvement[10]. Dans la grotte du diable, il faut environ 13 ans pour qu'une concrétion pousse d'un millimètre (une installation de mesure se trouve dans le laboratoire des grottes)[11]. Mais les concrétions ne poussent que pendant les périodes chaudes de l'histoire de la Terre, et lors de précipitations suffisantes[9].

Climat des grottes modifier

Dans la grotte du Diable, la température reste très constante. Selon les saisons, elle oscille entre 9 et 10 °C. L'humidité relative est très élevée, 95 % et dans certains endroits jusqu'à 98 %[11]. Il y a quelques années, des mesures de température ont été poursuivies dans la salle des géants pendant une longue période. On y a noté des températures entre 9,5 et 10 °C. Avant l'éclairage par des LED, la température pouvait s'élever en été, pendant les week-ends, avec une forte concentration de visiteurs et une longue durée d'éclairage, jusque 12,5 à 13 °C. Depuis l'installation des LED, qui produisent et rayonnent bien moins de chaleur que l'éclairage précédent, on ne note plus d'élévation notable de température.

Pendant ces recherches, on a aussi mesuré la chute de poussières à partir des vêtements des visiteurs. À cette fin, on a disposé en divers endroits de la salle des géants des surfaces de mesure carrées de 10×10 cm². Ces mesures ont montré une salissure non négligeable de l'air de la grotte. La poussière de textile se dépose sur les diverses concrétions, ce qui en ralentit la croissance et en assombrit progressivement la couleur.

Description modifier

Le Trou du diable modifier

 
Concrétions en drapeau dans le dôme de Barberousse

Dans le passé, la grotte du Diable était notablement plus petite et se terminait à 30 m derrière la salle de la coupole. La majestueuse entrée et la partie avant de la grotte avaient été connues depuis longtemps sous le nom de Grand trou du diable. Plusieurs décennies avant l'ouverture de la grotte en , un chemin avec une rambarde en bois menait à l'entrée de la grotte. L'entrée de la grotte du diable a 14 m de haut et 25 m de large[12], et est ainsi l'une des plus grandes entrées de grotte en Allemagne[11]. Ce portail d'entrée imposant, d'aspect voûté, a son origine dans un calcaire dolomitique débris d'un rocher, et se situe sur un joint entre couches. Hans Brand, qui a ouvert la grotte, soupçonnait dès le début du XXe siècle que cette entrée avait été approfondie et élargie par de l'eau qui s'en écoulait[13]. La bouche de la grotte descend jusqu'à 0,6 m au-dessus du fond du lit du Weihersbach, à une altitude de 381,2 m[14]. De là, le trou du diable s'enfonçait d'environ 85 m, jusqu'à se perdre dans des bifurcations complètement bouchées par des effondrements. Le grand trou du diable avait eu aussi jadis une riche ornementation de concrétions, mais elle a été dérobée ou détruite. Du milieu de l'entrée de la grotte, une terrasse de roches sort à une hauteur d'environ 8 m, et le café en terrasse s'y est installé[11].

Visites guidées modifier

Du point de vue commercial, la grotte du Diable appartient aux meilleures grottes touristiques d'Allemagne. Avec ses développements dans l'espace, rares en Allemagne, comme ses salles géantes, ses passages étroits et enchevêtrés et ses concrétions, elle est connue dans le pays et à l'étranger.

Les visites guidées utilisent des chemins et des escaliers bien praticables, avec des rampes, et aussi des passages en galeries étroites, qui relient entre elles les grandes salles et les niches avec concrétions. La visite dure environ 45 min et aborde les zones les plus intéressantes de la grotte. La distance parcourue est de 800 m, dont environ 150 m de galeries creusées lors de l'ouverture[8]. Le long du chemin, il y a des montées et des descentes, qui représentent en tout 407 marches. La visite est en partie accompagnée par de la musique, et depuis 2007 par un spectacle de lumières.

 
Stalactites dans le dôme de Barberousse

En dehors des périodes normales d'ouverture, il est souvent offert aux enfants des visites guidées spéciales d'une durée de 45 min. De plus en plus souvent, des visites géologiques spéciales sont organisées dans la grotte du diable. Celles-ci durent environ 100 min. On y explore des salles qui ne sont pas normalement ouvertes au public. L'origine et l'ouverture de la grotte y sont étudiées, et on y inclut la station de thérapie[15]. Depuis 2000, il existe des visites guidées en anglais, et depuis 2002 en français. En outre, dans la zone de l'entrée, il y a des explications sur la grotte en anglais, français, italien, russe, espagnol et tchèque.

La visite normale commence par la première des trois grandes salles, la salle de la coupole, avec une petite exposition d'outils et d'instruments de mineur qui ont été utilisés lors de l'ouverture, comme des marteaux-piqueurs à air comprimé, un vieux treuil électrique et des wagonnets de mine. À côté des diverses espèces de roches, une concrétion sciée est exposée. On y voit clairement les anneaux climatiques semblables aux cernes de croissance des arbres. Le guide donne ses premières explications, et déclenche un programme de musique et de jeux de lumière.

 
Barbe de Barberousse dans le dôme de Barberousse

À partir de cette première salle, on continue, en suivant le trou du Diable de jadis. Juste derrière le passage, on passe devant la porte menant à la station de thérapie, puis on voit les premières formations de concrétions. On voit alors la tiare papale, qui consiste surtout en stalagmites. Puis viennent l'orgue (des colonnes de dépôts calcaires très semblables à des tuyaux d'orgue, malheureusement détruits en partie), puis le rideau, composé de stalagmites et de rideaux de dépôts calcaires éclairés par l'arrière. Ces trois groupes ont un âge estimé de 10 000 à 15 000 ans. Puis on passe dans les grottes des ours. Dans trois petites niches sont rassemblés les os de 80 ours des cavernes trouvés dans la grotte du diable pendant la période des travaux d'ouverture, de 1922 à 1931. C'est dans cette zone qu'ont été trouvés la majorité des os, pour la plupart en très bon état.

Dans la caverne de l'Ours, tout près du rideau, on peut voir dans une niche de rochers à gauche, sur une élévation, le squelette d'un ours des cavernes, mort sur place il y a 30 000 ans, assemblé en 1923 par le paléontologue Max Schlosser. Le chemin de la visite parcourt alors une galerie de 50 m de long, la galerie de liaison inférieure, creusée pour l'ouverture, comme c'est encore visible par les arêtes franches du rocher, et les traces des trous des marteaux-piqueurs. On arrive alors à la grotte des Nibelungen, où quelques colones de dépôts au milieu présentent des fentes et des cassures. Puis on passe au dôme de Barberousse, la deuxième et sans doute la plus belle salle de la grotte du diable.

 
L'arbre de la salle des géants

C'est là que le guide attend la visite, ayant dépassé les visiteurs en empruntant une galerie différente. La visite de la salle commence par un morceau de musique sous un éclairage atténué, puis un spectacle de lumières, suivi de la deuxième explication du guide. Le dôme de Barberousse est le point central et la salle d'apparat de la grotte du diable ; on y voit des concrétions dont la splendeur surprend tous les visiteurs. Le petit monticule au centre de la salle est nommé le jardin magique. Il est orné de nombreuses stalagmites en chandelle au sol et de stalactites et de colonnes de dépôt pendant du plafond. Au milieu de la salle, parmi les stalagmites en chandelle, trône l'Empereur Barberousse, une concrétion finement sculptée, en forme de pagode. Cette concrétion, probablement la plus belle de la grotte, fait environ 1,2 m de haut, et on lui attribue un âge de plus de 200 000 ans. Vers le haut du jardin magique, on peut distinguer un paysage de montagnes. Il est surmonté d'une puissante masse de concrétions appelée barbe de Barberousse, qui semble couler d'une grotte latérale. L'âge de cette barbe, finement divisée, est aussi d'environ 200 000 ans. Le fond de la salle, 70 m au-dessous du sommet de la voûte, est marqué par un projecteur. En cas de fortes pluies, ou pendant la fonte des neiges au printemps, de l'eau qui a pénétré du dehors par des fentes et des fêlures du rocher, s'y rassemble et forme un petit lac cristallin. Le chemin des visiteurs fait le tour du jardin magique et monte 150 marches vers le mont du Calvaire. Au bout de cette montée, le visiteur aperçoit sur sa droite le groupe de la Crucifixion.

