Georges Dumézil

philologue, historien des religions et comparatiste français
Georges Dumézil
Fonctions
Fauteuil 40 de l'Académie française
-
Chaire d'arménien de l'École des langues orientales
-
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 88 ans)
ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Georges MarcenayVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Père
Conjoint
Madeleine Legrand (d) (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Claude Dumézil (d)
Perrine Dumézil-Curien (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Hubert Curien (gendre)
Bruno Dumézil (neveu)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Conflit
Maître
Directeur de thèse
Distinctions
Archives conservées par
signature de Georges Dumézil
Signature

Georges Dumézil est un philologue, historien des religions et anthropologue français, né le à Paris 12e, ville où il est mort le dans le 5e arrondissement[2].

Son travail sur les sociétés et les religions indo-européennes, qui fait toujours l'objet de travaux d'approfondissement et de controverses, a ouvert de nouvelles perspectives à de nombreux chercheurs en sciences humaines[3].

Maîtrisant de nombreuses langues, il a procédé à un important travail d'étude comparative exacte et directe des textes les plus anciens des mythologies et des religions des peuples indo-européens[3].

Georges Dumézil s'est aussi intéressé aux langues et récits traditionnels des peuples d'Asie centrale.

Biographie modifier

Ascendance modifier

Son grand-père Pierre, né en 1821, artisan tonnelier à Bayon (Gironde), envoie au lycée son fils Jean Anatole Dumézil, qui se passionne pour les langues étrangères et le latin et devient général. Jean Dumézil transmet sa passion pour le latin à son fils, qui apprend également le grec ancien et l'allemand[4].

Scolarité primaire et secondaire modifier

Georges Dumézil étudie dans différents lycées, suivant son père au gré de ses différentes affectations : Bourges, Briançon, Paris, Neufchâteau, Troyes, de nouveau Paris, Tarbes, et enfin Vincennes[5]. Il effectue sa khâgne au lycée Louis-le-Grand, à Paris. Il rencontre alors le grand philologue Michel Bréal (mort en 1915), traducteur de l'œuvre de Franz Bopp, fondateur de la grammaire comparée et auteur d'ouvrages sur le vocabulaire des langues indo-européennes. Celui-ci le recommande à son successeur Antoine Meillet, un autre grand linguiste, et lui donne son dictionnaire sanskrit-français. Avant d'être reçu à l'École normale supérieure en 1916, Dumézil apprend l'arabe et le sanskrit[6].

En sortant du lycée, il connaît donc six langues, dont trois langues anciennes.

Carrière universitaire modifier

Georges Dumézil est reçu premier au concours d'admission à l'École normale supérieure en 1916. Ses études sont interrompues par sa mobilisation en tant qu'officier d'artillerie, de mars 1917 à février 1919. Lors de la session spéciale d'octobre, il est reçu 6e à l'agrégation de lettres[7]. Il enseigne quelques mois à Beauvais puis, en janvier 1921, part comme lecteur de français à l'université de Varsovie.

En 1922, il rentre en France pour commencer ses thèses d'histoire des religions et de mythologie comparée, sous la direction d'Antoine Meillet, qu'il soutient en avril 1924. La première, intitulée Le Festin d'immortalité. Étude de mythologie comparée indo-européenne, porte sur la comparaison entre l'ambroisie et une boisson mythologique indienne au nom et aux caractéristiques similaires, l’amrtâ. Il ne se limite cependant pas à la comparaison de deux religions : il y intègre des éléments de nombreuses mythologies indo-européennes. On lui reproche alors de prendre trop de libertés avec les faits pour raconter une plus belle histoire ; c'est d'ailleurs une critique de son œuvre que certains font toujours. Dans sa thèse, en l'absence de boisson d'immortalité en Scandinavie, il promeut la bière à ce rang, ce qui est reconnu (par lui-même) comme une erreur. La seconde s'intitule Le Crime des Lemniennes. Rites et Légendes du monde égéen.

En 1925, il part pour la Turquie et y enseigne l'histoire des religions à l'université d'Istanbul, créée par Atatürk, qui avait voulu la création de cette chaire d'histoire religieuse. Il y apprend le turc, voyage dans le Caucase et en Russie, et découvre notamment la langue et la mythologie ossètes. Il étudie également la langue des Oubykh, peuple caucasien vaincu par les Russes entre 1860 et 1870, et réfugiés dans l'Ouest de la Turquie, ainsi que le tcherkesse et l'abkhaze. Le fonds d'ouvrages qu'il rapporte de ces voyages est un des plus importants de caucasologie en Occident (voir Bibliothèque interuniversitaire des langues orientales).

Georges Dumézil est marié et père de deux enfants : Perrine, astrophysicienne et épouse d'Hubert Curien, et Claude (1929-2013[8]), psychanalyste.

En 1931, il obtient un poste de lecteur de français à l’université d'Uppsala, en Suède. Il y parfait sa connaissance de la mythologie scandinave, et en profite pour apprendre une nouvelle langue. Ce passage à Uppsala aidera plus tard Michel Foucault, son protégé, à y être également nommé. Il quitte ce poste en 1933 et obtient, grâce à la protection de l’indianiste Sylvain Lévi, un poste de chargé de conférences en sciences religieuses[9]. Il est ensuite nommé « directeur d’étude comparative des religions des peuples indo-européens » à la Ve section de l’École pratique des hautes études. Il suit également des cours de sinologie donnés par Marcel Granet, rédige des articles nationalistes sous le pseudonyme de Georges Marcenay et fréquente Marcel Mauss. En 1938, il écrit Jupiter Mars Quirinus, où il élabore pour la première fois sa théorie des trois fonctions.

