Gouvernement Jules Dufaure (1)

gouvernement français de la IIIe république
Gouvernement Jules Dufaure (1)

Troisième République

Description de cette image, également commentée ci-après
Le Gouvernement Dufaure 1 à la fin de l'année 1872.
Chef du pouvoir exécutif Adolphe Thiers
Vice-président du Conseil des ministres Jules Dufaure
Formation
Fin
Durée 2 ans, 2 mois et 29 jours
Composition initiale
Coalition Royalistes - Républicains modérés
Représentation
Assemblée nationale
580  /  638

Le premier gouvernement Jules Dufaure, aussi appelé « gouvernement de Versailles » a été le troisième gouvernement de la Troisième République naissante, en France, du au . Bien que de courte durée son action marqua profondément l'histoire de France. En effet, avec l'appui de l'armée régulière, il doit alors affirmer son autorité sur l'ensemble du territoire français lors de la guerre civile qui l'oppose aux communes insurrectionnelles, dont la commune de Paris. Ces dernières, militairement organisées autour de la garde nationale, sont vaincues à la suite de la campagne de 1871 à l'intérieur ce qui permet à la démocratie représentative de s'imposer durablement face aux volontés de démocratie directe.

Il a été dirigé par Jules Dufaure en tant que « vice-président du Conseil des ministres », sous l'autorité du chef du pouvoir exécutif, Adolphe Thiers, devenu, après (loi Rivet), président de la République.

Contexte modifier

 
Composition de la Chambre des députés à l'issue des élections du 8 février 1871.

Confronté à la famine et aux émeutes grandissantes dans Paris, Jules Favre, dernier chef du gouvernement provisoire de 1870, s'était résolu à offrir aux Prussiens la reddition de la capitale le . La convention d’armistice avec Bismarck stipulait diverses mesures humiliantes pour les vaincus, mais laissait aux Français le droit d'organiser de nouvelles élections nationales. Dès le , tous les électeurs résidant sur des portions non-occupées du territoire national furent appelés aux urnes. Ces élections, dominées par le poids du vote rural et bourgeois, portèrent au pouvoir une coalition conservatrice, majoritairement monarchiste, et mirent fin au Gouvernement de la Défense nationale. La nouvelle Assemblée Nationale élut le Adolphe Thiers chef du gouvernement, en remplacement du général Trochu. Le nouveau gouvernement se fit une priorité de l'évacuation de l'armée d'occupation allemande, que Bismarck conditionnait par le paiement des réparations ; il vota une loi de finance très restrictive qui déchaîna des émeutes populaires dans la plupart des grandes villes, et provoqua à la mi-mars la proclamation de la Commune de Paris.

Bilan des actions du gouvernement modifier

 
Photomontage d'Appert montrant la composition du gouvernement à la fin de l'année 1872. De gauche à droite : Dufaure, Courtot de Cissey, Say, Simon, Thiers (président de la République), Pothuau, Teisserenc de Bort, Fourtou, Rémusat et Goulard.

Les premières semaines du gouvernement sont consacrées à la lutte militaire et politique contre communes insurrectionnelles et notamment la Commune de Paris, puis à l'organisation de la répression contre les Communards vaincus. La Garde nationale est dissoute.

En parallèle, le gouvernement règle le contentieux de la guerre franco-prussienne en négociant le traité de Francfort (signé le ) et organise les emprunts destinés à régler le paiement de l'énorme indemnité de guerre (cinq milliards de francs-or). Il permet ainsi une libération progressive mais rapide du territoire français occupé par les Allemands.

En , le gouvernement réorganise l'armée française, afin de lui fournir des effectifs équivalents à ceux de l'armée allemande. Le service militaire de cinq ans dans l'active et de quatre ans dans la réserve, est obligatoire mais de nombreuses dispenses sont maintenues. Le tirage au sort continue (les bons numéros ne font que six mois) et les étudiants, moyennant le devancement de l'appel et le versement à l'État de 1500 francs pour l'équipement, ne font qu'un an.

Voir aussi modifier

Composition modifier

Vice-présidence du Conseil modifier

Fonction Image Nom
Vice-président du Conseil   Jules Dufaure

Ministres modifier

Fonction Image Nom Groupe parlementaire
  Ministre des Affaires étrangères   Jules Favre
(du au )
Gauche républicaine
    Charles de Rémusat
(du au )
Centre gauche
  Ministre de la Justice   Jules Dufaure Centre gauche
  Ministre de l’Intérieur   Ernest Picard
(du au )
Centre gauche
    Félix Lambrecht
(du au )
Centre gauche
    Auguste Casimir-Perier
(du au )
Centre gauche
    Victor Lefranc
(du au )
Centre gauche
    Eugène de Goulard
(du au )
Centre droit
  Ministre de la Guerre   Adolphe Le Flô
(du au )
Centre droit (orléaniste)
    Ernest Courtot de Cissey
(du au )
Républicain conservateur (orléaniste rallié)[1]
  Ministre des Finances   Louis Buffet
(du au )
Centre droit
    Augustin Pouyer-Quertier
(du au )
Centre droit
    Eugène de Goulard
(du au )
Centre droit
    Léon Say
(du au )
Centre gauche
  Ministre de la Marine et des Colonies   Louis Pierre Alexis Pothuau
  Ministre de l’Instruction publique   Jules Simon Centre gauche
  Ministre des Travaux publics   Charles de Larcy
(du au )
Légitimiste
    Oscar Bardi de Fourtou
(du au )
Centre droit
  Ministre de l’Agriculture et du Commerce   Félix Lambrecht
(du au )
Centre gauche
    Victor Lefranc
(du au )
Centre gauche
    Eugène de Goulard
(du au )
Centre droit
    Pierre Teisserenc de Bort
(du au )
Centre gauche

Sous-secrétaires d'État modifier

Fonction Image Nom Parti politique
  Sous-secrétaire d’État à l’Intérieur   Marc-Antoine Calmon
(du au )
Centre gauche
    Ernest Pascal
(du au )
Bonapartiste
  Sous-secrétaire d’État à la Guerre   Charles Letellier-Valazé
(du au )
Centre gauche

Fin du gouvernement et passation des pouvoirs modifier

En conflit avec la majorité monarchiste de l'Assemblée nationale (qui vient de voter la loi De Broglie), Adolphe Thiers demande la démission de ses ministres et remanie le cabinet dans un sens nettement républicain (18 mai 1873).

Références modifier

  1. Georges Gugliotta, Un officier d'état-major : le général Courtot de Cissey, réorganisateur de l'armée française (1810-1882), Montpellier, Université Montpellier-III, , 1109 p., p. 340-342