Gendarmerie française d'Espagne

La gendarmerie française d'Espagne, aussi surnommée petite gendarmerie d'Espagne pour la différencier de la gendarmerie départementale, regroupe l'ensemble des unités françaises de gendarmerie servant pendant la guerre d'Espagne de 1810 à 1814. Outre leur rôle de sûreté habituel, les escadrons de gendarmes y sont essentiellement employés aux escortes, aux avant-postes, à la chasse aux guérilleros. Le recrutement s'effectue au sein des vétérans de la gendarmerie impériale et parmi les régiments de la ligne.

Gendarmerie d'Espagne
Image illustrative de l’article Gendarmerie française d'Espagne
Gendarmerie française d'Espagne. De gauche à droite : gendarme à cheval, officier et lancier-gendarme. Illustration d'Alfred de Marbot, 1830.

Création 1810
Dissolution 1814
Pays Drapeau de la France France
Allégeance Drapeau de l'Empire français Empire français
Branche Gendarmerie
Rôle Escortes, chasse aux guérilleros, avant-postes, cavalerie
Effectif 6 500
Surnom « Petite gendarmerie d'Espagne »
Guerres Guerre d'Espagne
Batailles Combat de Villodrigo
Commandant historique
Louis Léopold Buquet

La gendarmerie d'Espagne forme un corps discipliné qui s'illustre au combat de Villodrigo, en , au cours duquel quatre escadrons de la légion à cheval de Burgos contribuent à la défaite des dragons britanniques. Avec le rappel des troupes d'Espagne dans le nord-ouest de la France au début de l'année 1814, la gendarmerie d'Espagne est dissoute. Une partie de ses ex-membres compose deux bataillons à pied qui participent à la bataille de Montereau tandis que les autres sont réunis sous le nom de gendarmerie impériale de Paris.

Contexte historique modifier

En , les armées françaises, sous prétexte d'envahir le Portugal, occupent l'Espagne et font leur entrée à Madrid. Les abdications successives du roi Charles IV et de son fils Ferdinand au profit de Joseph Bonaparte, combinées au refus de l'ingérence française par les Madrilènes, débouchent sur le soulèvement du Dos de Mayo dans la capitale. Cette rébellion est matée par le maréchal Murat mais entraîne toute l'Espagne dans la guerre contre les Français. Les échecs subis durant l'été par les troupes napoléoniennes au Portugal et à la bataille de Bailén incitent Napoléon à se rendre lui-même dans la péninsule afin de rétablir la situation. S'il parvient, en l'espace de quelques mois, à bousculer les principales armées espagnoles et à chasser le corps expéditionnaire britannique de la région, le conflit n'est pas gagné pour autant. En effet, la prolifération des guérillas, pratiquant une guerre d'usure et de harcèlements, déconcerte les commandants français habitués à manœuvrer en rase campagne. Les embuscades causent de lourdes pertes à l'armée régulière, ce qui oblige les généraux à disposer d'effectifs importants pour combattre ces bandes de manière efficace ; de fait, les contingents de soldats français faisant route vers l'Espagne se multiplient.

Organisation et recrutement modifier

Formation des vingt escadrons de gendarmerie modifier

 
Le maréchal Moncey, inspecteur-général de la gendarmerie. Peinture de Jacques-Luc Barbier-Walbonne.

Le , Napoléon décrète l'organisation de vingt escadrons de gendarmerie de la ligne affectés à l'armée d'Espagne. La formation de ces vingt escadrons se concrétise le sous l'impulsion d'une décision du ministère de la Guerre. Chaque escadron comprend un détachement à cheval et un détachement à pied, pour un total de 207 hommes. La force totale des gendarmes d'Espagne se monte donc à 4 140 soldats et 1 740 chevaux[1].