En 1941, il est expulsé de l’enseignement à l’École pratique des hautes-études à cause de son appartenance à la franc-maçonnerie par l’administrateur vichyste de la Bibliothèque nationale Bernard Faÿ. Il bénéficie alors de la protection du père Dabosville, directeur de l’École Saint-Martin-de-France à Pontoise, qui le prend comme enseignant en latin et en grec. Il réintègre l’université l’année suivante après l’intervention de Jérôme Carcopino. Il collabore à la Nouvelle Revue Française sous la direction de Drieu la Rochelle pour de nombreux articles. En 1949, il est élu au Collège de France et commence à y enseigner en décembre de la même année, à la chaire des civilisations indo-européennes créée pour lui. Il affirme y avoir été élu grâce au soutien de Jules Bloch, Alfred Ernout, Lucien Febvre, Louis Robert ou encore Emile Benveniste, et malgré l’opposition farouche d’André Piganiol, d’Edmond Faral et d’André Mazon. Il y enseigne jusqu’en 1968.

Après-guerre, il voyage au Pérou et apprend le quechua à Cuzco. Mais de 1952 à 1972, il voyage surtout dans le Caucase pour y étudier les langues et les mythologies.

Il prend sa retraite en 1968 mais, pendant trois ans, il continue de donner des conférences aux États-Unis, aux universités de Princeton, Chicago et Los Angeles. Il entreprend alors un travail de compilation de son œuvre. Il publie ainsi les trois volumes de Mythe et Épopée en 1968, 1971 et 1973. En 1970, il est élu à l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Il entre à l’Académie française en 1978.

 
Plaque en hommage à Georges Dumézil - division 19 - cimetière du Montparnasse (Paris). Il n'est pas inhumé dans la tombe de ses père et fils.

Il meurt le 11 octobre 1986, peu avant son épouse Madeleine, qui meurt en 1987.

Travaux modifier

Travaux de linguistique dans le domaine caucasien modifier

Bien connu du public pour ses travaux de mythologie comparée, Georges Dumézil l’est moins pour ses travaux concernant le domaine caucasien[10]. Or, il fait œuvre de pionnier dans l'étude des langues caucasiennes en publiant en 1931 La Langue des Oubykhs, puis une Introduction à la grammaire comparée des langues caucasiennes du nord. Il aide ainsi, avec Georges Charachidzé, à sauver de l'oubli la langue oubykh devenue une langue morte depuis le décès de son dernier locuteur, Tevfik Esenç, en 1992[11].

Ces ouvrages sont accompagnés de travaux de traduction et d'édition avec la publication notamment de Textes populaires ingouches en 1932[12]. A partir de 1954, il retourne chaque année en Turquie poursuivant la publication de ses recueils de documents linguistiques et folkloriques, tels ses Contes et légendes des Oubykhs (1957), ses Contes lazes (1957) ou encore Documents anatoliens sur les langues et les traditions du Caucase (1965)[13].

A l'automne 1986, il fonde, avec Georges Charachidzé, la Revue des études géorgiennes et caucasiennes qui mêle littérature écrite et orale, mythologie et archéologie[11].

La théorie de la trifonctionnalité modifier

 
Les Dieux souverains des Indo-Européens, 1977

Il a montré que beaucoup de récits étaient organisés selon des structures narratives semblables et que les mythes exprimés par ces récits traduisaient une conception de la société organisée selon trois fonctions :

  • la fonction du sacré et de la souveraineté ;
  • la fonction guerrière ;
  • la fonction de production et de reproduction.

Cette organisation en trois fonctions se retrouve aussi bien dans :

Dès sa thèse, il trouve son domaine de recherches : la mythologie comparée. Au départ, poussé dans cette direction par Antoine Meillet, qui veut le voir reprendre l'étude de la religion indo-européenne là où elle a été abandonnée depuis plusieurs décennies, il est abandonné par ses pairs philologues qui lui reprochent, pour les uns, d'inclure trop de mythologie dans des études littéraires et, pour les autres, de plier les faits à sa théorie.

Sa découverte de la culture ossète (dernière branche survivante des Alains, descendants eux-mêmes des Scythes), étudiée auparavant par Vsevolod Miller, lui fait reprendre cette voie de recherche. En effet, ceux-ci se projettent dans le peuple mythique des Nartes. Ce monde mythique des Nartes est très proche des mondes mythiques indo-européens (les monstres et les dragons y sont similaires). De plus, ce peuple des Nartes se divise explicitement en trois familles :

  • ceux qui sont forts par l'intelligence (zund), les Alægatæ ;
  • ceux qui sont forts par le courage et la vaillance au combat, les Æhsærtæggatæ ;
  • ceux qui sont riches de leur bétail : les Boratæ.

Il publie en 1930 un article, « La Préhistoire indo-iranienne des castes », où il rapproche la division en trois catégories de la société en Inde de celle retrouvée en Iran ancien. On peut d'ailleurs remarquer que l'Iran actuel est le seul pays musulman doté d'un clergé.