Ce groupe est éclairé de lumières blanches et bleues. Les trois grandes concrétions sont interprétées comme des mâts de croix, et les petites stalagmites par-devant font allusion au peuple qui regarde. La visite continue, à nouveau par un des passages artificiellement ouverts, la galerie de liaison supérieure, d'environ 75 m de long. Les visiteurs arrivent alors à la grotte des trois empereurs. Trois grandes concrétions y attirent les regards : à gauche une grande, âgée d'environ 250 000 ans, à droite deux plus petites d'une pureté rare. Le chemin descend alors rapidement par le gouffre des sorcières, une descente romantique dans les rochers, sculptée naturellement par les eaux ; on arrive ainsi à la salle des géants, la plus grande salle de la grotte du diable.

Dans la salle des géants, les visiteurs sont à nouveau accueillis par le guide. Le plafond de la salle est traversé par des affouillements, des corniches et des fentes. L'arbre, au centre, fait environ 3,5 m de haut, et a environ 340 000 ans. La couronne de l'arbre est formée de petites baguettes de calcaire au plafond, la concrétion principale forme le tronc de l'arbre, et les reliefs éclairés au sol sont les racines. La puissante sculpture du géant Goliath, également de 340 000 ans, est érigée au milieu de la salle. La formation de concrétions sur la paroi de roche, derrière laquelle brûle cachée une petite lumière rouge est appelée petite chapelle. Un petit clocher orne son toit. À gauche, au-dessus de la petite chapelle, des concrétions blanches attirent le regard. On les appelle les séracs. Ce sont du carbonate de calcium, comme les autres, mais on explique leur couleur blanche par le fait que l'eau qui les a formés n'a pas été contaminée ni par de l'argile ni par du fer. Après la salle des géants, on monte par des escaliers.

On laisse la salle des géants par un étroit passage derrière l'arbre, et on passe devant la grotte des cristaux. On arrive ainsi à la zone où se trouvent la plupart des concrétions bizarres. En suivant l'étroit couloir, on passe par la salle des chandelles marquée par des stalagmites en chandelle, puis après avoir monté quelques marches, on passe devant la cascade, la tortue et enfin les feuilles de tabac. Le visiteur arrive à la sortie de la grotte dans une gorge située 25 m plus haut que l'entrée, où sont entassés de puissants rochers. De là, le chemin descend un petit labyrinthe de rochers, passe une terrasse panoramique, puis la petite grotte du diable, et arrive enfin à l'entrée de la grotte. Cette descente dure environ 10 min. En 2006, des panneaux explicatifs sur la grotte ont été disposés sur ce chemin.

Petite grotte du Diable modifier

 
Petite grotte du Diable

L'entrée dans la petite grotte du Diable, aussi nommée petit trou du diable, se trouve environ à 100 m au nord de l'entrée de la grotte du diable. La petite grotte du diable est reliée à la grotte du diable par un passage souterrain inaccessible aux visiteurs, le buisson d'orties, et elle contient le laboratoire des grottes.

Les trouvailles dans cette grotte sont remarquables. En 1876, C. Heitgen a trouvé une pointe de flèche de chaille du type jerzmanowicien, trouvaille unique dans la Suisse franconienne[13]. Son âge est estimé à environ 37 000 ans. De nombreux fossiles de la glaciation de Würm, il y a plus de 30 000 ans, comme des restes d'ours des cavernes, d'hyènes des cavernes, de bisons, d'élans, d'ochotonidae, de cerfs et de rennes ont été trouvés. En raison des températures basses et uniformes de la grotte, les os ont été conservés au mieux. Dans la grotte, on trouve aussi des sédiments crétacés, dont il faut encore déterminer l'époque de dépôt[13].

Salle de concert modifier

Depuis 1944 a lieu chaque année en été une série de représentations « Culture dans la grotte du Diable » comprenant 7 à 8 séances. L'imposante grotte de l'entrée est comme faite pour les représentations de musique ou de théâtre. L'acoustique, l'ambiance de la grotte et l'indépendance par rapport aux intempéries distinguent cette salle. Diverses tendances de musique sont présentées, de la musique classique jusqu'au flamenco et au jazz, ainsi que du théâtre et du cabaret, dans un éclairage sauvagement romantique. Dans la salle de concert règne une température relativement constante de 12 °C. Il vient environ 2 000 spectateurs par an[16].

Histoire modifier

Histoire ancienne modifier

 
L'empereur Barberousse

On n'a pas encore pu démontrer sans ambiguïté de traces d'occupation humaine pendant la dernière glaciation. Dans la littérature, on trouve des vues différentes sur cette question. L'accès actuel à la grotte du Diable, le trou du Diable, était connu des gens du cru depuis des siècles. Comme de nombreuses autres grottes franconiennes, le trou du diable était riche en os et autres restes de matériaux organiques, et possède des formes variées de concrétions. Cependant des chercheurs sur les grottes, comme l'Allemand Georg August Goldfuss, le Français Georges Cuvier ou les Anglais William Buckland et John Hunter n'ont qu'à peine fait attention à ce trou du diable profond de 85 m[17]. Il est évoqué pour la première fois par l'historien de Bamberg Joseph Heller en 1829[18] :

« Le trou du diable, le grand. Cette grotte, la plus grande dans la région de Muggendorf, et qui ne consiste presque qu'en une seule volée de rochers, dans laquelle on pourrait entrer avec une charrette de foin, est à une petite demi-heure à l'est de Pottenstein dans la Schutterthal, qui est très belle à voir de là jusqu'à Klumpersmühle. L'entrée de la grotte est formée par un grand portail surprenant de rochers, de 45 pieds de haut et de 69 de large. La grotte s'étend en montant, reste de dimensions à peu près égales, et a au milieu une belle porte, à 330 pieds de l'entrée. On y remarque à droite un passage latéral où l'on tombe sur un étang d'eau. On trouve des concrétions à bien des endroits dans cette grotte remarquable à cause de sa grandeur, et que l'on peut visiter sans aucune difficulté. Pas loin de là, il y a le petit trou du diable, qui se distingue par de belles concrétions. L'entrée forme un portail de rochers de 51 pieds de haut et de 30 de large. La grotte est en pente vers le haut, partout spacieuse, et dès l'entrée, on marche sur une belle surface de concrétions en cascade avec de l'eau de stalactites. En ligne droite, la longueur de cette grotte peut faire 86 pieds. Mais elle a aussi de nombreuses allées de traverse et d'autres places spacieuses. »

— Joseph Heller, Muggendorf und seine Umgebung oder die fränkische Schweiz. 1829.

Là-dessus, la grotte devint plus connue, et fut visitée de plus en plus par des touristes du pays et de l'étranger. Mais on apportait plus d'attention au petit trou du diable voisin. En 1876, le préparateur C. Heitgen découvre une pointe de flèche en chaille dans le petit trou du diable[13]. Les fouilles ont eu lieu sur l'ordre de l'anthropologue Johannes Ranke de l'Institut paléontologique de Munich, qui cette année-là visitait la Suisse franconienne et déterminait diverses grottes, où il faudrait entreprendre des fouilles dans un but scientifique[19],[20]. Les résultats des fouilles correspondaient à l'état d'alors de la recherche, mais ne peuvent pas tenir, face aux connaissances actuelles, malgré des fouilles ultérieures[19]. Adalbert Neischl a dirigé en 1901 le premier levé et a fait un plan de la grotte[21]. À ce moment, les ornements de concrétions étaient détruits jusqu'à quelques restes, et les matériaux osseux avaient été largement emportés[21].

