George Bingham (3e comte de Lucan)

militaire et homme politique britannique (1800-1888), 3e comte de Lucan

George Bingham
Illustration.
Lord Lucan vers 1860. Gravure d'après une photographie de John Watkins.
Fonctions
Membre de la Chambre des lords
Lord Temporal

(48 ans, 4 mois et 19 jours)
Pair représentatif d'Irlande
Député britannique

(4 ans, 1 mois et 21 jours)
Circonscription Mayo
Prédécesseur Dominick Browne
Successeur Dominick Browne
Biographie
Titre complet Comte de Lucan
Date de naissance
Lieu de naissance Londres
Date de décès (à 88 ans)
Lieu de décès Londres
Nationalité Drapeau du Royaume-Uni Britannique
Parti politique Crossbencher
Père Richard Bingham
Mère Lady Elizabeth Belasyse
Conjoint Lady Anne Brudenell
Enfants 6 enfants dont : George Bingham
Diplômé de Westminster School
Profession homme politique, militaire
Distinctions Ordre du Bain Chevalier grand-croix de l'Ordre du Bain
Ordre de Sainte-Anne
Ordre du Médjidié de première classe
Ordre national de la Légion d'honneur Commandeur de l'Ordre de la légion d'honneur

George Bingham, né le à Londres et mort le à South Street, près de Park Lane dans cette même ville, est un militaire et homme politique britannique connu pour son rôle lors de la guerre de Crimée et pour les expulsions de masse pendant la grande famine irlandaise (1845-1849).

Biographie modifier

Du sous-officier au général modifier

 
Lord Bingham à l'âge de 14 ans, par Elizabeth Harcourt.

Premier fils de Richard Bingham (2e comte de Lucan), un pair anglo-irlandais, et d'Elizabeth Bingham née Belasyse, Lord Bingham (c'est ainsi qu'il fut désigné jusqu'en ) fréquenta la Westminster School mais abandonna les études pour s'enrôler comme enseigne dans le 6e régiment d'infanterie le [1]. Il fut transféré au 11e régiment de dragons légers le [2].

Il devint ensuite lieutenant au 8e régiment d'infanterie le , capitaine au 74e régiment d'infanterie le puis major détaché le . Il fut affecté au 17e régiment de lanciers le et prit le commandement du régiment avec le grade de lieutenant-colonel le . Il dépensa tellement d'argent pour les uniformes et les chevaux de ses officiers que ces derniers furent surnommés les « dandys de Bingham »[3]. Il fut également élu membre du Parlement pour le comté de Mayo en 1826[4] et occupa cette fonction jusqu'en 1830. Durant la guerre russo-turque qui débuta en 1828, il fut attaché auprès de l'armée impériale russe en qualité d'observateur[3].

Il succéda à son père en tant que 3e comte de Lucan à la pairie d'Irlande le . Pair représentant d'Irlande en [5], il fut élevé au grade de colonel le et devint Lord Lieutenant de Mayo en 1845[1]. Lors de la Grande Famine qui éclata en Irlande à la fin des années 1840, il se comporta de façon maladroite et insensible en procédant à des expulsions de masse dans certains villages comme à Ballinrobe, ce qui lui valut d'être haï par la population locale qui le surnomma l'« exterminateur »[6]. Il fut promu major général le [7].

Guerre de Crimée modifier

 
Gravure de William Simpson représentant la charge de la brigade légère durant la bataille de Balaklava. Ce fut Lucan qui transmit à Cardigan l'ordre de mener la charge.

Au début de la guerre de Crimée, Lucan demanda une affectation et il fut nommé commandant de la division de cavalerie britannique. Son beau-frère, Lord Cardigan, fut désigné pour commander sous ses ordres la brigade légère, un choix malencontreux car les deux hommes se détestaient[1]. Promu lieutenant-général à titre temporaire le [8], Lucan assista à la bataille de l'Alma en septembre de la même année où sa division, sur ordre du commandant en chef de l'armée Lord Raglan, fut tenue en réserve[9]. À la bataille de Balaklava en octobre, Lucan, sur instruction de Raglan, ordonna à Cardigan de charger à la tête de la brigade légère, entraînant de lourdes pertes du côté des Britanniques sans grands résultats[10]. Alors que Lucan se préparait à soutenir le mouvement avec la brigade lourde, il fut légèrement blessé à la jambe[11]. Raglan blâma Lucan pour cet échec (« Vous avez perdu la brigade légère »)[12] et critiqua son action dans le compte-rendu officiel de la bataille[13]. Lucan protesta contre ce traitement mais les relations entre le général en chef et le commandant de la cavalerie s'étaient définitivement détériorées et il rentra en Angleterre au début du mois de [9].