En 1938, le rapprochement raisonné entre brahmanes indiens et flamines romains[14] lui permet d'analyser la fonction du souverain dans les sociétés indo-européennes. Il joint les rapprochements déjà faits entre sociétés indiennes et iraniennes anciennes à l'observation des flamines, collège de prêtres romains. Les flamines majeurs assuraient le culte des trois dieux Jupiter, Mars et Quirinus, dont les caractères correspondent aux trois fonctions de commandement et de sacré, de force guerrière et de fécondité. La fonction de souveraineté se décompose, elle, en deux versants selon ses termes :

  • l'un est formel, d'origine sacerdotale, s'exprime également dans une dimension juridique et est enraciné dans ce monde ;
  • l'autre aspect de la souveraineté est fondé sur la puissance et enraciné dans l'autre monde.

En poussant ses raisonnements (voir son livre le plus aisé d'accès, Jupiter Mars Quirinus (1941), il formalise la théorie des trois fonctions (souveraineté et religion, guerre, production), tripartition qui se retrouve dans le vocabulaire, l'organisation sociale et le corpus légendaire de tous les peuples indo-européens :

  • société médiévale, par exemple, divisée en oratores (ceux qui prient, le clergé), bellatores (ceux qui combattent, la noblesse) et laboratores (ceux qui travaillent, le tiers état), ;
  • société indienne, divisée en brahmanes (prêtres, enseignants et professeurs), kshatriyas (roi, princes, administrateurs et soldats), plus la caste productive, se subdivisant en vaishyas (artisans, commerçants, hommes d'affaires, agriculteurs et bergers) et shoûdras (serviteurs).

Dans cette société, les prolongements sont plus importants encore : dans le grand poème épique indien Mahabharata, chaque héros agit selon le schéma trifonctionnel, en fonction du caractère et de la place du dieu dont il est le représentant.

Dumézil montre ensuite que l'histoire officielle des origines de Rome est une mise en scène de cette même idéologie structurante. Par conséquent, il serait vain de chercher à démêler légende et histoire à propos de Romulus et de ses successeurs.

Postérité modifier

 
Enluminure médiévale, British Library : le clerc, le chevalier et le travailleur. L'organisation de la société selon trois fonctions primordiales trouve une continuité jusqu'au Moyen Âge

La « trifonctionnalité dumézilienne » demeure encore l'objet de controverses. Ses méthodes de travail ont influencé l'ensemble d'une discipline, l'étude des religions antiques : il a changé la manière de les étudier, en créant l'étude comparée des mythologies, également en montrant que les divinités n'existaient pas pour elles-mêmes, et qu'il fallait faire porter les études sur les paires ou les groupes de dieux (tels qu'ils étaient célébrés dans les récits mythiques). Toutes ses analyses portent sur la structure des mythes et des récits, ne rapprochant jamais des faits isolés.

Il est le créateur d'une nouvelle discipline, et a dû tâtonner, élaborer une méthode : ainsi a-t-il été jusqu'à renier l'intégralité de son œuvre antérieure à 1938.

Les travaux de Dumézil en apportant un nouvel éclairage notamment sur les religions grecques, romaines, indiennes des origines ont souvent provoqué l'opposition, voire des critiques, des spécialistes de ces domaines rejetant les apports nouveaux de la mythologie comparée dans leurs domaines respectifs. Arnaldo Momigliano, historien de la Rome antique, qui a critiqué la thèse trifonctionnaliste[15], en est un exemple[16]. L'indianiste allemand Paul Thieme[17],[18] a été l'un de ses adversaires les plus résolus[19]. Chez les historiens des religions anciennes, Dumézil a dû faire face à l'opposition de l'école dite « dynamiste » ou « primitiviste », dont le britannique H. J. Rose[20] et les néerlandais Hendrik Wagenvoort[21] et Jan Gonda[22],[23]. En France, son « principal adversaire »[24] fut le latiniste André Piganiol.

La méthode Dumézil a fait des émules, en particulier :

  • l'historien Georges Duby, qui a montré la continuité des trois fonctions au Moyen Âge dans Les trois ordres ou l'imaginaire du féodalisme (1978) et Le Chevalier, la Femme et le Prêtre (1981) ;
  • le philosophe Michel Foucault, qui a bénéficié du patronage de Dumézil et s'est inspiré de ses recherches dans ses premiers travaux.

C'est l'anthropologue Claude Lévi-Strauss qui a prononcé son discours de réception à l'Académie française.

Un grand nombre d'universitaires a repris ses thèmes de prédilection, parmi lesquels l'indianiste suédois Stig Wikander[25] (1908-1983), le spécialiste du monde celtique Christian-J. Guyonvarc'h, l'indianiste français Louis Renou, le linguiste et mythologue néerlandais Jan de Vries[26] (1890-1964), le linguiste français Émile Benveniste[27] et, plus récemment, l'historien Bernard Sergent. S'il n'existe pas d'« école dumézilienne », puisque Dumézil n'a jamais été le directeur de thèse d'un doctorant, les travaux de Georges Dumézil ont marqué la mythologie comparée et l'ensemble des recherches portant sur les anciennes religions européennes. Il a aussi influencé le philosophe et rhétoricien français Philippe-Joseph Salazar, alors jeune normalien, en lui suggérant que la voix était un objet d'étude.

Les indianistes Jean Naudou, Nick J. Allen, d'Oxford, et Daniel Dubuisson admettent l'utilité des thèses trifonctionnelles dans leur domaine, tout comme Émilia Masson dans le sien, les Hittites.

Michel Poitevin a souligné l'intérêt philosophique de l'œuvre de Dumézil, qui incite à réfléchir sur les structures symboliques de l'esprit humain[28].