De 1904 à 1914, toutes les grandes grottes de l'aire des grottes de Franconie du nord avaient été étudiées et mesurées, comme le grand et le petit trou du diable, et la gorge du diable, par les étudiants Böckler, Schülein et Popp en 1909[14]. Dans cette étude, ce sont surtout les détails superficiels qui ont été notés[14].

Ouverture modifier

Première phase modifier

 
Les trois empereurs

Tous les spéléologues avertis pensaient avant 1922 que derrière les éboulements du trou du diable ne se trouvait aucune suite. Hans Brand supposa en 1922 que le trou du diable avait été causé par de l'eau courante, et que derrière le mur de l'effondrement, la voûte de l'ancien lit devait se poursuivre. Il se trompait en cela, comme on le sait aujourd'hui. Avant les mesures d'ouverture, on fit un levé complet des parties connues de la grotte au moyen d'un théodolite de mine. Ceci permit de vérifier le levé de 1909.

En , en plein milieu de l'inflation allemande, Brand creusa avec succès vers une extension de la grotte, avec le soutien de la ville de Pottenstein et du mécène privé Förster. Il perça une galerie effondrée et établit que la grotte était bien plus grande que supposé. Il trouva le prolongement naturel après une traversée de 9 m. Des recherches à partir d'indices définis, tels que la forme de la surface, les éboulements en surface, et les ruptures de l'intérieur, ont permis de trouver de nouvelles salles. Les recherches ont établi que la grotte se situe sur trois étages. Les joints entre couches et leurs perturbations ont été élargis au moyen d'explosifs, suffisamment pour pouvoir y grimper. On se glissa dans la montagne et découvrit par là plusieurs salles, qui dépassaient toutes les attentes par leur décor de concrétions. Les plus grandes de ces salles intérieures étaient en partie reliées par des passages très étroits de plus de 100 m de long, dans lesquels il fallait parfois ramper pour passer. Dès les premières actions d'ouverture, ces passages ont été viabilisés après des mesures soigneuses au théodolite[22].

En 1935, Brand écrivait à propos de la grotte du Diable pas encore complètement ouverte[14] :

« Comme les grottes dans la dolomite ne se comportent pas comme dans les calcaires stratifiés, seulement le long des ruptures de couches et des lignes de perturbation, mais en raison du caractère rocailleux, elles traversent parfois le sous-sol sans ordre, et les élargissements des salles principales n'ont pu être localisés au cas par cas que par certains signes en surface, par des endroits où l'eau heurtait les parois, des éboulements du sol ou des failles dans l'intérieur. Ces recherches ont conduit à la découverte des trois étages de grottes, qui ont dû être d'abord suffisamment ouvertes ou élargies par des creusements, afin de pouvoir y grimper et en faire des relevés à la boussole. Les plus grandes salles intérieures étaient parfois reliées par des passages très étroits, de plus de 100 m de long, que l'on ne pouvait parfois parcourir qu'en rampant. Après avoir dégagé les passages étroits, on a pu viabiliser l'ensemble des grottes, puis après des mesures soigneuses au théodolite, calculer le plus court chemin à creuser selon la perpendiculaire, et effectuer les travaux. »

— Hans Brand, 400 Jahre Höhlenforschung in der Bayerischen Ostmark. p. 55.

Les travaux d'ouverture des parties de la grotte facilement accessibles ont eu lieu principalement à la main. En tout, il y avait 42 travailleurs pour ces travaux d'ouverture, utilisés pendant huit mois sous la direction technique de la direction des mines. On est ainsi arrivé à réunir en une suite continue les salles du milieu, dont la grotte du rideau et celle des ours, avec celles de l'étage supérieur, qui s'ouvrent sur la gorge de sortie : la salle des chandelles, celle des fées et celle des géants. En , plusieurs salles pouvaient ainsi être viabilisées. L'escalier de passage entre étages a été refait, sécurisé avec une rambarde en bois, et sur le palier médian, une baraque à outillage a été aménagée. Les zones ainsi ouvertes dans la grotte ont été munies de lumière électrique, et, à partir du , ouvertes aux visiteurs sur une longueur de plusieurs centaines de mètres. C'est à ce moment que commença l'exploitation touristique de la grotte, qui conduisit à des nombres de visiteurs constamment croissants[23].

Deuxième phase modifier

 
Groupe de la Crucifixion

Brand ne s'est pas contenté des découvertes faites jusqu'alors, et organisa une deuxième ouverture de la grotte, en utilisant des compresseurs électriques mobiles pour alimenter deux marteaux-piqueurs, et des wagonnets à voie étroite pour l'extraction des masses de roches abattues. Il s'agissait essentiellement de la connexion aux parties de la grotte déjà ouvertes lors de la première ouverture, et de la viabilisation du dôme de Barberousse, sans doute la plus belle salle de la grotte. Pour cela, on utilisa des appareils très modernes pour la période concernée, et des méthodes encore inconnues dans la recherche des grottes. L'ouverture des parties plus basses de la grotte par un travail manuel lent et coûteux était pratiquement impossible. Il est typique pour la dolomite que des grandes salles soient créées. Ces grandes salles ne sont en partie pas reliées entre elles. Quatre ouvriers choisis ont été consacrés pendant les huit ans de la deuxième ouverture aux travaux de percement et d'élimination des déblais de roche. C'est comme cela que de nouvelles salles ont été ouvertes, mesurées et reliées entre elles. En tout, 285,5 m de galeries, de section 1,2 × 1,8 m2, ont été percées à travers la dure dolomite[23].

L'ouverture du mont du Calvaire, haut de 21,2 m dans une paroi du dôme de Barberousse, s'est avérée très difficile. Elle a été résolue par l'aménagement d'un escalier artificiel de 115 marches. Dans le fond de la grotte, un gros effondrement a été éliminé à coups d'explosifs et de difficiles travaux. Après ce travail, on a trouvé dans trois petites grottes latérales des ossements et des crânes de nombreux ours des cavernes. Dans les grottes, il fallait limiter autant que possible les dynamitages de rochers, pour éviter les dommages aux concrétions liés aux secousses correspondantes. Également, la fumée serait retombée et entrée de plusieurs centimètres dans la masse poreuse des concrétions, en ternissant leur éclat. Brand a aussi réussi à ouvrir une sortie de la grotte. Une tâche difficile aussi a été de dissimuler les câbles électriques et de régler les gradations convenables de la lumière des lampes et des projecteurs. Des chemins égalisés et larges, des escaliers massifs ont été aménagés pour rendre la promenade dans les diverses salles sans aucun danger et aussi agréable que possible. À la Pentecôte de 1931, la grotte du diable pouvait être ouverte au public pour une visite complète. C'est ainsi que le visiteur peut maintenant visiter les impressionnantes salles qui se nomment dôme de Barberousse et salle des géants. L'ouverture de la grotte du diable a représenté une grande performance scientifique et technique[23].

Méthode d'ouverture modifier

 
Outillage de l'ouverture en exposition

L'ouverture de la grotte du diable a été conduite par Brand selon les méthodes des mines. Un réseau de galeries et de puits a été établi, pour transporter les énormes quantités de déblais de roches. Ces travaux ont été surtout faits par des groupes de dynamitage, qui ont abattu les galeries dans la dolomite dure. C'est ainsi que l'on a pu éliminer par des galeries les déblais à l'ouverture de salles isolées comme le dôme Barberousse et la salle des géants ou du mont du Calvaire. Pour circuler par des itinéraires étroits et sinueux, les wagonnets devaient avoir une voie étroite de 60 cm. Les rails étaient cloués sur de simples traverses en bois, sauf pour les plus longues lignes droites ou à l'extérieur, où ils étaient montés d'avance sur des traverses d'acier[23].

