Germain Ayache

historien spécialiste du Maroc
Germain Ayache
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Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 75 ans)
Sainte-Feyre
Nom de naissance
Germain Yomtob Ayache
Nationalités
Activités

Germain Ayache, né à Saïdia le et mort à Sainte-Feyre le [1], est un historien spécialiste de l'histoire du Maroc.

Biographie modifier

Milieu familial modifier

Il est issu d'une famille juive marocaine qui faisait partie des tribus des Aït Ayache[2].

Sa famille avait été naturalisée française à la fin du XIXe siècle, le grand-père de Germain Ayache ayant séjourné à cette époque en Algérie française, où les juifs indigènes avaient été rendus français en application du décret Crémieux[3].

Il grandit au nord-est du Maroc, à la frontière avec l'Algérie, à Berkane, non loin de son lieu de naissance, Saïdia. Sa famille se rend ensuite en Algérie, à Tlemcen, où Germain Ayache suit des études primaires. Sa famille revient quelques années plus tard au Maroc à Rabat, où G. Ayache effectue ses études secondaires.

Il est le cousin d'Albert Ayache (né en 1905 à Tlemcen, Algérie, et mort en 1994 à Paris), professeur d'histoire dans le secondaire, membre du Parti communiste marocain, un des dirigeants de l’Union générale des syndicats confédérés du Maroc, et historien du mouvement syndical au Maroc[4].

Formation et carrière modifier

Germain Ayache ayant obtenu une bourse[5] poursuit des études universitaires en France, à Bordeaux ; il est agrégé des Lettres classiques en 1935[3].

À la suite de ses études à Rabat, il devient enseignant au lycée Lyautey de Casablanca.

Par la suite il enseigne à la faculté des lettres et sciences humaines de l'université de Rabat, inaugurée en 1957[6].

À partir de 1963, jusqu'à sa mort en 1990, il dirige la revue savante Hespéris-Tamuda[6]. II dirige également la collection «Humanités» aux édition Wallâda à Casablanca[6].

Recherches universitaires modifier

Thèmes modifier

 
Carte de 1925-1926 montrant la chaîne de postes militaires (points noirs) construits par l'armée française pour servir de cordon sanitaire entre le Maroc français et la République rifaine d'Abd-el-Krim au nord. La ligne ombrée représente la frontière internationale entre le Maroc français et espagnol.

Germain Ayache cherche à identifier les manifestations dès le XIXe siècle d'un sentiment national marocain et d'une résistance précoce des populations marocaines aux intrusions étrangères[7].. Le refus de toute occupation étrangère du sol est sensible dans le milieu rural, parmi les tribus, tandis que les habitants des ports sont beaucoup moins hostiles à l'expansion coloniale, selon l'historien, qui prend appui sur des sources primaires en arabe[7].

L'hypothèse d'un «proto-nationalisme à l'époque précoloniale» est selon les termes du sociologue Juan Ignacio Castien Maestro, «une idée très chère à Germain Ayache»[8]. Cet intérêt pour l'histoire du patriotisme marocain a conduit G. Ayache à consacrer des années de recherches à la guerre du Rif, et à déceler « plus qu'une simple résistance primaire » dans la levée en armes des tribus berbères du Rif opposées aux armées des puissances coloniales espagnoles (de 1921 à 1927), et aux troupes françaises (de 1925 à 1927)[8]. L'approche de G. Ayache se différencie de celle, élitiste, accordant peu de place aux tribus du Rif, d'un historien marocain tel que Abdallah Laroui[8]. Ayache écrit par exemple : «La guerre du Rif n’a pas été un combat de retardement. Première remise en cause du système colonial dès l’heure où celui-ci célébrait son triomphe, elle a, tout au contraire, donné le coup d’envoi de cette lutte libératrice qu’ont remportée depuis, presque tous les pays soumis du monde »[9].

Germain Ayache a contribué également aux études juives marocaines en situant l'histoire des communautés juives dans celle, plus large du Maroc[10] ; parmi ses textes importants sur ce thème, son livre Études d’histoire marocaine, 1979, et un article comme « La minorité juive dans le Maroc précolonial »[11].

Influence exercée par ses travaux modifier

Ayache était critique à l'égard de l'historiographie coloniale et de sa méthodologie, qui ignorait les sources locales en arabe[6].

Les travaux de G. Ayache ont incité de nombreux historiens marocains à exploiter un plus large éventail de sources primaires, notamment des documents trouvés au niveau des régions, en vue d'aborder de nouveaux thèmes tels que les institutions du Makhzen, les relations intercommunautaires ou des monographies régionales[6].