Cette avancée dans la recherche reconnue n'a pas empêché des comparatistes, tels que Jean Haudry de souligner les limites de la théorie des « Trois fonctions ». Celui-ci fait remarquer que ce schéma explicatif pose un problème de chronologie et se laisse difficilement appliquer à certains domaines du monde indo-européen ; parmi ceux-ci, en particulier les mondes grec ou balte au sein desquels, comme le reconnaissait Dumézil lui-même, l'interprétation des mythes par le prisme de la trifonctionnalité offre peu de résultats. Jean Haudry explique que nombre de récits et légendes ne peuvent être interprétés et compris que par des notions cosmologiques, et que la cosmologie des trois cieux, ciel diurne, ciel nocturne et ciel crépusculaire, constitue la base des « trois couleurs » symboliques: blanche, noire et rouge, et de leur application à la société, les fameuses trois fonctions. Cette application à la société ne s'est pas réalisée chez tous les peuples indo-européens, mais seulement parmi certains d'entre eux[29].

Polémique sur ses idées politiques modifier

Dumézil a entretenu des relations avec des écrivains tels que Charles Maurras, Pierre Gaxotte (dont il était resté l'ami), ou Pierre Drieu la Rochelle dans les années 1920, et collaboré dans les années 1930 au journal nationaliste Le Jour de Léon Bailby, où il signa de son pseudonyme de Georges Marcenay des éditoriaux à la fois anticommunistes et antinazis, dénonçant le danger que représente l'Allemagne hitlérienne[30].

À partir des années 1960 et surtout au cours des années 1980, des historiens comme Arnaldo Momigliano[31] et Carlo Ginzburg[32] reprochent à Dumézil, apparemment pour des raisons idéologiques[33], de nourrir des affinités avec l'extrême droite[34], voire de témoigner d'une certaine sensibilité aux idées national-socialistes[35], attaques qui furent réfutées[36].

Dumézil a fait partie du comité de patronage de Nouvelle École — revue liée à la Nouvelle Droite fondée par Alain de Benoist et accusée par la gauche intellectuelle d'entretenir un mythe indo-européen — de mai-juin 1972 à  : « plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer aussi bien l'entrée dans le comité de patronage de Nouvelle École que la décision d'en sortir[37] ».

Pour certains, Dumézil est suspect en raison de son thème de prédilection, les Indo-Européens, que le GRECE mettait en avant dans les années 1970-1980[38]. Pourquoi s'intéresser, à partir des années 1930, à un peuple auquel les tenants de l'idéologie aryenne voulaient identifier la « race » germanique ? Pour Didier Eribon[39], Dumézil, vigoureusement opposé à toute forme d'antisémitisme, n'a rien d'un nazi : ses études sur les Indo-Européens, qui ne laissent rien présumer de ses opinions politiques, remontent à une période antérieure à la popularisation de ce thème par les nazis, puisque son premier article sur le sujet date de 1930. Il montre dans cet ouvrage que les détracteurs et accusateurs de Dumézil ne s'étaient pas donné la peine de lire ses livres et plus particulièrement celui qu'ils utilisaient pour l'accuser (Mythes et dieux des Germains : essai d'interprétation comparative, PUF, 1939).

 
Rue Georges-Dumézil, Paris 15e arrondissement

Dans l'entretien télévisé qu'il a accordé le , à la fin de sa vie, au journaliste Bernard Pivot dans le cadre de l'émission Apostrophes, l'historien, interrogé sur une publication de Drieu la Rochelle parue en 1943 dans La Nouvelle Revue française (article consacré à Dumézil et intitulé Éternelle Germanie), précise que la critique récurrente selon laquelle il aurait présenté les Indo-Européens comme une race supérieure s'opposant aux Sémites lui a toujours été complètement étrangère[40].

À Didier Eribon[41], Dumézil confie : « J'ai eu une tentation politique quand j'étais jeune, au sortir de la guerre. Gaxotte me présenta à Maurras, qui était un homme fascinant. » Question : « Vous vous êtes rapproché de l'Action française ? » Dumézil : « Je n'ai jamais adhéré. Trop de choses me séparaient d'elle. Le credo de l'Action française était un bloc : il interdisait aussi bien de goûter Edmond Rostand que de croire à l'innocence du capitaine Dreyfus… Très vite, il m'a semblé vain de me soucier de politique intérieure. En fait, dès 1924, le malheur était déjà dans l'air… Et je suis parti pour Istanbul, où je me suis laissé pénétrer par le sage fatalisme oriental. » Il déclare aussi à Didier Eribon : « Le principe non pas simplement monarchique, mais dynastique, qui met le plus haut poste de l'État à l'abri des caprices et des ambitions, me paraissait, et me paraît toujours, préférable à l'élection généralisée dans laquelle nous vivons depuis Danton et Bonaparte. L'exemple des monarchies du Nord (de l'Europe) m'a confirmé dans ce sentiment. Bien entendu, la formule n'est pas applicable en France. »