 
Concrétions dans le dôme Barberousse

Une partie de ces galeries forme une étoile autour d'un point de croisement au sud du dôme de Barberousse, où l'on peut faire passer les wagonnets d'une galerie à l'autre au moyen d'une plaque tournante. À partir de ce point, part aussi un puits de transport incliné à 38° vers le haut, qui arrive à la surface dans la gorge du diable. C'est là que se trouvait lors des travaux d'ouverture une cabine avec un treuil à câble pour la remontée des wagonnets. Ce treuil est maintenant exposé dans la salle de la coupole. On peut encore voir aussi la sortie de ce puits de transport, quelques mètres à côté du chemin de sortie de la grotte, vers la zone d'entrée. Un wagonnet de transport pouvait faire jusqu'à 1 km dans les galeries jusqu'à sa sortie[23].

Un autre système de nouvelles galeries au nord de la salle des géants est le buisson d'orties, par lesquelles les roches et déblais formés lors de la construction du chemin vers la salle des géants, sont transportés par wagonnets vers l'extérieur dans la vallée du Weihersbach. Il y a eu quelques problèmes techniques au moment de l'ouverture. Comme les parcours à l'extérieur étaient trop longs pour poser les conduites d'air comprimé du dehors vers les fronts de taille, on a utilisé un compresseur électrique à simple effet sur roues, qui était conduit par les ouvriers sur la voie. Ce compresseur s'est distingué par sa forme étroite et sa grande mobilité, et a été utilisé sans panne pendant les huit ans de fonctionnement dans la grotte[23].

La plupart des galeries ne sont pas parcourues par les visiteurs pendant les visites guidées, parce qu'elles ne possèdent pas de garniture attrayante. Mais elles permettent d'atteindre presque tous les points de visite de la grotte sans utiliser les voies officielles de visite. Le guide des grottes en utilise une partie pendant les visites, pour accéder par exemple plus vite du dôme Barberousse à la salle des géants sans avoir à grimper sur le mont du Calvaire. Une autre partie de ces galeries est utilisée pour la thérapie des grottes.

Notes de Brand modifier

Les notes de Brand de 1935 sur l'ouverture de la grotte du Diable d' à la Pentecôte 1931 donnent une idée sur l'ampleur des travaux d'ouverture de la grotte[22] :

« On avait considéré précédemment la grotte comme un affouillement local, comme une grotte d'ouverture de fissure. Sur la base de recherches comparatives avec d'autres pays karstiques, il fallait néanmoins la considérer comme le lit souterrain, bouché par un éboulement, d'une ancienne rivière de grotte, dont les eaux sortaient ici il y a des temps immémoriaux. En reconnaissant la justesse de cette interprétation, on a tiré le plan d'ouvrir à la visite les prolongements de la grotte inaccessibles, avec le soutien d'un mécène et de la commune de Pottenstein. C'est ainsi qu'à la fin de l'automne 1922, une vie inaccoutumée anima la solitude de la vallée du Weihersbach. Des troupes d'ouvriers arrivèrent à la grotte, et commencèrent un dure lutte contre le roc. Bientôt, le gros éboulement de fermeture du tunnel de la grotte fut dynamité, et l'on trouva les premières salles de concrétions, qui dépassaient toutes les espérances en splendeur et beauté. Des levés géodésiques soigneux ont donné une vision sur les rapports entre lieux souterrains et de surface. Dans un élan rapide et sûr, les salles encore facilement accessibles sont viabilisées, éclairées à l'électricité et provisoirement ouvertes à la visite. Les grottes en siphon, plus profondes, fortement encombrées par des éboulements, avec leurs puissantes gorges et galeries sont arrachées aux entrailles de la Terre en huit autres années de travaux très durs avec tous les moyens de la technique moderne. Le travail y résonne infatigablement ; jour et nuit résonnent les explosions, et pétaradent les marteaux-piqueurs, contre le rocher de dolomite, dur et solide. Il faut vaincre la roche pas à pas sur des centaines de mètres pour établir des parcours de passage et de liaison permettant d'atteindre les merveilles de ce sous-sol unique sans les altérer. Sans arrêt, tirés par de puissants câbles, les wagonnets de mine remontent au jour les remblais de roche, les transportant à travers le labyrinthe des galeries, véritable système nerveux de toute l'ouverture. Les rochers crépitent en tonnant et craquant dans la gorge du diable, jusqu'au jour ou le dernier coup a couronné ce travail fatigant. C'est ainsi qu'a été conduit à une heureuse conclusion l'ensemble de l'ouverture de ce système de grottes embrouillé, en utilisant le savoir des ingénieurs, de la géodésie minière et de la géologie, sur la base d'estimations purement scientifiques, et soutenu par un staff d'ouvriers des plus fidèles et affectueux. Le jour de la Pentecôte de 1931, ce monument de technique avancée d'ouverture et d'esprit d'entreprise allemand est ouvert au public. La grotte resplendit maintenant comme un château féérique souterrain dans l'éclat magique des lampes électriques. De larges sentiers aplanis et des escaliers commodément aménagés mènent par les salles fabuleuses qui présentent une splendeur et une plénitude rares de sculptures de concrétions. Au sommet de la montagne, on ressort finalement au jour dans une gorge étroite, très romantique et un sauvage labyrinthe de rochers vous ramène à l'entrée. »

— Hans Brand, 400 Jahre Höhlenforschung in der Bayerischen Ostmark. p. 54–55.

Comptes-rendus de presse modifier

Pour la première ouverture partielle de la grotte du Diable, la Reise- und Bäderzeitung de Leipzig écrivait le sous le titre Une nouvelle grotte en Suisse franconienne :

« Le prochain aura lieu l'inauguration officielle d'une nouvelle grotte de concrétions, la grotte du diable. L'ouverture au public aura lieu immédiatement après. La grotte est située entre Schüttersmühle et Pottenstein. Le directeur de cette entreprise, le bien connu chercheur de grottes Prof. Dr. Brandt, a pu mener à bien l'ouverture de cette grotte, avec l'aide du Dr. Förster, qui a financé l'affaire. La grotte du diable se distingue surtout par de merveilleuses formations de concrétions de taille géante et de finesse somptueuse, et aussi par les os et squelettes bien conservés d'ours des cavernes, qui ont été séparés du monde extérieur il y a 40 000 ans par un éboulement de rochers. Le Prof. Dr. Schlosser a reconstitué le squelette d'un ours et l'a disposé là où les os ont été trouvés dans la grotte. Tous les autres restes d'os sont restés là où on les a trouvés. Les grottes contiennent du radium, ce qui explique que les crânes et les autres os sont si bien conservés. À un endroit, les os de toute une meute d'ours sont rassemblés. La grotte est devenue un objet de visite, grâce au zèle infatigable des scientifiques concernés. Les habitants de Leipzig peuvent aller à la grotte à partir de la gare de Pegnitz par autobus jusqu'à Schüttersmühle. De là, il y a 5 min à pied jusqu'à la grotte, près de l'élevage de truites. Un éclairage électrique merveilleux montre les concrétions et les cristaux de roche les plus beaux en plein éclat, jusque dans les fentes les plus éloignées. »

— Reise und Bäderzeitung, Eine neue Höhle in der Fränkischen Schweiz., 3 août 1923

Le August Sieghardt écrivait dans Die Reise'', un encart spécial de la Nürnberger Zeitung, au sujet de la grotte :