À son retour, Lucan demanda à être traduit en cour martiale mais cela lui fut refusé. Il se défendit finalement à l'occasion d'un discours à la Chambre des lords le , rejetant la responsabilité du désastre sur Raglan et sur son aide de camp, le capitaine Louis Nolan, qui avait péri au cours de la charge[1]. Cette tactique sembla porter ses fruits puisqu'il fut nommé commandeur de l'ordre du Bain le [14] et colonel du 8e régiment de dragons légers — une unité qui avait chargé à Balaklava au sein de la brigade légère — le suivant[15].

Fin de carrière modifier

Dans le cadre de son activité parlementaire, Lucan apporta une solution au problème de l'admission des Juifs au sein du Parlement. En effet, ces derniers refusaient de prêter serment « sur la véritable foi du chrétien » et, n'ayant pas été assermentés conformément à la loi, se voyaient privés de leur droit de vote malgré leur élection au Parlement. Lucan proposa, à titre de compromis, que chaque chambre puisse modifier son propre serment. La Chambre des lords, qui s'était longtemps opposée à l'admission des Juifs, donna son accord. Un Juif éminent, le baron Lionel de Rothschild, put ainsi intégrer la Chambre des communes et prêta serment le [16].

Même s'il ne fut plus jamais militaire d'active, Lucan fut promu lieutenant-général le [17] et devint colonel du 1er régiment de Life Guards le [18]. Il fut par la suite nommé General le de la même année et fait chevalier grand-croix de l'ordre du Bain en 1869[19],[20]. Il prit officiellement sa retraite en [21] mais obtint, non sans quelques démarches, son élévation au grade de field marshal le [22]. Il mourut le au 13 South Street près de Park Lane, à Londres, et fut enterré à Laleham, dans le comté de Middlesex[1].

Famille modifier

Il épousa en 1829 Lady Anne Brudenell, septième fille de Robert Brudenell (6e comte de Cardigan). Le couple eut six enfants, dont son héritier George Bingham (4e comte de Lucan)[1].

Bibliographie modifier

  • (en) Tony Heathcote, The British Field Marshals 1736–1997, Leo Cooper, (ISBN 0-85052-696-5).

Notes et références modifier

  1. a b c d e et f (en) John Sweetman, « Bingham, George Charles, third earl of Lucan », sur oxforddnb.com, Oxford Dictionary of National Biography (consulté le ).
  2. (en) The London Gazette, no 17454, p. 378, 27 février 1818.
  3. a et b Heathcote 1999, p. 41.
  4. (en) The London Gazette, no 18289, p. 2282, 22 septembre 1826.
  5. (en) The London Gazette, no 198170, p. 1548, 30 juin 1840.
  6. (en) Cecil Woodham-Smith, « Lord Lucan and the Irish potato famine », sur victorianweb.org, The Victorian Web, (consulté le ).
  7. (en) The London Gazette, no 21262, p. 2966, 11 novembre 1851.
  8. (en) The London Gazette, no 21584, p. 2566, 18 août 1854.
  9. a et b Heathcote 1999, p. 42.
  10. (en) David Buttery, Messenger of Death : Captain Nolan and the Charge of the Light Brigade, Pen & Sword, , 221 p. (ISBN 978-1-84415-756-3), p. 131, 133, 139 et 146.
  11. (en) The London Gazette, no 21624, p. 3459, 12 novembre 1854.
  12. (en) Trevor Royle, Crimea : The Great Crimean War, 1854-1856, St. Martin's Press, (ISBN 978-1-4039-6416-8 et 1-4039-6416-5, lire en ligne), p. 275.
  13. (en) The London Gazette, no 21624, p. 3456, 12 novembre 1854.
  14. (en) The London Gazette, no 21743, p. 2654, 10 juillet 1855.
  15. (en) The London Gazette, no 21823, p. 4589, 4 décembre 1855.
  16. (en) « Exhibition - From Bank to Westminster: Lionel de Rothschild's Journey to Parliament, 1847-1858 », sur rothschildarchive.org, The Rothschild Archive (consulté le ).
  17. (en) The London Gazette, no 22217, p. 79, 11 janvier 1859.
  18. (en) The London Gazette, no 22945, p. 1324, 3 mars 1865.
  19. (en) The London Gazette, no 23012, p. 4409, 12 septembre 1865.
  20. (en) The London Gazette, no 23503, p. 3179, 2 juin 1869.
  21. (en) The London Gazette, no 24508, p. 5455, 2 octobre 1877.
  22. (en) The London Gazette, no 25773, p. 223, 5 janvier 1888.

Liens externes modifier