Publications modifier

Avant 1939 modifier

  • Le Festin d'immortalité - Étude de mythologie comparée indo-européenne, Paris, Annales du Musée Guimet, 1924 (sa thèse)
  • Le Crime des Lemniennes - Rites et Légendes du monde égéen, Paris, 1924 (sa thèse complémentaire)
  • Le Problème des Centaures - Étude de mythologie comparée indo-européenne , Paris, Annales du Musée Guimet, 1929
  • Légendes sur les Nartes, suivies de cinq notes mythologiques, Paris, Honoré Champion, "Bibliothèque de l'Institut français de Léningrad", tome XI, 1930.
  • La Langue des Oubykhs (I, Grammaire ; II, Textes traduits et commentés ; III, Notes de vocabulaire), Paris, Honoré Champion, 1931.
  • Ouranos-Varuna - Essai de mythologie comparée indo-européenne, Paris, Maisonneuve, 1932.
  • Introduction à la grammaire comparée des langues caucasiennes du nord, 152 p. grand format, Paris, Honoré Champion, 1931.
  • Flamen-Brahman, 1935

La bibliographie qui vient d'être énumérée contient les balbutiements de la mythologie comparée, qui a ensuite été reconnue erronée par Dumézil, mais aussi des études linguistiques scientifiques, en particulier sur les langues caucasiennes, comme l'Oubykh.

À partir de 1939 modifier

  • Mythes et dieux des Germains - Essai d'interprétation comparative, Paris, Presses universitaires de France, 1939
  • Mitra-Varuna - Essai sur deux représentations indo-européennes de la Souveraineté, Paris, Presses universitaires de France, 1940 Scan (Version originale, Français)
  • Jupiter Mars Quirinus, composé de :
    • Essai sur la conception indo-européenne de la société et sur les origines de Rome, Paris, Gallimard, 1941
    • Naissance de Rome, Gallimard, 1944
    • Naissance d'archanges - Essai sur la formation de la religion zoroastrienne, Paris, Gallimard, 1945
    • Explication de textes indiens et latins, Paris, Gallimard, 1948
  • Les Mythes romains, composé de :
    • Horace et les Curiaces, Paris, Gallimard, 1942
    • Servius et la Fortune - Essai sur la fonction sociale de louange et de blâme et sur les éléments indo-européens du cens romain, Paris, Gallimard, 1943
    • Tarpeia - Cinq essais de philologie comparée indo-européenne, Paris, Gallimard, 1947
  • Loki, Paris, G.P. Maisonneuve, 1948
  • L'Héritage indo-européen à Rome, Paris, Gallimard, 1949
  • Le Troisième Souverain, Paris, G.P. Maisonneuve, 1949
  • Les Dieux indo-européens, Paris, Presses universitaires de France, 1952
  • Rituels indo-européens à Rome, Paris, Klincksieck, 1954
  • Déesses latines et mythes védiques , Bruxelles, Latomus, 1956
  • Aspects de la fonction guerrière chez les Indo-Européens, Paris, Presses universitaires de France, « Bibliothèque de l'École des hautes études, Sciences religieuses », LXVIIIe volume, 1956
  • Contes et légendes des Oubykhs, Paris, Institut d'ethnologie, 1957
  • Contes lazes, Institut d'ethnologie, 1957
  • L’Idéologie tripartite des Indo-Européens, Bruxelles, Latomus, 1958
  • Études oubykhs, Paris, A. Maisonneuve, 1959
  • Les Dieux des Germains, essai sur la formation de la religion scandinave, Paris, Presses universitaires de France, 1959
  • Documents anatoliens sur les langues et les traditions du Caucase, Paris, A. Maisonneuve, 1960-1967
  • Le Livre des héros, légendes ossètes sur les Nartes, Paris, Gallimard, 1965
  • La Religion romaine archaïque, avec un appendice sur la religion des Étrusques , Paris, Payot, 1966 [2]
  • Mythe et Épopée, son œuvre majeure[42] :
    • L’Idéologie des trois fonctions dans les épopées des peuples indo-européens, Paris, Gallimard, 1968
    • Types épiques indo-européens : un héros, un sorcier, un roi, Paris, Gallimard, 1971
    • Histoires romaines, Paris, Gallimard, 1973[43]
  • Idées romaines, Paris, Gallimard, 1969
  • Heur et Malheur du guerrier, aspects de la fonction guerrière chez les Indo-Européens, Paris, Presses universitaires de France, 1969
  • Du mythe au roman, la Saga de Hadingus et autres essais, Paris, Presses universitaires de France, 1970
  • Fêtes romaines d’été et d’automne, suivi de Dix Questions romaines , Paris, Gallimard, 1975
  • Le Verbe oubykh, études descriptives et comparatives, Paris, Académie des inscriptions et belles-lettres, 1975
  • Les Dieux souverains des Indo-Européens, Paris, Gallimard, 1977
  • Romans de Scythie et d’alentour, Paris, Payot, 1978
  • Mariages indo-européens, suivi de Quinze Questions romaines, Paris, Payot, 1979
  • Apollon sonore et autres essais, Paris, Gallimard, 1982
  • La Courtisane et les Seigneurs colorés, et autres essais - 25 esquisses de mythologie, Paris, Gallimard, 1983
  • Le Moyne noir en gris dedans Varenne - Sotie nostradamique, Paris, Gallimard, 1984
  • Le Mahabarat et le Bhagavat du Colonel de Polier, présentation de Georges Dumézil, Paris, Gallimard, 1985.
  • L’Oubli de l’homme et l’honneur des dieux, Paris, Gallimard, 1985
  • Entretiens avec Didier Eribon, Paris, Gallimard, coll. Folio, 1987
  • Le Roman des jumeaux - Esquisses de mythologie, édition posthume par Joël Grisward, Paris, Gallimard, 1994

Distinctions modifier

Académie française modifier

Georges Dumézil a été élu à l'Académie française le au fauteuil 40, succédant à Jacques Chastenet, mort le . Sa réception officielle eut lieu le . Après sa mort, le , il fut remplacé, le , par Pierre-Jean Rémy.