« Après près de dix ans de travaux fatigants et coûteux, l'ouverture de la célèbre grotte du diable de Pottenstein en Suisse franconienne a atteint sa conclusion. Avec cet ouvrage, on a fait un travail qui est de grande importance dans les milieux scientifiques, non seulement pour le fait de rendre accessible une des plus grandes et plus belles grottes à concrétions d'Europe centrale, mais aussi une clarification scientifique des relations spéléologiques en Suisse franconienne. […] En 1924, la grotte du diable, qui possède la plus grande entrée en Allemagne avait été rendue accessible sur une distance d'environ 800 m. Elle était éclairée à l'électricité, on pouvait s'y promener sans danger, et elle présentait des formations fabuleuses de concrétions, tantôt dans des couloirs étroits, tantôt dans des grottes et des salles géantes, très hautes. […] Mais le Prof. Brand ne s'est pas contenté de ce succès. Appuyé sur sa riche expérience de la géologie du karst, il a commencé en 1926 à poursuivre l'ouverture de la grotte du diable, en suivant les grottes en siphon, difficilement repérables, très profondes, souvent fortement comblées par des éboulis, mais très intéressantes. Ces grottes ont été conquises sur l'intérieur de la montagne, avec tous les moyens de le technique moderne, et un gros travail. Nuit et jour résonnaient les explosions, crépitaient les marteaux-piqueurs contre le dur rocher. Sans cesse, les wagonnets de mine montaient et descendaient. Les morceaux de roche dégringolaient dans la gorge du diable avec un bruit inquiétant de tonnerre et de craquements, jusqu'au jour où le dernier passage étant ouvert, le travail difficile était couronné de succès. Le travail de géant du Prof. Brand, commencé sur des bases purement scientifiques, accompli par une équipe d'ouvriers expérimentés, était terminé. L'ouverture complète de ce système embrouillé de grottes était heureusement terminée ! En été 1931, les salles nouvellement ouvertes pouvaient être données au public. […] C'est ainsi que la grotte du diable telle qu'elle apparaît maintenant est l'une des plus grandes curiosités de son espèce. Elle n'est dépassée en dimensions et en beauté que par la grotte de Postojna en Slovénie. »

— August Sieghard, Die Teufelshöhle: Zur Vollendung ihrer Erschließung., 22 janvier 1932

Le pont de la grotte du Diable modifier

 
Le pont de la grotte du Diable

Pour rendre la grotte du Diable plus accessible de l'autoroute Pottenstein-Pegnitz, Brand fit construire en 1932 le pont de la grotte du diable. Ce pont en bois de 36 m de long est situé à 100 m en aval de la grotte du diable, passe au-dessus d'une gorge de 18 m de profondeur du Weihersbach, et a une portée de 20 m. Pour continuer vers la grotte du diable, le chemin a été taillé dans le rocher le long du versant abrupt de la vallée. À l'époque, le pont représentait la plus courte liaison entre l'autoroute et la terrasse d'accueil de la grotte du diable[24].

Époque du national-socialisme modifier

 
Camp de baraques de la compagnie SS du Karst à Pottenstein en 1942
 
Travaux de la compagnie SS du Karst à Pottenstein en 1942

La SS établit à Pottenstein le un camp satellite du camp de concentration de Flossenbürg, dont le fondateur et directeur était le Standartenführer (Colonel) SS du SS-Karstwehr-Bataillon, devenu la 24e division SS de volontaires de montagne Karstjäger, l'ingénieur des mines Hans Brand, un bon ami du Reichsführer de la SS, Heinrich Himmler. Les prisonniers en étaient des hommes de toute l'Europe, qui ont été délivrés le par les forces américaines.

Les prisonniers devaient accomplir des travaux forcé pour divers détachements de la SS, comme la Waffen-SS, le centre de recherches sur les fortifications de la SS, la section de formation en transmission de la SS et la compagnie du karst de la SS. Vers la fin de la guerre, ils ont dû aménager le lac de Schöngrund à Pottenstein, et travailler dans et autour de la grotte du diable. Ils ont aplani le grand parking devant la grotte ; ils ont débarrassé la grotte d'argile et de graviers et ont creusé divers couloirs, qui ne sont pas utilisés aujourd'hui parce qu'ils n'ont pas de concrétions, et n'ont donc aucun intérêt touristique. De nombreuses excavations ont été faites dans la forêt au-dessus de la grotte pour rechercher d'autres grottes, et on peut en voir encore les traces[25].

Le nombre de décès par les mises au travail à Pottenstein est inconnu. Plus de la moitié des 746 prisonniers appelés aux travaux forcés à Pottenstein ont été renvoyés à Flossenbürg à moitié morts en raison des dures conditions de travail et des brimades dans le camp.

Après guerre modifier

Après la guerre, l'affluence des visiteurs a repris. Des groupes de visiteurs venaient de grandes distances, comme de Berlin et d'autres grandes villes et aussi de l'étranger. Pour faire face à ce nombre croissant de visiteurs, il fallait étendre les constructions. Sur la terrasse des grottes, on a construit le café de la terrasse, avec des toilettes, et devant la gare, à la place de l'étang à poissons, un grand parking pour les autobus et les voitures. Le chemin vers Pottenstein, le long du lac de Schöngrund et dans la vallée du Weihersbach a été aménagé. À l'entrée de la grotte, on a érigé une cabine pour la caisse, où l'on a aussi commencé à vendre des cartes postales et des souvenirs. Toutes ces constructions ont duré jusque dans les années 1950. En 1949, le paléontologue Georg Brunner a découvert des ossements d'animaux du pléistocène dans une fente. En 1952, des travaux de creusement par dynamitage pour rechercher de nouvelles grottes dans la petite grotte du diable provoquent une chute de pierres qui cause un accident mortel[26]. À la mort de Hans Brand, la grotte fut léguée à sa belle-fille Rita. En 1967, la ville de Pottenstein reprit la grotte.

 
Groupe des rideaux

Le , une plaque commémorative en bronze en l'honneur de Hans Brand a été dévoilée solennellement au-dessus de l'entrée de la grotte. Elle portait un portrait de Brand et l'inscription « De la ville de Pottenstein, honneur et gratitude pour le chercheur et ouvreur de la grotte du diable, promoteur infatigable de la Suisse franconienne. »

Après que le passé nazi de Brand quelques années auparavant eut soulevé quelque sensation, cette plaque commémorative fut ressentie comme choquante. Même si elle n'était pas remarquée par tous les visiteurs de la grotte, elle était critiquée, et la ville de Pottenstein a été accusée d'honorer un criminel de guerre avec une plaque commémorative. En 1997, un inconnu emporta la plaque.

En 1971, le laboratoire des grottes dans la petite grotte du diable a été mis en service, le premier en Allemagne. En 1986, on a commencé la spéléothérapie dans une galerie latérale. Au début des années 1990, le squelette de l'ours des cavernes a été restauré sous la direction de Donat Kamphausen. L'attitude du squelette a été modifiée, et il a reçu une situation plus attrayante dans la grotte. Les nombreux ossements ont été préparés pour les préserver de la décomposition. Depuis 1994 un programme culturel est offert dans la grotte du diable.

 
Barbe de Barberousse

En 1997, on a su que la recherche de prolongements de la grotte du diable était infructueuse. Le laboratoire des grottes en fut percé, et totalement détruit. Dans la grotte, on a apporté de temps en temps des améliorations techniques, changé des rampes ou des grilles de sécurité, et installé un nouveau système d'éclairage. En 2000, une sonorisation moderne a été installées, et dans plusieurs zones de la grotte, l'éclairage a été mis en couleur, pour éclairer les grottes et les concrétions en rouge et en bleu. En 2002, le 80e jubilé de l'ouverture de la grotte a été fêté solennellement. En 2006, tout l'entourage extérieur de la grotte a été rénové pour 15 000  : des balustrades et des tableaux d'explications ont été installés, de nouveaux groupes de sièges et de bancs ont été montés, et un nouveau chemin aménagé[27].

En , l'ancien éclairage a été remplacé en environ 6 semaines par 330 lampes LED, qui ont été utilisées pour une visite guidée pour la première fois le [28],[29]. En raison de leur lumière froide, ces lampes ont une influence moindre sur le microclimat et la flore éclairée par ces lampes. La consommation en énergie représente environ un dixième de la précédente. La durée de vie de ces lampes est à peu près de 80 000 h, soit environ 25 années d'ouverture[28]. Pour cela il a fallu câbler plus de 6 000 m de conducteurs électriques et de lignes de commande[28] et un éclairage de secours alimenté par batterie a été installé pour la sécurité des visiteurs en cas de panne de courant. L'installation acoustique a été revue. Dans les trois grandes salles, la salle de la coupole, le dôme Barberousse et la salle des géants, on a installé 130 LED, qui éclairent les diverses concrétions les unes après les autres, et ce, en synchronisme avec la musique[28]. L'association de la grotte du diable a en tout investi 265 000 , dont 90 % en subventions. 55 % provenaient du fonds de subventions économiques du Land de Bavière, et 35 % autres de la fondation de Haute-Franconie[28]. Ceci a représenté le plus gros investissement depuis l'ouverture de la grotte dans les années 1920[30].