Engagement politique modifier

Il rejoint à Bordeaux les Étudiants communistes[5]. EN 1936 au Maroc il devient membre du Parti communiste[3]. Il est secrétaire général des Jeunesses communistes du Maroc en 1938[5].

Ouvrages de Germain Ayache modifier

  • Les Origines de la guerre du Rif, Paris, Publications de la Sorbonne, Rabat, Société marocaine des éditeurs réunis, 1981.
  • La Guerre du Rif, L'Harmattan, 1996.
  • Les écrits avant l'indépendance, Casablanca, éditions Wallâda, 1990.
  • Études d’histoire marocaine, Rabat, Société marocaine des éditeurs réunis, 1979.
  • Ibn Khaldoun et les Arabes, 1962.

Bibliographie modifier

  • Abderrahman El Moudden, Abdelaziz Bel Fayda, Germain Ayache, l’historien et le militant. Rabat, Publications de l’Association Marocaine pour la Recherche Historique, 2015.
  • Dirāsāt Tārikhiyya Muhdāt li al-Faqīd Germain Ayache (Études historiques, in memoriam Germain Ayache), dir. Aomar Afa, Rabat, éditions Manshūrāt kulliyat al-ʼādāb wa alʿulūm al-ʼinsāniyya, 1994.
  • Víctor Morales Lezcano, « In memoriam Charles-André Julien y German Ayache», Awraq: Estudios sobre el mundo árabe e islámico contemporáneo,  Nº 12, 1991, p. 227-235, (ISSN 0214-834X).
  • Brahim Boutaleb, “JarmanʿAyyāsh” (Germain Ayache), Ma'lamāt al-Maghrib , 18, Salé, Matābi Salā, 2003,p. 6256.
  • (en) Jamaa Baida, « Ayache, Germain », dans Encyclopedia of Jews in the Islamic World, Brill, (lire en ligne)
  • Albert Ayache, « AYACHE Germain », dans Le Maitron, Maitron/Editions de l'Atelier, (lire en ligne)
  • Charles-Robert Ageron, « Compte rendu de Les origines de la guerre du Rif, S.M.E.R. », Relations internationales, no 33,‎ , p. 132–137 (ISSN 0335-2013, lire en ligne, consulté le )

Références modifier

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. Adam Elbaz, « Germain Ayache… une école historique à part entière », sur Maroc Local et Nouvelles du Monde | Nouvelles juives du Maroc, dernières nouvelles | מרוקו ג׳וייש טיימס, חדשות מרוקו והעולם | Morocco News | أخبار المغرب,‎ (consulté le )
  3. a b et c « Germain Ayache : Historien et militant », sur Zamane, (consulté le )
  4. « Maitron », sur maitron.fr (consulté le )
  5. a b et c Albert Ayache, « AYACHE Germain », dans Le Maitron, Maitron/Editions de l'Atelier, (lire en ligne)
  6. a b c d et e (en) Jamaa Baida, « Ayache, Germain », dans Encyclopedia of Jews in the Islamic World, Brill, (lire en ligne)
  7. a et b Lucette Valensi, « Germain Ayache « sentiment national dans le Maroc du XIXe siècle » ; Ch.-A. Julien, « Colons français et jeunes Tunisiens. 1882-1912 » », Annales, vol. 25, no 3,‎ , p. 760–761 (lire en ligne, consulté le )
  8. a b et c Juan Ignacio Castien Maestro , compte rendu de l'ouvrage de Víctor Morales Lezcano, Entre ambas orillas: Ensayos de historia hispano-magrebíes, Madrid 2008, lire en ligne
  9. BESSAC-VAURE Stève, « La République du Rif. Un État indépendant dans le Maghreb colonial ? », dans : Afifa Bererhi éd., Défis démocratiques et affirmation nationale. Algérie. 1900-1962, Chihab Éditions, « Hors collection », 2016, p. 330-341. DOI : 10.3917/chihab.berer.2016.01.0330. URL : https://www.cairn.info/--9789947392010-page-330.htm
  10. Mohammed Kenbib, « Études et recherches sur les Juifs du Maroc: Observations et réflexions générales », Hespéris-Tamuda, 2016, p.37, lire en ligne
  11. Germain Ayache, «La minorité juive dans le Maroc précolonial », Hespéris-Tamuda, vol. 25, 1987, p.147-168).

Liens externes modifier