Autres distinctions modifier

Décorations modifier

Notes et références modifier

  1. « https://salamandre.college-de-france.fr/ead.html?id=FR075CDF_00CDF0067 » (consulté le )
  2. Archives de l’état civil de Paris en ligne, 12e arrondissement, acte de naissance no 734, année 1898 ; avec mention marginale du décès.
  3. a et b « Georges Dumézil », sur prosopo.ephe.psl.eu.
  4. Réponse de M. Georges Dumézil à M. Jean Mistler, secrétaire perpétuel de l'Académie française, lors de la remise d’épée d’académicien le 16 mai 1979 ; Réponse au discours de réception de Georges Dumézil, par Claude Lévi-Strauss ; Georges Dumézil, Entretiens avec Didier Éribon, Paris, Gallimard, « Folio/essais », 1987, p. 29.
  5. Levi-Strauss C., Réponse au discours de réception de Georges Dumézil, Le 14 juin 1979, [1]
  6. « Georges Dumézil », sur babelio.com.
  7. « Les agrégés de l'enseignement secondaire. Répertoire 1809-1960 », sur cnrs.fr.
  8. https://www.avis-de-deces.net/f_claude-dumezil-paris-7eme-arrondissement-paris_118...
  9. La cité scolaire de Vernon porte le nom de Georges Dumézil.
  10. Patrice Lajoye, L'influence du folklore russe sur le folklore du Caucase : l'exemple des légendes ossètes sur les Nartes, La Revue russe, Année 2013, 40, pp. 33-40
  11. a et b Le dernier des Oubykhs, lemonde.fr, 10 septembre 1993
  12. Jean Haudry, Linguistique et mythologie comparée, L'information grammaticale, Année 1987, 34, pp. 3-8
  13. Pertev Naili Boratav, Georges Dumezil, Documents anatoliens sur les langues et les traditions du Caucase (compte-rendu), Homme, Année 1967, 7-3, pp. 116-119
  14. Flamen-Brahman, Geuthner, Annales du Musée Guimet, 1935.
  15. A. Momigliano, « An Interim Report on the Origins of Rome », Journal of Roman Studies, 1963, nº 53, p. 95–121 ; idem, « Aspetti dell’opera di Georges Dumézil », Opus, 1983, nº 2, p. 327–421 ; idem, « Georges Dumézil and the Trifunctional Approach to Roman Civilization », History and Theory, 1984, t. 23, nº 3, p. 312–320.
  16. Le procès de la neutralité : « Dans une réplique à Arnaldo Momigliano, il rappelle qu'il faudra attendre des dizaines d'années : on verra alors ce qui « subsistera de votre œuvre et de la mienne »
  17. Sur le sens de l'ethnonyme « arya » : P. Thieme, Der Fremdling im Rgveda (Rigveda) : Eine Studie über die Bedeutung der Worte ari, arya, aryaman und ārya, Leipzig, 1938 ; G. Dumézil, « Le nom des ‘Arya’ » Revue de l‘histoire des religions, 1941, p. 36-59.
  18. Reprise : G. Dumézil, Le troisième souverain, Paris, G.P. Maisonneuve, 1949 ; P. Thieme, « The “Aryan” Gods of the Mitanni Treaties », Journal of the American Oriental Society, 1960, t. 80, fasc. 4, p. 301–317.
  19. C. Scott Littleton, The New Comparative Mythology : An Anthropological Assessment of the Theories of Georges Dumézil, Berkeley–Los Angeles, University of California Press, 1966, p. 176–182.
  20. H. J. Rose, « Review of Georges Dumézil, Jupiter, Mars, Quirinus (1941) and Servius et la Fortune (1943) », Journal of Roman Studies, 1947, nº 37, p. 183–186 ; idem, « Review of Georges Dumézil, Rituels indo-européens à Rome (1954) », Classical Review, 1955, nº 69, p. 307–308 ; G. Dumézil, Déesses latines et mythes védiques, Bruxelles, 1956, p. 118–123.
  21. G. Dumézil, Revue de philologie, 1952, nº 26, p. 7–28 ; H. Wagenvoort, « Gravitas Et Maiestas », Mnemosyne, 1952, t. 5, fasc. 1, p. 287–306 ; G. Dumézil, Revue de philologie, 1954, nº 28, p. 19–20 ; H. Wagenvoort, « Felicitas imperatoria », Mnemosyne, 1954, t. 7, fasc. 1, p. 300–322 ; trad. anglaises des articles de H. Wagenvoort – Studies in Roman literature, culture, and religion, Leyde, Brill, 1956.
  22. J. Gonda, « Some Observations on Dumézil's Views of Indo-European Mythology », Mnemosyne, 1960, t. 13, fasc. 1, p. 1–15 ; idem, Triads in the Veda, Amsterdam, North-Holland Publishing Company, 1976.
  23. C. Scott Littleton, op. cit., p.  183-185.
  24. L'expression est de Dumézil lui-même, dans Entretiens avec Didier Éribon, Paris, Gallimard, 1987, p. 97.
  25. S. Wikander, « Pāṇḍavasagan och Mahābhāratas mystiska förutsättningar », Religion och Bibel, 1947, nº 6, p. 27–39 ; trad. française « La légende des Pândava et la substructure mythique du Mahâbhârata », dans Jupiter, Mars, Quirinus : IV – Explication de textes indiens et latins, de G. Dumézil, Bibliothèque de l'Ecole des hautes études: Section des sciences religieuses 62.4, Paris, 1948, p. 37–53.
  26. À titre d'exemple : J. de Vries, « Der heutige Stand der germanischen Religionsforschung », Germanisch-romanische Monatsschrift, II (nouv. série, 1951), p. 1–11 ; idem, « La valeur religieuse du mot germanique Irmin », Cahiers du Sud, 1952, nº 36, p. 18–27 ; idem, Kelten und Germanen, Berne, 1960.
  27. É. Benveniste, Le vocabulaire des institutions indo-européennes, t. 1, Paris, 1969, p. 279–92.
  28. Michel Poitevin, Georges Dumézil, un naturel comparatiste, L'Harmattan ; Dumézil, Ellipses, 2002.
  29. Jean Haudry, La Religion cosmique des Indo-européens, Milan et Paris, Archè / Les Belles lettres, « Études indo-européennes », 1987, p. 5.
  30. Didier Eribon, « Germania rediviva », chap. III de Faut-il brûler Dumézil ?, Paris, Flammarion, 1992, p. 119-144.
  31. Arnaldo Momigliano, « Premesse per una discussione su Georges Dumézil », Opus, 1983, nº 2, p. 329–342 ; « Georges Dumézil and the Trifunctional Approach to Roman Civilization », History and Theory, 1984, t. 23, nº 3, p. 312–320.
  32. Carlo Ginzburg, « Mitologia germanica e nazismo : Su un vecchio libro di Georges Dumézil », Quaderni storici, 1984, nº 19, p. 857–882 ; traduction française : « Mythologie germanique et nazisme, sur un ancien livre de Georges Dumézil », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 1985, n° 4, p. 695–715.
  33. Bernard Sergent, « Comptes rendus, Georges Dumézil, L'oubli de l'homme et l'honneur des dieux et autres essais. Vingt-cinq esquisses de mythologie (51-75), Paris, Gallimard, « Bibliothèque des sciences humaines », 1985 » (Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, vol. 42, no 2, 1987, p. 315) :