Installations modifier

Spéléothérapie modifier

 
Station de thérapie

Une galerie latérale de la grotte du diable sert à l'application de la spéléothérapie[n 1]. La zone de thérapie est séparée de la zone des autres visiteurs de la grotte. Le centre de thérapie de la grotte du diable est membre fondateur de l'association de spéléothérapie allemande, une union d'actuellement douze centres de spéléothérapie. Des cures de spéléothérapie sont offertes dans la grotte du diable depuis 1986, avec 50 places disponibles, distribuées en trois salles pour adultes et une pour enfants. La spéléothérapie peut apporter un soulagement dans des maladies de l'appareil respiratoire telles que le rhume des foins, l'asthme, la bronchite chronique ou les sinusites et les eczémas atopiques. Cette thérapie est aussi utilisée pour les enfants ayant la coqueluche, ou les petits ayant le croup[31],[32]. Le patient passe deux heures par jour dans la grotte, pendant une période d'environ trois semaines. Depuis 2012, on offre aussi des cures couchées plus courtes (de trois à cinq séances). Les cures couchées de jour sont proposées tous les jours de mars/avril à octobre/novembre.

La basse température de 9 °C et l'humidité élevée de 95 % offrent des conditions optimales pour la thérapie. L'air de la grotte contient moins de substances nuisibles, de pollen, de poussières ou de moisissures. Ainsi, la respiration amène moins de corps étrangers dans les poumons. Les muqueuses irritées se calment et les patients peuvent respirer plus facilement. Une cure couchée dure de trois à cinq semaines, pendant lesquelles le patient se tient dans la grotte deux heures par jour. Environ 1 500 à 2 000 curistes participent à cette thérapie, et environ 70 % des patients vont nettement mieux après la cure. Chez beaucoup, la rémission dure des mois, certains sont même délivrés de leurs maux pendant des années. En 2007, 1 630 patients ont eu recours à cette méthode de soins alternative, en 2008, ils étaient 1 338[33].

 
Groupe de concrétions

La spéléothérapie de la grotte du diable pourrait prochainement rapporter à la commune de Pottenstein le statut de « lieu de cure climatique ». Une condition pour cela est que les règlements légaux pour l'utilisation locale de la méthode de « thérapie des grottes » soient adoptés par le Land de Bavière — comme c'est déjà le cas dans les Länder de Basse-Saxe et de Bade-Wurttemberg. En cas de décision positive, Pottenstein s'efforcera immédiatement et énergiquement de recevoir le classement de « localité avec cures de galeries de soin », au même rang que celle d'une « localité à cure de soins climatiques ».

Avant la deuxième Guerre mondiale, Hans Brand avait déjà l'intention de faire de la thérapie de grotte dans la grotte du diable, ou plutôt dans la petite grotte du diable. On a commencé à ouvrir la petite grotte du diable dans ce but. Mais en 1952, pendant les travaux, un rocher s'y est détaché de la voûte et un ouvrier a été tué. Les travaux en ont été arrêtés et le projet abandonné.

Également, avant la seconde Guerre mondiale, de l'argile de la grotte du diable a été utilisée pour les soins : l'argile de la grotte, ppelée « terre miracle » était récoltée et utilisée pour des bains de boue. Un service de distribution de boue de la grotte envoyait alors cette argile thérapeutique en boîtes de 2 kg dans le monde entier.

Laboratoire des grottes modifier

 
Trois empereurs

Dans une partie latérale de la grotte, la petite grotte du diable, se trouve le seul laboratoire spéléologique d'Allemagne. Ce laboratoire consiste en deux salles climatisées. Les installations de mesure elles-mêmes se trouvent majoritairement dans la petite grotte du diable, à l'endroit nommé buisson d'orties. Ce laboratoire de recherches a été installé en 1971 par le groupe de recherches Grottes et karst de Franconie. Au début, le laboratoire consistait en une petite salle près de la cabine de la caisse de la grotte du diable, et de constructions dans la petite grotte. En 1979, l'administration de la grotte signifiait qu'elle avait besoin de la petite salle pour ses propres besoins, ce qui signifiait un déménagement pour le laboratoire. Pour maintenir les longueurs des lignes de transfert de données des appareils de mesure aussi petites que possible, la salle de mesures fut installée dans la grotte elle-même[34],[35].

Des membres d'honneur du groupe de recherches y mènent des recherches sur le climat de la grotte, les cycles de l'eau en relation avec les précipitations, ainsi que d'autres recherches spécifiques aux grottes et sur l'hydrologie. Des mesures de dépôt de poussière textile dans l'intérieur de la grotte ont été faites, ainsi que des mesures de longue durée sur le contenu en gaz carbonique de l'air des zones de visite.

On a aussi fait des mesures à long terme du comportement du débit des endroits où l'eau s'écoule de la voûte. Avec des enregistreurs mis au point spécialement, la chute de chaque goutte individuelle est détectée et enregistrée sans contact, à sept points d'écoulement dans la petite grotte du diable. Dans ces recherches, il s'est avéré une chose surprenante. On a montré que dans la grotte, il y a des différences dans la vitesse de chute des gouttes. Parfois les gouttes tombent plus vite de la voûte, puis à nouveau plus lentement. Cette variation de la vitesse de chute dépend comme les marées de la position de la Lune.

Pendant les mois d'hiver, on observe l'activité des chauves-souris au moyen de radars de surveillance de sécurité reconstruits[34],[35].

Récits et racontars modifier

 
La gorge du Diable

Parmi les habitants du cru, ce lieu a semblé inquiétant. La croyance populaire, selon laquelle le diable utilisait la grotte comme entrée vers l'enfer, a contribué à l'origine du nom. Les hommes qui se risquaient néanmoins à pénétrer dans son royaume devenaient irrécupérablement la proie de Satan. On se racontait des histoires donnant le frisson de sinistres vermines qui se tenaient à l'intérieur du trou du diable. On aurait aussi observé des feux follets, qui voletaient à certaines heures dans l'espace de la grotte, et on aurait aussi entendu des cris de désespoir d'âmes perdues. Mais un contenu plus solide pourrait être donné à la légende selon laquelle le chevalier brigand Udo von Wichsenstein aurait utilisé la grotte comme cachette. Pour cela, il aurait — selon la légende — conclu un pacte avec le diable.

Aujourd'hui encore, la grotte du diable n'est pas libérée de ses histoires : beaucoup d'habitants de Pottenstein parlent d'une salle des miroirs, et on rapporte aussi que des documents nazis compromettants, ou même une salle à l'ambre légendaire auraient été cachés pendant la guerre dans la grotte du diable. Ce serait pour cela que l'on aurait entrepris des recherches supplémentaires. En 1997, on a finalement su que deux chercheurs de trésor amateurs jusque là inconnus auraient recherché des prolongements de la grotte du diable. L'association de la grotte du diable aurait mis à disposition de ces deux « chercheurs » une somme de 80 000 DM. Mais finalement, on n'a rien trouvé. La version officielle est que des spéléologues auraient cherché de nouvelles grottes. Mais comme il existe des plans de la grotte accessibles à tout chercheur, ceci est plus qu'invraisemblable. Sans doute les bruits à propos d'une chambre cachée en seraient bien plus probablement la raison.

Il circule aussi dans la population l'histoire selon laquelle Brand aurait découvert plus tard en Suisse franconienne une grotte bien plus belle. De peur de la voir éclipser la renommée de la grotte du diable, il aurait effacé toutes les traces et preuves, et peut-être même assassiné les témoins. Il ne s'agirait ici sans doute que de rumeurs, car jusqu'à présent on n'a trouvé aucun support pour ces affirmations.