Organisation des escadrons de gendarmerie de l'armée d'Espagne[1]
Cavalerie Infanterie
État-major 2 2
Officiers 2 3
Sous-officiers et brigadiers 10 10
Troupe 70 110
Total 82 123

L'organisation se déroule dans différentes villes sous la direction du maréchal Moncey, inspecteur général de la gendarmerie, et du général Louis Léopold Buquet qui prend le commandement de la gendarmerie d'Espagne[2]. Le recrutement et la remonte en chevaux s'avèrent sources de problèmes : en effet, si la gendarmerie octroie rapidement les effectifs demandés, les recrues provenant des corps de la ligne répondent rarement aux qualités requises. Il en est de même pour les chevaux, qui sont souvent inaptes au service en campagne et doivent être remplacés par des montures plus robustes[3]. Les dépôts sont dépourvus des effets militaires nécessaires, qui doivent être acheminés depuis Paris ; cependant, les retards font que plusieurs escadrons ne reçoivent leur équipement qu'après leur arrivée dans la péninsule Ibérique[4]. Malgré ces difficultés, le , Buquet informe le général Thouvenot, gouverneur des provinces basques, que quatre escadrons de gendarmes sont prêts à passer la frontière. C'est chose faite les 1er et de la même année pour les 1er, 2e, 3e et 4e escadrons, qui sont dirigés sur Bilbao et Vitoria[5].

Légion de Catalogne modifier

 
Gendarmerie française de la ligne. Illustration d'Alfred de Marbot, XIXe siècle.

À côté de ses vingt escadrons, une légion de gendarmerie dite « de Catalogne » est formée à Narbonne en et placée sous les ordres du colonel Le Marchant. Elle aligne dans un premier temps quatre compagnies totalisant 751 hommes, jusqu'à l'adjonction de deux compagnies supplémentaires au début de l'année 1811 qui portent l'effectif à 1 400 soldats. Les gendarmes à pied, forts de 450 hommes, passent en Espagne au mois d'avril et se dirigent sur la Catalogne, rejoints au fur et à mesure par les détachements à cheval dont l'organisation a été retardée par manque de chevaux disponibles. Les six compagnies, commandées chacune par un chef d'escadron ou un capitaine, se réunissent dans la péninsule en novembre et deviennent la 6e légion de gendarmerie d'Espagne le mois d'après[6].

Légion à cheval de Burgos modifier

Les escadrons de la gendarmerie ayant du mal à combattre la guérilla dans les montagnes, aussi bien en raison de la rareté des ressources que des routes peu praticables, une légion à cheval voit le jour à Burgos par décret du . Elle est organisée dans cette même ville en décembre par le général Buquet et le colonel Jean-Alexis Béteille qui en devient le commandant. Elle aligne en théorie six escadrons pour un total de 792 gendarmes, choisis parmi les meilleurs éléments des escadrons de la gendarmerie d'Espagne. Toutefois, les généraux gouverneurs des diverses provinces n'envoient que de mauvaise grâce les effectifs demandés, qui s'avèrent être insuffisants ; il faut alors attendre des renforts de France pour atteindre l'effectif de guerre de la légion, qui prend officiellement le nom de 1re légion de gendarmerie d'Espagne à la fin de l'année 1811[7].

Uniformes modifier

Gendarmerie à pied modifier

Pour la gendarmerie à pied, la troupe porte le bicorne en feutre noir bordé d'un galon blanc, surmonté d'un plumet rouge et orné sur le devant d'une cocarde[8]. En plus de cette coiffure réservée à la grande tenue, les soldats disposent d'un bonnet de police bleu à coutures blanches, avec un gland en fil blanc[9]. La tenue comprend aussi un habit en drap bleu à revers, collet, retroussis et pattes de parements écarlates, ainsi qu'un surtout à collet bleu. Les épaulettes sont à franges écarlates, et les boutons, blancs, sont frappés d'un aigle et des inscriptions relatives à la gendarmerie[10]. La veste, portée sous l'habit, est de couleur chamois ainsi que le pantalon, qui est recouvert de guêtres noirs au-dessus des genoux[8].

Gendarmerie à cheval modifier

Bibliographie modifier

Notes et références modifier

  1. a et b Martin 1898, p. 19.
  2. Martin 1898, p. 19-20.
  3. Martin 1898, p. 20.
  4. Martin 1898, p. 21.
  5. Martin 1898, p. 97-98.
  6. Martin 1898, p. 21-22.
  7. Martin 1898, p. 23-24.
  8. a et b Funcken et Funcken 1968, p. 63.
  9. Martin 1898, p. 28.
  10. Martin 1898, p. 27.

Liens externes modifier