    « Beaucoup plus grave est l'autre attaque à laquelle Dumézil, cette fois sans plaisir, se doit de répliquer (p. 299-318). Elle provient d'Italie, d'Arnaldo Momigliano. Elle est grave, parce qu'au lieu d'attaquer les thèses de Dumézil avec des arguments et par une contre-démonstration, elle utilise l'injure et la calomnie. C'est simple : Momigliano n'aime pas les thèses de Dumézil ; c'est donc qu'elles sortent d'un cerveau malade, et, s'agissant d'Indo-Européens, Momigliano trouve la maladie, la découvre, la crée : Dumézil doit être nazi ; il doit donc être antisémite, Momigliano en a fabriqué la démonstration à l'aide d'allégations mensongères, et tendancieuses, de détournements de sens de textes. […] Momigliano, on l'aura deviné, se situe politiquement “à gauche”. […] [L]a gauche — une certaine gauche du moins — entreprend de classer Dumézil parmi les fascistes et nazis. »

    .
  34. Le procès de la neutralité
  35. Cf. « L'engagement politique et la critique de Dumézil », site de l'Association pour la diffusion de la pensée française.
  36. « Science et politique. Réponse à Carlo Ginzburg » (Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, vol. 40, no 5, 1985, p. 985) : « Sous le titre Une idylle de vingt ans, j'ai réfuté Momigliano dans une Esquisse de mon dernier recueil, L'oubli de l'homme et l'honneur des dieux (p. 299-318). Cette réfutation, que Ginzburg omet de signaler, vaut aussi contre plusieurs de ses propres interprétations et insinuations. »
  37. Cf. Pierre-André Taguieff, Sur la Nouvelle Droite. Jalons d'une analyse critique, Paris, Galilée, « Descartes et cie », 1994. Selon Maurice Olender, le chercheur a ainsi récusé le numéro spécial que la revue lui avait consacré un an avant son « départ » afin de marquer son opposition aux usages idéologiques et politiques de son œuvre (« Georges Dumézil et les usages “politiques” de la préhistoire indo-européenne », in Roger-Pol Droit, Les Grecs, les Romains et nous. L’Antiquité est-elle moderne ?, Le Monde-Éditions, 1991, p. 191-228, en particulier p. 199 sq., cité dans le « Rapport Rousso » en 2004, chap. III, p. 53). Pour la version d'Alain de Benoist (fondateur de Nouvelle École), qui réfute celle d'Olender, voir « Dumézil est-il une sorcière ? » (Entretien avec Le Choc du mois, no 58, novembre 1992). Le retrait du comité de patronage de cette revue n'a pas empêché Dumézil de citer favorablement peu avant sa mort un livre linguistique du principal indo-européaniste néo-droitier — dont il aurait désavoué les travaux mythologiques (Olender cité par le « Rapport Rousso ») , en l'occurrence « une très bonne initiation : L'Indo-européen, de Jean Haudry, dans la collection “Que sais-je ?” » (Georges Dumézil, « Parlez-vous l'indo-européen ? », Le Nouvel Observateur, no 1142). Pour le détail de « l'affaire », on se reportera à Didier Eribon, Faut-il brûler Dumézil ? Mythologie, Science et Politique, Paris, Flammarion, 1992.
  38. Rapport Rousso), chap. III.
  39. Cf. Didier Eribon, op. cit.
  40. Collection Les grands entretiens de Bernard Pivot, Georges Dumézil, dvd édité aux éditions Gallimard/INA, entretien du 18 juillet 1986.
  41. Entretiens avec Didier Eribon, Gallimard, coll. Folio, 1987, p. 205.
  42. Stig Wikander, « Epopée et mythologie », Revue de l'histoire des religions, vol. 185, no 1,‎ , p. 3–8 (DOI 10.3406/rhr.1974.10103, lire en ligne, consulté le )
  43. Joël Grisward, « Mythe et épopée III. Histoires romaines. », Annales, vol. 29, no 3,‎ , p. 749–752 (lire en ligne, consulté le )
  44. a b c d e f g h i j et k « Georges Dumézil », sur academie-francaise.fr.
  45. « Georges Dumézil », sur aibl.fr.