Une autre rumeur correspond peut-être sur certains points à la réalité. Si l'on en parle aux directeurs de la grotte ou au guide de la visite, ils réagissent avec un air agacé. On raconte que certaines concrétions, certains disent même en grand nombre, n'ont pas poussé à la place où elles se situent maintenant. En partie, elles auraient été apportées d'autres régions de la grotte, et certaines même d'autres grottes du voisinage. On les aurait abattues ou sciées de leur place, pour les installer dans la grotte du diable, afin de rendre la grotte plus attrayante pour le visiteur. On reconnaîtrait les « fausses » concrétions par des considérations géologiques montrant qu'elles n'auraient pas pu croître là où elles sont. En partie, elles sont simplement plantées dans la terre, ou alors la région de la voûte au-dessus d'elles ne contient pas de point d'écoulement de l'eau, l'élément essentiel pour la croissance. Ces concrétions ne sont pas remarquées comme « fausses » par tous les visiteurs. Le touriste « normal » des grottes qui n'a été que rarement dans une grotte, ne remarque rien, tandis que les spéléologues « expérimentés » les découvrent.

Tourisme modifier

Ouverture touristique modifier

 
Parking dans la vallée du Weihersbach

On atteint la grotte du diable par la route fédérale B470, qui va de Forchheim à Pegnitz via Pottenstein. La grotte du diable est bien équipée pour le tourisme de masse. Un grand parking (payant) avec des toilettes (gratuites) est disposé directement le long de la route au pied de la grotte du diable. Juste au-dessus du plateau de rochers de l'entrée de la grotte se trouve un café en terrasse avec de nombreuses places. Dans la zone supérieure de l'entrée, devant la porte en bois, il y a un écran de télévision où les visiteurs en attente peuvent voir un film vidéo sur Pottenstein et la Suisse franconienne.

Nombres de visiteurs modifier

 
Cloche d'annonce des visites

La grotte du Diable a toujours représenté une véritable attraction touristique. Dès la première ouverture partielle en s'est instaurée une visite en masse. Le trafic a ainsi connu à Pottenstein une énorme augmentation. Dans les années de pointe, il est venu plus de 300 000 visiteurs. On a pu noter dans les années 1980 un recul du nombre de visiteurs, avec un minimum de 216 401 en 1985. Puis la fréquentation a augmenté quelque peu, pour atteindre en 1991, avec 249 944 visiteurs un maximum depuis le début des années 1980. Depuis, les nombres de visiteurs ont baissé assez vite. À la fin des années 1990, en moyenne sur 1996 à 2000, il a été de 208 000 par an, avec un maximum de 217 329 en 1997. Après une nouvelle régression dans les dernières années (depuis 2001 sous les 200 000 par an), il est resté relativement stable et oscille de 2007 à 2011 autour de 153 500[36].

Avec cette valeur, la grotte du diable est la grotte touristique la plus visitée en Allemagne avec la grotte d’Attendorn (environ 150 000 à 200 000 visiteurs par an)[37] et devance substantiellement la grotte des ours de Sonnenbühl (87 600 visiteurs par an), celles de Hermannshöhle (88 600 visiteurs par an) et de Baumannshöhle (86 300 visiteurs par an). Dans les dernières années, les cinq grottes de tourisme les plus importantes de la Suisse franconienne se sont réunies dans l’Union des grottes jurassiques et poursuivent une stratégie de marketing qui influence positivement les nombres de visiteurs de l'union. Au sein de cette union, la grotte du diable se situe clairement au-dessus de la Binghöhle (35 800 visiteurs par an) et de la Sophienhöhle (29 200 visiteurs par an).

Flore et faune modifier

Fossiles modifier

Dans la grotte du Diable, en particulier dans la petite grotte du diable, on a trouvé de nombreux restes d'animaux préhistoriques, décédés dans la grotte. Ces fossiles proviennent surtout de la glaciation de Würm, il y a environ 30 000 ans. L'état de conservation des os enfouis dans l'argile de la grotte était parfois si bon qu'il n'était pas si facile de distinguer ces vieux os d'os frais. Les températures basses et constantes de la grotte ont particulièrement bien préservé les ossements et autres restes organiques. On a trouvé des restes d'animaux qui s'étaient réfugiés là encore il y a peu d'années ou de décennies. Avant tout, ce sont des chauves-souris et autres insectivores, mais aussi des reptiles, des rongeurs et des amphibiens. Des animaux que l'on ne trouve plus dans la région ont été trouvés dans des couches d'argile plus profondes. Il s'agit largement d'espèces qui vivent actuellement dans les régions arctiques : lemmings, lièvres arctiques, rennes et renards polaires. Des restes d'espèces complètement disparues comme les hyènes des cavernes et surtout les nombreux os d'ours des cavernes ont été trouvés dans la grotte. On a trouvé non seulement des restes des animaux qui ont vécu dans la grotte, mais aussi ceux de leurs proies : élans, bisons, lièvres arctiques, rennes, cerfs et beaucoup d'autres.

Ces trouvailles ont donné une bonne vision du monde animal de l'âge glaciaire. Une étude précise des couches de fossiles et leur composition permettent de conclure aux oscillations du climat.

Dans le domaine de la grotte du diable, on devrait aussi trouver des traces d'habitation humaine. Au milieu du siècle dernier, on a rapporté la découverte de traces humaines dans la grotte argileuse[38],[39]. Cette découverte a suscité alors une grande attention. Il s'agissait d'une massue faite d'un os de mammouth, et d'autres os polis et taillés en pointe[39]. Mais ces hypothèses se révélèrent fausses, d'après les connaissances actuelles[40]. Les outils trouvés se trouvèrent être des restes d'os d'animaux polis, qui ont reçu leur forme sans intervention des hommes de l'âge glaciaire[40].

L'ours des cavernes modifier

 
Squelette d'un ours des cavernes

On a trouvé dans la grotte du diable les os et le crâne d'environ 80 ours des cavernes, appartenant à diverses générations. Ils sont morts dans la grotte de mort naturelle. Mais on n'a trouvé aucun squelette d'ours conservé complet[41].

Le paléontologue de Munich Max Schlosser a reconstitué un squelette complet à partir d'os isolés, et il est exposé dans la grotte[41]. L'ours des cavernes a vécu ici il y a environ 30 000 ans, faisait environ 3 m et pesait 400 kg. Au début des années 1990, Klaus P. Weiss, précédemment préparateur en sciences géologiques du musée de la Suisse franconienne à Tüchersfeld a restauré le squelette sous la direction de Donat Kamphausen, lui a donné une place plus attrayante dans la grotte, et a préparé pour la conservation les autres restes d'ossements exposés[41]. Cette reconstitution du squelette de l'ours des cavernes possède une haute valeur muséologique[41].

Chauves-souris modifier

Dans la grotte du diable vivent des chauves-souris, qui hibernent d'octobre à mars, et comptent parmi les occupants les plus développés de la grotte. C'est pourquoi on peut observer du laboratoire de la grotte le comportement de suspension et les activités des chauves-souris au moyen de senseurs radars. La grotte du diable fait partie du cadastre central des chauves-souris, où l'on fait chaque année des comptages sur de grandes surfaces pendant les mois d'hiver. Les espèces les plus nombreuses dans la grotte du diable sont les vespertilion de Natterer, le grand murin, le vespertilion de Daubenton et l'oreillard roux. Les chauves-souris se tiennent dans la grotte du diable surtout dans les coins ou niches cachés, zones de la grotte inaccessibles aux visiteurs[42].

Flore sous éclairage électrique modifier

Depuis la première mise en service de l'éclairage électrique en 1923, des écosystèmes de plantes marqués et individuels se sont développés dans la lumière des lampes. Diverses espèces d'algues, de mousses, et même de fougères se sont acclimatées, alors qu'elles n'auraient eu aucune chance de survie dans l'obscurité absolue de la grotte, en l'absence d'éclairage artificiel. Les plantes ne sont pas uniformément réparties, car le hasard a joué un rôle sur le type de spores arrivées dans les zones éclairées. Aux plus grandes distances des lampes se sont acclimatés des organismes peu exigeants en lumière, comme par exemple les algues. En se rapprochant des sources lumineuses, avec un flux lumineux et un rayonnement de chaleur croissants, cette zone verte se transforme progressivement en ceinture de mousses. Auprès de certaines lampes, la sécheresse a empêché ou limité le développement de la flore. Le métabolisme de la flore des lampes diffère notablement de celui des plantes de la même espèce poussant en plein air. Il s'agit pour la plupart des cas de formes chiches, qui ne pourraient néanmoins pas survivre sans éclairage artificiel, dans l'obscurité totale. Il y a quelques années, le groupe Grotte et karst a démarré une expérience de longue durée, pour savoir dans quelle mesure la flore de l'éclairage artificiel est modifiée par la mise au point de la technique de l'éclairage par LED qui s'annonçait. Il s'est révélé que la flore, faute de chaleur et à cause du changement de spectre des lampes à LED, régressait et disparaissait en partie.

Notes et références modifier

Références modifier

  1. a et b Zweckverband 2006, p. 19–20
  2. (de) Hans Betko, Höhlenführer „Große Teufelshöhle“ bei Pottenstein (Oberfranken), , 8 p.
  3. Sieghardt 1992, p. 20
  4. Herrmann 1991, p. 98
  5. Lang 2006, p. 22
  6. Lang 2006, p. 122
  7. (de) « Geotop: Teufelshöhle bei Pottenstein (Schauhöhle) » [PDF, 295 ko] (consulté le )
  8. a b et c (de) Hans Brand, Übersichtsplan Teufelshöhle (M 1:500) mit Profilschnitt
  9. a et b Zweckverband 2006
  10. Zweckverband 2006, p. 22
  11. a b c et d Zweckverband 2006, p. 11
  12. Lang 2006, p. 107
  13. a b c et d (de) Hardy Schabdach, Unterirdische Welten – Höhlen der Fränkischen- und Hersbrucker Schweiz, Ebermannstadt, Verlag Reinhold Lippert, , 50 p. (ISBN 3-930125-05-6), « Chap. Heilendes Klima unter der Erde – Die Große Teufelshöhle bei Pottenstein »
  14. a b c et d Brand 1935, p. 55
  15. (de) « Sonderführungen » (consulté le )
  16. Verkehrsbüro Pottenstein, Chap. Teufelshöhle – Hier wird Kultur geboten
  17. Sieghardt 1992, p. 7-8
  18. Heller 1979
  19. a et b Kaulich et Schaaf 2002
  20. Zweckverband 2006, p. 7
  21. a et b Herrmann 1991, p. 96
  22. a et b Brand 1935, p. 54–55
  23. a b c d e et f Brand 1935, p. 54–57
  24. Sieghardt 1992, p. 5
  25. (de) Franz Lindenmayr, « Ein kleiner Blick in die „Braune Vergangenheit“ der Teufelshöhle » (consulté le )
  26. (de) « Teufelshöhle forderte sogar ein Todesopfer » (consulté le )
  27. (de) « Naturparkmaßnahmen Rund um die Teufelshöhle in der Fränkischen Schweiz » (consulté le )
  28. a b c d et e Weichert 2007
  29. (de) « Teufelshöhle bei Pottenstein verzaubert mit neuem Licht! » (consulté le )
  30. (de) « Teufelshöhle in völlig neuem Lichterglanz » (consulté le )
  31. Verkehrsbüro Pottenstein
  32. (de) « Pottenstein - Fränkische Schweiz » (consulté le )
  33. (de) Jürgen Fischbach, « Besucherrückgang in der Teufelshöhle » (consulté le )
  34. a et b Hager 1988, ch. Labor Pottenstein, an der vordersten Front der Forschung, p. 20-22
  35. a et b Hager 1988, ch. Und im Labor herrscht Emsiges Treiben, p. 24-25
  36. Indications de (de) « Touristinformation Pottenstein » (consulté le )
  37. (de) Jürgen Fischbach, « Entwicklung einer operationalen Tourismusmarketingkonzeption für den Kreis Olpe » [PDF, 6,6 Mo], (consulté le )
  38. Sieghardt 1992
  39. a et b Brand 1935, p. 47
  40. a et b Sieghardt 1992, p. 13
  41. a b c et d Zweckverband 2006, p. 24–25
  42. Zweckverband 2006, p. 25–26

Notes modifier

  1. a et b À distinguer ici de l'usage de ce mot comme synonyme de halothérapie. (voir infra).
  2. La puissance d'une couche souterraine est sa dimension mesurée perpendiculairement à son plan. L'épaisseur est la dimension mesurée selon la verticale.

Voir aussi modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie modifier

  • (de) Hans Binder, Anke Lutz et Hans Martin Lutz, Schauhöhlen in Deutschland, Ulm, Aegis Verlag, (ISBN 3-87005-040-3)
  • (de) Hans Brand (Chap. Die Erschließung der Teufelshöhle), 400 Jahre Höhlenforschung in der Bayerischen Ostmark, Bayreuth, Bauverlag Bayerische Ostmark G. m. b. H.,
  • (de) Forschungsgruppe Höhle und Karst Franken, Der Fränkische Höhlenspiegel, t. 29, Nuremberg,
  • (de) Joseph Heller (Réimpression de la 1e édition de 1829), Muggendorf und seine Umgebungen oder die fränkische Schweiz, Bamberg, , 174 p. (lire en ligne)
  • (de) Friedrich Herrmann, Höhlen der Fränkischen und Hersbrucker Schweiz, Nuremberg, Hans Carl, , 2e éd., 168 p. (ISBN 3-418-00356-7)
  • (de) Thomas Hager (Forschungsgruppe Höhle und Karst Franken, éd.), Der Fränkische Höhlenspiegel, vol. 29, Nuremberg,
  • (de) Brigitte Kaulich et Hermann Schaaf, Kleiner Führer zu Höhlen um Muggendorf, Neustadt/Aisch, Verlagsdruckerei Schmidt GmbH, , 3e éd., 25 p. (ISBN 3-922877-00-1)
  • (de) Stephan Kempe, Welt voller Geheimnisse – Höhlen, HB Verlags- und Vertriebs-Gesellschaft, coll. « HB Bildatlas Sonderausgabe », , 114 p. (ISBN 3-616-06739-1), p. 101
  • (de) Friedhart Knolle, « Materialien zur Geschichte der deutschen Höhlenkunde im "Dritten Reich" », (consulté le )
  • (de) Stephan Lang, Höhlen in Franken – Ein Wanderführer in die Unterwelt der Fränkischen Schweiz, Nuremberg, Verlag Hans Carl, , 126 p. (ISBN 978-3-418-00385-6)
  • (de) Franz Lindenmayr, « Die Teufelshöhle in der Fränkischen Schweiz, D », sur lochstein.de (consulté le )
  • (de) Helmut Seitz, Schaubergwerke, Höhlen und Kavernen in Bayern, Rosenheim, Rosenheimer Verlagshaus, , 152 p. (ISBN 3-475-52750-2), p. 39–42
  • (de) August Sieghardt, Teufelshöhle Pottenstein, Bayreuth, Julius Steeger,
  • (de) Verkehrsbüro Pottenstein, Teufelshöhle Pottenstein – kleiner Höhlenführer, Bayreuth, Häusler Werbung GmbH
  • (de) Zweckverband Teufelshöhle, Teufelshöhle Pottenstein, Druckhaus Bayreuth,
  • (de) Zweckverband Teufelshöhle, éd., Teufelshöhle Pottenstein, Bayreuth, Oberfr. Ansichtskartenverlag Bouillon,

Articles connexes modifier

Liens externes modifier