Annexes modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie modifier

  • « Le parcours initiatique d'un “parasite” des sciences humaines », entretien de Georges Dumézil avec la revue Autrement, Paris, 1987.
  • Jacques Bonnet et Didier Pralon (dir.), Georges Dumézil : Cahiers pour un temps, Paris, Centre Pompidou / Pandora, 1981.
  • Hervé Coutau-Bégarie, L’œuvre de Georges Dumézil : Catalogue raisonné, Paris, Economica, 1998, 210 p. Ce livre omet la chronique de politique étrangère rédigée par Dumézil dans le journal Le Jour entre 1933 et 1935 et signée « Georges Marcenay ».
  • Daniel Dubuisson, Mythologies du XXe siècle : Dumézil, Lévi-Strauss, Eliade, Lille, Presses universitaires de Lille, « Racines & modèles », 1993 (sur Dumézil : p. 19-122). (ISBN 2-85939-451-6) ; mais dans la 2e éd. revue et aug., Lille, P.U. Septentrion, 2008, « Théorie, histoire et limites du comparatisme dumézilien » : p. 99 et sqq.
  • Didier Eribon, Faut-il brûler Dumézil ? Mythologie, science et politique, Paris, Flammarion, 1992. Ce livre explore, à partir d'archives inédites, l'itinéraire intellectuel et politique de Dumézil et réfute les accusations lancées contre lui dans les années 1980.
  • Aristide Leucate, Dumézil, Grez-sur-Loing, éd. Pardès, coll. « Qui suis-je ? », 2021, 128 p. (ISBN 978-2867145735).
  • (en) C. Scott Littleton, The New Comparative Mythology : An Anthropological Assessment of the Theories of Georges Dumézil, Berkeley–Los Angeles, University of California Press, 1966, 242 p. (3e éd., 1982).
  • Michel Poitevin, Georges Dumézil, un naturel comparatiste, Paris, L'Harmattan,« Ouverture philosophique », 2002, 209 p.
  • Michel Poitevin, Georges Dumézil, l'enchanteur érudit, Rennes, Éditions Apogée, 2019, 89 p.
  • Marco V. García Quintela, Dumézil, une introduction : Suivie de L’affaire Dumézil, trad. de l'espagnol par Marie-Pierre Bouyssou, Crozon, Armeline, 2001. (ISBN 2-910878-16-3)
  • Colin Renfrew, L'Énigme indo-européenne : archéologie et langage, Paris, Flammarion, 1990 : contestation de la théorie de la trifonctionnalité.
  • Jean-Claude Rivière (dir.), Georges Dumézil à la découverte des Indo-européens, Paris, Copernic, 1979.
Articles
  • Hervé Coutau-Bégarie, « George Dumezil rattrapé par la politique », Histoire, économie et société, 1995, vol. 14, n° 3, p. 533-542.
  • Huguette Fugier, « Quarante ans de recherches dans l’idéologie indo-européenne : la méthode de Georges Dumézil », Revue d’histoire et de philosophie religieuse, 1965, nº 45, p. 358–374.
  • (en) Bruce Lincoln, « Shaping the Past and Future » [Compte-rendu du livre de Georges Dumézil, L'Oubli de l'homme et l'honneur des dieux], Times Literary Supplement, , p. 1107–1108 ; reproduit dans son livre Death, War, and Sacrifice : Studies in Ideology and Practice, Chicago, University of Chicago Press, 1991, p. 231–243. L'article assimilant Dumézil à l'extrême droite française.
  • (it) Jacques Poucet, « Il retaggio indoeuropeo nella tradizione sui re di Roma. A che punto è il dibattito ? », dans Esploratori del pensiero umano : Georges Dumézil e Mircea Eliade, sous la direction de J. Ries et N. Spineto, Milan, Jaca Book, 2000, p. 103-127 ; une adaptation en français. Sur les critiques faites à l'égard de l'œuvre de Dumézil.
  • John Scheid, « Georges Dumézil et la méthode expérimentale », Opus, 1983, vol. 2, nº 2, p. 343-351.
  • Bernard Sergent, « Paroles en œuvre : Georges Dumézil », La Mandragore, Revue des littératures orales, 1997, nº 1, p. 85–94.
Sources audiovisuelles
  • Collection Les grands entretiens de Bernard Pivot, Georges Dumézil, dvd édité aux éditions Gallimard/INA, entretien du .

Articles connexes modifier

Liens externes modifier